jeudi 29 novembre 2018

Plier les gaules


Voilà,
les parfums légers de l'été (cédrat, figue, ylang-ylang) remplacés par le vétiver le musc le patchouli la cardamome aux senteurs plus lourdes. Dans la cuisine, les thés d'hiver, les parfums de cannelle et d'orange. Ressortis les couettes épaisses, les pulls chauds. Les chemises hawaïennes ont été remisées dans l'armoire avec les shorts, les pantalons légers, les vestes d'été dans leur housse en plastique. Les ventilos sont rangés dans le cellier pour quelques mois. Il faut désormais songer à protéger certaines plantes dehors, en rentrer d'autres. L'automne fraîchit de plus en plus et l'hiver approche à grand pas. Dans les rues on a déjà accroché les décorations de Noël, et les paisibles pêcheurs du parc de Nanterre ont eux aussi désormais plié les gaules comme on disait autrefois, jusqu'au retour des beaux jours. 
Car, (je le signale pour mes amis étrangers) c'est en effet de la pêche que nous vient cette expression :  la canne à pêche s'appelle aussi une gaule (ce mot date du XIVème siècle et désigne au départ un longue perche dont on pouvait faire divers usages). Lorsque le pêcheur a fini sa journée d'intense dépense physique il plie les gaules. Du coup, par extension, les pêcheurs ont adopté leur vocabulaire aux autres activités de la vie courante. L'expression indique la fin d'un travail ou d'une tâche quelconque avec l'idée de se rendre ensuite ailleurs. L'équivalent anglais serait "to pack the tent", chez les cowboys "to hang up one's spurs", en espagnol "liar los bartulos" et au Québec "on accroche ses patins". (linked with the weekend in black and white)

mercredi 28 novembre 2018

En retrouvant un morceau de John Cage


Voilà,
en cherchant tout autre chose j'ai retrouvé il y a quelques jours ce morceau de John Cage que j'avais découvert dans le courant des années 80 sur France Culture grâce à une émission de Thierry Jousse qui s'appelait "Poissons d'or", et que je n'avais pas entendu depuis longtemps. Je me souviens aussi de "In a Landscape" – dont il existe aussi une adaptation pour harpe – ainsi que de "Dream", œuvres qui datent également de la fin des années quarante. 




Ces compositions très simples et méditatives aux réminiscences debussystes, me renvoient à une époque où j'avais du goût pour des compositions décalées, comme celles de Gavin Bryars à ses débuts, du Penguin Café Orchestra, Moondog, Robert Ashley, John Adams, John White et des musiciens enregistrés sous le label "Obscure Records" avec leurs pochettes noires dont Brian Eno était le directeur artistique. 
Je ne connaissais pas encore grand chose à la musique classique, et commençais tout juste à m'intéresser au jazz (quoique j'avais déjà une grande fascination pour le cinquième album de Soft Machine dont j'ai autrefois parlé dans un autre post sans que cela ne suscite de commentaire particulier. 
Lors de ces années de découvertes, je ne faisais pas beaucoup de photos mais de nombreux collages, ou assemblages, des faux polaroïds comme celui-ci que j'aime beaucoup, et j'étais très fasciné par le format SX70,  Je pose tous ces liens vers ces publications anciennes parce que je déplore qu'elles aient été assez peu vues alors qu'elles contiennent des images qui m'importent et me plaisent, et parfois même des textes non dénués d'intérêt.

mardi 27 novembre 2018

Passage Jouffroy


Voilà,
tout à coup la librairie du passage Jouffroy avec ses vieux livres et ses affiches d'un autre siècle avait eu, ce soir là quelque chose de réconfortant, entretenant un bref instant l'illusion d'une humanité débarrassée de ses terreurs et réconciliée avec le meilleur d'elle-même. Mais peut-être cela tenait-il simplement à l'atmosphère de cet endroit où le temps semble s'être figé. Et me revint alors en mémoire un livre de Walter Benjamin intitulé "Paris capitale du XIX ème siècle" où tout un chapitre est consacré à ces lieux si singuliers. Ce passage constitue encore aujourd'hui une sorte de résistance à la circulation automobile qui submerge cet arrondissement de Paris sous le flot de ses nuisances. Il présente cette particularité d’un entre-deux abolissant les frontières entre espace public et espace privé et, constitue pour le flâneur une sorte de hâvre apaisant qui n'est en outre pas encore contaminé par le mauvais goût des galeries marchandes pullulant désormais un peu partout. 
Plus tard je retrouvai une citation : "Ces passages, nouvelle invention du luxe industriel, sont des galeries recouvertes de verre, lambrissées de marbre, qui traversent des blocs entiers d’immeubles dont les propriétaires se sont regroupés en vue de telles spéculations. De part et d’autre de ces galeries, qui reçoivent le jour d’en haut, s’alignent les boutiques les plus élégantes, en sorte qu’un pareil passage est une ville, un monde en miniature." (Linked with our world tuesday)

