Voilà
je n’imaginais vraiment pas voir cela de mon vivant. Malgré toutes mes réserves sur ce pays, je ne pensais pas que cela arriverait de la sorte et même que cela surviendrait un jour. Bien sûr, il y avait eu le mac-carthysme, le Ku Klux Klan, les guerres impérialistes un peu partout dans le monde au nom de la liberté et de la démocratie. Mais les adversaires n'étaient pas non plus des exemples et les États-Unis offraient malgré tout une image de bien-être et de liberté.
Oui bien sûr, la conquête spatiale avait été assurée
grâce au savoir d’un ancien ingénieur nazi, mais c'était aussi le
pays où Einstein, Hannah Arendt avaient trouvé refuge comme tant d'autres artistes
exilés européens qui avaient pu exprimer leur talent et parfois
leur génie.
Évidemment il y avait aussi tous ces westerns à la con exaltant la violence de la conquête de l'Ouest, et l'extermination des peuples autochtones et plus tard vers les années 90 ces super productions idiotes, où les États-Unis sont menacées d’invasion par des aliens, des terroristes des communistes, des méchants, de toutes sortes et qu’après moult bagarres, péripéties, explosions tueries poursuites, spectaculaires cascades, un gentil américain parvenait à sauver l'Amérique donc le monde. Mais quand même il y avait eu le nouvel Hollywood des années soixante-dix.
Je me disais bien que cette paranoïa était le "retour du refoulé" d’une société édifiée sur le génocide indien et enrichie grâce à l'esclavage des peuples déportés d'Afrique. Bien sûr, il y avait la maffia, la corruption, il y avait même eu un président qui s’était comporté comme un gangster, mais l’obstination de quelques journalistes, avait conduit à sa démission. C’était ça aussi ce pays, la liberté de la presse.
Il ne m’échappait pas non plus que la bigoterie était souvent au rendez-vous que c’était bien louche qu’on parle si souvent de Dieu au point de l'invoquer sur des billets alors que Dieu n'est qu'une conjecture que rien ne prouve mais bref, il y avait eu aussi le rock, les grands mouvements pacifistes et de l'égalité des droits, les poètes de la beat génération, Bob Dylan... Et aussi des écrivains prodigieux, capables de raconter les histoires stupéfiantes. Sans parler de ces jeunes, ingénieurs en informatique, en mesure de révolutionner la pensée, et changer le monde depuis un garage. Il y avait cette formidable vitalité, cette faculté de surmonter les échecs et de rebondir.
Et puis ça a commencé à déconner je ne sais quand exactement, avec Reagan peut-être. On a commencé à voir apparaître de plus en plus de gros, parce que les lobbies de l’industrie alimentaires, au nom du profit empoisonnaient les citoyens américains en toute impunité. Et puis il y a eu des présidents de plus en plus stupides, surtout chez les républicains, avec ces histoire d'axe du mal, le mensonge d'État pour inciter à mutualiser la guerre d'Irak et j'en passe. On a vu la bêtise au travail durant la pandémie s’exposer avec une indécence incroyable. Puis on s’est dit que c’était bizarre quand même, ces massacres de masse dans des écoles perpétrés par des enfants, la circulation des armes, le poids grandissant de sectes religieuses de plus en plus réactionnaires, le créationnisme, les théories complotistes.
J'ignore si c'est la faillite du système scolaire américain qui est à la base de ça. Où l'abrutissement des médias. Et puis il y a aussi le narcissime national. Avec ces bannières américaines partout. Cette auto-contemplation permanente. Et puis le manque de curiosité à l'égard du reste du monde. D'ailleurs la plupart des citoyens de cette nation ne savent même pas où se trouve le reste du monde. Surtout les supporteurs MAGA. Et ne pas oublier non plus la passivité du peuple si persuadé de sa supériorité et de la pérennité de ses institutions. Mais voilà la démocratie en Amérique c'est une démocratie où 60% de la population ne vote pas et un système électoral en décalage avec la répartition démographique de la Nation.
