Voilà,
c'est la fin de l'été, mais pas n'importe quel été. Ce qui nous gagne n'est pas juste cette légère mélancolie liée à la fin des vacances. C'est aussi l'inquiétude face au monde qui vient, toujours plus incertain, plus menaçant. Les faits sont sans équivoque. On a atteint un point de non-retour. On ne se débarrassera pas des déchets nucléaires, de la radioactivité, des pollutions chimiques. On ne pourra pas grand chose contre la multiplication de phénomènes naturels extrêmes. C'en est fini de l'illusion de tout maîtriser.
Et puis la démence de dirigeants va-t-en-guerre, ivres de conquêtes et de destructions et dévorés par leur désir de puissance me rappelle ce qu'écrit Pierre-Henri Castel dans "Le Mal qui vient", ouvrage déjà évoqué dans une publication précédente mais qui n'a pas, hélas, suscité de réaction malgré ou peut-être à cause des graves questions qui y sont abordées. "Plus la fin sera certaine donc proche, plus la dernière jouissance qui nous restera sera la jouissance du mal.
Plus proche sera la fin et plus passionnément l'humanité trouvera les
sources d'excitation nécessaires à vivre dans des actions excessives,
atroces, démentes. Mettez en effet ceci en balance : s'assurer, en
cherchant le moindre mal, les moyens toujours plus précaires de retarder
la fin, ou assumer la volupté cruelle de les arracher à autrui, quitte à
précipiter pour tous un destin de toute façon inévitable ? Les vices
les pires (la cruauté venant tout de suite à l'esprit) ne seraient plus
dès lors, les effets collatéraux du désespoir universel. Pour les
derniers hommes ces vices seraient les derniers moteurs affectifs (...)
Car les gens n'auraient peu à peu plus rien à considérer que leur mort
en tant qu'individu pris un à un. Ceux ou celles à qui se réduira alors
l'humanité (non plus collectivement, mais par composition) pourraient
donc parfaitement s'avérer tous (en fait chacun) suicidaires.
C'est
pourquoi il faut avoir peur, très peur des temps d'avant la fin des
temps. Nullement d'une peur métaphysique face à l'idée insupportable du
crépuscule de l'espèce humaine, mais à cause des événements parfaitement
concrets et tous terribles qui pourraient s'enchaîner et qui
s'enchaîneront sans doute sous la forme d'une spirale omni-englobante du
Mal. Ceux qui ne voudront pas la rejoindre, en effet, et même la
rejoindre en hâte, s'en trouveront plus vite encore victimes, ils
serviront d'exemple aux scrupuleux et aux hésitants. En sorte que, si
l'on y réfléchit bien, l'idée de l'inéluctabilité de la fin, tel un germe catastrophique infectant toutes les anticipations, constitue déjà le commencement réel du processus d'annihilation — dès aujourd'hui."
Il suffit d'écouter les déclarations des grands tyrans de ce siècle, ou de se souvenir de leurs actes, pour constater que d'une certaine façon on y est déjà.
Est-ce vraiment là le monde que nous allons laisser à Keith Richards ⸮
Alors haut les cœurs !⸮
shared with skywatch friday - the weekend in black and white - my corner of the world
Gorgeous photo!!
RépondreSupprimerVery nice photogarphy!
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RépondreSupprimerAmazing click
RépondreSupprimerBeautiful shot.
RépondreSupprimerIt is a fine photo--- Nicely done, mon ami.
RépondreSupprimerTruly a fine art with the way you do B+W
RépondreSupprimerWell said!
RépondreSupprimerWise words to accompany an excellent photo.
Great photo, and prophetic words.
RépondreSupprimerThat’s a fine photograph, and rather depressing essay. But I agree; it is too late to reverse the damage already done. But life will persist in some form. Perhaps another species will rise to the top, like in Planet of the Apes. Or perhaps humanity will work cooperatively to avoid complete disaster. Perhaps.
RépondreSupprimer“C'en est fini de l'illusion de tout maîtriser.” — This is a good way to summarize the situation — which as you say is dire.
RépondreSupprimerbest… mae at maefood.blogspot.com
Sky, stone and people and people in between. A bit dark and ominous but beautiful nevertheless. There should be hope in the horizon
RépondreSupprimerJe suis dubitatif …
RépondreSupprimerOn ne prête qu’aux riches. Il se dit que Confucius aurait énoncé qu’«une image vaut dix-mille mots ». Je ne sais si c’est vraiment de lui. Mais il y a le risque de penser, grâce (ou à cause) de cette formule, que face à une image, il est inutile de lire les dix-mille mots qui l’accompagnent.
Je suis frappé par le décalage entre cette image, ce texte et les commentaires. Certes on peut interpréter le ciel sombre que l’on y voit comme une métaphore de ce que suggère le texte de Pierre-Henri Castel quant aux nuages qui s’accumulent sur notre avenir en cette année 2022. Cette association texte-image n’est donc pas mal venue.
Mais je m’interroge sur les commentaires. Les locuteurs non francophone ne lisant pas le texte en détail ne risquent-ils pas de ne percevoir de l’ensemble que « la belle photo » ? Et était-ce vraiment l’intention du blogueur ?
Je n’ai pas la réponse quant à la photo « qui se dégrade et qui effraie » qu’il faudrait mettre pour illustrer notre monde « qui se dégrade et qui effraie ».
(Dans un post récent vous évoquiez Picasso à Vauvenargues, comment ne pas penser à la façon dont il a rendu compte de l’horreur de Gernica).
Mais toujours du plaisir à vous lire.