dimanche 25 novembre 2018

Rue Jean Poulmarch


Voilà,
samedi matin j'ai traîné un peu avant de retrouver des amis dans le quartier de l'Hôpital Saint Louis pour préparer une prochaine lecture publique. J'ai pris différentes photos de peintures murales dont celle-ci, au bout de la rue Jean Poulmarch, juste avant d'accéder au quai de Valmy, parce que j'aimais bien aussi cette perspective. J'étais content de m'être levé tôt, d'être venu en vélo jusque là, et de baguenauder (j'aime beaucoup ce vieux mot) jusqu'à l'heure de mon rendez-vous dans ce secteur de Paris que je connais somme toute assez peu. 
Ce n'est que plus tard dans la journée que j'ai appris que des manifestations avaient dégénéré sur les Champs-Elysées. Il est rare que les français manifestent dans le froid. Lorsqu'ils le feront sous la pluie, alors cela signifiera qu'ils seront vraiment mécontents et le pouvoir aura tout lieu de s'inquiéter. Pour le moment il persiste à taxer les classes moyennes (dont je fais partie) qui se paupérisent à vue d'œil et à favoriser avec une indécence et un cynisme sans précédent les plus fortunés. Ce qui peut advenir de ce mouvement assez confus pour le moment, je me garderais bien de le dire. Un symptôme cependant, c'est que dans toute la France défilent des gens dont ce n'est pas l'habitude et que nombre d'entre eux se qualifient comme étant "le Peuple". Et quand le peuple se reconnaît en tant que tel, c'est  — surtout dans ce pays — rarement bon signe, ni pour ceux qui prétendent gouverner contre lui, ni pour la paix civile  (Linked to Monday Mural)

mardi 20 novembre 2018

Effacement


Voilà,
je me lève la nuit (ce sont des choses qui arrivent) parce que soudain dans mes rêves je me souviens que je n'ai pas programmé le lave-vaisselle et qu'il ne reste plus un seul couvert propre pour le lendemain matin. Mais aussitôt debout je suis incapable de me tenir en équilibre. Je penche inexplicablement à droite, ce qui, au regard de ce qui se passe un peu partout en Europe, est finalement très tendance. Je me déplace en me tenant aux murs. Le sol paraît se dérober. Quelques minutes après être descendu à la cuisine, je me recouche vaguement inquiet. J'imagine tumeur accident cérébral désordre de l'oreille interne dégénérescence neurologique. L'hypocondrie est une névrose que j'ai héritée de ma génitrice qui toute sa vie a eu une mauvaise santé de fer et continue de sévir à quatre-vingt sept ans passés (on se rassure comme on peut). Allume la radio pour penser à autre chose et pouvoir m'endormir. Cela prend un certain temps. Plus que jamais abandonné, délaissé. Entends tout de même des choses qui me plaisent et m'éloignent des idées noires. Tentation de shazamer. Mais tablette et smartphone sont en recharge. Me promets de retrouver les titres le lendemain sur le site de la chaîne musicale en question. Finis par glisser dans le sommeil. Rêves de désirs érotiques assez confus où je rencontre de très jeunes femmes et d'assez ambigus messieurs avec des projets plutôt canailles qui restent en suspens. Il me reste quand même encore un petit fond de libido qui croupit comme une vieille mare. Des regrets oppressent ma poitrine. Au réveil, premier souci, retrouver les noms, les morceaux. Mais en équilibre toujours instable. Il y a "Harlem Nocturne" par Lalo Schifrin, "Les planètes" de Holst, une pièce — Façade — de Sir William Walton dont j'ignorais l'existence bien qu'il fût longtemps compositeur officiel à la cour des Windsor. S'ensuit une pénible journée où je dois, en dépit de tous ces vertiges cependant me déplacer à travers le quartier de la Défense dans un état cotonneux avec par intermittences la fugitive sensation que le paysage s'efface. (linked with our world tuesday)

