dimanche 30 décembre 2018

La Forêt


Voilà,
les éblouissements partagés ils sont là ils demeurent. Jamais je n'oublierai la première fois que m'est apparue la fascinante forêt de piliers de la Sagrada Familia. Ni la douceur de ce début d'année et nos pérégrinations dans Barcelone ensoleillée. Cela semble si loin désormais. En regardant cette photo, je songe à tout ce qui a changé en si peu de temps, et aussi à tout ce qui s'est éloigné de moi. Comme l'écrit si finement Bernard Pivot : "il y a dans une année qui se termine la nostalgie de ce qui n'est plus et la mélancolie de ce qui n'a pas été".
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samedi 29 décembre 2018

Une certaine Honte


Voilà,
il y a quelques années j'ai photographié rue du Faubourg du Temple cette vitrine mêlant de hideuses figurines (celles aux grandes oreilles rappelant d'ailleurs le philosophe Raymond Aron) et d'autres qui représentaient des personnages de dessins animés de Walt Disney. Je me suis, depuis, souvent demandé qui pouvait acheter de telles horreurs et dans quel but, et puis aussi comment on pouvait avoir l'idée d'un tel agencement.
Curieusement, j'éprouve un certain malaise chaque fois que cette image me fait face, comme si une part de moi me reprochait secrètement de l'avoir prise. Cela pourrait être kitch (et c'est vraisemblablement ce que j'ai cru y déceler au premier abord) c'est plus simplement de mauvais goût. Un temps, j'ai songé à l'utiliser pour un montage, une Tentation de Saint-Antoine, par exemple mais je n'en ai rien fait. Je n'ai cessé dès lors de reporter la publication de cette chose, ne voyant guère la nécessité de la montrer. Mais au fond je sais très bien ce qui me relie à cette image du mauvais goût. C'est juste mon enfance, ma famille son absence de goût pour les belles choses et la laideur à laquelle j'ai été confronté durant les dix-sept premières années de ma vie. Et si elle m'est aussi dérangeante, c'est parce que j'éprouve toujours une certaine honte à être encore, en dépit des années, sous l'emprise de tout ce qui m'a autrefois sali, comme si l'empreinte sociale se révèlait indélébile.

mercredi 26 décembre 2018

L'Aura d'un lieu


Voilà
"Qu’est-ce que l’aura ? L’expérience de l’aura repose sur le transfert d’une forme de réaction courante au sein de la société humaine sur la relation de la nature à l’homme. Celui qui est regardé ou se croit regardé lève le regard, répond par un regard. Eprouver l’aura d’une apparition ou d’un être veut dire prendre conscience de sa faculté de lever un regard, de répondre à un regard. Cette faculté est pleine de poésie. Quand un homme, un animal ou une chose inanimée sous notre regard lève le sien, il nous attire d’abord vers le lointain ; son regard rêve et nous entraîne à la suite de son rêve. L’aura est l’apparition d’un lointain aussi proche soit-il. Les mots eux-mêmes ont leur aura : Kraus l’a décrite avec une exactitude particulière :  Plus on regarde un mot de près, plus il vous regarde de loin en retour." (Walter Benjamin in Archives)
Certains lieux certains moments semblent parfois surgir d'une autre réalité. Et c'est alors comme si le monde soudain s'adressait à moi de façon particulière, comme s'il me regardait. (Linked with the weekend in black in white)

mardi 25 décembre 2018

Hikikomorisme


Voilà,
en dépit de l'âge, je sens poindre une tendance à l'hikikomorisme, cette tentation de ne plus sortir de chez soi, très en vogue che les adolescents japonais. J'ai juste envie de bidouiller mes petites affaires entre mes murs. Tant de livres chez moi que je n'ai pas encore commencés, de projets esquissés et inachevés, d'affaires laissées en plan dont m'occuper, de choses à découvrir encore dans les livres, par la radio, les podcasts, de bricoles à entreprendre... D'ailleurs cette période entre Noël et le premier de l'an me conforte dans mes inclinations casanières tant le consumérisme ambiant m'exaspère. J'écoute au chaud des vieux chants anglais de circonstance, en poursuivant mes travaux. J'en profite au passage pour, avec cette image, rendre un petit hommage au peintre Pierre Soulages, dont j'ai quelquefois parlé dans ce blog, et même assez souvent pastiché avec les moyens de la photographie, mais pour lequel j'ai une sincère admiration, et qui vient de fêter hier ses 99 ans.

lundi 24 décembre 2018

Bref c'est Noël


Voilà,
je l'ai prise il y a quelque semaine passage des panoramas. C'est un peu kitsch, un peu encombré, mais bon il y a du rouge et du vert, des boules des guirlandes et des sapins, ça brille ça scintille, bref c'est Noël. Sinon cette nuit, j'ai entendu Philippe Tiry dans une rediffusion d'une émission consacré au Chef Michel Guérard qui datait de 1985. Toute la journée j'en ai été bouleversé. J'ai erré dans mon appartement en écoutant France Musique où pour célébrer le bicentenaire de la composition de "Still Nacht heilige Nacht", ont été diffusées de nombreuses versions de ce chant. Sinon je suis content que Carnival Selah ait enfin donné des nouvelles depuis son accident, qu'il aille mieux et qu'il soit entouré d'amour et d'attention. (Linked with our world tuesday)

vendredi 21 décembre 2018

"De tout il restera trois choses"


Voilà,
"de tout il restera trois choses :
la certitude que tout était en train de commencer
la certitude qu'il fallait continuer
la certitude que cela serait interrompu avant que d'être terminé.
faire de l'interruption un nouveau chemin
faire de la chute un pas de danse
faire de la peur un escalier
du rêve un pont
de la recherche
une rencontre"
(Fernando Pessoa)
linked with weekend reflections

mercredi 19 décembre 2018

L'Interview de Meadows


Voilà,
j'ai envie sur ce blog de donner à lire des choses utiles et nécessaires, pas simplement des états d'âmes. Je remets donc en ligne cet article de Laure Nouhalat paru dans Libération du 15 Juin 2012 et qui demeure plus que jamais d'actualité. La photo n'a pas de rapport particulier, si ce n'est qu'en 1972, année du premier "sommet de la terre" les chaises et les fauteuils du jardin du Luxembourg, que je traversais alors quotidiennement pour me rendre au collège, étaient les mêmes. Mais il fallait payer des chaisières très vigilantes pour avoir le droit de s'asseoir. Celles-ci ont cessé leur activité en 1974.

"Dès le premier sommet de la Terre de 1972, le chercheur américain Dennis Meadows partait en guerre contre la croissance. A la veille de la conférence «Rio + 20», il dénonce les visions à court terme et dresse un bilan alarmiste. En 1972, quatre jeunes scientifiques du Massachusetts Institute of Technologie (MIT) rédigent à la demande du Club de Rome un rapport intitulé "The Limits to Growth" (les Limites à la croissance). Celui-ci va choquer le monde. Leur analyse établit clairement les conséquences dramatiques d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. En simulant les interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres, ces chercheurs élaborent treize scénarios, treize trajectoires possibles pour notre civilisation. Nous sommes avant la première crise pétrolière de 1973, et pour tout le monde, la croissance économique ne se discute pas. Aujourd’hui encore, elle reste l’alpha et l’oméga des politiques publiques. En 2004, quand les auteurs enrichissent leur recherche de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites, l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement. Et ils sont convaincus que le pire scénario, celui de l’effondrement, se joue actuellement devant nous. Rencontre avec l’un de ces scientifiques, Dennis Meadows, à la veille de la conférence de Rio + 20 Le sommet de la Terre démarre mercredi à Rio. 

