Voilà,
c'est une vue dont on ne peut se lasser. C'est l'un des plus beaux panoramas d'Europe. Le pont d'Avignon. Le Rhône. La cité des Papes, le Mont Ventoux au loin. En cette fin d'après-midi j'ai déjà le départ dans la tête. J'ai commencé à faire ma valise. Je suis allé me promener extra-muros, au-delà des remparts vers l'île de la Barthelasse. Comme d'habitude, il y aura eu des jours où j'aurais trouvé le temps long et finalement ce mois aura vite passé. Je n'aurais pas eu le temps de faire ce que j'avais supposé. Visiter des amis à Nîmes, Arles... L'été, durant le festival, Avignon vous tient captif.
Ce jour là, j'ai réfléchi à ma mélancolie. Mais ma mélancolie, je ne sais pas d’où elle vient exactement. Peut-être de la solitude, d’avoir été longtemps un enfant unique qui en outre, ne pouvait pas avoir beaucoup d’amis parce que la petite cellule familiale déménageait fréquemment. Je me suis toujours senti en quelque sorte coupé du monde, à part. De plus, j’avais des dispositions pour la nostalgie ce qui n’arrange rien. Contrairement à ce que j’ai lu dans un article du journal « Le Monde », il y a quelques mois, j’ai des souvenirs qui datent de bien avant l’âge de trois ans. Oh pas vraiment des souvenirs mais des images associées à des sensations comme ça, précises.
Et puis à partir de trois ans je peux dérouler le film de mon histoire. Sans doute parce que, à cet âge-là je me suis retrouvé dans un environnement totalement différent. D'ailleurs, j’avais déjà changé d’environnement précédemment. Je suis né en Allemagne. J’ai quelques souvenirs de poussette que j’ai déjà évoqués par ci par-là. Je me suis ensuite retrouvé dans la région de Saumur dans la douceur angevine. Là aussi j’ai des images précises : un accident de voiture, la nuit, la rampe qui menait à la maison de mon grand-père, l'odeur de la Loire. Et puis ensuite ce fut l'Algérie. Je me souviens très bien, non pas de la première partie du voyage parce que la génitrice m’avait drogué au sirop de Phenergan ou de Théralène pour que je sois calme durant le trajet en 4CV de Saumur à Marseille. En fait je réalise à quel point je devais être défoncé. Mais ensuite dans le bateau je me souviens des sensations, des images, de l’arrivée sur Alger, la mer verte, la ville blanche, la découverte du géniteur que j'avais finalement assez peu vu dans les premières années. Très peu de temps après ma naissance il est allé en Algérie parce qu’il était militaire de carrière. Ma génitrice qui quelques années auparavant avait épousé un homme qui une semaine, après leur mariage était parti en Indochine. Donc elle avait passé 18 mois seule et avait décidé que cela ne se reproduirait pas. Elle l'a rejoint en Algérie. De l’Algérie, j’ai des souvenirs nombreux et très précis, parfois pénibles que j’ai déjà évoqués dans ce blog. Je me souviens que là-bas, j’avais déjà la nostalgie de paysages d’endroits que je ne connaissais pas, mais qui m’étaient suggérés par des chansons, en particulier, l’adaptation de green fields par les Compagnons de la Chanson. Et vers huit ans il me semblait avoir énormément de souvenirs comme si j'avais déjà vécu une longue vie. Tout s'imprimait, les chansons les visions les odeurs... Les images du passé remontent, je n’y peux rien, c’est comme ça, je suis goupillé comme ça. Aujourd’hui encore c’est la même chose. Le présent me renvoie souvent au passé. Avignon par exemple, je suis à Avignon à l’époque du festival. J'y ai exercé mes premiers jobs d'été quand j’avais 17 ans, 18 ans. Eh bien tout ça remonte terriblement. A cause des murs, des rues. Les visages, les noms, les gens de l’époque, les spectacles vus à ce moment là, oui la jeunesse, les souvenirs de jeunesse ont la même densité, peut-être même plus de densité que le présent. Je ne prenais pas de photos à l'époque. Aujourd'hui les photos aident à se rappeler. En ce temps là, la sensation s'imprimait sans que je réalise que cela serait pour longtemps. Pourtant, j'ai toujours autant de mal à reconnaître les visages. C'est curieux... Mais finalement, j'aime bien avoir cette faculté de souvenirs. Je ne m'ennuie pas. C'est juste parfois que cela me rend un peu vague, tout ce temps qui me traverse.