dimanche 18 novembre 2018

Chantier du centre Gaîté


Voilà,
mon quartier, situé près de la gare Montparnasse est l'objet d'un grand plan de réaménagement. Oh il ne s'agit pas de construire des immeubles d'habitation pour loger des familles dans le besoin, de créer des écoles, des bibliothèques, des hôpitaux, des centres sociaux avec des douches pour les sans-abri mais plutôt d'augmenter les surfaces de centres commerciaux où l'on vendra toujours plus d'objets que la plupart des gens n'auront d'ailleurs plus les moyens de s'offrir. Peut-être même que ces surfaces resteront vides ou que les travaux demeureront inachevés parce qu'entre temps il y aura eu une grande crise financière.
Sur les cabines d'un gris austère de l'immense chantier du centre Gaîté a été dessinée cette locomotive semblant tomber d'un trou. C'est une allusion à la célèbre photo de l'accident du 22 octobre 1895 qui avait eu lieu dans l'ancienne gare Montparnasse. On aurait pu trouver quelque chose de plus optimiste que l'image d'une chute sur un lieu d'édification. Mais bon au train où vont les choses... (Linked with Monday Mural)

vendredi 16 novembre 2018

La gare de Sintra


Voilà,
je me souviens du guichet de la gare de Sintra, si émouvante pour qui la découvre la première fois, en raison de ce souci d'enjoliver les endroits les plus quotidiens. Bien sûr Sintra n'est pas un endroit ordinaire, puisque dès le XV ème siècle elle fut un lieu de villégiature de la cour portugaise, mais enfin la gare de Versailles par exemple n'a pas cette élégance.
 première publication 16/11/18 à 13:11

jeudi 15 novembre 2018

L'Article de Thibaud Sardier



Voilà,
ces derniers mois (en fait depuis la rentrée) la lecture des nouvelles a quelque chose de glaçant. Ce que certains s'efforcent de relayer depuis des années, à savoir qu'il faut changer de paradigme, sinon le monde va à sa perte, les médias en font aujourd'hui leur miel pour nous dire qu'il est déjà trop tard. Pendant des décennies ils auraient pu relayer l'information qui existait, se faire lanceurs d'alerte comme on dit communément aujourd'hui. Au lieu de quoi, la plupart du temps ils se sont surtout efforcés de faire passer les écologistes pour des doux dingues ennemis du progrès.

Je remets donc en ligne cet excellent article de Thibaut Sardier dans le numéro de Libération du 8 Novembre 2018, qui résume de façon claire et pertinente, ce qui s'est pensé au cours des dernières années sur la question du péril écologique et  celle d'un possible effondrement

"Comment fait-on pour éviter que notre société humaine n’arrive pas au point où elle serait condamnée à s’effondrer ?" se demandait le Premier ministre Edouard Philippe en juillet dans une vidéo Facebook, après avoir évoqué l’un de ses livres de chevet : Effondrement. Signé du géographe américain Jared Diamond. Ce gros essai de 2006 paru en français chez Gallimard recherche les causes de la disparition de civilisations comme celle de l’île de Pâques, et s’interroge sur la probabilité que nous subissions le même sort, sous l’effet du changement climatique, de la croissance démographique et de la consommation accrue de ressources naturelles. 

Edouard Philippe dit surtout voir dans l’ouvrage la démonstration qu’«on peut s’en sortir». Cet optimisme fut celui de penseurs, comme Hans Jonas ou Jean-Pierre Dupuy, qui faisaient l’hypothèse de la catastrophe pour mieux l’empêcher. 

Mais pour ceux qui, historiens, philosophes ou essayistes, travaillent aujourd’hui la question, l’effondrement est désormais inéluctable. L’écologiste Yves Cochet le définit comme le «processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie) ne sont plus fournis à un coût raisonnable à une majorité de la population par des services encadrés par la loi». Bien qu’ils refusent souvent le terme, on les désigne sous le nom de «collapsologues» : les penseurs de l’effondrement. 

Pour mesurer l’ampleur du risque, il faut inscrire notre crise écologique dans la longue histoire environnementale, comme le fait le journaliste et spécialiste d’histoire mondiale Laurent Testot dans son livre "Cataclysmes." Une histoire environnementale de l’humanité (Payot, 2017). Des premiers bipèdes à l’Homo sapiens d’aujourd’hui, des cycles se sont succédé au cours desquels l’humanité a crû jusqu’à un maximum démographique qu’elle n’a pu dépasser qu’avec l’invention de nouvelles techniques, au prix d’une utilisation toujours plus importante des ressources de la Terre. Ainsi, le boom démographique du Néolithique, vers 6 500 av. J.-C., a été permis par l’invention de l’agriculture et de l’élevage, à force de défrichements et de sélection des espèces. Même chose au début du siècle : alors que la population mondiale en forte croissance faisait craindre une crise démographique, la fertilisation chimique des sols a permis de nourrir plusieurs milliards d’individus au prix d’atteintes écologiques de plus en plus fortes. 
Mais aujourd’hui où trouver de nouvelles ressources ? Laurent Testot conclut : «Nous allons continuer à croître durant dix ou vingt ans, puis nous heurter à un seuil. Nous ressemblons à un fumeur d’opium qui se dit "une dernière pipe et j’arrête", mais qui sombre déjà.» 