Vous qui avez connu la première conférence, celle de Stockholm, en 1972, que vous inspire cette rencontre, quarante ans plus tard ? 
 Comme environnementaliste, je trouve stupide l’idée même que des dizaines de milliers de personnes sautent dans un avion pour rejoindre la capitale brésilienne, histoire de discuter de soutenabilité. C’est complètement fou. Dépenser l’argent que ça coûte à financer des politiques publiques en faveur de la biodiversité, de l’environnement, du climat serait plus efficace. Il faut que les gens comprennent que Rio + 20 ne produira aucun changement significatif dans les politiques gouvernementales, c’est même le contraire. Regardez les grandes conférences onusiennes sur le climat, chaque délégation s’évertue à éviter un accord qui leur poserait plus de problèmes que rien du tout. La Chine veille à ce que personne n’impose de limites d’émissions de CO2, les Etats-Unis viennent discréditer l’idée même qu’il y a un changement climatique. Avant, les populations exerçaient une espèce de pression pour que des mesures significatives sortent de ces réunions. Depuis Copenhague, et l’échec cuisant de ce sommet, tout le monde a compris qu’il n’y a plus de pression. Chaque pays est d’accord pour signer en faveur de la paix, de la fraternité entre les peuples, du développement durable, mais ça ne veut rien dire. Les pays riches promettent toujours beaucoup d’argent et n’en versent jamais. 

Vous n’y croyez plus ? 
 Tant qu’on ne cherche pas à résoudre l’inéquation entre la recherche perpétuelle de croissance économique et la limitation des ressources naturelles, je ne vois pas à quoi ça sert. A la première conférence, en 1972, mon livre "Les Limites à la croissance" (dont une nouvelle version enrichie a été publiée en mai) avait eu une grande influence sur les discussions. J’étais jeune, naïf, je me disais que si nos dirigeants se réunissaient pour dire qu’ils allaient résoudre les problèmes, ils allaient le faire. Aujourd’hui, je n’y crois plus ! 

 L’un des thèmes centraux de la conférence concerne l’économie verte. Croyez-vous que ce soit une voie à suivre ? 
 Il ne faut pas se leurrer : quand quelqu’un se préoccupe d’économie verte, il est plutôt intéressé par l’économie et moins par le vert. Tout comme les termes soutenabilité et développement durable, le terme d’économie verte n’a pas vraiment de sens. Je suis sûr que la plupart de ceux qui utilisent cette expression sont très peu concernés par les problèmes globaux. La plupart du temps, l’expression est utilisée pour justifier une action qui aurait de toute façon été mise en place, quelles que soient les raisons. 

Vous semblez penser que l’humanité n’a plus de chance de s’en sortir ? 
 Avons-nous un moyen de maintenir le mode de vie des pays riches ? Non. Dans à peine trente ans, la plupart de nos actes quotidiens feront partie de la mémoire collective, on se dira : «Je me souviens, avant, il suffisait de sauter dans une voiture pour se rendre où on voulait», ou «je me souviens, avant, on prenait l’avion comme ça». Pour les plus riches, cela durera un peu plus longtemps, mais pour l’ensemble des populations, c’est terminé. On me parle souvent de l’image d’une voiture folle qui foncerait dans un mur. Du coup, les gens se demandent si nous allons appuyer sur la pédale de frein à temps. Pour moi, nous sommes à bord d’une voiture qui s’est déjà jetée de la falaise et je pense que, dans une telle situation, les freins sont inutiles. Le déclin est inévitable.  En 1972, à la limite, nous aurions pu changer de trajectoire. A cette époque, l’empreinte écologique de l’humanité était encore soutenable. Ce concept mesure la quantité de biosphère nécessaire à la production des ressources naturelles renouvelables et à l’absorption des pollutions correspondant aux activités humaines. En 1972, donc, nous utilisions 85% des capacités de la biosphère. Aujourd’hui, nous en utilisons 150% et ce rythme accélère. Je ne sais pas exactement ce que signifie le développement durable, mais quand on en est là, il est certain qu’il faut ralentir. C’est la loi fondamentale de la physique qui l’exige : plus on utilise de ressources, moins il y en a. Donc, il faut en vouloir moins. 

La démographie ne sera pas abordée à Rio + 20. Or, pour vous, c’est un sujet majeur… 
 La première chose à dire, c’est que les problèmes écologiques ne proviennent pas des humains en tant que tels, mais de leurs modes de vie. On me demande souvent : ne pensez-vous pas que les choses ont changé depuis quarante ans, que l’on comprend mieux les problèmes ? Je réponds que le jour où l’on discutera sérieusement de la démographie, alors là, il y aura eu du changement. Jusqu’ici, je ne vois rien, je dirais même que c’est pire qu’avant. Dans les années 70, les Nations unies organisaient des conférences sur ce thème, aujourd’hui, il n’y a plus rien. 

Pourquoi ? 
 Je ne comprends pas vraiment pourquoi. Aux Etats-Unis, on ne discute plus de l’avortement comme d’une question médicale ou sociale, c’est exclusivement politique et religieux. Personne ne gagnera politiquement à ouvrir le chantier de la démographie. Du coup, personne n’en parle. Or, c’est un sujet de très long terme, qui mérite d’être anticipé. Au Japon, après Fukushima, ils ont fermé toutes les centrales nucléaires. Ils ne l’avaient pas planifié, cela a donc causé toutes sortes de problèmes. Ils ont les plus grandes difficultés à payer leurs importations de pétrole et de gaz. C’est possible de se passer de nucléaire, mais il faut le planifier sur vingt ans. C’est la même chose avec la population. Si soudainement vous réduisez les taux de natalité, vous avez des problèmes : la main-d’œuvre diminue, il devient très coûteux de gérer les personnes âgées, etc. A Singapour, on discute en ce moment même de l’optimum démographique. Aujourd’hui, leur ratio de dépendance est de 1,7, ce qui signifie que pour chaque actif, il y a 1,7 inactif (enfants et personnes âgées compris). S’ils stoppent la croissance de la population, après la transition démographique, il y aura un actif pour sept inactifs. Vous comprenez bien qu’il est impossible de faire fonctionner correctement un système social dans ces conditions. Vous courez à la faillite. Cela signifie qu’il faut transformer ce système, planifier autrement en prenant en compte tous ces éléments. La planification existe déjà, mais elle ne fonctionne pas. Nous avons besoin de politiques qui coûteraient sur des décennies mais qui rapporteraient sur des siècles. Le problème de la crise actuelle, qui touche tous les domaines, c’est que les gouvernements changent les choses petit bout par petit bout. Par exemple, sur la crise de l’euro, les rustines inventées par les Etats tiennent un ou deux mois au plus. Chaque fois, on ne résout pas le problème, on fait redescendre la pression, momentanément, on retarde seulement l’effondrement. 

