mardi 29 janvier 2013

En présence de l'auteur


 
Voilà, 
hier au Reed Hall, rue de Chevreuse, où je suis passé un peu par hasard, Nicolas Pignon brillant et inspiré lit des passages de "L'invisible" et de  "Récit d'un noyé" en présence de l'auteur. Fragile et touchant, Clément Rosset s'excuse ensuite d'écrire d'une certaine façon le même livre depuis "Le réel et son double". Quelque chose d'incertain dans ce corps vieilli, qui parfois cherche longtemps ses mots - "J'écris lentement des textes courts" dit-il. Et son humour, lorsqu'il évoque sa noyade à Majorque "Soudain j'ai eu envie de me reposer au fond de l'eau oubliant que je n'étais pas équipé comme un poisson", et aussi la douleur éprouvée lorsqu'on ne peut pas boire d'eau : "certain savent que j'aime le vin, mais le verre d'eau que l'on peut enfin boire quand on en a été sevré, vaut tous les bourgognes. Après, à la librairie Tschann, lorsque l'organisatrice qu'il ne reconnaît pas tout à fait lui donne rendez-vous au prochain livre, il répond par une longue citation dont je ne me souviens pas mot pour mot mais qui semble de Shakespeare, où il laisse entendre qu'il ne sera bientôt plus de ce monde. Plus tard encore, alors que le libraire aimerait bien fermer, cette auteure (durant la lecture, elle était assise près de moi et sentait très bon) qui, après lui avoir lui un passage d'un livre qu'elle a publié et qu'elle lui offre ensuite finit par lui demander s'il ne pourrait pas lui consacrer une préface pour son prochain ouvrage. Son embarras et sa fatigue soudain en évoquant le temps qui manque et les tâches qui s'accumulent.

lundi 28 janvier 2013

Mousses et brindilles


Voilà,
devant cet agencement fortuit de brindilles de feuilles et de mousses que le vent et le froid ont ainsi momentanément fixées sur la pierre mouillée, une inexplicable émotion et l'envie d'en garder la trace. Non pour reproduire le visible, mais pour rendre visible ce qui ordinairement passe inaperçu. Et puis aussi, ces petites graines ailées de conifères, gisant-là comme des papillons morts, mais qui en profonde mémoire voltigent toujours dans de furtifs paysages d'enfance.

dimanche 27 janvier 2013

jeudi 24 janvier 2013

Voyage fantôme

Gray (1992)

Voilà,
je me souviens la neige et le froid
cette locomotive fantomatique figée dans le paysage
la désolation de cette localité autrefois prospère
et le nombre d'alcolos qu'on y croisait
l'entreprise un peu folle qui nous avait menés là
les sinistres néons du foyer des jeunes travailleurs
le vieux billard électrique au bar du théâtre
baaad caaats !!!!
disait-il quand on claquait une partie
Sara Mandiano dans le juke-box
Anne à qui je venais rendre visite parfois
pendant qu'elle fabriquait ses costumes dans les combles du théâtre
pour causer tout en frottant à la mine de plomb 
des feuilles de papier Canson posées à même le vieux parquet 
afin d'en relever les empreintes 
à la façon de Max Ernst
les visages et les rires
oui tout ça oui qui revient
ce n'est pourtant plus un temps à neige