Pénuries alimentaires, épidémies, défaillance des services publics, arrêt des réseaux d’eau, d’électricité, de transport, de communication… tous les pans de notre société pourraient se trouver affectés, de façon assez importante pour inverser considérablement la vapeur de la machine démographique. Et inutile de tenter d’infléchir cette trajectoire avec notre modèle socio-économique. Président de l’association Adrastia qui ambitionne de «préparer le déclin de la civilisation thermo-industrielle de façon honnête, responsable et digne», l’essayiste Vincent Mignerot explique les limites du système avec l’exemple de l’alimentation : «L’agro-industrie a permis de passer de 1 à 8 milliards d’humains en moins de deux siècles, avec des effets destructeurs sur l’environnement. Toute réforme agricole qui utiliserait moins d’intrants et d’énergie extérieure (engrais, pesticides, machines) pourrait engendrer une baisse du volume produit, qui deviendrait donc insuffisant.» 
Reste une inconnue : quel délai nous sépare de cette crise systémique ? Alarmiste, Yves Cochet affirme : «Je suis sûr de son imminence.» Président de l’institut Momentum, qui travaille en ce moment à des scénarios d’adaptation de la région parisienne, il explique : «Il y a aujourd’hui 12 millions de Franciliens. En 2050, ils ne seront peut-être que 6 millions, dont 600 000 dans Paris.» D’après lui, l’effondrement pourrait avoir lieu dans les années 2020, puis laisser place à une dizaine d’années où les rescapés vivront sur les ruines de notre modèle actuel. Les bases d’une autre organisation pourraient être posées après 2050. 

Dans "Le mal qui vient" (Cerf, 2018), le philosophe Pierre-Henri Castel se garde de dater l’échéance, mais inscrit l’événement dans un horizon historique. Il explique :«Qu’est-ce qui se passe si entre moi et le dernier homme, il s’écoule moins de temps qu’entre Christophe Colomb et moi ?» 
L’hypothèse permet de supposer que les derniers humains pourront lire leur expérience à la lumière de nos décisions actuelles, et donc de nous placer collectivement face à nos responsabilités. "L’effondrement de notre civilisation serait donc une certitude, et la disparition de l’humanité une hypothèse plausible. Mais comment anticiper une catastrophe dont on ignore tout ? «Il s’agit de limiter la casse, explique Yves Cochet. Le réformisme tiède ne marche pas : en matière d’énergie, il faut des scénarios plus radicaux que ceux de l’Ademe (1) ou de Négawatt (2). Pour les transports, il faut développer les hippomobiles, des voitures tractées par des chevaux, prévoir qu’il y aura peut-être moins de 100 000 véhicules en Ile-de-France en 2050, contre environ 6 millions aujourd’hui. Il faut cesser de donner la priorité aux produits high-tech, qui n’existeront plus, et développer les low-tech.» Vincent Mignerot parle de «stratégies de plasticité», visant à créer la meilleure adaptabilité possible à une situation pour l’heure inconnue.

Au-delà de ces actions, les collapsologues estiment qu’il faut inventer des récits susceptibles de cerner les enjeux à venir. Ils s’appuient notamment sur des auteurs de science-fiction comme John Brunner ou Philip K. Dick, qui décrivaient dans les années 60 des situations pas toujours éloignées de notre réalité actuelle. Pierre-Henri Castel justifie le recours à ces récits d’anticipation : «La science-fiction post-apocalyptique a la même fonction que les utopies de la Renaissance. Elle permet de se représenter des états d’esprit, des intuitions, des raisonnements qui n’ont pas encore pris de tournure politisable ou discutable.» De quoi réfléchir à la place de l’homme dans un monde appelé à disparaître.

