dimanche 28 janvier 2024

Rien qu'en me prenant la main

 Voilà,
 
 
                                                         J’avance en âge mais vraiment
                                                         je recule en tout autre chose
                                                         et si l’enfance a pris du temps 
                                                         à trouver place en moi je pense
                                                         voilà qui est fait et je suis
                                                         devenu susceptible au point
                                                         qu'on peut me faire pleurer rien
                                                         qu'en me prenant la main Je traîne
                                                         en moi ne sais quelle santé
                                                         plus prompte que la maladie
                                                         à me faire sentir la mort
                                                         Tout m'émeut comme si j'allais
                                                         disparaître dans le moment
                                                         Ce n’est pas toujours amusant.
      
                                                                            (Georges Perros) 
 
 *
 
 
Sinon, récemment j'ai découvert, tout près de chez moi ce très beau mural d'inspiration surréaliste réalisé par Loraine Motti. Il a été peint sur l'un des murs d'une petite courette dissimulée et totalement inutilisée.
 

J'ai de la sorte réalisé qu'il y avait des directions que, dans mon environnement immédiat, je ne prenais plus, des lieux qui autrefois, pour moi, avait été de passage et que j'ai complètement déserté.
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vendredi 26 janvier 2024

J'aime / Je n'aime pas (16)

 
 
 Voilà
J'aime cette tradition du grand nettoyage de printemps qui consiste à faire le ménage de fond en comble à la maison aux premiers beaux jours

Je n'aime pas devoir remettre les vêtements d'hiver

J'aime être surpris par une réflexion lumineuse et intelligente au hasard d'une émission de radio 

Je n'aime pas le mépris souvent répété que le président de ce pays manifeste à l'égard des citoyens qu'il est supposé représenter

J'aime regarder des vieux albums de photos ou de vieilles vidéos avec ma fille 

Je n'aime pas la tension croissante que je ressens dans la rue, les transports en commun

J'aime les maisons où l'on sent une bonne odeur de soupe 

Je n'aime pas au cours de la nuit rester coincé dans des images de rêves montées en boucle

J'aime regarder de temps à autre ces listes et m'apercevoir que j'ai des inclinations et des détestations récurrentes

Je n'aime pas les porte-mine dont la mine s'enfonce dans le stylo dès qu'on écrit
 
J'aime la chanteuse de jazz Helen Merill, parce qu'elle chante droit et ne fait jamais de trémolos (tout comme Jeanne Lee)

Je n'aime pas entendre à la radio tous ces trous du cul qui touchent des salaires qu'ils ne méritent pas demander à la majorité des gens de se serrer un peu plus la ceintures

J'aime l'épitaphe de Stanislaw Lem "J'ai fait ce que j'ai pu que ceux qui le peuvent fassent mieux"

Je n'aime pas que des gens proches et adultes s’imaginent que je peux répondre à toutes leurs questions

J'aime réécouter de temps en temps "Colossal Youth" l'unique album des Young Marble Giants

Je n'aime pas mais définitivement pas le festival off d’Avignon
 
J'aime quand vient la fin de l'été regarder par la fenêtre ouverte la pluie tomber

Je n'aime pas qu'on réponde à une question par une autre question

J'aime le goût le parfum de la violette

Je n'aime pas ces acteurs ou ces actrices qui tiennent à ressentir mais ne sont pas précis sur le texte

J'aime les femmes qui vont voir des matches de rugby

Je n'aime pas les gens qui se gaussent de mots qui vous font des grandes déclarations d'amitié et qui sont aux abonnés absents dans les moments difficiles

J'aime bien finalement le tirage de cette photo prise en Juillet 2012, depuis les escalators de Beaubourg, par un jour de pluie. 

mercredi 24 janvier 2024

Un cliché très parisien

 

Voilà,
quelques minutes auparavant, dans le jardin des Tuileries, j'avais pensé, en dépit des douleurs et des angoisses, que malgré tout, c'était bien d'être là, par ce temps froid et sec, encore vivant, encore mobile, encore capable de voir et de ressentir. J'avais aussi songé à cette amie de jeunesse qui ressemblait alors à un portrait du peintre préraphaelite Dante Gabriel Rossetti et je m'étais demandé, si à l'époque, ou plus tard, quelqu'un lui en avait déjà fait la remarque. Et puis j'ai vu cette scène, et j'ai eu envie, le temps de traverser le pont, d'être touriste dans ma propre ville

dimanche 21 janvier 2024

Sens dessus-dessous

 
Voilà
une réalisation d'une artiste peintre catalane Cinta Vidal, qui a été aussi scénographe et a exercé son talent de muraliste un peu partout dans le monde, à Miami, Hong-Kong, HawaÏ, dans de nombreuses villes des Etats-Unis. Cette œuvre commandée par la mairie de Paris a été réalisée au Collège Jules Verne, rue de la brèche aux loups dans le douzième arrondissement. Elle exprime l'attention portée au quartier et au le mode de vie collectif où nous sommes tous connectés, grâce à l'architecture et à la végétation. Elle représente une ville organique et flottante, chaotique et organisée à la fois, en fait valoir une multiplicité de points de vue. Les animaux qui y figurent semblent en mesure d'observer ce qui échappe à notre regard.

