mardi 29 juin 2021

Le Boudoir


 
Voilà,
et même si ta vision se brouille tu reconnais le boudoir. Captifs sous la vacillante lumière des candélabres, les objets tremblent et frémissent de tant d'histoires étouffées entre ces murs. Puis, ce vide soudain qui se répand en deçà de ton regard. Ce parfum entêtant qu’il te semble reconnaître, qui te hante depuis tant d'années. Ces gestes précis, ces regards intenses et jamais oubliés, les voilà qui te traversent dans le clair désordre d'un songe. Tu te tiens au secret des lisières et crois entendre dans ton dos le murmure d'une voix familière. Ton rêve chavire tel une barque trop chargée. Un poudroiement d'étincelles tu ne sais si tu te noies ou t'éparpilles. Tu t'étouffes, puis un cri t'arrache à ce bord du monde. Dressée contre la muraille de la nuit, la lourde armoire de la chambre prend des airs de potence. Et la douleur est là, bien rugueuse. Tu voudrais que tout recommence, ne serait-ce que quelques jours, quelques semaines. Les étonnements, les approximations, les surprises de la découverte, le vertige des premières étreintes. Mais l'herbe est bien trop épaisse qui pousse sur le passé. Des lustres que ta jeunesse t'a quitté. En bas, dans la cuisine la vieille Westminster carillonne. Les heures cognent. L'aube d’un jour blafard maintenant te frôle. Es tu rêveur encore ou bien déjà fantôme ? (Linked with my corner of the world

dimanche 27 juin 2021

D'étranges têtes

Voilà,
rue des cascades encore, on peut apercevoir parmi de nombreuses fresques murales, celle-ci, de Bojan Nicolic, dont j'avais remarqué il y a quelques mois, une autre création sur le mur d'une maison à Malakoff. Elle tranche sur la plupart des réalisations de ce genre, par sa radicalité, et une sauvagerie dans le dessin qui rappelle des œuvres d'art brut. linked with monday mural

vendredi 25 juin 2021

Climat

Voilà
"Le climat n’est pas l’ensemble des gaz qui enveloppent  le globe terrestre. Il est l’essence de la fluidité cosmique, le visage le plus profond de notre monde, celui qui le révèle comme l’infini mélange de toutes les choses, présentes, passées, et futures. Le climat est le nom et la structure métaphysique du mélange. Afin qu’il y ait du climat, tous les éléments à l’intérieur d’un espace doivent être à la fois mélangés et reconnaissables, unis non par la substance, la forme, la contiguïté, mais par une même « atmosphère ». Si le monde est un, il ne l’est pas parce qu’il n’y aurait qu’une substance ou une morphologie universelle. Au niveau climatique tout ce qui est et a été constitue un monde. Un climat est l’être de l’unité cosmique. Dans tout climat, la relation entre contenu et contenant est constamment réversible : ce qui est lieu devient contenu, ce qui est contenu devient lieu. Le milieu se fait sujet et le sujet milieu. Toute climat présuppose cette inversion topologique constante" Emmanuele Coccia in "La vie des plantes"

lundi 21 juin 2021

Aimez vous Brahms ?


