mercredi 10 juin 2015

Un grossier Personnage


Voilà,
Par hasard, dimanche dernier, passant dans une rue commerçante de mon arrondissement, je réalise que, comme chaque année lors du premier weekend de Juin, de nombreux ateliers d'artistes sont accessibles à la visite et sans doute aussi la petite galerie au fond d'une cour où je ne suis pas allé depuis quelques semaines. J'entre, au moment où d'autres visiteurs s'en vont, alors que la galeriste est en conversation avec l'artiste dont les œuvres sont actuellement exposées. C'est un homme âgé mais robuste avec un beau physique assez terrien. Il parle fort et s'interrompt à peine lorsque je la salue. Je commence tout juste ma visite que je l'entends se plaindre de ce que les gens qui passent aujourd'hui n'achètent pas et que ces visiteurs sont plus badauds que connaisseurs. Cela ne m'étonne guère de sa part car je trouve son inspiration à la mesure de ses remarques. Le trait grossier la palette sans grande nuance. Sa production est aussi tape-à-l'œil que lui fort en gueule. Je ne peux regarder attentivement son travail (car même la médiocrité peut être source d'enseignement) tant ses jacasseries et ses récriminations contre le marché de l'art et tous ceux qui ne le respectent pas lui, qui semble avoir une si haute idée de sa personne, polluent l'espace exigu de la galerie. Je sens la galleriste un peu embarrassée par la situation. Elle même d'ailleurs a du mal à en placer une. Profitant de l'arrivée d'un autre groupe de visiteurs, et puisque je me sens un peu de trop ici (de toute façon je n'ai pas grand chose à raconter sur ce que j'ai vu), j'en profite pour m'échapper. Je décide de redescendre la rue de la Gaîté parce que le glacier d'une enseigne bien connue y vend un sorbet au basilic et citron vert que je souhaite goûter (écrivant cela je me souviens soudain du vieux couple d'italiens qui fabriquaient des glaces artisanales rue d'Odessa), et par la même occasion je vais aussi déambuler au marché des artistes boulevard Edgar Quinet.  À part un ou deux stands, rien de bien réjouissant. Tout à coup ce moment et cet endroit revendiquent secrètement de devenir une photo, comme si ce dimanche un peu vague, solitaire et mélancolique s'était condensé dans la vision de cet immeuble d'angle qui jamais auparavant ne m'était apparu de la sorte.

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