mercredi 23 janvier 2013

Muerte y reencarnation en un cowboy


Voilà,
la question pour ma part n'est plus de savoir si c'est bien ou pas bien... Deux mecs passent d'abord les 20 premières minutes à piétiner des guitares électriques saturées, ou bien à faire semblant de se bagarrer dessus ou encore, vautrés sur l'une d'elles et enlacés dans un même vêtement, à se frotter la bite l'un contre l'autre... Oui pourquoi pas, ça fait beaucoup de bruit et ça occupe l'espace et le temps, mais c'est tout de même un peu long. Parfois, ils esquissent quelques pas de danse avec des cagoules à clochettes enfilées sur la tête et c'est assez drôle. Même si on souhaiterait bien être à leur place pour faire ce genre de conneries - je parle de la danse - on peut tout de même demeurer perplexe sur la nécessité de toute cette agitation. Ils aiment bien montrer leurs queues, ces acteurs, courir en se tripotant comme des bambins, se tirer joyeusement l'élastique, s'enfiler de petites olifants sur la quéquette en soufflant dessus, se mettre des chapeaux de cow-boys et chanter un air de country music en dansant à poil. C'est kitsch régressif et pulsionnel. Oui peut-être que c'est ça la seule réponse au monde tel qu'il est... Retourner au stade anal, ricaner pour ne pas nommer de grandes catastrophes qui ne tarderont pas à succéder à la lente déréliction du monde occidental. A un moment un homme, la langue ficelée tente d'articuler un discours qu'on ne comprend évidemment pas. Me revient alors cet échange dans "Fin de partie" de Beckett : " Est ce qu'on ne serait pas en train de signifier quelque chose par hasard ? Nous signifier ! Ah la bonne blague !". Mais voilà, cette pièce qui en son temps dénonçait déjà l'arbitraire de la représentation se joue aujourd'hui à guichets fermés dans un théâtre national, et Beckett est devenu un auteur du patrimoine. Revenons au spectacle de Rodrigo Garcia : vers la fin de la représentation les deux comédiens allongés sur des transats philosophent sur le rire ("Si nous rions de la façon dont nous rions, c'est qu'à l'évidence nous ne sommes pas heureux") et sur les relations entre hommes et femmes inéluctablement voués à toujours se séparer. Tout ça en présence d'animaux, en l'occurrence des poussins dont les pépiements sont amplifiés et un chat disposés dans une même boîte transparente, mais cependant séparés par une paroi. Et ce sont eux qui, d'une certaine façon incarnent la dimension dramatique, qui dans la tragédie classique échoit au chœur. La scène du théâtre est leur cosmos. Ils sont jetés dans un monde incompréhensible et chaotique dont ils ne saisissent pas les enjeux et où ils n'ont même pas la parole pour questionner. Pris en otage vulnérables et sans défense, mais néanmoins protégé de l'extérieur dans leur caisse en plexiglass, leur effroi n'est pas feint, et l'inquiétude que l'on éprouve avec eux, est semblable à celle que l'on peut ressentir à l'égard de ce monde désormais réduit à un divertissement obscène cruel et grotesque, et qu'un flot continu d'informations aussi mensongères qu'infantilisantes convertit en fiction. 

lundi 21 janvier 2013

Let's dance


Voilà,
Une heure après au même endroit tout avait été déblayé.
et même les silhouettes de Cyd et Fred avaient disparu
C'eût été tout de même dommage de ne pas s'attarder
(linked with monday murals
 

dimanche 20 janvier 2013

Saules Cortot


Voilà,
aujourd'hui quand même c'était difficile de ne pas échapper à la tentation. La neige n'est pas si fréquente à Paris. Les bus ne circulaient plus, les rares voitures - c'était dimanche - roulaient prudemment, et Montmartre, en dépit des touristes, ressemblait à un village.
Silence, lenteur...
Toute action entreprise à pas mesurés

samedi 19 janvier 2013

Exorcisme

Voilà,
s'inventer des apparitions, agencer d'improbables espaces, reconfigurer les traces d'un rêve dissipé et pour un instant du moins, annuler cette réalité-là, conjurer la sinistre, pitoyable et pathétique vision que sournoisement ce jour gris aura - de façon durable c'est certain - imprimé dans la mémoire : le visage si peu ressemblant à ce qu'il était, transformé en une obscène caricature. Puis il y eut le couvercle. Les écrous. Le sceau. Et à la fin les témoins assemblés, applaudissant soudain l'artiste pour sa dernière sortie.

jeudi 17 janvier 2013

Avec le noir, tu te soulages toujours ?

