samedi 6 avril 2024

Abeilles et bourdons




Voilà,
"si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre". Cette citation, faussement attribuée à Albert Einstein, contient au moins une part de vérité. Le rôle des insectes pollinisateurs est vital pour les humains. Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique du CNRS écologie et environnement et co-auteur d’un rapport de l’Académie des sciences sur le déclin des insectes, nous éclaire : « Lorsque les abeilles vont visiter des fleurs, elles transportent le pollen et fécondent une fleur avec le pollen d’une autre. Ce service de pollinisation est indispensable à l’humanité ! Les 3/4 des plantes cultivées dépendent de pollinisateurs, essentiellement des insectes, pour leur reproduction. C’est le cas de la tomate dont la fleur a besoin d’être secouée par le bourdon terrestre pour que la pollinisation soit bien assurée. Même quand les plantes sont auto-fertiles, comme certains colza, la pollinisation croisée entre fleurs permet d’obtenir jusqu’à 30% de rendement en plus. Ce service gratuit est rendu par les abeilles domestiques, mais aussi et surtout par les abeilles sauvages et d’autres insectes.
Sur les 5 500 insectes pollinisateurs recensés en France métropolitaine, environ 1 000 sont des abeilles sauvages. Ces abeilles solitaires dépendent d’habitats particuliers, mis à mal par nos activités. Partout, on a simplifié le paysage à l’extrême en supprimant haies, bosquets et prairies qui sont autant d’habitats naturels. L’épandage massif de pesticides est aussi l’une des causes majeures de leur déclin. Sans compter les aléas climatiques… Le bourdon est ainsi sensible aux sécheresses qui affectent la ressource en eau et en fleurs.Penser que l’on peut se passer des pollinisateurs sauvages revient à se voiler la face. Il ne suffit pas d’emmener des ruches d’abeilles domestiques quelque part pour que ce service soit rendu. On le voit aux Etats-Unis où des milliers de ruches sont déplacées d’un état à un autre, pour polliniser des fleurs d’amandiers plantés sur des parcelles arrosées de pesticides. Le bilan environnemental est désastreux. Polliniser à la main, comme dans certaines régions de Chine, ou espérer le faire avec des drones est aussi une coûteuse absurdité ! 
En France, on utilise des bourdons élevés en ruchettes pour polliniser les tomates cultivées sous serre. C’est un système sous cloche, non durable ! On parle là de bourdons sélectionnés, élevés et vendus, alors que d’autres bourdons sauvages, à la diversité génétique plus grande, rendent ce même service gratuitement.
 
 
 
Il est urgent d’enrayer le déclin des insectes pollinisateurs avant qu’il ne soit trop tard. Dans certains endroits, nous sommes déjà arrivés à un point de bascule. Le cas de la production de colza est emblématique. Dans les grandes plaines, les populations d’abeilles s’effondrent ou deviennent moins efficaces en raison de leur exposition aux pesticides. 
Le colza étant auto-fertile, la plante peut se passer du service de pollinisation croisé rendu par les abeilles, mais cela diminue la production d’environ 30%. On essaie de compenser cela avec des intrants, mais cela représente un coût considérable et cela a des conséquences environnementales détestables. En grande culture, on raisonne trop ainsi : le sol est détruit ? Ce n’est pas grave, ajoutons de l’engrais. Le sol ne retient plus l’eau de pluie ? Ce n’est pas grave, irriguons ! Les grandes cultures sont typiques d’un système sous perfusion qui coûte cher. Il a non seulement un coût économique affiché lié aux achats d’intrants, mais aussi un coût caché lié au bilan de l’eau ou au coût sanitaire lié à l’impact des polluants chimiques sur la santé des sols, des hommes et des animaux.
Si les abeilles disparaissent, l’humanité ne disparaîtra pas, mais notre vie va être de plus en plus difficile. Il importe d’en prendre conscience, et d’agir pour inverser cette tendance, à l’échelle collective et individuelle. En privilégiant chaque fois que c’est possible, la production de produits bio, locaux et de saison, le consommateur a le pouvoir d’agir ! » 
Propos recueillis 
par Alexandrine Civard-Racinais pour le site curieux

7 commentaires:

  1. When I see a bumblebee, I want to pet it. Hornets, wasps, and yellowjackets do no one any good, but bees are a gift.

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  2. Tu le sais, ton billet va tout à fait dans le sens que ce que nous faisons ici, et il y a des insectes, abeilles et compagnie, à gogo. Merci d'en parler.
    Ce système sous perfusion est des plus néfaste, oh oui.

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  3. Bees are so important in our nature. They are dying fast as a breed

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  4. My youngest did a school project on this in primary school. Her and a friend distrubuted sunflower seeds with a note explaining the bee problem and what planting the sunflowers would do all around the neighbourhood. I see sunflowers everywhere now. It's gorgeous. I'm not sure how useful extra bees in the Inner city is but hopefully more people in agricultural areas do this too #Allseasons (back on April 25 - enjoy the break!)

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  5. My husband and I planted with pollinators in mind, but it is difficult to keep them alive when neighbors use pesticides freely. We need to work together to preserve them!
    Thank you so much for sharing at https://image-in-ing.blogspot.com/2024/04/groundhog-alert.html

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  6. Our garden is full of bees as we plant for flowers to be around every season. With the old houses being demolished and new flats going up all around us (and the new flats having no garden), the bees search for our oasis. It's so sad to see how we ruin everything we touch as "Homo sapiens"... (Maybe we should rename our species "Homo stultus"). Thanks for taking part in the "My Sunday Best" meme.

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  7. Bees are essential to our ecosystem and I love them! I have three hives I take care of right now. Thank you for linking up.

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