C’est cette question qu’aborde l’ingénieur agronome Pablo Servigne dans son nouveau livre sur l’effondrement qu’il publie avec Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle. Après "Comment tout peut s’effondrer" (Seuil, 2015), un opus consacré à la description des mécanismes qui conduiront à l’effondrement - et qui a popularisé auprès du public français le terme de collapsologie - Une autre fin du monde est possible (Seuil, octobre 2018) propose une réflexion à l’échelle individuelle : «La question la plus intéressante, c’est la politique de l’effondrement, explique Pablo Servigne. Mais ce n’est pas la plus urgente. Si on ne revoit pas notre rapport au monde, les politiques que l’on mettra en place seront catastrophiques.» Il propose ainsi de fonder la «collapsosophie», une sagesse de l’effondrement qui trouve ses racines dans la façon dont l’individu se confronte à la mort : «Quand on vous diagnostique un cancer, vous devez l’accepter pour pouvoir vivre le reste de votre vie, et peut-être améliorer votre état. On doit faire la même chose au niveau sociétal.» Accepter la fin du monde, ce serait donc se donner individuellement et collectivement les moyens de continuer à vivre : ce nouveau rapport au monde passe par un retour à la spiritualité, qui pourrait nous permettre de nous ré-émerveiller devant les beautés du monde, et par un abandon de la distinction entre humanité et nature. Très optimiste, et teinté d’une naïveté visiblement assumée, le livre se conclut sur la possibilité d’une apocalypse joyeuse… loin du point de vue de Pierre-Henri Castel.
Selon le philosophe, nous ne vivons pas encore la fin des temps, qu’il définit comme «le moment où les gens diront qu’il ne reste plus qu’à jouir de la destruction». En revanche, il est possible que nous entrions d’ores et déjà dans le temps de la fin, une période caractérisée par le choix fait par quelques personnes puissantes et bien informées de nier l’évidence de l’effondrement à venir pour rester le plus longtemps possible les seules à jouir du monde. Il imagine aussi l’apparition d’une «ivresse extatique de destruction», qui pourrait se banaliser à mesure que la fin deviendra certaine. Il en explore les conséquences morales : «La jouissance du mal pour le mal doit être considérée, ici, non comme un accident de l’histoire, mais comme un projet possible aux yeux de ceux qui sauront que l’histoire s’arrête définitivement avec eux», explique-t-il, avant de conclure : «La pulsion de mort vient donc du futur.» «Il faut identifier les intérêts collectifs» A ce Mal de la fin des temps répond une conception différente du Bien : «Il pourrait ressembler à ce qui nous semble aujourd’hui être le mal, car il a des crocs et des griffes, et il implique de se battre contre ceux qui jouiront - ou jouissent déjà ? - de la destruction collective.» Sa vertu caractéristique est, pour l’humain, de se rendre «inintimidable» face aux bouleversements et à la violence à venir. Ce qui pourrait déboucher sur des formes d’illégalismes pour la bonne cause : «Etienne Balibar a corrigé l’expression "désobéissance civile" en "désobéissance civique". On pourrait durcir cette opposition entre une guerre civile que tout le monde doit craindre, et une guerre civique où le plus grand nombre possible de gens se dresserait contre des fonctionnements collectifs destructeurs.» Jusqu’à légitimer certaines formes de violence. Pierre-Henri Castel plaide en ce sens : «Est-ce que des individus libres, autonomes, instruits, qui s’autocontrôlent et se remettent sans cesse en cause, doivent se laisser dépouiller de tout moyen personnel d’empêcher certains abus ?»
Ces pensées de l’effondrement convergent dans l’idée que c’est à travers des collectifs que survivront les humains épargnés par l’effondrement, loin des survivalistes à la Rambo qui pensent s’en sortir seuls à l’abri d’un bunker avec armes, muscles et réserves de nourriture. «Ils ne résisteront pas plus de quelques mois, assure Vincent Mignerot. Ils oublient que la santé, la sécurité sont des enjeux nécessairement collectifs.» Ici, collectif rime souvent avec local. En Ile-de-France, Yves Cochet imagine par exemple une confédération de huit bio-régions, autonomes du point de vue alimentaire, énergétique et politique. Pour Vincent Mignerot, ces collectifs devront s’articuler avec d’autres échelons, notamment l’Etat, qui ne disparaîtra pas d’un coup avec la catastrophe et tentera de se maintenir.
Pierre-Henri Castel tempère l’enthousiasme de ces conceptions communautaires : «On ignore quels collectifs peuvent se former. Il ne faut pas, sous couvert de solutions politiques, donner des réponses moralisatrices en fonction des marottes de ceux qui les élaborent, comme vivre par principe dans de petites communes, ou dénoncer à tous les coups le libéralisme mondialisé, comme si le socialisme réel ou le capitalisme à la chinoise n’avaient pas dévasté la nature.» Penser l’effondrement permet de revoir notre rapport au monde. Les nombreux récits qui explorent cette hypothèse naviguent entre deux obstacles. Le premier est la dérive autoritaire «verte», comme l’explique Laurent Testot : «On va nous proposer des régimes autoritaires en nous disant que c’est la seule façon de nous sauver. La Chine en est déjà là.» L’autre est l’excès de confiance dans notre système thermo-industriel, qui a pourtant montré ses limites : «Nos élites sont acquises au mythe de l’ultralibéralisme, selon lequel le marché est la meilleure des solutions. Elles ont toujours planifié le développement de la France, elles ont voulu cette agriculture industrielle qui fut synonyme de progrès», ajoute Laurent Testot. Entre ces deux extrêmes, l’humanité est face à des choix qui décideront de la possibilité d’un avenir. Pablo Servigne met en garde «Le seul point commun aux effondrements étudiés par Jared Diamond, ce sont les mauvaises décisions des élites au dernier moment.»
Heureusement, Edouard Philippe connaît les travaux du chercheur américain. (Thibaud Sardier)
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mercredi 14 novembre 2018