  

Voilà,
hier au Franprix en faisant mes courses je n'ai pas pu m'empêcher.
Encore une fois, je me suis laissé happer par cette scintillante surface
le jeu de la lumière sur les plis
les nuances de noir les tâches...
Menus détails encore.

mercredi 16 janvier 2013

Menus détails


Voilà,
A jamais tributaire de ces éphémères paysages d'ombres et de reflets que la réalité semblait parfois lui offrir et au devant desquels il allait, il essayait de se persuader que le bonheur pouvait se trouver là, dans les menus détails, le bref éblouissement d'une perspective inversée ou déformée, la surface incertaine d'une transparence qu'une simple averse rend soudain granuleuse, l'énigme inexplicable d'un lieu et d'un moment où il avait aussi peu de raison d'être que de n'y être pas.

lundi 14 janvier 2013

Attendre que vienne un rêve peut-être

Esplanade de La Défense, sous la grande Arche (Mars 2010)
Voilà,
Je n'y avais pas prêté une attention particulière, à première vue, mais finalement elle me plaît bien maintenant, cette image, je lui trouve un certain charme dans le genre urbain. Mais d'après Kafka: "On photographie les choses pour se les chasser de l'esprit". Et il ajoute : "mes histoires sont une façon de fermer les yeux". Je tente l'expérience : tel qu'il est sur la photo ci-dessus, le paysage ne se laisse pas tout à fait oublier. Si je ferme les yeux deviendra-t-il une histoire ?

dimanche 13 janvier 2013

Triste dimanche


Voilà,
Il aimait les chevaux. Celui-là, nous étions allés le voir ensemble près de chez lui, un jour de printemps 2009. C'était un homme de la terre et une âme de poète. Il a trop tôt quitté ce monde aujourd'hui. Quoi dire ? Une grande tristesse, oui une grande tristesse. Je ne peux pas faire comme si ça n'avait pas eu lieu. Je me souviens qu'il avait imaginé à quoi pourrait, lorsque sa fille aurait dix-huit ans et viendrait avec ses copines, ressembler cette maison qu'il avait en partie rebâtie de ses mains... Eh bien non, il ne verra pas ça. C'est tellement absurde. Au moins ne laissera-t-il pas sans rien ceux qu'ils a aimés. C'est bien de t'avoir croisé et un peu connu... Chevauche en paix Didier Agostini ...

samedi 12 janvier 2013

Trace couleur et passage

  

Voilà,
rien que ça.
la couleur dans le gris uniforme de l'hiver
juste ça
sujet aboli oublié

mercredi 9 janvier 2013

Couples la nuit et dessins sur un mur

Pochoirs de Miss Tic à l'entrée d'un hôtel
Voilà,
après une soirée dans un lounge d'hôtel très huppé où, échoué au milieu d'une bohème chic essentiellement composée de lesbiennes pour la plupart cloutées et tatouées, mais néanmoins élégantes et parfois même assez sophistiquées, il m'avait été donné d'entendre une lecture de textes poétiques et militants de l'avant-garde new-yorkaise des années 90, en buvant, dans l'accueillante mollesse d'un confortable et profond canapé, un champagne léger et plutôt fruité, et aussitôt achevées les civilités d'usage, les échanges creux, les conversations superficielles et faussement érudites qui succèdent en général à de tels événements, je m'étais, une fois dehors, laissé doucement dériver dans la nuit froide vers des quartiers plus populaires, aux alentours de la Place Clichy . Soudain, à la porte de ce qui m'avait alors semblé une pension bon marché, ce jeune couple dans cette lumière particulière entre deux pochoirs de Miss Tic avait immédiatement retenu mon attention.