Depuis quarante ans, qu’avez-vous raté ? 
 Nous avons sous-estimé l’impact de la technologie sur les rendements agricoles, par exemple. Nous avons aussi sous-estimé la croissance de la population. Nous n’avions pas imaginé l’ampleur des bouleversements climatiques, la dépendance énergétique. En 1972, nous avions élaboré treize scénarios, j’en retiendrais deux : celui de l’effondrement et celui de l’équilibre. Quarante ans plus tard, c’est indéniablement le scénario de l’effondrement qui l’emporte ! Les données nous le montrent, ce n’est pas une vue de l’esprit.
Le point-clé est de savoir ce qui va se passer après les pics. Je pensais aussi honnêtement que nous avions réussi à alerter les dirigeants et les gens, en général, et que nous pouvions éviter l’effondrement. J’ai compris que les changements ne devaient pas être simplement technologiques mais aussi sociaux et culturels. Or, le cerveau humain n’est pas programmé pour appréhender les problèmes de long terme. C’est normal : Homo Sapiens a appris à fuir devant le danger, pas à imaginer les dangers à venir. Notre vision à court terme est en train de se fracasser contre la réalité physique des limites de la planète.
N’avez-vous pas l’impression de vous répéter ?
 Les idées principales sont effectivement les mêmes depuis 1972. Mais je vais vous expliquer ma philosophie : je n’ai pas d’enfants, j’ai 71 ans, j’ai eu une super vie, j’espère en profiter encore dix ans. Les civilisations naissent, puis elles s’effondrent, c’est ainsi. Cette civilisation matérielle va disparaître, mais notre espèce survivra, dans d’autres conditions. Moi, je transmets ce que je sais, si les gens veulent changer c’est bien, s’ils ne veulent pas, je m’en fiche. J’analyse des systèmes, donc je pense le long terme. Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins. 

Partout dans les pays riches, les dirigeants promettent un retour de la croissance, y croyez-vous ?
C’est fini, la croissance économique va fatalement s’arrêter, elle s’est déjà arrêtée d’ailleurs. Tant que nous poursuivons un objectif de croissance économique «perpétuelle», nous pouvons être aussi optimistes que nous le voulons sur le stock initial de ressources et la vitesse du progrès technique, le système finira par s’effondrer sur lui-même au cours du XXIe siècle. Par effondrement, il faut entendre une chute combinée et rapide de la population, des ressources, et de la production alimentaire et industrielle par tête. Nous sommes dans une période de stagnation et nous ne reviendrons jamais aux heures de gloire de la croissance. En Grèce, lors des dernières élections, je ne crois pas que les gens croyaient aux promesses de l’opposition, ils voulaient plutôt signifier leur désir de changement. Idem chez vous pour la présidentielle. Aux Etats-Unis, après Bush, les démocrates ont gagné puis perdu deux ans plus tard. Le système ne fonctionne plus, les gens sont malheureux, ils votent contre, ils ne savent pas quoi faire d’autre. Ou alors, ils occupent Wall Street, ils sortent dans la rue, mais c’est encore insuffisant pour changer fondamentalement les choses.
Le système reste un outil, il n’est pas un objectif en soi. Nous avons bâti un système économique qui correspond à des idées. La vraie question est de savoir comment nous allons changer d’idées. Pour des pans entiers de notre vie sociale, on s’en remet au système économique. Vous voulez être heureuse ? Achetez quelque chose ! Vous êtes trop grosse ? Achetez quelque chose pour mincir ! Vos parents sont trop vieux pour s’occuper d’eux ? Achetez-leur les services de quelqu’un qui se chargera d’eux ! Nous devons comprendre que beaucoup de choses importantes de la vie ne s’achètent pas. De même, l’environnement a de la valeur en tant que tel, pas seulement pour ce qu’il a à nous offrir.

mardi 18 décembre 2018

Devant la boutique du fleuriste


Voilà,
parfois, une devanture, une vitrine, la décoration d'une boutique — comme celle-ci — raniment des sentiments enfouis et presque inavouables. On en vient à s'émerveiller de choses un peu niaises desquelles on se pensait à l'abri depuis longtemps. On a tous les âges de sa vie. Pour ma part, il arrive parfois que les territoires abolis de l'enfance ressurgissent, presque à mon insu, particulièrement aux approches de Noël, en dépit du pessimisme radical qui souvent me saisit au misérable spectacle de l'humanité si acharnée à se détruire. (linked with our world tuesday)

dimanche 16 décembre 2018

Destino


Voilà,
sur un escalier de la rue du Chevaleret, cette fresque signée par un duo intitulé Fred et Sia spécialisé dans l'anamorphose, représente Walt Disney peignant un portrait de Dali, allusion au projet de dessin animé que les deux hommes ont imaginé  et qui s'appelle Destino. (linked with Monday Mural)

samedi 15 décembre 2018

Je suis de pierre



Voilà
"je suis de pierre, je suis comme ma propre pierre tombale, il n’y a là aucune faille possible pour le doute ou pour la foi, pour l’amour ou la répulsion, pour le courage ou pour l’angoisse en particulier ou en général, seul vit un vague espoir, mais pas mieux que ne vivent les inscriptions sur les pierres tombales." (Franz Kafka Journal 15/12/1910)

jeudi 13 décembre 2018

Grisaille


Voilà,
certaines photos sont comme des énigmes. Ai-je rencontré quelques chose de moi à cet instant et en ce lieu précis, pour que j'éprouve la nécessité de le retenir ? Qu'est ce qui me paraît digne d'intérêt dans cette banalité ? Ai-je éprouvé de la pitié pour la bicyclette abîmée ? De la fascination enfantine pour les grues qui m'évoquent toujours ce jeu de construction que je n'ai pourtant jamais désiré dans mon enfance et qui s'appelait "meccano" ? Ressenti de la tristesse à la vue des arbres dégarnis, ou de la frayeur devant ces édifices dépourvus d'humanité ? Il est possible que j'aie reconnu une certaine beauté tragique à la trivialité de ce lieu sans grâce ou que j'aie, dans cette grisaille, considéré le passant anonyme et lointain comme le digne représentant de ma condition. (Linked with Skywatch Friday)

mardi 11 décembre 2018

Les Dormeurs du Centre Georges Pompidou


Voilà
" Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.

L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.

Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.

En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.