Nuit d'insomnie


Voilà,
insomnie où j'ai par chance entendu à la radio la voix de Nicole Védrès qui à un moment évoquait Lestiou sans le nommer dans un entretien qu'elle fit peu de temps avant sa mort. La nuit France-Culture rediffuse ses archives. J'ai eu ainsi droit à un documentaire sur jean-Marie Rivière — un des rois de la nuit parisienne dan les années 70 et 80 qui mit en scène de nombreuses revues au cabaret l'Alcazar ainsi qu'au Paradis Latin lieux dont il était aussi le directeur — et un autre sur trois femmes de respectivement 74, 36, et 29 ans qui racontaient leur découverte tardive de l'orgasme (seules et souvent avec des sex toys), et ma foi tout cela était fort intéressant. J'espère malgré tout mieux dormir la nuit prochaine. Sinon, c'est l'automne et les manèges sont fermés au jardin du Luxembourg. Je n'écrirai pas la question que je me suis posée alors que je passais par là.

mardi 13 novembre 2018

Messe à Notre-Dame-de-Paris


Voilà
il me faut continuer avec cette sensation de plus en plus souvent il me semble que je me tiens au bord de la vie toujours sur le point de basculer vers ce néant d'où j'ai autrefois surgi je redoute et m'attriste à l'idée de devoir quitter ce monde avec une sensation d'inaccomplissement d'inachevé quelque chose manque a toujours manqué mais sans doute est-ce moi aussi qui ai failli je n'ai pas su entretenir de lien d'échange durable je me suis en si peu d'occasions reconnu dans mon semblable certains m'ont aimé tout de même sans toutefois vraiment me comprendre et il possible que je n'ai pas été en mesure de les comprendre moi non plus je me suis longtemps accommodé de la solitude elle m'est désormais pénible la chambre en moi est devenue une cellule capitonnée je me suis souvent efforcé de rire sans pour autant connaître la joie je donnais pourtant le change avec une certaine habileté j'ai éprouvé des extases des illuminations des épiphanies je me suis reconnu dans des paysages au point qu'il me semblait que mon identité se dissipait en eux j'aurais abandonné mon humanité pour y être sève pour être feuille ou même pierre j'ai pleuré devant des œuvres la plupart du temps des architectures des images ou des musiques souvent des chansons parfois des poèmes plus rarement des romans j'éprouve désormais avec une une terrible acuité la sensation du peu d'avenir qu'il me reste quoiqu'il en soit le pire viendra inévitablement prenant sans doute une autre forme que celles imaginées...
Finalement c'est cela le plus ironique, articulais-je alors à voix haute. Une femme avec un petit visage de gorêt me regarda suspicieuse. Je fis une moue comme pour m'excuser. Elle détourna le regard s'arrêtant devant un présentoir illuminé de fausses bougies électriques.
Et tandis que l'encens répandait ses effluves, me transportant vers les territoires abolis de l'enfance, une fois encore je repensais à l'Ecclesiaste. Puis l'orgue se mit à tonitruer. Il était plus que temps de se barrer. (Linked with the weekend in black and white)

lundi 12 novembre 2018

Wilks Pl.