Ce que je ne pouvais imaginer, c'est qu'après quatre ans de trumpisme, les gens pourraient en redemander, avoir envie d'être représentés par un tel crétin, capable de débiter des âneries comme "à tel endroit les migrants mangent les chiens domestiques". Il y a donc des américains qui se reconnaissent en lui qui est, à l'heure actuelle, une des plus grandes menaces pour le progrès humain. Aujourd'hui j'ai l'impression que ce sont les insurgés du Capitole qui ont gagné. Un coup d'État rampant a été perpétré avec la bénédiction des oligarques américains. Et c'est tout le monde occidental qui vacille.
La cité sur la colline plus personne ne peut y croire.
Les États-Unis sont plongés dans la crise la plus démente depuis la guerre de sécession. Et d'ores et déjà leur leadership est irrémédiablement passé à la trappe. Tout ce qui faisait la force de ce pays a été en dix mois démantelé. Les services secrets n'ont plus aucune crédibilité. Plus
personne désormais ne voudra être espion aux service des USA. Ils sont tous cramés
auprès des renseignements russes depuis la nouvelle présidence. C’est un virage à 180 degrés dans un contexte de cyberguerre latente. L’administration Trump a demandé aux agents fédéraux de la
Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA) d’arrêter de
suivre les activités de cybermalveillance des acteurs russes. "Tout le
travail lié à la Russie est annulé"», a confirmé au quotidien
britannique The Guardian une source anonyme au sein de la CISA. La raison ? L’État de Vladimir Poutine et ses groupes de hackers ne sont plus considérés comme une nation hostile ni une menace pour les infrastructures américaines depuis mars 25.
Sur le plan économique social c'est déjà un cataclysme. Ce mélange lunaire de protectionnisme commercial, de dérégulation, de relance budgétaire, de capitalisme d’Etat et de politique migratoire restrictive a créé beaucoup d’incertitudes, qui commencent à se lire dans les statistiques macroéconomiques.
Ce qui fascine, c'est la dimension grotesque, ubuesque de l'affaire. Taco Trump est un concentré de tout ce qu'on peut trouver de pire, mais de dispersé aux USA. Lui il coche toutes les cases. Et les membres de son cabinet ne valent pas mieux. Il n'y en a pas un pour racheter l'autre. Ils sont tous cons, méchants, ignares, grotesques. Mais revenons à Trump. On en rirait s’il ne passait son temps, avec le maigre vocabulaire dont il dispose, à nous inonder de merde au point qu’il soit nécessaire d’en parler. Le crétin en chef de l’Occident ne peut même pas nommer correctement les pays dont il parle ni les situer sur un atlas géographique, il débite des discours incohérents sur tout et n’importe quoi, confond par exemple l’Arménie et l’Albanie ou encore l’Azerbaïdjan qu'il est incapable de prononcer et le Cambodge. C'est vraiment le roi des cons. Il ne se passe pas un jour où il ne dise une nouvelle ânerie. Ce type est inépuisable. C'en est devenu stupéfiant. L'adage "les cons osent tout, c'est à cela qu'on les reconnaît" lui colle à merveille.
Mais s'il n'y avait que lui. Les agissements des dirigeants qui l'entourent sont aussi placés sous le signe de l'irrationnel. La théocracie fasciste qu'avait anticipée Frank Zappa, est réellement en marche. Les récentes funérailles de la crapule Kirk, un homme favorable aux exécutions capitales en public mais hostile à l'avortement, anti vaccins, raciste, défenseur des armes à feu, partisan du maintien des femmes "à leur place" (au foyer donc bien sûr) —il a bien mérité la balle qui l'a tué —, devenu "héros des États-Unis" et "martyr de la foi chrétienne" en sont la preuve. "Nous sommes la tempête et nos ennemis ne peuvent comprendre notre force, notre détermination, notre résolution, notre passion (…). Nous sommes du côté du bien, nous sommes du côté de Dieu" dit Stephen Miller conseiller diplomatique de la Maison Blanche. Il ne vaut guère mieux qu'un mollah, quand il exprime ainsi sa mission civilisationnelle. "Nous défendons ce qui est bon, vertueux et noble. A ceux qui essaient de susciter de la violence contre nous (…), vous avez quoi ? Vous n’avez rien. Vous n’êtes rien. Vous êtes le vice, vous êtes la jalousie, vous êtes la haine, vous n’êtes rien. Vous ne pouvez rien construire, rien produire, rien créer" s'adressant ainsi vraisemblablement à tout ce qui ne pense pas comme lui. Tous ces faux prophètes sont la lie de l'Amérique. ils rappellent, comme l'a fait remarquer marie Lavin dans une de ses publications, ceux qui sont évoqués dans La Bible, et que fustigeaient Michée ("ces prophètes prédisent l'avenir pour de l'argent") ou Esaïe ("Dites-nous des choses flatteuses. Révélez-nous des chimères"), ou encore l'apôtre Pierre écrivant aux premiers chrétiens ( "En proférant des énormités vides de sens, ils séduisent...").
