Voilà,
ouvrant une vieille revue consacrée à Antonin Artaud, que j'ai beaucoup lue autour de mes 17 ans — c'est étrange cette tendance à revisiter les livres de ma jeunesse — je tombe sur cet extrait de "L'Ombilic des Limbes" qui décrit assez précisément l'état dans lequel me met le Covid ces derniers jours,
"Une sensation de brûlure acide dans les membres,
Les muscles tordus et comme à vif, le sentiment d'être en verre et brisable, une peur, une rétraction devant le mouvement, et le bruit. Un désarroi inconscient de la marche, des gestes, des mouvements. Une volonté perpétuellement tendue pour les gestes les plus simples,
le renoncement au geste simple,
une fatigue renversante et centrale, une espèce de fatigue aspirante. Les mouvements a recomposer, une espèce de fatigue de mort, de la fatigue d'esprit pour une application de la tension musculaire la plus simple, le geste de prendre, de s'accrocher inconsciemment à quelque chose,
à soutenir par une volonté appliquée.
Une fatigue de commencement du monde, la sensation de son corps à porter, un sentiment de fragilité incroyable, et qui devient une brisante douleur,
un état d'engourdissement douloureux, une espèce d’engourdissement localisé à la peau, qui n’interdit aucun mouvement mais change le sentiment interne d’un membre, et donne à la simple station verticale le prix d’un effort victorieux.
Localisé probablement à la peau, mais senti comme la suppression radicale d’un membre, et ne présentant plus au cerveau que des images de membres filiformes et cotonneux, des images de membres lointains et pas à leur place. Une espèce de rupture intérieure de la correspondance de tous les nerfs.
Un vertige mouvant, une espèce d’éblouissement oblique qui accompagne tout effort, une coagulation de chaleur qui enserre toute l’étendue du crâne ou s'y découpe par morceaux, des plaques de chaleur qui se déplacent.
Une exacerbation douloureuse du crâne, une coupante pression des nerfs, la nuque acharnée à souffrir, des tempes qui se vitrifient ou se marbrent, une tête piétinée de chevaux."
Localisé probablement à la peau, mais senti comme la suppression radicale d’un membre, et ne présentant plus au cerveau que des images de membres filiformes et cotonneux, des images de membres lointains et pas à leur place. Une espèce de rupture intérieure de la correspondance de tous les nerfs.
Un vertige mouvant, une espèce d’éblouissement oblique qui accompagne tout effort, une coagulation de chaleur qui enserre toute l’étendue du crâne ou s'y découpe par morceaux, des plaques de chaleur qui se déplacent.
Une exacerbation douloureuse du crâne, une coupante pression des nerfs, la nuque acharnée à souffrir, des tempes qui se vitrifient ou se marbrent, une tête piétinée de chevaux."
Je n'ai rien à ajouter. Ce qui épuise c'est la sensation d'aller mieux, puis de retomber encore plus bas, plus profond, d'être aspiré par un gouffre. Et passer de suées en grelottements. tout en étant assailli de pensées sombres, d'images confuses. La peur parfois d'être à la merci d'une trop forte toux. Je rêve de nature, de campagne, de soleil, de ciel bleu. Il me semble parfois que je ne retrouverai jamais la paix, la sensation de douceur de sérénité. Par chance pour le moment je ne tousse pas trop et je parviens à respirer sans encombre.
Sinon Lawrence Ferlinghetti a rejoint les "pictures ot the gone world". On peut dire qu'il aura fait sa part
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