Voilà,
ce monde m'est de plus en plus lointain. Ce n'est plus vraiment mon affaire. De toute façon je n'y ai jamais compté pour grand chose. Sauf pour quelques uns. Si étroite, ma place désormais, qui n'était déjà pas bien grande. J'ai tant vécu dans les marges, en lisière, en bordure. Pour me préserver. Je ne me suis guère mêlé à mes semblables. la plupart du temps je les ai observés. Je ne voulais pas me joindre à leurs jeux. Il m'y ont parfois contraint. Toute une vie, aux aguêts, aux abois, à faire semblant. À donner le change. Le plus souvent à me dérober. On se fatigue à force. Désormais me voilà en zone de relégation. J'aurais dû faire un peu plus le pitre. Trop souvent j'ai été rattrapé par l'esprit de sérieux. Dommage. Cela dit maintenant ce sont les pitres qui gouvernent le monde. Des clowns sanguinaires et cyniques font la loi. Trump, Erdogan, Kim-Jong-Un, El Assad, Netanyahu, Poutine et tant d'autres. On a déjà connu ça par le passé. On a dit plus jamais ça. On y a cru. Et maintenant les enfants des victimes d'autrefois deviennent des bourreaux.
(...)
Pour les jeunes, ceux de ma génération portent une responsabilité immense dans la dégradation ds conditions de vie sur cette planète. Ils n'ont pas tort. Les voilà condamnés à faire mieux que leurs aînés. Ils n'en prennent cependant guère le chemin. Ce qui reste de civilisation suffoque et convulse. On commence à parler de courbes qui s'inversent. Cependant les touristes auxquels il m'arrive de me mêler parfois continuent de visiter Notre-Dame, en détournant le regard de la détresse devenue si ordinaire sous nos latitudes.
(...)
J'essaye encore de sortir, de me cultiver, de me rendre à des expositions. Mais là encore l'horreur apparaît en images lisses et soigneusement tirées.
Si je reste à la maison un samedi matin voici les intitulés d'émissions qu'il m'est donné d'entendre sur une chaîne de radio culturelle (c'était il y a quelques mois déjà) :
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Pour les jeunes, ceux de ma génération portent une responsabilité immense dans la dégradation ds conditions de vie sur cette planète. Ils n'ont pas tort. Les voilà condamnés à faire mieux que leurs aînés. Ils n'en prennent cependant guère le chemin. Ce qui reste de civilisation suffoque et convulse. On commence à parler de courbes qui s'inversent. Cependant les touristes auxquels il m'arrive de me mêler parfois continuent de visiter Notre-Dame, en détournant le regard de la détresse devenue si ordinaire sous nos latitudes.
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J'essaye encore de sortir, de me cultiver, de me rendre à des expositions. Mais là encore l'horreur apparaît en images lisses et soigneusement tirées.
Si je reste à la maison un samedi matin voici les intitulés d'émissions qu'il m'est donné d'entendre sur une chaîne de radio culturelle (c'était il y a quelques mois déjà) :
A 9 heures
"L'inquiétude a remplacé l'optimisme consécutif à la chute du mur de Berlin.
Au moment de la chute du mur de Berlin, l'opinion occidentale était convaincue, dans sa grande majorité, que l'économie de marché et la démocratie représentative allaient, après avoir battu leurs adversaires idéologiques à plate couture, conquérir ce monde
La fin de l'histoire Francis Fukuyama a donné ses lettres de noblesse philosophiques à cette certitude heureuse. L'opinion éclairée est aujourd'hui dégrisée, elle a perdu sa bonne humeur, l'avenir ne lui parait plus prometteur, mais menaçant. La grimace a succédé au sourire et l'inquiétude a remplacé l'optimisme."
à 10 heures
"Le sucre, comme poison" voilà le titre d’une quantité d’articles qui ont prospéré ces dernières semaines, selon l’une de ces pulsions collectives qui surgissent de temps en temps. Une mode soudaine, mais qui ne porte pas moins probablement sa part de vérité et qui appelle une perspective historique
à 11 heures
Quels sont les enjeux de la pandémie d'obésité dans le monde? Pourquoi l'obésité apparaît-elle comme une maladie de la transition ?
Finalement ce matin-là j'ai préféré regarder le match de rugby opposant les deux franchises néozélandaises des Hurricanes et des Crusaders en streaming. Un soin palliatif en quelque sorte.