Voilà,
Durant l’été 2018, dans le cadre d'un cycle intitulé Enfance, s’est tenue à Paris au Palais de Tokyo, sous le patronage de la fondation Bettencourt Schueller, l'exposition "Encore un jour banane pour le poisson rêve" allusion à la nouvelle de Salinger "A perfect day for banana fish". Les commissaires en étaient Sandra Adam-Couralet et Yoann Gourmel associés à Kodama Kanazawa. La dramaturgie était assuré par l’artiste Clément Cogitore, et la scénographie de Laure Pichat.
Ce name dropping correspond à l'air du temps. A ce qu'Annie Le Brun nomme "l'art officiel de la mondialisation commandé, financé et propagé par les forces réunies du marché, des médias et des grandes institutions publiques et privées sans parler des historiens d'art et des philosophes appointés qui s'en font les garants"
L’exposition mettant ainsi à l’honneur les œuvres d’artisans d’art et d’artistes contemporains avait pour thème "les imaginaires de l’âge tendre, ses mythes fondateurs et ses transformations contemporaines". Elle se proposait d'inviter les visiteurs à "se replonger dans des souvenirs de cette époque plus ou moins lointaine et à réfléchir à leur influence sur la construction de nos identités et leurs représentations".
Quoi qu'il en soit je me souviens en ce mois d'Août, de cette salle de Tomoaki Suzuki avec ses minuscules silhouettes hiératiques éparpillées dans un vaste espace de déambulation. Ces sculptures réalisées avec précision, dans du bois de citronnier ou de peuplier et soigneusement décorées à la peinture acrylique étaient supposées évoquer "les modes de vie et les styles vestimentaires contemporains tout en réactualisant des traditions orientales plurimillénaires qui donnent à voir une communauté sans revendication apparente".
J'ai pompé ces citations sur le site du palais de Tokyo, et aussi du CACP de Bordeaux. Je les trouve pour ma part assez vasouilleuses. L'art contemporain a ceci de particulier que le discours sur l'œuvre est inhérent à l'œuvre elle-même. Il se veut transgressif il n'est la plupart du temps qu'un avatar de la société du commentaire et de la consommation.
En fait je n'ai aucun souvenir sensible de cette exposition sinon par les photos que j'y ai faites, retrouvées dans mon ordinateur. Je n'y ai ressenti aucun éblouissement. Je l'ai déjà écrit dans ce blog, il m'apparaît la plupart du temps que les sites d'art contemporain (fondations, musées) s’offrent souvent comme des lieux de déambulation, de flânerie pour bourgeois bohèmes et étudiants, un peu plus sophistiqués mais tout aussi futiles que ces centres commerciaux où s’agrègent les enseignes à la mode. On n’y fait pas du shopping mais on y jette un œil. Ce qu'on y voit relève le plus souvent du display, de l'art de la devanture. On fait ses courses d'images et d'impressions. Cela vous a son petit côté parc d'attractions, aussi. On s’y distrait. On s’y abandonne à un suspens de vie. Ce n’est pas désagréable. On occupe son temps dans des espaces que d'autres ont investis. On déambule dans l'art institutionnel qui, malgré un vernis de fausse provocation fleure bon l'optimisation fiscale. Et pour une œuvre puissante, combien de médiocres artefacts ne faut il pas s'infliger.