vendredi 19 janvier 2024

Dormir pour oublier (32)


Voilà,
c'est l'entrée de la station Denfert-Rochereau, durant l'hiver 2018. La même photo aurait pu être prise hier, sous d'autres publicités tout aussi connes. Cela fait des années que ça dure et ne cesse d'empirer. Les gens crèvent, la gueule ouverte aux yeux de tous, sur des places, dans les gares sur les trottoirs. Tout le monde s'en accommode, passe en détournant le regard. On manifeste contre la vie chère, contre les massacres du Moyen-Orient, pour l'Ukraine, contre les violences policières, pour les opposants iraniens et c'est sans doute très bien mais personne ne manifeste contre cette aberrationPendant les confinements des gens sont morts dans la rue parce qu'il n'y avait pas un rond à quêter. On s'en foutait. Leur mort pesait moins que celle des milliers de gens que le covid emportait et moins que la peur qui s’était alors emparée de la population. Oui des gens dorment où ils peuvent, glissant peu à peu du sommeil au cadavre, et la plupart du temps, nous détournons le regard, impuissants et vaguement honteux aussi, que d'autres affaires plus urgentes nous appellent.

jeudi 18 janvier 2024

Frontière(s)


Voilà,
un peu de neige, du soleil, un ciel bleu le froid sec et c’est comme si je me retrouvais à l’aube de ma vie. Mais tout de même, j’avance étourdi, le pas incertain en repensant à cette très belle phrase de Chris Marker dans son livre "Le Dépays" publié en 1982 et qui m'a cependant toujours paru énigmatique  "le passé c'est comme l'étranger : ce n'est pas une question de distance, c'est le passage d'une frontière". Si c'est vraiment le cas, j'en ai alors franchi beaucoup de frontières, ici. Plus ou moins clandestinement. Tant de souvenirs se sont déposés dans ce jardin, depuis que je le fréquente. Et tant d'autres aussi me sont revenus, le long de ses allées sous ses frondaisons, au bord de ses fontaines.

mardi 16 janvier 2024

L'Équilibre

 
Voilà
"Alors, dans la nuit des temps, le premier homme pensant sortir de son antre, toisa le grandiose paysage qui l'entourait et crut sentir monter en lui le besoin larvaire, mais lancinant, d'autre chose. 
Alors, ce matin de printemps, le directeur d'une banque sortit de son hôtel particulier, toisa sa journée bien remplie et crut sentir tourner en lui le besoin confus, pernicieux, d'autre chose. Mais de quoi ? De quoi? " Jacques Sternberg in "188 contes à régler"

dimanche 14 janvier 2024

Mallette

 
Voilà,
en janvier de l'année dernière, la boutique Louis Vuitton sur les Champs-Elysées s’était littéralement transformée. Une métamorphose haute en couleurs réalisée par l’artiste japonaise Yayoi Kusama. En 2021 j'avais photographié la bâche spectaculaire qui recouvrait  l'immeuble situé entre le 103 et le 111 de l'avenue où se trouvait autrefois le siège social de la banque HSBC. On annonçait que la marque Christan Dior installerait à son tour le sien dans ce prestigieux immeuble  — un bail ayant été sur signé sur le cet ensemble (propriété de la famille royale qatarie) avec le groupe LVMH dont fait partie la maison Dior
 

 
Finalement la bâche précédente a été remplacée par une structure de bois et d’aluminium  donnant l’illusion d’un édifice en forme de mallette géante ornée du monogramme de la célèbre marque de luxe. Selon les rumeurs, ce bâtiment de 22 000 m² serait finalement destiné à abriter le tout premier Hôtel  de luxe Louis Vuitton. 
Quoi qu'il en soit le trompe-l'œil est très réussi.

