quand un peuple choisit de confier son destin à un leader brutal, cynique, violent, sexiste, arrogant et sans scrupule, il est probable que le leader considère que c'est c'est après tout ce que le peuple désire et attend de lui. Je ne peux m'empêcher de repenser ces derniers jours à ces lignes introduisant le "Discours de la servitude volontaire" écrit en 1549 par Etienne de la Boétie, "Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d'hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n'a de puissance que celle qu'ils lui donnent, qui n'a pouvoir de leur nuire qu'autant qu'ils veulent bien l'endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante - et pourtant si commune qu'il faut plutôt en gémir que s'en ébahir-, de voir un million d'hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non qu'ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient pas redouter - puisqu'il est seul - ni aimer - puisqu'il est envers eux tous inhumain et cruel". Que ce qui se passe aujourd'hui dans la plus grande nation occidentale, ressemble à ce point à ce qu'évoque La Boétie a quelque chose de sidérant. Ainsi, l'histoire, les leçons du passé ne tiennent pour rien. La Boétie considérait que "Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèce étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie". Que quelqu'un qui fut aussi animateur d'émissions de télé-réalité accède à la magistrature suprême d'un si grand pays est assez révélateur de l'état de délabrement de la pensée dans ce pays. Le tyran séduit ses esclaves pour réduire les sujets dans la servitude. Il accorde des faveurs à son peuple incapable de se rendre compte que c’est avec l’argent même soutiré à ses sujets que ces divertissements sont financés. Ils font parfois, avant de commettre leurs crimes, de beaux discours sur le bien général et la nécessité de l’ordre public. D’autres utilisent la religion pour susciter la crainte du sacrilège, utilisant la tendance de l’ignorant à la superstition. L'ère nouvelle qui s'ouvre, est à n'en point douter non seulement pleine d'incertitude, mais chargée de lourdes menaces. Et je trouve magnifique ce projet de couverture de "Der Spiegel".