Ces sinistres bouffons qui ont ici aussi en Europe leurs pendants sont le véritable signe du déclin de l'Occident. Ici aussi ils suscitent l'adhésion des masses populaires à leurs discours d'extrême droite.
Trump fait tout ce qu'il a dit qu'il ferait. Il a menacé la planète d’un torrent de mesures
économiques et politiques dites "choc et effroi". Il s'en tient à son programme : droits de
douane sur les alliés comme sur les adversaires ; tentative d'expulsion de
millions d'immigrants sans papiers ; représailles contre les efforts de
dédollarisation par de nouveaux droits de douane ; déploiement de
nouvelles réductions d'impôts pour les plus riches ; création d’un
Département de l’efficacité gouvernementale visant à éliminer les adversaires politiques, déréglementation des
protections de travail ; menaces contre la presse d’opposition ; arrêt
des aides à la protection de l’environnement ; suppression des aides aux
facultés réticentes et expulsion des étudiants contestataires ;
extension de l’interdiction du droit à l’avortement ; attaques contre
les transgenres. Il a toujours en tête d'acheter ou conquérir du Groenland et de faire du Canada le 51e État des États-Unis
Il est difficile de se faire une idée du futur. Tout au plus peut-on constater que la Chine semble la mieux préparée à affronter les décennies qui viennent. Si ce n'est pas non plus un modèle de démocratie, ses dirigeants ont toutefois le sens de l'Histoire et le sens politique, ses infrastructures sont récentes et de qualité. Elle dispose en outre d'un programme de recherche et d'éducation excellents, ses ingénieurs ses savants sont ultra-compétents, ses ressources énergétiques considérables. Son économie prospère. Sa diplomatie subtile. L'État y est fort et programme des plans cohérents. La question écologique est prise en compte dans ses projections. Enfin ce n'est pas un pays où l'injonction à prier tient lieu de solution quand on traverse une crise. Après le monologue délirant que Trump a livré à La Tribune des Nations-Unies qui a prouvé au monde entier qu’il était un taré incapable d’articuler la moindre pensée cohérente et qu'il était du même calibre que Jean-Bedel Bokassa, celui qui dans le courant des années soixante-dix s'était fait couronner empereur de Centrafrique, on est bien obligé de constater que si l'humanité doit progresser, cela ne passera plus par les États-Unis.
En attendant je me consolerai avec cette ritournelle qui fit la joie de mes dix-sept ans.
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An excellent summation of my fears and sadness. The picture did make me smile for a moment. Yes, it did start in the Reagan years. Slowly but effectively. Our educational systems are partly to blame. As good as the internet is, it is also the medium that carries the polution. Enough... You said it well.
RépondreSupprimerThank you for linking your deep thoughts to SundaySmiles
RépondreSupprimerMuch♡love
thanks
RépondreSupprimerI'm totally impressed with this writing. You have verbalized my country perfectly. Everything you mentioned is true. Living it, is more difficult than you know. What breaks my heart most is that my entire family with the exception of my eldest grandson and one nephew think that what the scum in the white is is doing is right. They think he is the savior of the country and possible the world. I'm sickened to my soul with what has and is happening. It seems there is no way of out if. Thank you my dear friend for this post.
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