Voilà,
dans la lumière de cet après-midi quelque chose de déjà lointain, comme appartenant à un autre temps flotte dans l'air tiède. Ce n’est pas encore l’automne, mais déjà plus l’été. Cet entre-deux qui fait souvent le charme de Septembre, révèle le poids de ce qui s’achève sans éclat, comme un livre que l’on a refermé sans être tout à fait sûr d’avoir compris tout ce qu'il signifiait.
Les jours ont filé, bien sûr. Mais cette fois, il y a dans leur fuite une gravité nouvelle. Ils se dérobent à toute promesse. Je regarde les feuillages dont la verdeur ne paraît plus aussi arrogante, j'entends les rires d'enfants lointains, dans une cour de récréation voisine. Les choses ont repris leur cours.
L’année dernière, à cette époque, nous étions attablés ensemble. Une fin d’après-midi dorée sur la terrasse, la lumière sur les verres, nos voix mêlées à la litanie des grillons. Nous parlions de tout et de rien, de ces riens qui prennent ensuite une densité démesurée quand on réalise qu'ils ne se reproduiront plus.. Et puis il y avait aussi eu cette promenade autour des étangs de la Jemmaye. J'avais alors remarqué combien elle était attentive à de menus détails qu'elle tenait à partager : le clapotis de l’eau, les silhouettes des promeneurs s’effaçant derrière les roseaux, la buée flottant à la surface des eaux. Le lendemain il y avait encore eu cette balade à Saint-Émilion, la visite de l'église monolithe entièrement creusée dans la roche, la plus grande d'Europe avait dit la guide, les macarons achetés, puis un dernier verre à la gare de Libourne. Faisait-elle semblant d'espérer, y croyait-elle encore ? Elle était fatiguée mais souriante.
L’année dernière, à cette époque, nous étions attablés ensemble. Une fin d’après-midi dorée sur la terrasse, la lumière sur les verres, nos voix mêlées à la litanie des grillons. Nous parlions de tout et de rien, de ces riens qui prennent ensuite une densité démesurée quand on réalise qu'ils ne se reproduiront plus.. Et puis il y avait aussi eu cette promenade autour des étangs de la Jemmaye. J'avais alors remarqué combien elle était attentive à de menus détails qu'elle tenait à partager : le clapotis de l’eau, les silhouettes des promeneurs s’effaçant derrière les roseaux, la buée flottant à la surface des eaux. Le lendemain il y avait encore eu cette balade à Saint-Émilion, la visite de l'église monolithe entièrement creusée dans la roche, la plus grande d'Europe avait dit la guide, les macarons achetés, puis un dernier verre à la gare de Libourne. Faisait-elle semblant d'espérer, y croyait-elle encore ? Elle était fatiguée mais souriante.
Un peu plus tard en mars, elle avait envoyé un texto, sans doute adressé à tous ses proches pour les prévenir : "bon les amis c'est pas glop, le dernier contrôle a montré que la bête a réussi à contourner le traitement, nouvelle série de chimio ni rémission ni guérison en vue. Mon incorrigible optimisme en a pris un bon coup. Il paraît quand même que je suis très résistante et courageuse... ça ne fera pas tout , bises, j'essaie de ne pas trop y penser
L’automne commence sans elle. Son absence, étale, sans contour s’étire dans les heures lentes. Aujourd’hui, un mois seulement depuis son départ, il reste ce fil
fragile de la mémoire, des instants suspendus qui me reviennent avec une
précision étrange. Restent les images d’un été finissant d'où émane une douceur presque clandestine et quelque chose d'irrévocable aussi. Je ne la reverrai plus. Elle ne me téléphonera plus pour de longues conversations. Elle ne viendra plus ici avec son accent chantant, jamais plus je n'entendrai "alors comment il va mon cousin ?" Les saisons désormais recèlent plus de souvenirs que d'attentes. Je me surprends à redouter l’an prochain, non par peur, mais à cause de ce doute désormais intime — celui de ne plus savoir si, comme avant, à pareille époque je reverrai vraiment les choses, les visages, ou même la lumière.
Sur le balcon, il y a ce citronnier du Mexique qu'elle m'avait rapporté de chez elle, lors d'une de ses visites. Il continue de grandir.
shared with skywatch friday - Himmelsblick - floral friday -- all seasons - thursday tree love - wonderful wednesday

Beautiful photos and wonderful post. ❤️ Warm greetings from Montreal, Canada 😊 🇨🇦 Yes I speak French 😀
RépondreSupprimerYour story today really touched my heart. Beauty in it's sadness. Love photos and your lemon tree is splendid.
RépondreSupprimerThat is beautiful but so very sad. A touching remembrance. I'm sorry for your loss and yes, ' those nothings that then take on a disproportionate density when you realize they will never happen again.' is exactly so. Perfectly said. #Allseasons
RépondreSupprimerDouceur, tendresse, beautés et nostalgie sont intimement liées dans ton texte très émouvant.
RépondreSupprimerEt un citronnier.
Sur ma terrasse une grande fougère d’une amie disparue elle aussi.
Reading what DVArtist writes (above), I agree totally. The pain of getting older is mixed with the pain of loss and loneliness. And now we have to suffer the weakening of belief in the future. A beautiful and thoughtful post.
RépondreSupprimerWonderful post, great shots !
RépondreSupprimerMy contribution
Sorry for your loss. Only time can truly heal the grief, but may your memories bring comfort and peace.
RépondreSupprimerLoss is hard, especially from long distance. I'm getting to where I am no longer the spring chicken and it changes your outlook.
RépondreSupprimeri'm sad to read this, sending a hug
RépondreSupprimerYou have a wonderful way of writing.
RépondreSupprimerWorth a Thousand Words
When dark clouds gather, the world doesn't look so beautiful anymore, but eventually the sun shines again, and everything is fine. Just like in the great photo, in the distance, the sun's rays reach the earth. Everything is in flux and change, and we are in the middle of it.
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