Voilà,
je me souviens, de ce mural, situé tout près de l'endroit où nous avions habité lors de ce bref séjour à Londres, fin Aout 2015, dans le quartier d'Hoxton, encore assez populaire à l'époque mais en voie de gentrification rapide, nous avait-il alors semblé. Non loin de notre appartement situé au-dessus d'un pub, se trouvait un marché où il était possible d'acheter des produits frais. Les rues perpendiculaires offraient de nombreuses peintures murales comme celle-ci ou cette autre précédemment publiée. Pendant un weekend prolongé nous avions constitué une sorte de famille recomposée et cette illusion m'avait paru aussi douce qu'avantageuse puisqu'elle nous autorisait à bénéficier de réductions dans certains musées. Ce n'est que de retour à Paris, que je m'étais aperçu que j'avais manqué une exposition des boîtes de Joseph Cornell, sans quoi j'y aurais bien évidemment entraîné tout le monde . (Linked with Monday mural)

dimanche 11 novembre 2018

Avenue Frémiet et Armistice


Voilà,
on commémore aujourd'hui le centenaire la fin de la guerre de 1914-18, une boucherie qui fit plus de 18 millions de morts, certains venus de très loin. A Paris, il existe une toute petite avenue, fort élégante —que j'ai découverte cet été — l'avenue Frémiet (qui fut un célèbre sculpteur animalier), dans le seizième arrondissement, perpendiculaire à la Seine, entre l'Avenue du Président Kennedy et la rue Charles Dickens. Cette voie a pour particularité que tous les immeubles, cossus de style art nouveau qui la bordent ont été conçus par le même architecte — Albert Vêque — et bâtis entre 1913 et 1918 (peut-être par des femmes des maghrébins et des chinois), pendant que les jeunesses européennes et celles des possessions britanniques et françaises d'outremer, et plus tard de jeunes américains se faisaient massacrer. Ainsi les affaires continuaient-elles, au profit de riches familles pour lesquelles sans doute la guerre fut une opportunité d'augmenter fortune et patrimoine. On ne peut s'empêcher de songer à la réflexion d'Anatole France "on croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels. Ces maîtres de l'heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines des banques des journaux". Rien de nouveau donc.

(...)

Allez un peu de fantaisie pour changer. Le 10 Novembre, veille de l'armistice Franz Kafka note ce rêve connu sous le titre "rêve de la bataille de Tagliamento" : "une plaine, le fleuve n'existe pas vraiment, de nombreux spectateurs se pressent, très agités, prêts à courir en avant ou en arrière selon l'évolution de la situation. Devant nous un plateau dont on voit très nettement le bord, tantôt nu tantôt couvert de hautes broussailles. Les Autrichiens se battent tout en haut du plateau, sur le versant opposé. On s'inquiète, comment cela va-t-il finir ? Sans doute pour gagner un peu de répit, on regarde de temps à autre quelques buissons isolés sur le versant sombre, derrières lesquels un ou deux italiens apparaissent et tirent. C'est sans importance, cependant nous nous préparons à prendre la fuite. Puis de nouveau le plateau. Des autrichiens courent le long du bord nu, s'arrêtent d'un seul coup derrière des bouquets d'arbres et repartent. De toute évidence cela va mal, on ne comprend d'ailleurs pas que les choses aient pu aller bien, comment pourrait on, n'étant soi même qu'un homme, vaincre des hommes qui ont la volonté de se défendre. Grand désespoir, la fuite générale va devenir nécessaire. C'est alors qu'apparaît un major prussien qui, du reste était là depuis le début et avait observé avec nous, mais qui entrant tranquillement dans l'espace soudain vide, se manifeste comme une figure nouvelle. Il met deux doigts de chaque main dans sa bouche, et siffle comme on siffle un chien, mais affectueusement. Ce signal est destiné à sa section qui attendait non loin de là et qui maintenant se met en marche. Ce sont des soldats de la garde prussienne, des jeunes gens peu nombreux et silencieux, peut-être n'est-ce qu'une compagnie, il semble qu'ils soient tous officiers, en tout cas ils ont de longs sabres et des uniformes foncés. Ils défilent devant nous en rangs serrés. à pas brefs et lents, nous jettent un regard de temps à autre, et cette marche à la mort se fait avec tant de naturel, qu'elle émeut et exalte, tout en communiquant la certitude de la victoire. Délivré par l'intervention de ces hommes, je me réveille.

(...)