L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels.
 " Gunther Anders

Et pourtant il suffit parfois d'une étincelle pour que la démoralisation devenue colère se propage en un grand incendie. (linked with our world tuesday)

lundi 10 décembre 2018

Portrait d'Aimé Césaire


Voilà,
dans le quartier latin on peut trouver quelques portraits peints de grands écrivains sur des murs ou des portes ou des boitiers de transformateurs électriques. Celui-ci se trouve je crois Rue saint Jacques non loin de la rue des Écoles et représente le poète antillais Aimé Césaire (Linked with Monday Mural)

dimanche 9 décembre 2018

Bien que nous vivions à peine

 


Voilà
je ne sais pas pourquoi regardant ces images je pense à ces vers de Roberto Juarroz
Bien que nous vivions à peine, 
la musique de fond de la vie 
nous permet pour le moins 
d’écouter la rumeur de vivre.
C'était donc il y a un an, les Champs-Elysées avaient été ouverts pour les obsèques de la vieille idole, celle qui chantait "allumer le feu", mais qui avait toujours sous son air rebelle voté plus ou moins à droite. Constituée de gens venus de toutes les régions, la foule massée le long des Champs-Elysées avait regardé passer le corbillard, escorté par un bien polluant cortège de bikers, puis ensuite s'était répandue sur l'avenue sous le regard bienveillant des flics. Le président s'était même fendu d'un petit éloge funèbre devant l'église de la Madeleine. La France communiait dans la nostalgie. Depuis, le paysage a sensiblement changé ; un vent d'insurrection souffle sur cette même avenue et dans le pays tout entier. D'ailleurs parmi tous ceux qui se trouvaient là, je me demande combien sont revenus cette année vêtus de gilets jaunes. Après tout, ne constituaient-ils pas une certaine version du peuple ? Elle est d'ailleurs difficile à définir cette notion de peuple. Surtout quand on a une tendance avérée à la misanthropie. Enfant, dans les casernes, je l'ai vu le peuple des couillons conscrits qui marchaient au pas souvent avec enthousiasme, parfois avec une certaine résignation. Dans les stades de foot aussi on le voit, et ce n'est pas fameux. J'ai toujours eu du mal dans les manifs, les meetings politiques. Les masses se laissent facilement abuser. elles aiment les idoles, suivent les leaders, se courbent devant les tyrans qu'elle vont même parfois jusqu'à se choisir.  
En 2012, pendant la campagne électorale, j'avais fait deux meetings à la suite, celui de Sarkozy et celui de Hollande, pour y faire des photos. Malgré ma défiance, je m'étais quand plus reconnu dans les foules du meeting de Hollande que j'ai pourtant toujours considéré comme un médiocre crétin, que dans celles de Sarkozy qui est un sinistre pître, inculte de surcroît. La bêtise réactionnaire et conservatrice m'est insupportable. L'arrogance bourgeoise et le cynisme des possédants me dégoûtent et m'inspirent parfois de peu avouables pensées. Et l'opportunisme et l'hypocrisie des politiciens de tous bords m'exaspèrent. C'est pourquoi je comprends aujourd'hui la colère qui se manifeste. C'est celle d'une grande partie la nation qui demande simplement à ses représentants et aux responsables du pays de prendre en compte ses besoins. Elle le fait avec une relative colère parce qu'elle a le sentiment de ne pas être entendue. Espérons que notre président ne réagira pas comme Bachar El Assad. On vit dans une époque où tant de choses adviennent qui hier encore paraissaient invraisemblables. Inutile d'en faire la liste.

vendredi 7 décembre 2018

Sculpteur d'Ivoire


Voilà, 
le passant peut apercevoir Pierre Beckmann sculpteur sur ivoire qui officie à la lumière du jour derrière la vitrine de son atelier rue Bonaparte. Cette photo témoigne d'un monde en voie de disparition puisque bientôt plus personne, en France, ne saura pratiquer cet artisanat d'art et restaurer des pièces anciennes. Évidemment, on ne peut s'empêcher de songer aux éléphants désormais en voie de disparition que des braconniers abattent pour alimenter les réseaux de trafiquants d'ivoire. 

mercredi 5 décembre 2018

Station Durock


Voilà
il y a un an, la station Duroc se rebaptisait l'espace d'une journée "Durock" en hommage à une idole disparue et depuis on ne cesse de nous casser les noix avec les péripéties de la famille Hallyday. Pas un jour sans qu'on en ait parlé : c'est Laetitia Hallyday qui apparait souriante en look pyjama pour pour une soirée entre amis, et malgré un train de vie réduit elle continue d'entourer Jade et Joy d'amour, Laetita nargue David et Laura avec le titre de l'album posthume, Laetitia et ses filles rayonnent à St Barth Jade et Joy sont vraiment en douleur selon un ami de johnny Sylvie Vartan donne des nouvelles de David mais pas de Laetitia c'est juste mon papa confie Laura Smet à propos de la mort de Johnny, Eddy Mitchell est contre ce qu'a pu faire Johnny pour son héritage, la veuve de Johnny craint pour sa sécurité des experts en com' jugent la prise de parole de Laetitia, Laetitia tout sourire avec le filleul de Johnny sur instagram Johnny a toujours été agacé quand il chantait avec Patrick Bruel, Johnny a caché de nombreux biens à ses enfants, sans nous Johnny serait mort bien avant et ruiné dit son beau-père, Laetitia était très émue à l'écoute de la chanson "pardonne moi, concernant l'héritage la signature de Laetitia est partout, au mariage de sa fille Laura son parrain Eddy Mitchell qui disait de Johnny trois jours avant sa mort qu'il était un robocop a brillé par son absence voilà un petit florilège des conneries parues dans la presse people et diffusées depuis un an par google actualité france...  L'idole, j'en reparlerai encore ce weekend et après ce sera fini

mardi 4 décembre 2018

Station Gaîté, la nuit


Voilà,
parfois il m'arrive encore de m'étonner de mon environnement immédiat. Je trouve une soudaine poésie à ce que j'aperçois chaque soir. Cette débauche de lumières qui rend belle la Tour Montparnasse ordinairement si laide le jour, entretient l'illusion désormais improbable d'un monde prospère. On sait pourtant que cela ne peut ne doit durer. Mais le factice nous préserve un temps de nos terreurs. Les villes ne sont pas faites pour la nuit. L'obscurité favorise la sauvagerie et la barbarie, elle lève les interdits, stimule les plus bas instincts. Pour des raisons écologiques il faudrait couper les lumières. On a d'ailleurs légiféré dans ce sens à Paris pour que les vitrines soient éteintes la nuit, et cependant personne ne peut s'y résoudre, car ce serait renoncer aux fruits du progrès. Mais comme le faisait remarquer Walter Benjamin, il y a bien des années déjà "il faut fonder le concept de progrès sur l’idée de catastrophe. Que les choses continuent à “aller ainsi”, voilà la catastrophe". (Linked with our world tuesday)

lundi 3 décembre 2018

Un grand geste n'est pas nécessaire pour mourir


Voilà
Un grand geste n'est pas nécessaire pour mourir.

Il suffit d'une séquence presque indécise
et de petits gestes
et de petites options
qui peu à peu nous écartent du chemin familier
sans que l'on cesse de voir les passants et les choses,
mais laissant lentement se former
un très mince cristal
entre ce qui a lieu et nous.

Au début on polira fréquemment le cristal,
Mais ensuite on oubliera cette tâche
et nos distractions consenties
laisseront se multiplier les ombres
comme dans un crépuscule interpolé de verre.

Et entre certaines négligences favorites,
le retrait furtif des mains
et les fatigues qui ne se combattent plus,
disparaîtra la transparence
pour que grandisse à sa place le silence

Et sans ruptures ni chutes
face au cristal qui s'est fait sombre,
nous trouverons passivement la sortie
sans nous soucier tant soit peu
de franchir le seuil avec les yeux ouverts.