Voilà,
je ne connais pas très bien la musique classique. Je veux dire que je n'ai pas baigné là-dedans. J'y suis venu peu à peu il y a longtemps grâce à un amour de jeunesse et à ses parents. Je me souviens que la première fois où j'ai assisté à un concert de musique classique c'était dans l'église de Châteaudouble, le quatuor Andrée Colson. J'avais été particulièrement transporté et ému par un adagio de Guillaume Lekeu.
 Mais ça reste toujours un peu opaque pour moi. Je ne pratique pas la musique, je ne lis pas beaucoup les notes. Je sais vaguement faire la différence entre une version et une autre, sans trop pouvoir justifier mes préférences. De toute façon j'évite d'en parler de peur que mon inculture se dévoile. C'est un peu comme les couverts à poissons. C'est là qu'on s'aperçoit qu'on vient de chez les pauvres : quand tout à coup il faut utiliser les couverts à poissons.
Je ne suis pas un spécialiste comme Brice, le frère de la cinéaste Claire Denis, qui, alors que nous étions passé chez lui dans l'après-midi le 10 mai 1981 (un coup de fil de son autre sœur qui travaillait au nouvel Observateur, nous avait d'ailleurs un peu après dix-sept heures donné en avance le résultat de l'élection de Mitterrand), avait fait l'analyse de la cinquième de Mahler en s'adressant surtout (il commençait un peu à m'agacer avec sa science) à Agnès qui était musicienne (elle jouait de la harpe). Il nous avait disséqué avec beaucoup d'enthousiasme, en long en large et en travers, la cinquième de Mahler, et j'avais quand même trouvé ça un peu gonflant, sa science. Aujourd'hui pourtant les émissions sur la musique classique me passionnent, et l'érudition de certains présentateurs m'émerveille.
J'écoute juste France-Musique, parfois des journées entières (surtout le dimanche quand je suis là) et tout à coup c'est comme si la laideur du monde s'effaçait. Je suis alors en terre étrangère. Et les sept semaines de confinement de l'année dernière ont contribué à atténuer mon ignorance en matière de musique classique.
Je regrette de ne pas avoir su transmettre cela à ma fille lorsqu'elle était petite. Pourtant, autrefois, pour l'endormir je lui mettais les partitas de Bach interprétées par Glenn Gould. Quoi qu'il en soit quand j'entends quelque chose qui me plaît je le shazame, (Shazam, c'est vraiment bien c'est une applications réjouissantes et nécessaire). Et souvent je m'aperçois qu'il s'agit de Brahms. Parfois j'arrive un peu à le reconnaître avant, mais je ne suis cependant jamais certain, à l'exception des danses hongroises qui me sont familières, et du sextuor pour violoncelle.
Françoise Sagan, vraiment douée pour les titres (du coup peut-être faudrait-il que je le lise) intitula un de ses roman "Aimez vous Brahms ?". Assurément oui, j'aime Brahms. Et n'oublions pas que, comme le fait remarquer un des piliers de bar chers à Gourio, dans ses Brèves de comptoir "Brahms, sans parler de sa musique, pour pas faire chier, il buvait du vin blanc". Quant à moi, je me repose dans ma bibliothèque, parmi mes fétiches. Ça sera my corner of the world pour un moment

dimanche 20 juin 2021

Leurs Noms

Voilà,
cette semaine j'ai joué dans un théâtre situé juste en face de l'immeuble où, un sinistre jour de janvier 2015, s'est produit le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, perpétré par des fanatiques islamistes. Il y avait là, Cabu, (76 ans) dessinateur, Charb, (47 ans) dessinateur et directeur de la publication, Tignous, (57 ans) dessinateur, Honoré, (73 ans) dessinateur, Wolinski, (80 ans) dessinateur, Bernard Maris, (68 ans) économiste et chroniqueur, Mustapha Ourrad, (60 ans) correcteur, Elsa Cayat, (54 ans) psychanalyste et chroniqueuse, appartenant au journal, mais aussi, Frédéric Boisseau, (42 ans) un responsable des opérations de la société Sodexo chargée de la maintenance dans l'immeuble, qui fut la première personne tuée lors de cet attentat Michel Renaud (69 ans) invité de la rédaction, qui était venu de Clermont-Ferrand pour rendre certains de ses dessins à Cabu, Franck Brinsolaro, (48 ans) le premier policier tué officier du service de la protection — le SDLP — chargé de la protection personnelle de Charb abattu en même temps que lui, Ahmed Merabet, (40 ans) le second policier tué, gardien de la paix du commissariat du onzième arrondissement, blessé puis assassiné sur la voie publique après avoir tenté d’empêcher la fuite des tueurs. Une fresque réalisé par C125, dont j'ai déjà photographié des travaux, ici et aussi là a été réalisée sur l'immeuble où a eu lieu la tuerie. Elle est recouverte d'une plaque de plexiglass pour la protéger des dégradations, car il existe encore à Paris nombre de crétins pour penser que ces victimes méritaient bien leur sort. Sur un autre mur, les anges de Raphaël ont la tête de Cabu et Wolinski et boivent un verre ensemble. J'ignore quel est l'auteur de ce collage. (Linked with Sami's monday murals)

jeudi 17 juin 2021

Fuzeï


Voilà,
Se rappeler un paysage. Songer à tout ce qui nous traverse et qu'on ne peut décemment dire. A de vieilles lectures aussi. Se souvenir que lorsque nous rencontrons quelque chose qui résonne tranquillement dans notre esprit, généralement quelque chose de naturel ou d’élégant, les japonais disent “je me sens fuzei dans ce paysage” ou “cela donne une impression de fuzei.”. Il existe même un photographe nippon qui a consacré toute une série de photos pour illustrer cet état

