Voilà
"L'avantage de l'époque est que tout est dit. Partout dans le monde la quête du pouvoir redevient ce qu'elle a toujours été. Une mêlée sanglante et l'idée même d'une limite à la logique de la force est désormais inconcevable. Nous sommes face à une apocalypse au sens premier du terme. non pas fin du monde, mais sa révélation. Tout est explicite et, sur la scène, des masques de comédie jouent un texte de tragédie. Détourner le regard du spectacle est presque impossible. Mais à regarder la réalité en face on risque d'être aveuglés par l'éclat d'images de plus en plus violentes qui se réfractent d'un écran à l'autre. Se confronter à la réalité aujourd'hui, c'est tomber dans un état de transe. Devenir la proie d'une hypnose qui est la méthode du nouveau pouvoir pour installer son empire. Face à l'hypnose, la littérature est un interrupteur. Le grain de sable qui empêche la machine d'accomplir son œuvre. Depuis toujours les écrivains traversent la catastrophe future pour que nous n'ayons pas à le faire. La disparité des forces en présence est grande mais le véritable enjeu est de ne pas se laisser intimider par les éclairs et les coups de tonnerre des nouveaux enchanteurs. A l'heure des prédateurs , tout est fait pour nous convaincre que le retour de la force est inéluctable. Et pourtant, à chaque fois, la lecture d'un livre ouvre la voie à la possibilité d'un avenir différent. Ce qui nous arrive en fin de compte, ce n'est pas l'inévitable mais l'imprévisible. Annoncer l'avenir est toujours un acte de pouvoir, mais imaginer des futurs alternatifs demeurera toujours un acte de liberté"
C'est étrange de découvrir ce texte de Giulano da Empoli, dans le Paris désert, insouciant et frivole du mois d'Août. La capitale est en congé de la plupart de ses habitants. Tout est sur pause, comme chaque année à la même époque. On dirait que le monde extérieur n'existe pas, qu'il n'y a pas de Gaza, d'Ukraine, de fascisme croissant aux USA, de mesures antisociales prévues à la rentrée, que les incendies dus à la sécheresse, les catastrophes climatiques ne sont que des épiphénomènes. Des choses ignobles se trament un peu partout dans le monde. Rarement la paix n'a paru aussi fragile. Certains ne se rendent pas compte. D'autres essaient de ne pas y penser. C'est peut-être ça l'image de notre avant-guerre. Les bains de soleil qu'on prend à Paris-Plage, les déjeuners qui durent à la cafétéria du musée Carnavalet. La fraîcheur trouvée dans les salles climatisées des cinémas.
Sinon il
y a un an la tour Montparnasse ressemblait à cela. Les Jeux
Olympiques distrayaient le monde et toute la France était amoureuse de Léon Marchand,
la nouvelle idole de la natation française. Il continue d'ailleurs de forger sa légende puisque il a été sacré la semaine
dernière double champion du monde en 200m et 400m quatre nages et a battu un record du monde. Avec ma fille qui avait réservé des billets quelques mois auparavant nous avions assisté à un match de foot au Parc
des Princes entre le Japon et le Brésil, et aussi passé une après-midi à regarder des séries de Rugby à sept féminin au Stade de France. Par
je ne sais quel tour de passe-passe, les pauvres avaient été éloignés de la
capitale, et la ville était propre et joyeuse. Je marchais beaucoup
dans les rues, rassuré
par le bulletin de santé de ma fille mais, jusqu'au 9 Août, vaguement inquiet aussi, dans, l'attente d'un diagnostic me concernant qui
s'avéra finalement favorable.
Je me souviens
que ce matin là, après avoir levé les yeux vers la tour, j'ai acheté, dans cette petite boutique située sur un tronçon de l'avenue du
Maine assez peu fréquenté, une boisson fraîche artisanale servie par
une charmante jeune femme.
Notre
président tout con, malgré la désastreuse séquence politique qu'il avait
initié, passait son temps à papouiller les champions qu'il
félicitait ou consolait. Et si
nous avions échappé à une majorité d'extrême-droite au parlement, le pays était privé de coalition apte à gouverner. Les perdants
expédiaient donc les affaires courante durant la trêve olympique.