Une faim de gestes presque neutres
sera moins asphyxiante
et plus proche des choses
qu'un coup étranger ou propre
qui bouleverse tout.

Alors il se peut au moins qu'ils ne se fende même pas,
le cristal déjà couvert de ténèbres

(Roberto Juarroz)

Mais bon, je le mets en ligne juste parce que  je trouve que c'est un beau poème, et que l'image va bien avec, il n'y a pas de message caché

dimanche 2 décembre 2018

In memoriam Charles Bradley


Voilà,
il y a quelques jours, rue Legouvé, dans le dixième arrondissement, j'ai aperçu cette fresque en hommage au bluesman Charles Bradley réalisée durant le mois de Novembre 2018 par Hachim Baous en l'honneur de la parution de son album posthume (linked with Monday Mural

jeudi 29 novembre 2018

Plier les gaules


Voilà,
les parfums légers de l'été (cédrat, figue, ylang-ylang) remplacés par le vétiver le musc le patchouli la cardamome aux senteurs plus lourdes. Dans la cuisine, les thés d'hiver, les parfums de cannelle et d'orange. Ressortis les couettes épaisses, les pulls chauds. Les chemises hawaïennes ont été remisées dans l'armoire avec les shorts, les pantalons légers, les vestes d'été dans leur housse en plastique. Les ventilos sont rangés dans le cellier pour quelques mois. Il faut désormais songer à protéger certaines plantes dehors, en rentrer d'autres. L'automne fraîchit de plus en plus et l'hiver approche à grand pas. Dans les rues on a déjà accroché les décorations de Noël, et les paisibles pêcheurs du parc de Nanterre ont eux aussi désormais plié les gaules comme on disait autrefois, jusqu'au retour des beaux jours. 
Car, (je le signale pour mes amis étrangers) c'est en effet de la pêche que nous vient cette expression :  la canne à pêche s'appelle aussi une gaule (ce mot date du XIVème siècle et désigne au départ un longue perche dont on pouvait faire divers usages). Lorsque le pêcheur a fini sa journée d'intense dépense physique il plie les gaules. Du coup, par extension, les pêcheurs ont adopté leur vocabulaire aux autres activités de la vie courante. L'expression indique la fin d'un travail ou d'une tâche quelconque avec l'idée de se rendre ensuite ailleurs. L'équivalent anglais serait "to pack the tent", chez les cowboys "to hang up one's spurs", en espagnol "liar los bartulos" et au Québec "on accroche ses patins". (linked with the weekend in black and white)

mercredi 28 novembre 2018

En retrouvant un morceau de John Cage


Voilà,
en cherchant tout autre chose j'ai retrouvé il y a quelques jours ce morceau de John Cage que j'avais découvert dans le courant des années 80 sur France Culture grâce à une émission de Thierry Jousse qui s'appelait "Poissons d'or", et que je n'avais pas entendu depuis longtemps. Je me souviens aussi de "In a Landscape" – dont il existe aussi une adaptation pour harpe – ainsi que de "Dream", œuvres qui datent également de la fin des années quarante. 




Ces compositions très simples et méditatives aux réminiscences debussystes, me renvoient à une époque où j'avais du goût pour des compositions décalées, comme celles de Gavin Bryars à ses débuts, du Penguin Café Orchestra, Moondog, Robert Ashley, John Adams, John White et des musiciens enregistrés sous le label "Obscure Records" avec leurs pochettes noires dont Brian Eno était le directeur artistique. 
Je ne connaissais pas encore grand chose à la musique classique, et commençais tout juste à m'intéresser au jazz (quoique j'avais déjà une grande fascination pour le cinquième album de Soft Machine dont j'ai autrefois parlé dans un autre post sans que cela ne suscite de commentaire particulier. 
Lors de ces années de découvertes, je ne faisais pas beaucoup de photos mais de nombreux collages, ou assemblages, des faux polaroïds comme celui-ci que j'aime beaucoup, et j'étais très fasciné par le format SX70,  Je pose tous ces liens vers ces publications anciennes parce que je déplore qu'elles aient été assez peu vues alors qu'elles contiennent des images qui m'importent et me plaisent, et parfois même des textes non dénués d'intérêt.

mardi 27 novembre 2018

Passage Jouffroy


Voilà,
tout à coup la librairie du passage Jouffroy avec ses vieux livres et ses affiches d'un autre siècle avait eu, ce soir là quelque chose de réconfortant, entretenant un bref instant l'illusion d'une humanité débarrassée de ses terreurs et réconciliée avec le meilleur d'elle-même. Mais peut-être cela tenait-il simplement à l'atmosphère de cet endroit où le temps semble s'être figé. Et me revint alors en mémoire un livre de Walter Benjamin intitulé "Paris capitale du XIX ème siècle" où tout un chapitre est consacré à ces lieux si singuliers. Ce passage constitue encore aujourd'hui une sorte de résistance à la circulation automobile qui submerge cet arrondissement de Paris sous le flot de ses nuisances. Il présente cette particularité d’un entre-deux abolissant les frontières entre espace public et espace privé et, constitue pour le flâneur une sorte de hâvre apaisant qui n'est en outre pas encore contaminé par le mauvais goût des galeries marchandes pullulant désormais un peu partout. 
Plus tard je retrouvai une citation : "Ces passages, nouvelle invention du luxe industriel, sont des galeries recouvertes de verre, lambrissées de marbre, qui traversent des blocs entiers d’immeubles dont les propriétaires se sont regroupés en vue de telles spéculations. De part et d’autre de ces galeries, qui reçoivent le jour d’en haut, s’alignent les boutiques les plus élégantes, en sorte qu’un pareil passage est une ville, un monde en miniature." (Linked with our world tuesday)

dimanche 25 novembre 2018

Rue Jean Poulmarch


Voilà,
samedi matin j'ai traîné un peu avant de retrouver des amis dans le quartier de l'Hôpital Saint Louis pour préparer une prochaine lecture publique. J'ai pris différentes photos de peintures murales dont celle-ci, au bout de la rue Jean Poulmarch, juste avant d'accéder au quai de Valmy, parce que j'aimais bien aussi cette perspective. J'étais content de m'être levé tôt, d'être venu en vélo jusque là, et de baguenauder (j'aime beaucoup ce vieux mot) jusqu'à l'heure de mon rendez-vous dans ce secteur de Paris que je connais somme toute assez peu. 
Ce n'est que plus tard dans la journée que j'ai appris que des manifestations avaient dégénéré sur les Champs-Elysées. Il est rare que les français manifestent dans le froid. Lorsqu'ils le feront sous la pluie, alors cela signifiera qu'ils seront vraiment mécontents et le pouvoir aura tout lieu de s'inquiéter. Pour le moment il persiste à taxer les classes moyennes (dont je fais partie) qui se paupérisent à vue d'œil et à favoriser avec une indécence et un cynisme sans précédent les plus fortunés. Ce qui peut advenir de ce mouvement assez confus pour le moment, je me garderais bien de le dire. Un symptôme cependant, c'est que dans toute la France défilent des gens dont ce n'est pas l'habitude et que nombre d'entre eux se qualifient comme étant "le Peuple". Et quand le peuple se reconnaît en tant que tel, c'est  — surtout dans ce pays — rarement bon signe, ni pour ceux qui prétendent gouverner contre lui, ni pour la paix civile  (Linked to Monday Mural)

