ce que je fais n'a peut être de sens que pour moi. J'essaye simplement de trouver de nouvelles formes avec les images. Oh pas des formes qui changent le monde non, juste des formes qui puissent me satisfaire ou compenser une indéfinissable insatisfaction relative à d'autres domaines de l'existence, juste des images que je puisse investir à ma façon pour suppléer à ce que le langage ne peut m'offrir ou du moins à ce que je suis incapable de trouver comme possibilités de renouvellement dans le langage et dans l'usage de celui-ci. Je me suis aperçu qu'en certaines circonstances je ne parvenais pas à être dans une relation juste à ce dernier. Que les mots ne venaient pas à moi comme je le souhaitais, et qu'il m'était difficile d'être compris. Je peux, avec les images faire ce que je ne peux avec les mots. Être un idiot par exemple. Ça fait du bien d'être un idiot. Si je faisais l'idiot avec le langage je serais une sorte de clown inquiétant pour les autres. Peut-être même aurait-on la tentation de m'enfermer. Il m'est arrivé parfois de faire l'idiot devant des gens. Ils prenaient peur, ma conviction les inquiétait. Les enfants pleuraient ou bien, dérangés, surpris ou honteux pour moi, allaient s'enfermer dans leur chambre. Des adultes trouvaient odieux ma façon de me moquer. "Je ne me moque pas" disais-je, "je suis aussi vraiment cela". Mais comme dans une conversation je peux parler de Zinoviev citer Cioran aussi bien que Kafka ou Jankélévitch, que je peux parler de rugby ou d'art contemporain de cuisine et pourquoi pas du management post-moderne (une nouvelle entourloupe) ainsi que de tout un tas d'autres trucs plus ou moins intéressants qui peuvent me faire passer pour un être social, raisonnable même, eh bien on ne me croit pas. Non on ne me croit pas quand je dis que je suis un idiot, que du moins une grande part de moi est idiote. D'ailleurs je voudrais pouvoir l'être de plus en plus. Oui c'est ce que je fais avec ces images en les triturant en les tordant en les arrachant de ce qu'elles sont supposées représenter, en les détournant en les griffant, les salissant etc... Là au moins j'ai la folie douce, je ne dérange personne. Parfois j'ai peur, je pleure tout seul dans mon poing, juste parce que le ciel est gris, que des gens ayant parcouru des milliers de kms pour fuir l'horreur ont le courage que je n'ai pas. Parfois j'enrage qu'une fois parvenu au lieu où ils ont espéré trouver la paix et l'hospitalité ils ne rencontrent que la bêtise et la méchanceté des hommes. Parfois je ris parce que le sourire d'un enfant illumine ma journée. Parfois je songe qu'une vie autre se glisse douce et silencieuse dans les reflets de ce monde : miroirs vitrines flaques d'eau...
Un blog écrit en français, avec des photos des collages des dessins, des créations digitales, des récits de rêves, des chroniques des microfictions et encore bien d'autres bizarreries... A blog written in french with photos, collages, drawings, digital paintings, dream stories, chronicles, microfictions and a few other oddities.
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Je n'avais jamais pensé à si à travers les images on voit, devine, que la personne est idiote ou pas, mais je pense que tu as raison.
RépondreSupprimerJ'aime bien "ton" idiot avec son chapeau orangé.
Un besito
He looks like a priest in his pulpit--- Or perhaps a jester. Well, there are similarities... I like this one very much.
RépondreSupprimerI prefer the jester :-)
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