shared with thankful thursday - skywatch friday - Himmelsblick - weekend street/reflection - my sunday best - my corner of the world
Your words carry the weight of a life deeply felt, layered with movement, solitude, and memory so vivid it refuses to fade, and perhaps it is not melancholy you carry but a tender kind of loyalty to everything that once was.
RépondreSupprimerThe present often takes me back to the past. That happens to me more and more with each passing year. But I agree. I like being able to remember. It is only our present political situation and the horrors being committed that make me melancholy now.
RépondreSupprimerBrilliant sky shot.
RépondreSupprimerI think I have some images in my mind before the age of three. My parents told me that I couldn't possibly remember what I tell them, so who knows maybe I heard some talk about things and internalized it. The memory is a strange thing.
RépondreSupprimerI saw a show last night on addiction and it came out that these little incidents are carried throughout our life and affect us long after the fact. I am sorry you've been plagued with melancholy and loneliness.
RépondreSupprimerOn another note, I will be in Paris in January, if you will be around and want to meet for a coffee. My French is now terrible, and my husband has none at all (Italian is his language of choice) so it may be a very brief and frustrating meet up, but it would be lovely to put a person to these lovely posts. Anyway, no pressure. Still sorting the dates.
Yes, I’ll be happy to meet you when you’ll come to Paris …
SupprimerTowards the end of the year I'll be in touch once I have an idea of our movements. It will be a packed 2 days...Once the bookings and movements are organised, I'll lock in a time. We will stay on Ile de la Cite which has been a dream of mine since forever...I'm excited even just about that! HA!
Supprimer#GaleriaHimmelsblick
RépondreSupprimerI'm sorry you suffer from melancholy. I do believe you are one of those people who remember things or at least have images from a very early age.
RépondreSupprimerUne très belle vue avec de beaux reflets !
RépondreSupprimerSi jamais tu fais un biopic sur ta vie ça pourrait être cathartique en tout cas j’adorerais le voir. Peut-être narré par Michel Boujut avec un simulateur de voix IA ?
It is gorgeous! Hope that someday I get to see all the beauty in France.
RépondreSupprimerWorth a Thousand Words
I also have memories from a very early age. It is a strange thing. Often things in everyday life bring back memories. I find it a symptom of getting older. Thank you for linking up and that is a great image.
RépondreSupprimerI must say your sceneries are WAAAAY better than mine. Great shot too.
RépondreSupprimerProfound post indeed! Yes, all this time passing through us is very important! Makes the memories of our life unique to who we are and are going to be! Sorry for the delays in the challenge blog. Just posted the theme for this week! Come and join us!
RépondreSupprimer"All changes, even the most longed for, have their melancholy; for what we leave behind us is a part of ourselves; we must die to one life before we can enter another." - Anatole France . I can understand your mood and blue-tinged memories as I have been through a similar life story. Born in one country, migrated to another when young, an only child, frequent moves necessitated by my parents' jobs and few friends because of that. Still, it is a full life, one of constant adventurous discoveries and even though melancholy and nostalgia always take a front seat, one realises that it has been all worth it... Time passes, like the water under the Pont Mirabeau, does it not? Thank you for taking part in the "My Sunday Best" meme.
RépondreSupprimer(NixPixMix)
PS: You may like to listen to some music I wrote titled "Melancholy": https://youtu.be/WmSv2QB10LQ?si=u3KMvc1rpypLrs_Y
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