mardi 20 novembre 2018

Effacement


Voilà,
je me lève la nuit (ce sont des choses qui arrivent) parce que soudain dans mes rêves je me souviens que je n'ai pas programmé le lave-vaisselle et qu'il ne reste plus un seul couvert propre pour le lendemain matin. Mais aussitôt debout je suis incapable de me tenir en équilibre. Je penche inexplicablement à droite, ce qui, au regard de ce qui se passe un peu partout en Europe, est finalement très tendance. Je me déplace en me tenant aux murs. Le sol paraît se dérober. Quelques minutes après être descendu à la cuisine, je me recouche vaguement inquiet. J'imagine tumeur accident cérébral désordre de l'oreille interne dégénérescence neurologique. L'hypocondrie est une névrose que j'ai héritée de ma génitrice qui toute sa vie a eu une mauvaise santé de fer et continue de sévir à quatre-vingt sept ans passés (on se rassure comme on peut). Allume la radio pour penser à autre chose et pouvoir m'endormir. Cela prend un certain temps. Plus que jamais abandonné, délaissé. Entends tout de même des choses qui me plaisent et m'éloignent des idées noires. Tentation de shazamer. Mais tablette et smartphone sont en recharge. Me promets de retrouver les titres le lendemain sur le site de la chaîne musicale en question. Finis par glisser dans le sommeil. Rêves de désirs érotiques assez confus où je rencontre de très jeunes femmes et d'assez ambigus messieurs avec des projets plutôt canailles qui restent en suspens. Il me reste quand même encore un petit fond de libido qui croupit comme une vieille mare. Des regrets oppressent ma poitrine. Au réveil, premier souci, retrouver les noms, les morceaux. Mais en équilibre toujours instable. Il y a "Harlem Nocturne" par Lalo Schifrin, "Les planètes" de Holst, une pièce — Façade — de Sir William Walton dont j'ignorais l'existence bien qu'il fût longtemps compositeur officiel à la cour des Windsor. S'ensuit une pénible journée où je dois, en dépit de tous ces vertiges cependant me déplacer à travers le quartier de la Défense dans un état cotonneux avec par intermittences la fugitive sensation que le paysage s'efface. (linked with our world tuesday)

dimanche 18 novembre 2018

Chantier du centre Gaîté


Voilà,
mon quartier, situé près de la gare Montparnasse est l'objet d'un grand plan de réaménagement. Oh il ne s'agit pas de construire des immeubles d'habitation pour loger des familles dans le besoin, de créer des écoles, des bibliothèques, des hôpitaux, des centres sociaux avec des douches pour les sans-abri mais plutôt d'augmenter les surfaces de centres commerciaux où l'on vendra toujours plus d'objets que la plupart des gens n'auront d'ailleurs plus les moyens de s'offrir. Peut-être même que ces surfaces resteront vides ou que les travaux demeureront inachevés parce qu'entre temps il y aura eu une grande crise financière.
Sur les cabines d'un gris austère de l'immense chantier du centre Gaîté a été dessinée cette locomotive semblant tomber d'un trou. C'est une allusion à la célèbre photo de l'accident du 22 octobre 1895 qui avait eu lieu dans l'ancienne gare Montparnasse. On aurait pu trouver quelque chose de plus optimiste que l'image d'une chute sur un lieu d'édification. Mais bon au train où vont les choses... (Linked with Monday Mural)

vendredi 16 novembre 2018

La gare de Sintra


Voilà,
je me souviens du guichet de la gare de Sintra, si émouvante pour qui la découvre la première fois, en raison de ce souci d'enjoliver les endroits les plus quotidiens. Bien sûr Sintra n'est pas un endroit ordinaire, puisque dès le XV ème siècle elle fut un lieu de villégiature de la cour portugaise, mais enfin la gare de Versailles par exemple n'a pas cette élégance.
 première publication 16/11/18 à 13:11

jeudi 15 novembre 2018

L'Article de Thibaud Sardier



Voilà,
ces derniers mois (en fait depuis la rentrée) la lecture des nouvelles a quelque chose de glaçant. Ce que certains s'efforcent de relayer depuis des années, à savoir qu'il faut changer de paradigme, sinon le monde va à sa perte, les médias en font aujourd'hui leur miel pour nous dire qu'il est déjà trop tard. Pendant des décennies ils auraient pu relayer l'information qui existait, se faire lanceurs d'alerte comme on dit communément aujourd'hui. Au lieu de quoi, la plupart du temps ils se sont surtout efforcés de faire passer les écologistes pour des doux dingues ennemis du progrès.

Je remets donc en ligne cet excellent article de Thibaut Sardier dans le numéro de Libération du 8 Novembre 2018, qui résume de façon claire et pertinente, ce qui s'est pensé au cours des dernières années sur la question du péril écologique et  celle d'un possible effondrement

"Comment fait-on pour éviter que notre société humaine n’arrive pas au point où elle serait condamnée à s’effondrer ?" se demandait le Premier ministre Edouard Philippe en juillet dans une vidéo Facebook, après avoir évoqué l’un de ses livres de chevet : Effondrement. Signé du géographe américain Jared Diamond. Ce gros essai de 2006 paru en français chez Gallimard recherche les causes de la disparition de civilisations comme celle de l’île de Pâques, et s’interroge sur la probabilité que nous subissions le même sort, sous l’effet du changement climatique, de la croissance démographique et de la consommation accrue de ressources naturelles. 

Edouard Philippe dit surtout voir dans l’ouvrage la démonstration qu’«on peut s’en sortir». Cet optimisme fut celui de penseurs, comme Hans Jonas ou Jean-Pierre Dupuy, qui faisaient l’hypothèse de la catastrophe pour mieux l’empêcher. 

Mais pour ceux qui, historiens, philosophes ou essayistes, travaillent aujourd’hui la question, l’effondrement est désormais inéluctable. L’écologiste Yves Cochet le définit comme le «processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie) ne sont plus fournis à un coût raisonnable à une majorité de la population par des services encadrés par la loi». Bien qu’ils refusent souvent le terme, on les désigne sous le nom de «collapsologues» : les penseurs de l’effondrement. 

Pour mesurer l’ampleur du risque, il faut inscrire notre crise écologique dans la longue histoire environnementale, comme le fait le journaliste et spécialiste d’histoire mondiale Laurent Testot dans son livre "Cataclysmes." Une histoire environnementale de l’humanité (Payot, 2017). Des premiers bipèdes à l’Homo sapiens d’aujourd’hui, des cycles se sont succédé au cours desquels l’humanité a crû jusqu’à un maximum démographique qu’elle n’a pu dépasser qu’avec l’invention de nouvelles techniques, au prix d’une utilisation toujours plus importante des ressources de la Terre. Ainsi, le boom démographique du Néolithique, vers 6 500 av. J.-C., a été permis par l’invention de l’agriculture et de l’élevage, à force de défrichements et de sélection des espèces. Même chose au début du siècle : alors que la population mondiale en forte croissance faisait craindre une crise démographique, la fertilisation chimique des sols a permis de nourrir plusieurs milliards d’individus au prix d’atteintes écologiques de plus en plus fortes. 
Mais aujourd’hui où trouver de nouvelles ressources ? Laurent Testot conclut : «Nous allons continuer à croître durant dix ou vingt ans, puis nous heurter à un seuil. Nous ressemblons à un fumeur d’opium qui se dit "une dernière pipe et j’arrête", mais qui sombre déjà.» 