vendredi 12 janvier 2024

Voir ce que ça donne


 
Voilà, 
j'ai dans la tête une petite usine à brasser du désir, à recycler des déchets de mémoire, qui ne sont pas tout à fait des souvenirs, à transformer des traumas plus ou moins décomposés, en surfaces colorées. Que veulent elles signifier ces surfaces ? Est-ce qu'elle veulent même signifier quelque chose ? Peu importe au fond. S'il y a du sens à ça, il tient moins à l'interprétation qu'à l'expérimentation. Je réalise ça pour m'oublier. Dans cette expérience, je me livre tout entier à un processus de dépersonnalisation, comme ça je ne pense pas, je me laisse guider par lui et j'exaspère certaines procédures pour voir ce que ça donne. Voir ce que ça donne. C'est ça la nature de l'expérimentation. Les idées sont là, mais on ne les voit pas, ce sont des images non formées. Sentir que ça veut paraître et voir la forme que ça prend. Les formes elles sont comme ça, elles exigent de s'arracher au néant. Mais mon désir, c'est — paradoxalement — de tenter de figer leur fugacité de me tenir au lieu à peine discernable de leur apparition, et que ces formes soient comme un grand minuit où "n'importe quoi déteint sur n'importe quoi (où) les contradictoires nouent dans l'ombre des pactes occultes (...) où absence et présence sont l'une de l'autre indiscernables" comme l'écrivait Jankélévitch.
Mais ce matin, en me réveillant, je me suis demandé si ce que je tentais de réaliser,  était perceptible par les autres. Personne ne voit la même chose. Personne ne perçoit, d'un point de vue chromatique, la même échelle de nuances et de contrastes. Je me suis souvenu du test d'Ishihara si problématique pour moi, sans parler du test de Farnsworth que je viens de refaire (en me concentrant bien et avec moult corrections en cours de route) qui suggère que je suis protanope et deuteranope, c'est à dire vraiment daltonien.

jeudi 11 janvier 2024

Chantier

 

Voilà,
sur ces ruines, à compter de 2028 — mais vraisemblablement plus tard — s'élèvera l'Hopital de Saint-Ouen, fruit de la fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon. Comme l'écrivait Emeline Cazi, en Juillet 22 dans le journal "Le Monde"  "Ce projet fait écho à de nombreux autres de même nature menés en France qui reposent sur la promesse de locaux flambant neufs, d’équipements "innovants",  et de performances accrues en échange d’une réduction des capacités d'accueil et des durées de séjour. On parle de 30% de lits en moins.
Souvent, les mêmes cabinets de conseil ont utilisé les mêmes formules mathématiques pour proposer les mêmes solutions, notamment celle de la médecine ambulatoire et de la coopération accrue avec la médecine de ville. Or, en Seine-Saint-Denis la densité médicale par habitant compte parmi les plus faibles de France", et la démographie — c'est bien connu les riches font des affaires, les pauvres font des enfants — ne cesse d'augmenter. C'est ainsi : le néolibéralisme dépouille tout ce qui relève du bien public pour en faire un marché. Mais il est des lieux où la loi du marché ne prend pas. Ou plus exactement prend un autre nom — celui de trafic. On verra bien ce que nos experts feront de cette réalité-là. De toute façon, pour le moment de nombreux recours ont été déposés pour que ce projet soit reconsidéré.  L'état doit l'ajourner en raison d'une irrégularité de procédure : le dossier de l’enquête publique ne comportait pas le rapport de contre-expertise et l’avis émis par le commissaire général à l’investissement (tout deux datant de 2016) sur l’évaluation socio-économique du volet hospitalier du projet. Or, cette absence a nui à l’information complète du public. En conséquence, en Octobre 2023 la cour d’appel a donné six mois à l’État pour organiser une nouvelle consultation de la population, portant sur un dossier d’enquête publique comprenant l’ensemble des documents requis.

mercredi 10 janvier 2024

Une seconde avant



Voilà,  
je voudrais que les silhouettes se tiennent à la lisière de l'indéterminé. Presque effacées. Que la figure se dilue dans le motif et demeure à peine perceptible. Retenir l'image une seconde avant le regard, puis qu'elle se perde aussitôt. Dans le vent, dans l'éclat vorace de la lumière, dans le sommeil du papillon.

