|
Voilà,
hier au Reed Hall, rue de Chevreuse, où je suis passé un peu par hasard, Nicolas Pignon brillant et inspiré lit des passages de "L'invisible" et de "Récit d'un noyé" en présence de l'auteur. Fragile et touchant, Clément Rosset s'excuse ensuite d'écrire d'une certaine façon le même livre depuis "Le réel et son double". Quelque chose d'incertain dans ce corps vieilli, qui parfois cherche longtemps ses mots - "J'écris lentement des textes courts" dit-il. Et son humour, lorsqu'il évoque sa noyade à Majorque "Soudain j'ai eu envie de me reposer au fond de l'eau oubliant que je n'étais pas équipé comme un poisson", et aussi la douleur éprouvée lorsqu'on ne peut pas boire d'eau : "certain savent que j'aime le vin, mais le verre d'eau que l'on peut enfin boire quand on en a été sevré, vaut tous les bourgognes. Après, à la librairie Tschann, lorsque l'organisatrice qu'il ne reconnaît pas tout à fait lui donne rendez-vous au prochain livre, il répond par une longue citation dont je ne me souviens pas mot pour mot mais qui semble de Shakespeare, où il laisse entendre qu'il ne sera bientôt plus de ce monde. Plus tard encore, alors que le libraire aimerait bien fermer, cette auteure (durant la lecture, elle était assise près de moi et sentait très bon) qui, après lui avoir lui un passage d'un livre qu'elle a publié et qu'elle lui offre ensuite finit par lui demander s'il ne pourrait pas lui consacrer une préface pour son prochain ouvrage. Son embarras et sa fatigue soudain en évoquant le temps qui manque et les tâches qui s'accumulent.