Pénuries alimentaires, épidémies, défaillance des services publics, arrêt des réseaux d’eau, d’électricité, de transport, de communication… tous les pans de notre société pourraient se trouver affectés, de façon assez importante pour inverser considérablement la vapeur de la machine démographique. Et inutile de tenter d’infléchir cette trajectoire avec notre modèle socio-économique. Président de l’association Adrastia qui ambitionne de «préparer le déclin de la civilisation thermo-industrielle de façon honnête, responsable et digne», l’essayiste Vincent Mignerot explique les limites du système avec l’exemple de l’alimentation : «L’agro-industrie a permis de passer de 1 à 8 milliards d’humains en moins de deux siècles, avec des effets destructeurs sur l’environnement. Toute réforme agricole qui utiliserait moins d’intrants et d’énergie extérieure (engrais, pesticides, machines) pourrait engendrer une baisse du volume produit, qui deviendrait donc insuffisant.» 
Reste une inconnue : quel délai nous sépare de cette crise systémique ? Alarmiste, Yves Cochet affirme : «Je suis sûr de son imminence.» Président de l’institut Momentum, qui travaille en ce moment à des scénarios d’adaptation de la région parisienne, il explique : «Il y a aujourd’hui 12 millions de Franciliens. En 2050, ils ne seront peut-être que 6 millions, dont 600 000 dans Paris.» D’après lui, l’effondrement pourrait avoir lieu dans les années 2020, puis laisser place à une dizaine d’années où les rescapés vivront sur les ruines de notre modèle actuel. Les bases d’une autre organisation pourraient être posées après 2050. 

Dans "Le mal qui vient" (Cerf, 2018), le philosophe Pierre-Henri Castel se garde de dater l’échéance, mais inscrit l’événement dans un horizon historique. Il explique :«Qu’est-ce qui se passe si entre moi et le dernier homme, il s’écoule moins de temps qu’entre Christophe Colomb et moi ?» 
L’hypothèse permet de supposer que les derniers humains pourront lire leur expérience à la lumière de nos décisions actuelles, et donc de nous placer collectivement face à nos responsabilités. "L’effondrement de notre civilisation serait donc une certitude, et la disparition de l’humanité une hypothèse plausible. Mais comment anticiper une catastrophe dont on ignore tout ? «Il s’agit de limiter la casse, explique Yves Cochet. Le réformisme tiède ne marche pas : en matière d’énergie, il faut des scénarios plus radicaux que ceux de l’Ademe (1) ou de Négawatt (2). Pour les transports, il faut développer les hippomobiles, des voitures tractées par des chevaux, prévoir qu’il y aura peut-être moins de 100 000 véhicules en Ile-de-France en 2050, contre environ 6 millions aujourd’hui. Il faut cesser de donner la priorité aux produits high-tech, qui n’existeront plus, et développer les low-tech.» Vincent Mignerot parle de «stratégies de plasticité», visant à créer la meilleure adaptabilité possible à une situation pour l’heure inconnue.

Au-delà de ces actions, les collapsologues estiment qu’il faut inventer des récits susceptibles de cerner les enjeux à venir. Ils s’appuient notamment sur des auteurs de science-fiction comme John Brunner ou Philip K. Dick, qui décrivaient dans les années 60 des situations pas toujours éloignées de notre réalité actuelle. Pierre-Henri Castel justifie le recours à ces récits d’anticipation : «La science-fiction post-apocalyptique a la même fonction que les utopies de la Renaissance. Elle permet de se représenter des états d’esprit, des intuitions, des raisonnements qui n’ont pas encore pris de tournure politisable ou discutable.» De quoi réfléchir à la place de l’homme dans un monde appelé à disparaître.