À l'époque
on n'osait imaginer que le crétin orange
redeviendrait président dans sa nation. C'est fou de constater à quel
point, en si peu de temps, l'Histoire s'est accélérée, et qu'aujourd'hui le
monde entier est entré dans une ère irrationnelle et incontrôlable que
peu d'experts en géopolitique étaient alors en mesure de prévoir.
Toutes ces réflexions sont un peu décousues, j'en conviens. Si je suis en ce moment bel et bien à Paris, mes neurones, eux, semblent partis en vacances je ne sais où. J'ai du mal à trouver un sens aux rares activiés que j'entreprends. Je ne sais comment me débrouiller de ma vie. J'ai l'impression que je me délite moi aussi. Je suis juste content d'être encore capable d'écrire des phrases. Même si, depuis longtemps je ne suis plus en mesure de, malgré tout, porter un regard poétique sur le monde. J'aimerais bien pourtant.
shared with mosaic monday - my sunday best - monday murals - art journal journey - weekend coffee share - travel tuesday - my corner of the world
A powerful reminder that in an age drunk on spectacle and force, the quiet act of imagining otherwise is itself a rebellion
RépondreSupprimerThanks for you your thoughts, your sentences and your truths
RépondreSupprimerMuch♡love
Powerful words. The disappointment, embarrassment, and horror are too much with us. (late and soon).
RépondreSupprimerIch finde den Text von Giulano da Empoli gut und habe überlegt, mir die Freiheit zu nehmen, alternative Visionen zu verfolgen. Auch für meine sieben Enkelkinder, von denen zwei gerade in Paris sind, um ihre Mimi für die Sommerferien abzuholen. Paris war lange, lange, meine allerliebste Stadt, nirgends war ich öfter. Aber eine unschöne private Entwicklung hat mir alles verdorben. dennoch bin ich gerne mit dir unterwegs gewesen.
RépondreSupprimerSonntagsgrüße aus Köln!
Astrid
Great post, I love this "Ignoble things are brewing all over the world. Rarely has peace seemed so fragile. Some don't realize it. Others try not to think about it. Perhaps this is the image of our pre-war days." Find your small glimmers of hope in your daily life. It may give you strength to deal with the bigger picture. Take care.
RépondreSupprimerIt looks warm but quite pretty too. And I'm glad everyone is enjoying the summer weather too in your photos. Thanks for sharing at AJJ.
RépondreSupprimerSadly I think most of us just try to ignore the horrors going on around us. Pre-war days, who knows? It certainly feels as if half of the world is at war! Thanks for participating in Monday Murals Kwarkito.
RépondreSupprimer"imaginer des futurs alternatifs demeurera toujours un acte de liberté"
RépondreSupprimerC'est le moment, pour ne pas sombrer, de faire travailler nos imaginations. Merci.
I'm always impressed with your truth writings. You have a way of saying what other's are thinking and can't put in down on paper. When, I listen to maga people, here in the US, saying what a great president we have, I wonder where there brains and hearts are. As you know my entire family with the exception of one nephew and my eldest grandson have voted for and think the "thing" is great. My heart breaks for the world.
RépondreSupprimerOh, yes I agree with many points. Cette semaine, je réponds plus tôt que d'habitude......
RépondreSupprimerJe suis à nouveau très heureuse de l'article sur MosaicMonday, merci beaucoup. Amitiés, Heidrun
Great post
RépondreSupprimerParis in hot weather can be unpleasant, but the scenery is still great. I have never seen la plage in Paris! It's sometimes necessary when on holiday to switch off from the things that are going so badly wrong in the world and give your brain a rest.thsnks fo sheari g the slovely photos
RépondreSupprimerThanks for the lovely photos, your thoughts, and especially for sharing at AJJ and my theme, Chrisx
RépondreSupprimerGreat Paris photos! Thank you for entering our challenge at Art Journal Journey.
RépondreSupprimerHugs,
Mia
Co-administrator for AJJ
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