dimanche 13 juin 2021

Rue des cascades


Voilà, 
il y a quelques temps je suis passé par la rue des cascades. Située dans le XXème arrondissement de Paris, elle a autrefois inspiré un très beau film éponyme de Maurice Delbez, réédité il y a quelques années, et fut aussi un terrain d'exploration de Willy Ronis. Elle a bien sûr considérablement changé comme bien des lieux de Belleville, mais on y trouve de nombreuses peinture murales, et aussi des collages tels que celui-ci, qui raconte quelque chose de notre vie récente (Monday murals)

jeudi 10 juin 2021

Ça c'est Paris

Voilà,
je me suis promené cet après-midi sur les bords de Seine, la température estivale, faisant oublier ce triste mois de mai qui fut le plus froid depuis 2013. J'ai pris cette vue très couleur locale, insouciante, presque intemporelle, conforme aux clichés que l'on se fait de la vie parisienne. Sur les quais, les guinguettes sont ouvertes, les gens prennent des pots, font du sport, se baladent en vélo, déambulent nonchalamment s'étreignent. Une apparente douceur de vivre qui hélas ne parvient pas à me faire oublier le climat politique nauséabond qui règne sur ce pays. (Linked with skywatch friday - Paris in July)

mercredi 9 juin 2021

Choses dont je ne suis pas certain



Voilà,
je ne suis pas certain de voir la Sagrada Familia achevée,
ni de pouvoir de nouveau rentrer dans Notre-Dame de Paris
Je ne suis pas certain d’être un jour capable de retenir le nom du cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (je viens de le recopier)
je ne suis pas certain de contempler une nuit la croix du sud dans l'autre hémisphère
ou de parcourir à nouveau les routes des Landes quand le pollen des genêts jaunit les chemins
je ne suis pas certain de me me retrouver un matin sur la départementale 624 entre Montauriol et le col du Samson
ni de prendre une fois le train qui relie Bastia à Ajaccio
je ne suis pas certain d'être vivant quand les Jeux Olympiques auront lieu à Paris
Je ne suis d'ailleurs pas du tout certain que les Jeux Olympiques de Paris auront lieu
Je ne suis pas certain de voir les champs de tulipes des Pays-Bas au printemps
Je ne suis pas certain que la situation sanitaire redevienne normale de sitôt
Je ne suis certain d'être à nouveau un jour vif et alerte
je ne suis pas certain que l'avenir contienne beaucoup de promesses
Je ne suis pas certain que la joie spinozienne fut un concept opérant dans les camps de concentration mais je peux me tromper
Je ne suis pas certain que beaucoup de gens se lavent souvent le pli qui se trouve derrière nos oreilles à la jonction du crâne
Je ne suis pas certain qu'une intelligence collective se mette au travail
ni qu'une conscience planétaire s'éveille face aux périls écologiques qui nous menacent.
Je ne suis pas certain de revoir apparaître le lac de Sanguinet au bout d'une certaine côte
Je ne suis pas certain que ma fille puisse dans l'avenir exercer un métier à la mesure de ses immense talents en raison de la discrimination sociale
Je ne suis pas certain de voir la nouvelle version de la tour Montparnasse
Je ne suis pas certain que la France soit encore un pays qui ait de l'avenir
Je ne suis pas certain de voir l’Italie, gagner le tournoi des six nations, je crois même que cela n’arrivera pas de sitôt
Je ne suis pas certain de rencontrer un jour une femme qui pratique le yoga tantrique
Je ne suis pas certain d'être capable de partager le peu qu'il me reste avant de devoir partir
Je ne suis pas certain que je perdrai tous les kilos que je souhaite perdre tout en restant en bonne santé
Je ne suis pas certain que je parviendrai à vider mon appartement de tout le superflu qui l'encombre
Je ne suis pas certain de revoir Pornic
Je ne suis pas certain que tous les textes écrits qui brouillonnent encore dans ce blog trouvent leur image et vice-versa
Je ne suis pas certain que beaucoup de gens se rappellent que peu avant l'épidémie de covid un étudiant s'était immolé par le feu à Lyon parce qu'il ne supportait plus la précarité
Je ne suis pas certain d'être capable de coucher mes dernières volontés à temps
Je ne suis pas certain d'être capable de chanter en public "wild is the wind"
Je ne suis pas certain de sauter un jour en parachute
Je ne suis pas certain d'être capable d'écrire l'histoire que je veux raconter
Je ne suis pas certain de lire les livres qui sont dans ma bibliothèque et que je n'ai pas encore ouverts
Je ne suis pas certain qu'un accident nucléaire majeur n'arrive pas en France d'ici cinq ans
Je ne suis pas certain de réaliser tous les projets de collages que j'ai en tête
Je ne suis pas certain de jouer encore dans beaucoup de spectacles,
mais je sais que je suis distribué dans une pièce qui doit se donner prochainement puis à la rentrée paraît-il
 

