Leur "deuxième bureau" est fort bien renseigné. Il doit vraisemblablement connaître l'exacte consistance des troupes britanniques stationnées en Palestine, leurs lieux de cantonnement, leurs mouvements et déplacements, ainsi que leurs dispositifs offensifs et défensifs. On ne comprendrait autrement pas la réussite stupéfiante de certains coups de main terroristes, que la conception générale et la rapidité d'exécution ne sauraient seules expliquer.
Quant au "quatrième bureau", il a fait des miracles. Les armes provenant du pillage de dépôts britanniques paraissent-elles être en quantités insuffisantes pour équiper l'armée secrète ? On s'en procure par contrebande. Les approvisionnements abandonnés dans le "désert occidental" par les Germano-Italiens n'ont pas tous été récupérés par les Britanniques. Les Bédouins nomades en ont "découvert" plusieurs qui ont pris, le plus souvent, le chemin de Jérusalem ou de Tel-Aviv. En ce qui concerne les explosifs, les Juifs fabriquent une gélignite dont la qualité, aux dires des Britanniques eux-mêmes, est bien supérieure à celle qui sort des usines du Royaume-Uni. Et des camions, ressemblant comme des frères à ceux de l'armée anglaise, assurent les transports et les liaisons de " terroristes " vêtus d'authentiques " battle-dresses ".
Le "troisième bureau" n'est certes pas le moins occupé. Nanti des éléments fournis par les divers services, il monte avec minutie les opérations. Ainsi, quand un débarquement clandestin est tenté, une tête de pont est établie à la plage choisie : deux cordons de troupes isolent une bande de terrain qui forme corridor entre le rivage et la colonie où seront recueillis les "immigrants illégaux", cependant que des unités mobiles patrouillent les alentours et que des groupes " indépendants " se livrent à des attaques de diversion contre des postes de police ou des installations militaires, le plus souvent assez distants du théâtre principal.
Un "cinquième bureau", enfin, groupe les "renseignements généraux" et centralise la propagande. La "Haganah", l'"Irgoun" et "Stern" possèdent un poste de radiodiffusion qui s'intitule - "la voix d'Israël, la voix de la résistance juive" - émettant régulièrement sur 45 mètres de longueur d'ondes. Ce poste, en outre, publie un bulletin quotidien d'informations "ronéotypé", que l'on reçoit à domicile nus enveloppe affranchie...
Aussi bien la Grande-Bretagne multiplie-t-elle les mesures nécessaires au maintien de l'ordre. Le pays est virtuellement en état de siège. Les édifices publics, les bâtiments militaires, les gares, sont protégés par d'épais rouleaux de barbelés. Les principaux carrefours routiers sont gardés militairement. Il est formellement interdit de rouler sur les chemins ruraux passé 18 heures. Et des blindés, chars moyens sur roues ou automitrailleuses, tous équipés de postes de T.S.F. parcourent inlassablement les campagnes et les villes.
Pratiquement "évacuée" l'an dernier à pareille époque, la Palestine est aujourd'hui un camp retranché véritable où s'accumule un matériel de guerre ultra-moderne.
À Gaza, des quartiers, des dépôts et des parcs, qui paraissent devoir être occupés en permanence, sont aménagés avec soin. D'importants crédits, de l'ordre d'un million de livres, ont d'ailleurs été affectés à ces travaux. Et s'il n'est pas tout à fait exact que l'on y emploie des prisonniers allemands, certains spécialistes "panzer" sont soupçonnés d'y mettre la main.
Ainsi, la Palestine — dont il ne faudrait pas, sur le plan militaire, dissocier la Transjordanie — centre névralgique des pétroles du Proche-Orient et du précieux lacis des voies de communication impériales, se trouve graduellement transformée en place d'armes...
À cette patiente riposte du formidable outillage britannique, les "terroristes", sans doute, répliqueront par une cohésion encore plus ferme. Ils ont voulu, m'a-t-on assuré, démontrer que le Juif ne se laissait pas intimider par un simple déploiement de forces et était loin d'être couard comme on l'affirme communément.
Mais ce mouvement, si parfait que puisse être son orchestration, est essentiellement négatif, et ne constitue pas une fin. Les Juifs de Palestine, les "importés" comme les autochtones, tous étroitement solidaires, le considèrent comme un premier pas vers la voie de l'affranchissement. On verra peut-être un jour les animateurs de l'armée de libération proclamer, en marge du pouvoir de tutelle, la constitution d'un État juif véritable, pourvu d'un gouvernement provisoire et de cadres administratifs complets. On dira peut-être, de ce rêve d'Israël, que c'est une utopie. C'est pourtant, me suis-je laissé dire, cette utopie que recouvre le manteau du "terrorisme..."
A sobering reflection that traces the haunting continuity of violence and displacement, revealing how unresolved traumas can tragically evolve into new injustices.
RépondreSupprimerMy heart is broken to see what has become of hopes and dreams. I join Roentare (above) with his succinct observation.
RépondreSupprimerRappels historiques importants, merci, et constat que l'histoire n'enseigne pas, hélas. La mémoire semble inutile...et on continue à massacrer sans état d'âme.
RépondreSupprimerThanks for sharing this.
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