Voilà,
cette
année passée nous aura comme anesthésiés. C’est une sensation étrange :
car les événements les péripéties du début du premier confinement se
sont effacés. Un an qu'on ne parle que du Covid.
A
peine si l'on se souvient les points presse de la porte-parole du
gouvernement. Comme s'ils n’avaient pas existé, comme si elle-même
n'avait jamais été de ce monde, et comme si tous les errements du début
de la pandémie n'avaient été qu'une fiction. Pourtant il y a un an on
demeurait stupéfait par la bêtise effarante l’aplomb les mensonges de
Sibeth N’Dyaye. On se demandait par quel miracle autant de nullité
pouvait atteindre une telle audience. C'était un numéro de clown tout à
fait assumé. La bêtise fière d'elle-même. Évidemment les élucubrations
stupides de Trump outre Atlantique, avaient plus d'audience et étaient
encore plus sidérantes. Mais tout de même, nous parvenions en matière de bêtise ouvertement assumée à combler notre retard à grand pas.
Et
les mensonges des responsables de la santé, toute l’impéritie des
pouvoirs publics les manquements de l’État en matière de santé, le
scandale des masques, l'absence de tests, tout ça qui était si énorme et
qui pensait-on ne manquerait pas de faire l'objet de commissions
d'enquêtes afin que soient jugées les responsables.
Certains se sentaient des vocations de procureurs. On allait voir ce qu'on allait voir. Collés à leurs écrans ils se répandaient en imprécations solitaires
sur le réseau sociaux. On n'en resterait pas là . Ça ne pourrait jamais être comme avant, après. C'est
fou quand même tous ces gens qui ont des solutions à nos problèmes et
qui passent leur temps sur facebook ou twitter.
"Une fois l'urgence passée, il faudra bien en revanche que les
responsables sanitaires et politiques rendent des comptes sur la manière
dont ils se seront révélés totalement pris de court par un risque
sanitaire parfaitement identifié, avec une situation en l'occurrence
très peu grave par rapport à ce que serait une vraie pandémie tueuse." disait l'un.
"Il
faudra aussi répondre de l'inaptitude à répondre vite et bien (comme
d'autres nations) en requérant au besoin de manière contraignante la
mise à disposition des capacités industrielles et scientifiques pour
faire ce qu'il aurait fallu." vitupérait un autre.
Entre leurs quatre
murs beaucoup se sentaient démangés par le prurit révolutionnaire. "Rappelons
que le risque pandémique est redouté depuis plus de 30 ans, en
provenance d'Extrême-Orient comme désormais des toundras subarctiques, à
risque de libérer d'innombrables variétés de virus jusque là congelées
sous le permafrost... Un
peu donc comme si dans une région à risque de tremblement de terre, on
n'avait ni prévu de normes de construction antisismique ni de procédures
de protection de la population ! Ceci alors que des cohortes de hauts
fonctionnaires et universitaires étaient généreusement payés pour
anticiper ces risques".
Je ne sais plus qui a écrit cela. Quelqu'un qui croyait que la justice
est indépendante du pouvoir politique. Quelqu'un qui pensait que les gens
fortunés ont l'amour de la patrie chevillé au corps et se soucient de l'intérêt de la
nation. Un romantique révolutionnaire en chambre.
Or que voit-on aujourd'hui ? Un an après. La résignation, l'oubli. la
fatigue, la dépression. Le goût pour la lutte s'est bien émoussé. Tout
cela semble aujourd’hui lointain et comme fictif. D'ailleurs il est
difficile d'en trouver des traces sur Internet. Tout ça s'est dilué dans
une sorte d'éternel présent uniquement relié à l'épidémie. Le virus est
devenu le maître des horloges. Quant aux projets de lois mal goupillés qui devaient trouver le peuple sur leur chemin, ils repassent en catamini, sans rencontrer de grande opposition.
Tout ce qui précède le premier confinement semble s’être perdu dans un lointain aussi incertain que confus. Pour ma part,
mes albums de photos sont les seuls éléments qui me permettent de
reconstituer les semaines qui ont précédé, où ce qui advenait en Chine
semblait ne jamais devoir nous atteindre. Par exemple je me souviens de cette "nuit des Bodysnatchers",
à la cinémathèque où Philip Kaufman était présent, à laquelle j'avais
assisté avec Pascal. Nous avions regardé les quatre films, réalisés sur
ce thème. Je me souviens qu’une seule personne dans l'assistance portait
alors un masque. Mais dans ma mémoire tout cela semble relever d'une
vie parallèle, d'un souvenir bien plus lointain. Je peux toutefois me rappeler l'empressement qui fut le mien à aller voir un maximum de spectacles, de films, d'expositions au début du mois de mars
Ces
derniers temps une émission de divertissement, s'amuse à revenir sur
l'actualité un an en arrière, jour pour jour. Ces piqûres de rappel,
nous donnent l'impression que ce pays n'a pas avancé d'un iota, puisqu'on
en est encore à parler de reconfinement, et que ce qui se passait à
l'époque pour les tests et les masques se reproduit aujourd'hui avec les
vaccins. C'est la même désorganisation et l'improvisation dans les
chaînes de décision, la confusion dans les objectifs et tout le monde y
va de son point de vue. Il y a des commissions des sous commissions, des
agences locales, régionales, des comités transversaux, interceci
intracela, de suivi de prospectives, des experts qu'on consulte et qu'on
n'écoute pas. Ce qui ressort de tout ça, c'est le ridicule dont se
couvre notre pays qui s'autorise à donner des leçons à tout le monde et
qui n'est pas plus capable de concevoir un vaccin que d'en produire et à toute les difficultés à organiser la vaccination de la population.
Ahlala ! comme on dit en France.
Je me suis rappelé cette sculpture qui se trouvait quai de Conti au début des années 10.
Aux images récentes je ne trouve plus beaucoup d'attrait.
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