dimanche 7 janvier 2024

Trois sauteurs

 
Voilà,     
en Juin 2022, du côté de la rue des Rigoles dans le vingtième arrondissement (sûrement étais-je allé déjeuner chez mon copain Olivier), j'ai aperçu ces trois "jumpers" que j'ai trouvés plutôt insolites. L'image aurait sans doute été plus réussie si la poubelle s'était trouvée sous le personnage du milieu. Mais j'avais sans doute mieux à faire que de la déplacer. C'était l'époque où l'on craignait que l'été ne soit très chaud et en effet il le fut. A toutes ces choses si préoccupantes alors et qui le demeurent toujours, d'autres inquiétudes plus intimes se sont depuis, rajoutées. J'avance sans beaucoup de repères dans une réalité sur laquelle j'ai de moins en moins de prise. Je ne comprends rien au monde. Très peu aux gens. Il y a eu de grandes déceptions ces derniers mois. J'ai vu ceux et celles qui se gaussent de mots. Heureusement j'ai aussi pu être étonné par la sollicitude parfois inattendue de quelques autres.
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samedi 6 janvier 2024

Exclu du spectacle

 
Voilà,
"on lui a découpé dans le derrière de la tête un morceau de crâne affectant la forme d'un segment. Avec le soleil, le monde entier regarde à l'intérieur. Cela le rend nerveux, le distrait de son travail et il se fâche de devoir, lui précisément, être exclu du spectacle" Kafka in Journal 9 Janvier 1920

vendredi 5 janvier 2024

A la surface



Voilà,
le pur plaisir de la géométrie, de l'occupation du cadre permet d'échapper au tumulte de la réalité autant qu'à l'hystérie de de l'interprétation. Demeurer à la surface sensible des choses,  et s'en tenir au hasardeux miracle des formes, à la surprise du quotidien. 
C'était à Avignon, en juillet dernier. Le mois du genou douloureux. Un mois lacanien en quelque sorte, pour peu qu’on aime les calembours. (Désolé pour les non-francophones que cette phrase laissera parfaitement de marbre).

mercredi 3 janvier 2024

Commencer l'année


Voilà,
je continue avec ces compositions abstraites qui échappent à l'anecdote. Les fabriquer me soulage le temps de leur conception. Je ne pense à rien d'autre qu'aux problèmes techniques qu'elles soulèvent. Je souhaite seulement que s'en dégage une impression de douceur.
Se remettre au travail. Ne pas sombrer, même si écrire devient parfois douloureux, et pénible la tenue de ce blog. Malgré tout, il me relie — peut-être de façon bien illusoire — encore au monde extérieur. Même si les actes semblent dépourvus de sens, et que mon corps éreinté par le chagrin et l'inquiétude suscitée par l'épreuve que ma fille traverse, paraît se déglinguer. 
Se réjouir aussi de découvrir et d'entendre à l’émission du matin sur France musique Amitai et Pene Paiti deux frères Samoans, chanteurs d’opéra et ténors l'un et l'autre. L’un d’eux ne cesse de rire quand il parle respirant une joie insolite. Ils racontent que dans leur jeunesse, ils ont accédé à la musique classique au Pays de Galles où ils ont étudié, en intégrant la chorale du collège car c’était la condition nécessaire pour faire partie de l’équipe de rugby de l'établissement. Dans leur famille néanmoins on chantait beaucoup, disent-ils. 
Les entendre atténue sans pour autant le dissiper le malaise du rêve qui a précédé, où il est question  de ma vieille moto que je possédais lorsque Constance est née et que je chevauchais à nouveau en sa compagnie et celle de sa mère, à la façon de ces familles pakistanaises que j'ai aperçues autrefois. 
 
 *
 
 
 
Je repense à cette journée d'hier, où malgré la pluie parfois, et le vent, ma fille et moi avons marché dans le quartier, parce qu'elle en avait très envie, besoin sans doute. Nous en avons profité pour faire un saut au musée Bourdelle, dont elle ne se souvenait pas, bien que nous l'ayons visité ensemble lorsqu'elle était petite. Elle m'a fait part de son indécision et de ses soucis pour choisir sa filière pour sa dernière année d'école d'ingénieur, l'année prochaine, me demandant quelques conseils.

*
Sinon en voyant la publication de Muriel Modely, sur facebook, il est question d’un poète Gorguine Valourgeorgis qu'elle est en train de lire. Elle a photographié des pages. Sur l'une est écrit :
"dans la nuit noire     un couloir ouvre     la peau de la mer     pour en extraire des organes     la cicatrice sera interne". Je décide de me livrer à la même expérience que l'année dernière sensiblement à la même époque, en promptant le poème afin d'obtenir une image générée artificiellement. J'obtiens ces deux résultats.
 
 

Je n'ai fait aucune autre proposition que le poème. je n'ai pas défini de choix esthétique, et ne me suis livré à aucune retouche. Évidemment on bascule dans un graphisme "heroïc fantasy" qui est dominant sur la toile. 
Mais on peut constater que les progrès en un an sont considérables.
Et l'air de rien voilà presque une matinée de passée.
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