Voilà
Charlie Kirk. Un fasciste de compétition. Le modèle d’exportation. Antisémite mais favorable au massacre des Palestiniens — On en a de semblables ici aussi en France. Misogyne, suprémaciste, homophobe, climatosceptique, pro-arme, anti-avortement, bref : la totale.
À l’affiche quotidienne du stand-up trumpiste, colporteur professionnel de fake news, animateur en chef de l’attaque du Capitole. Son CV : la haine comme fond de commerce, la bêtise comme capital symbolique.
Porter une arme à feu selon lui était un droit issu de la volonté de Dieu. Dieu est parfois un foutu galopin avec ceux qui y croient ou professent d'y croire.
Pour celui qui disait "En fait, je ne supporte pas le mot empathie. Je pense
que l'empathie est un terme New Age, inventé, qui fait beaucoup de mal" une balle dans la gorge.
Une seule. Du travail de pro.
Pas d'empathie donc.
Trump le sauveur autoproclamé de la nation, ce concentré de bêtise, de méchanceté, d'arrogance, d'infatuation, d'ignorance, de brutalité, de racisme, de corruption, de mensonge, d'incompétence qui, au mépris du droit américain a décidé de saper un a un tous les principes fondateurs de son pays avec la complicité des élus républicains du Sénat et de la chambre des représentants, Trump donc jaillit sur les ondes.
Kirk mort Trump furieux.
Kirk mort Trump furieux.
Pathos en cascade, lamentation réglée, hymne à
la victime qu’on hisse en martyr. Les caméras tournent, la machine
pleure. Trump lyrique (enfin, dans la mesure de ses moyens). Trump en mode oratorio apocalyptique : "la gauche radicale assassine nos héros". Ben voyons. C’est toujours elle, la main invisible, l’ennemie de la liberté — leur liberté, plus exactement : celle de pouvoir massacrer sans entrave, arrêter de façon arbitraire au seul motif d'un faciès pas trop blanc. Étonnant tout de même : Trump est nettement moins lyrique quand
Melissa Hortman, représentante d’État est abattue avec son mari dans
leur maison. Quand John Hoffman, sénateur est troué de balles aux côtés de sa
femme.
Moins lyrique pour ce qui concerne les
morts à l’école, aussi — enfants et professeurs. Litanie américaine
du carnage. 309 fusillades de masse en un an, pour la plupart d’entre elles perpétrées par des blancs. Plus de 300 morts depuis le début de l’année. Mais pas d’allocution pour ça. Trop banal, trop
quotidien, trop peu rentable en émotion nationale.
Ce qui mérite une
parole, c’est le corps d’extrême-droite tombé. Ce qui ne vaut rien,
c’est le sang des démocrates, c’est l’abattoir scolaire. Les États-Unis du
Spectacle trient leurs cadavres : les bons pour l’écran, les autres
pour la fosse commune de l’oubli. Et tout le monde continue — on pleure
sur commande, on oublie sur consigne. Le pouvoir s’exerce même dans le
chuintement du silence
Silence présidentiel. Silence comme politique, silence comme
choix.
La hiérarchie des morts, c’est sacré.
Le scénario est connu. Hitler a eu des son Reichstag. Trump a la balle dans la gorge de Kirk. Prétexte prêt-à-porter. Sacraliser le cadavre. Poursuivre le projet : déchaîner la Garde nationale dans les villes démocrates. Liquider l’opposition au nom de la Pureté Américaine. Recycler le crime en mythe, la peur en régime, la haine en politique.
Pendant ce temps : le scandale pédophile colle aux basques de l'orange canker. La faillite économique est patente. La popularité fuit par tous les trous. Mais peu importe : un martyr ça occupe l’écran, ça fait de l'audimat. Un martyr ça détourne. Un martyr ça donne des forces aux fascistes. Les
républicains pointent du doigt leurs ennemis habituels — la gauche
radicale, les trans, les démocrates, les immigrés. C’était écrit
d’avance, comme une pièce qu’ils jouent les yeux fermés. Et tout un appareil de propagande s’empresse de transformer la gorge perforée en drame national. Drapeaux en berne.
Seulement voilà : le récit s’écroule
la grand-mère du tueur — Debbie Robinson — parle. On se retrouve dans un sitcom façon Dallas. Mais là ça s'appellerait "Utah" "Toute la famille est républicaine, pro-Trump. Je ne connais pas de démocrate" , dit-elle.
Le discours vacille.
Le suspect : vingt-deux ans, blanc, mormon, Utah. Pas un infiltré, pas un "autre". Il aimait jouer à Halo un jeu de sci-fi populaire et à "call of duty". Il aimait la chasse.
L’un des leurs. Et les balles ? Gravées de slogans, non pas antifas mais références à l’univers groyper. Cette tendance animée par Nick Fuentes, un autre leader de la jeunesse d’extrême droite qui juge Kirk trop tiède, trop compromis, pas assez pur pour "America First". Une photo de Tyler Robinson publiée sur Facebook suggère qu'il s'intéressait aux mèmes Groyper.
Ainsi, Kirk, s'il n'est pas tombé sous les balles d’un conservatisme plus extrême que le sien, aura trouvé le feu d'un type aussi taré que lui.
Trump, Trump Jr, les influenceurs MAGA criaient hier à la guerre civile. Aujourd’hui, silence. La réalité est moins commode. Car le tireur n’est pas trans, pas démocrate, pas migrant. C’est un jeune homme blanc, instable, né et armé aux États-Unis. Le problème est intérieur. Le problème est républicain. Le problème est américain.
c'est en regardant, il y a bien des années le documentaire "into the abyss" de Werner Herzog, que j'ai réalisé que ce pays était foutu pour bien longtemps. On y trouve ce qui caractérise cette société : le culte de la violence et la bigoterie. Le gun et la bible. Et sous couvert de religion l’indigence morale et la misère intellectuelle. La vision du film "America" de Claus Drexel était aussi édifiante à sa façon.
Cet événement qui secoue les États-Unis exprime une fois encore la folie de cette nation en pleine débâcle, fondamentalement malsaine, et obsédée fascinée gangrenée par le Mal.
Les vieux hippies américains doivent broyer du noir.
Ici au jardin du Luxembourg le ciel est gris.
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Impeccable. Merci Arnaud.
RépondreSupprimerI was never a hippie, but I am certainly depressed. I hope there are people behind the scenes who are doing something to prevent what will otherwise come.
RépondreSupprimerI am very worried about what is happening in my country. Things seem to be falling apart. I feel like right now. I need to concentrate on aiding the natural world, because at least I can have an effect on birds and butterflies. I feel powerless to change the self-destructive nature of humans.
RépondreSupprimerAlas, it is all so reminiscent of the prelude to WWI: The rallies, the persecution of minorities, the fanaticism, the hate, the lies, Kristallnacht. I wonder where the concentration camps will be built. As to time, I think it is to be soon. Thank you for this post, it is timely and apt. Thank you for taking part in the "My Sunday Best" meme.
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