lundi 7 juin 2021

Les Barques de Guéthary

Voilà,
je me suis souvenu des barques du port de Guéthary si petit, si improbable, et de cet endroit très particulier qui lui donne des airs de Grèce. M'est revenu en mémoire, un certain été qui n'était pas si doux, mais où j'ai passé quelques jours sur la plage avec ma fille alors âgée de neuf ans. Elle avait voulu que je lui raconte des histoires de chevalier, et comme je n'en connaissais pas, je lui avais raconté celle d'Hamlet. Dans les mois qui suivirent elle était tombée par hasard, à la maison sur la version russe filmée par Grigori Kozintsev (l'apparition du spectre est une magnifique leçon de cinéma, à 20:27 dans le lien). Elle avait absolument tenu à la voir, en dépit de mes avertissements (c'est en noir et blanc, c'est en russe, ça dure trois heures) ; nous l'avions regardé ensemble faisant au début de fréquents arrêts sur image pour que je puisse bien lui expliquer, tous les personnages et leur fonction dans l'histoire. Captivée, elle avait regardé le film de bout en bout, sans doute parce que sa perfection formelle, exerce un irréfragable pouvoir d'attraction. C'est fou comme une simple image peut convoquer de souvenirs. Guéthary et son merveilleux cimetière sur les hauteurs. Ses deux cafés qui se font face, sa baraque à frites où l'on a croisé une fois Lizarazu, le footballeur, champion du monde en 1998 qui vient souvent faire du surf dans le coin. Écrivant cela, émerge, de très loin, je devais avoir sept ou huit ans, les images confuses de la bande dessinée des aventures de Jari, dans le journal de Tintin, qui se passaient au pays basque. Je n'en ai bien évidemment qu'un vague souvenir. Il faudrait que je traîne dans un magasin de bd pour le relire....

dimanche 6 juin 2021

JR à Paris

 
 
Voilà,
ces derniers temps l'artiste JR est très visible à Paris. D'une part il y a ce magnifique trompe-l'œil sur l'esplanade du Trocadero face à la tour Eiffel que j'ai pu prendre en photo, très tôt dimanche dernier, alors qu'une belle journée s'annonçait. Une petite file de gens s'étirait dans la bonne humeur pour prendre la photo, mais vraisemblablement rien de comparable avec la foule qu'il doit y avoir en journée. Et puis il y a cette autre œuvre dans un petit square situé au 186 bd St Germain qui représente un homme en train de faire le mur.


Ce gigantesque collage intitulé "No trespassing" a été réalisé à l'occasion de l’ouverture de l’édition 2021 du Parcours Saint-Germain, un festival d’art contemporain qui invite les artistes à investir le patrimoine historique du quartier éponyme. Cette image incite à l'école buissonnière, invite à la transgression avec humour et un fort pouvoir poétique. (Linked with Monday Mural)

vendredi 4 juin 2021

Prisonniers politiques

 

Voilà,
en Août 2012 sur la plage d'Hendaye, des gens sont passés tenant une longue banderole pour soutenir des militants basques, peut-être des prisonniers politiques, je ne me souviens plus exactement. J'imagine que la petite fille témoin de cette scène a dû être intriguée. De dos comme ça, elle semble saisie dans une sorte de stupéfaction. J'aime cette menue silhouette, sa façon d'être ancrée au sol, la puissance qui s'en dégage. Linked with the weekend in black and white

mardi 1 juin 2021

Lac inférieur

Voilà,
  rêver à d'autres horizons d'autres latitudes
songer à des espaces plus vastes plus sauvages
se laisser envahir par les images d'une enfance inventée
s'imaginer d'autres vies d'autres destins d'autres voyages
chasser le chagrin
 des choses inaccomplies des êtres chers trop tôt partis
 et se consoler dans le murmure du vent
 
Déjà, sous une farandole de nuages
l'éblouissement commence

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