dimanche 6 janvier 2013

Non mais maintenant seulement rester là

Rue Pernelle, Paris
Voilà,
certaines photos renvoient à d'autres : même motif même scène, corps fatigués, abandonnés, corps en partie cachés. Et les pigeons aussi, déjà vus, petits vautours guettant la charogne. Figures de la misère dans des boîtes, des cartons ... De plus en plus nombreuses à peupler le paysage urbain de leur déchéance. "Un instant je vois le ciel, les différents ciels, puis ils se font visages, agonies, les différentes amours, bonheurs aussi, il y en eu aussi, malheureusement. Bonheurs, quels bonheurs, mais quelles morts, quelles amours, je l'ai su c'était trop tard (...) Non mais maintenant seulement rester là (...) et voir le ciel un peu longuement, mais non, hoquets et spasmes, mer d'une enfance, d'autres ciels, un autre corps (Samuel Beckett in "Pour finir encore" éditions de minuit)

samedi 5 janvier 2013

Au spectacle

Obsèques de Tino Rossi, 29 septembre 1983
Voilà,
dès le premier quart d'heure, j'avais compris que ces acteurs gesticulant sur le plateau ne m'emporteraient pas très loin, et que j'aurais du mal à m'intéresser à l'histoire qu'ils interprétaient. Sans doute n'était-ce pas totalement leur faute, je n'étais guère disponible : sans que je puisse me l'expliquer le souvenir de cette photo prise il y a longtemps occupait mon esprit et j'essayais mentalement de la recomposer. Ce visage et cette solitude m'avaient alors beaucoup ému. Oui je me souvenais de ce type serrant son petit sac contre son cœur et je m'étais alors demandé ce que représentait pour lui Tino Rossi cette idole d'un temps pour moi lointain que l'on enterrait. C'était vraisemblablement sa jeunesse et tout un cortège de souvenirs qu'il voyait défiler, et je me rappelle avoir alors supposé qu'un jour viendrait où peut-être je photographierais en de semblables circonstances des rockers croulants et pathétiques, fans de Johnny Hallyday ou d'Eddy Mitchell dont les chansons paraîtraient alors aussi kitsch et désuètes à des jeunes gens de vingt ans que celles de Tino, mais cette perspective m'avait alors paru lointaine. Ainsi pendant qu'une histoire semblait prendre forme au pied des gradins, c'est à cela que je songeais, mais aussi à quelqu'un avec qui j'ai quelquefois passé des soirées de camaraderie et qui lutte à présent contre la mort sur un lit d'hôpital. Toutes ces réminiscences ces réflexions se mélangeaient aux scènes qui se constituaient sous mes yeux, élaborant une soupe mentale à laquelle s'ajoutait pour épicer le tout, le souvenir de quelques conneries proférées en d'autres lieux d'autres temps par le vieux soldat qui continue de me hanter et de se décomposer dans ma mémoire, bref, j'étais incapable de me concentrer sur ce que je voyais. Mon corps au milieu du public, ma pensée loin, dans une autre temporalité, aux prises avec le muet tumulte des images et des idées, là et pas là, distrait donc, je me sentais un peu comme cet enfant photographié ce jour de septembre à mille lieux de l'événement auquel il avait été malgré lui convoqué pour en devenir l'involontaire et dissipé spectateur...

Obsèques de Tino Rossi, Rue Royale

mercredi 2 janvier 2013

La patience

 

Voilà
c'était l'hiver dernier dans un quartier où je ne viens jamais le soir. Il y avait cette fille avec de jolies jambes qui semblait attendre quelqu'un. Elle devait être d'un grand calme et d'une grande patience. Elle est restée longtemps immobile sous la pluie. Moi dans ces cas là mes pieds s'ennuient très vite. Un instant j'ai songé guetter celui ou celle qui viendrait à sa rencontre. Finalement j'ai renoncé préférant traîner dans le coin. C'était un bon soir, un soir à photos. Oui j'en ai profité pour en faire quelques autres dans les parages. Je n'ai pas tout montré encore....

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