C’est cette question qu’aborde l’ingénieur agronome Pablo Servigne dans son nouveau livre sur l’effondrement qu’il publie avec Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle. Après "Comment tout peut s’effondrer" (Seuil, 2015), un opus consacré à la description des mécanismes qui conduiront à l’effondrement - et qui a popularisé auprès du public français le terme de collapsologie - Une autre fin du monde est possible (Seuil, octobre 2018) propose une réflexion à l’échelle individuelle : «La question la plus intéressante, c’est la politique de l’effondrement, explique Pablo Servigne. Mais ce n’est pas la plus urgente. Si on ne revoit pas notre rapport au monde, les politiques que l’on mettra en place seront catastrophiques.» Il propose ainsi de fonder la «collapsosophie», une sagesse de l’effondrement qui trouve ses racines dans la façon dont l’individu se confronte à la mort : «Quand on vous diagnostique un cancer, vous devez l’accepter pour pouvoir vivre le reste de votre vie, et peut-être améliorer votre état. On doit faire la même chose au niveau sociétal.» Accepter la fin du monde, ce serait donc se donner individuellement et collectivement les moyens de continuer à vivre : ce nouveau rapport au monde passe par un retour à la spiritualité, qui pourrait nous permettre de nous ré-émerveiller devant les beautés du monde, et par un abandon de la distinction entre humanité et nature. Très optimiste, et teinté d’une naïveté visiblement assumée, le livre se conclut sur la possibilité d’une apocalypse joyeuse… loin du point de vue de Pierre-Henri Castel.
Selon le philosophe, nous ne vivons pas encore la fin des temps, qu’il définit comme «le moment où les gens diront qu’il ne reste plus qu’à jouir de la destruction». En revanche, il est possible que nous entrions d’ores et déjà dans le temps de la fin, une période caractérisée par le choix fait par quelques personnes puissantes et bien informées de nier l’évidence de l’effondrement à venir pour rester le plus longtemps possible les seules à jouir du monde. Il imagine aussi l’apparition d’une «ivresse extatique de destruction», qui pourrait se banaliser à mesure que la fin deviendra certaine. Il en explore les conséquences morales : «La jouissance du mal pour le mal doit être considérée, ici, non comme un accident de l’histoire, mais comme un projet possible aux yeux de ceux qui sauront que l’histoire s’arrête définitivement avec eux», explique-t-il, avant de conclure : «La pulsion de mort vient donc du futur.» «Il faut identifier les intérêts collectifs» A ce Mal de la fin des temps répond une conception différente du Bien : «Il pourrait ressembler à ce qui nous semble aujourd’hui être le mal, car il a des crocs et des griffes, et il implique de se battre contre ceux qui jouiront - ou jouissent déjà ? - de la destruction collective.» Sa vertu caractéristique est, pour l’humain, de se rendre «inintimidable» face aux bouleversements et à la violence à venir. Ce qui pourrait déboucher sur des formes d’illégalismes pour la bonne cause : «Etienne Balibar a corrigé l’expression "désobéissance civile" en "désobéissance civique". On pourrait durcir cette opposition entre une guerre civile que tout le monde doit craindre, et une guerre civique où le plus grand nombre possible de gens se dresserait contre des fonctionnements collectifs destructeurs.» Jusqu’à légitimer certaines formes de violence. Pierre-Henri Castel plaide en ce sens : «Est-ce que des individus libres, autonomes, instruits, qui s’autocontrôlent et se remettent sans cesse en cause, doivent se laisser dépouiller de tout moyen personnel d’empêcher certains abus ?»
Ces pensées de l’effondrement convergent dans l’idée que c’est à travers des collectifs que survivront les humains épargnés par l’effondrement, loin des survivalistes à la Rambo qui pensent s’en sortir seuls à l’abri d’un bunker avec armes, muscles et réserves de nourriture. «Ils ne résisteront pas plus de quelques mois, assure Vincent Mignerot. Ils oublient que la santé, la sécurité sont des enjeux nécessairement collectifs.» Ici, collectif rime souvent avec local. En Ile-de-France, Yves Cochet imagine par exemple une confédération de huit bio-régions, autonomes du point de vue alimentaire, énergétique et politique. Pour Vincent Mignerot, ces collectifs devront s’articuler avec d’autres échelons, notamment l’Etat, qui ne disparaîtra pas d’un coup avec la catastrophe et tentera de se maintenir.
Pierre-Henri Castel tempère l’enthousiasme de ces conceptions communautaires : «On ignore quels collectifs peuvent se former. Il ne faut pas, sous couvert de solutions politiques, donner des réponses moralisatrices en fonction des marottes de ceux qui les élaborent, comme vivre par principe dans de petites communes, ou dénoncer à tous les coups le libéralisme mondialisé, comme si le socialisme réel ou le capitalisme à la chinoise n’avaient pas dévasté la nature.» Penser l’effondrement permet de revoir notre rapport au monde. Les nombreux récits qui explorent cette hypothèse naviguent entre deux obstacles. Le premier est la dérive autoritaire «verte», comme l’explique Laurent Testot : «On va nous proposer des régimes autoritaires en nous disant que c’est la seule façon de nous sauver. La Chine en est déjà là.» L’autre est l’excès de confiance dans notre système thermo-industriel, qui a pourtant montré ses limites : «Nos élites sont acquises au mythe de l’ultralibéralisme, selon lequel le marché est la meilleure des solutions. Elles ont toujours planifié le développement de la France, elles ont voulu cette agriculture industrielle qui fut synonyme de progrès», ajoute Laurent Testot. Entre ces deux extrêmes, l’humanité est face à des choix qui décideront de la possibilité d’un avenir. Pablo Servigne met en garde «Le seul point commun aux effondrements étudiés par Jared Diamond, ce sont les mauvaises décisions des élites au dernier moment.»
Heureusement, Edouard Philippe connaît les travaux du chercheur américain. (Thibaud Sardier)
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mercredi 14 novembre 2018

Nuit d'insomnie


Voilà,
insomnie où j'ai par chance entendu à la radio la voix de Nicole Védrès qui à un moment évoquait Lestiou sans le nommer dans un entretien qu'elle fit peu de temps avant sa mort. La nuit France-Culture rediffuse ses archives. J'ai eu ainsi droit à un documentaire sur jean-Marie Rivière — un des rois de la nuit parisienne dan les années 70 et 80 qui mit en scène de nombreuses revues au cabaret l'Alcazar ainsi qu'au Paradis Latin lieux dont il était aussi le directeur — et un autre sur trois femmes de respectivement 74, 36, et 29 ans qui racontaient leur découverte tardive de l'orgasme (seules et souvent avec des sex toys), et ma foi tout cela était fort intéressant. J'espère malgré tout mieux dormir la nuit prochaine. Sinon, c'est l'automne et les manèges sont fermés au jardin du Luxembourg. Je n'écrirai pas la question que je me suis posée alors que je passais par là.

mardi 13 novembre 2018

Messe à Notre-Dame-de-Paris


Voilà
il me faut continuer avec cette sensation de plus en plus souvent il me semble que je me tiens au bord de la vie toujours sur le point de basculer vers ce néant d'où j'ai autrefois surgi je redoute et m'attriste à l'idée de devoir quitter ce monde avec une sensation d'inaccomplissement d'inachevé quelque chose manque a toujours manqué mais sans doute est-ce moi aussi qui ai failli je n'ai pas su entretenir de lien d'échange durable je me suis en si peu d'occasions reconnu dans mon semblable certains m'ont aimé tout de même sans toutefois vraiment me comprendre et il possible que je n'ai pas été en mesure de les comprendre moi non plus je me suis longtemps accommodé de la solitude elle m'est désormais pénible la chambre en moi est devenue une cellule capitonnée je me suis souvent efforcé de rire sans pour autant connaître la joie je donnais pourtant le change avec une certaine habileté j'ai éprouvé des extases des illuminations des épiphanies je me suis reconnu dans des paysages au point qu'il me semblait que mon identité se dissipait en eux j'aurais abandonné mon humanité pour y être sève pour être feuille ou même pierre j'ai pleuré devant des œuvres la plupart du temps des architectures des images ou des musiques souvent des chansons parfois des poèmes plus rarement des romans j'éprouve désormais avec une une terrible acuité la sensation du peu d'avenir qu'il me reste quoiqu'il en soit le pire viendra inévitablement prenant sans doute une autre forme que celles imaginées...
Finalement c'est cela le plus ironique, articulais-je alors à voix haute. Une femme avec un petit visage de gorêt me regarda suspicieuse. Je fis une moue comme pour m'excuser. Elle détourna le regard s'arrêtant devant un présentoir illuminé de fausses bougies électriques.
Et tandis que l'encens répandait ses effluves, me transportant vers les territoires abolis de l'enfance, une fois encore je repensais à l'Ecclesiaste. Puis l'orgue se mit à tonitruer. Il était plus que temps de se barrer. (Linked with the weekend in black and white)

lundi 12 novembre 2018

Wilks Pl.


Voilà,
je me souviens, de ce mural, situé tout près de l'endroit où nous avions habité lors de ce bref séjour à Londres, fin Aout 2015, dans le quartier d'Hoxton, encore assez populaire à l'époque mais en voie de gentrification rapide, nous avait-il alors semblé. Non loin de notre appartement situé au-dessus d'un pub, se trouvait un marché où il était possible d'acheter des produits frais. Les rues perpendiculaires offraient de nombreuses peintures murales comme celle-ci ou cette autre précédemment publiée. Pendant un weekend prolongé nous avions constitué une sorte de famille recomposée et cette illusion m'avait paru aussi douce qu'avantageuse puisqu'elle nous autorisait à bénéficier de réductions dans certains musées. Ce n'est que de retour à Paris, que je m'étais aperçu que j'avais manqué une exposition des boîtes de Joseph Cornell, sans quoi j'y aurais bien évidemment entraîné tout le monde . (Linked with Monday mural)