Voilà,
c'est là, juste là que j'aimerais être. Près de la cabane du gemmeur. Ou dedans. Ou peut-être au temps de ce premier étonnement. Aux temps des rêves suscités par la cabane. La première que j'ai vue - ce n'était pas celle-là - fermée, impénétrable - mais une autre tout aussi semblable j'ai tournée autour d'elle. je regardais l'intérieur par les carreaux sales. Outils entreposés, et tout les petits pots destinés à recueillir la résine. Mais aussi table et vaisselle. Et c'était tout à fait irréel pour le regard d'un enfant. Je n'avais pas lu de contes, mais j'avais entendu parler de cabanes au fond des bois. Et du danger aussi, souvent tapi en de tels endroits. La crainte d'être surpris (il faudrait que je parle un jour du père Robineau qui vivait dans la forêt). Oui, ça aussi c'est un de ces lieux poignants, comme celui-ci ou celui là ou cet autre encore. Comme le cabanon du Clos ou celui des Avals rebâtis par Gérard. Le printemps revient. La nature me manque. Je pense à ce poème de Théophile Gautier que l'on apprenait forcément là-bas à l'école :
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes
D'autre arbre que le pin et sa plaie au flanc
Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes
D'autre arbre que le pin et sa plaie au flanc
Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L'homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu'aux dépens de ce qu'il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !
Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Le poète est ainsi dans les Landes du monde ;
Lorsqu'il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d'or !
Pour ma part, j'ai toujours trouvé la fin du poème un peu pompeuse et la métaphore plutôt lourde, mais j'aime particulièrement le dernier vers de la première strophe et la deuxième strophe dans son entier. La forêt landaise a été pour moi quelque chose de particulièrement émouvant, de l'ordre d'une révélation, et la nuit parfois je rêve que je m'y promène comme aux premiers jours de ma vie là-bas...
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