J'avais prévu de finir sur cet étrange récit de Kafka. Mais tout de même, je ne peux m'empêcher d'évoquer l'anecdote concernant le Président des Etats-Unis, venu commémorer le martyr des soldats américains engagés en Europe en 1917-18 et qui finalement pour des raison de météo annule sa présence sur l'ancien champ de bataille. On s'étonne que les diplomates de la plus grande nation occidentale n'aient pas envisagé ce cas de figure pour une visite en Novembre en France. L'insulte faite à la mémoire de ces soldats, qui, eux, ont du passer plus d'une journée sous la pluie et dans la boue relève de l'abjection et de l'ignominie. On peut imaginer cette ordure regardant CNN dans une pièce de la résidence de l'Ambassade des USA, et vitupérant en tweetant au sujet de quelque journaliste qui lui déplaît. Le mépris de cet homme pour tout ce qui n'est pas lui est stupéfiant. Je crois qu'aux Etats-Unis, un cinéaste devrait réaliser pour faire contrepoint au chef d'œuvre de Griffith "Naissance d'une Nation" quelque chose qui s'intitulerait "Mort d'une Nation". Je crois vraiment que cette autocrate mène la civilisation occidentale à sa perte. Son ego est si boursouflé que je suis à peu près certain qu'il souhaite que le monde ne lui survive pas. ce qui est étrange, c'est qu'autant d'américains lui renouvellent leur confiance.

vendredi 9 novembre 2018

Everything is going to be all right


Voilà,
cela me rappelle le titre d'un film de Wim Wenders
"How should I not be glad to contemplate
the clouds clearing beyond the dormer window
and a high tide reflected on the ceiling?
There will be dying, there will be dying,
but there is no need to go into that.
The poems flow from the hand unbidden
and the hidden source is the watchful heart.
The sun rises in spite of everything
and the far cities are beautiful and bright.
I lie here in a riot of sunlight
watching the day break and the clouds flying.
Everything is going to be all right."
                                                                     (Derek Mahon)
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jeudi 8 novembre 2018

Refuge


Voilà,
j'ai commencé ce blog il y a neuf ans par un reflet déformé saisi dans un musée. Aujourd'hui c'est un autoportrait de dos dans un semblable lieu. C'est là que je m'abrite souvent. Si je reste à Paris, je crois que c'est en partie pour cela. Dès que j'y suis arrivé, enfant, ces endroits protégeant ce que le genre humain a produit de mieux ont constitué une sorte de refuge. En cette époque où notre espèce semble de plus en plus s'enténébrer et dans ce pays où les conneries que j'entendais chez moi sont à présent largement répandues dans l'espace public et au sommet de l'Etat, ils me sont plus que jamais nécessaires en ce qu'ils atténuent, pour un temps du moins, la médiocrité ambiante dont il est toujours à redouter qu'elle nous contamine peu à peu sans même que nous puissions nous en apercevoir. (Linked with the weekend in black and white)

mardi 6 novembre 2018

Chez Georges


Voilà,
une photo bien touristique, bien parisienne. Le comptoir des canettes, chez Georges dans la rue du même nom existe depuis 1952. Le décor à l'intérieur n'y a pas changé. Tout à côté, il y avait autrefois ce restaurant "La mercerie" où nous allions souvent avec Didier Flamand, lorsqu'il donnait ses cours de théâtre. C'était vers 1976, 77. C'était pas cher, servi sur d'épaisses planches de boucherie. À présent c'est devenu un restau Thaï, comme il y en a tant. Cette photo, je l'ai prise le samedi 2 juin, 2018, après avoir passé une partie de l'après-midi à la foire des bibliophiles, sur la place St Sulpice. Je m'étais ensuite laissé dériver dans le quartier et j'avais vu ça. Il faudrait tout de même que j'y aille, un jour, au comptoir des canettes, avec un bon bouquin, un cahier et de quoi écrire, avant que tout ne lâche. Je n'y ai encore jamais mis les pieds. Enfin, pas plus de dix verres par semaine a insisté le médecin il y a quelques jours. Ouais bon d'accord... 
première publication 6/11/2018 à 23:53 

dimanche 4 novembre 2018

Films noirs


Voilà,
les premiers froids, les pluies glacées arrivent. Je m'efforce de sortir encore un peu le soir, mais c'est difficile. Jeudi dernier, je suis allé à la cinémathèque voir le film de Bertrand Mandico "Les enfants sauvages", mais au bout d'une demi-heure je me suis tiré. La réalisation m'a semblé du sous-Raoul Ruiz (j'ai pensé aux "trois couronnes du matelot", et à "la ville des pirates" que j'aime beaucoup). Sans doute au fond, n'avais-je pas envie d'être là, ou bien n'étais-je pas disposé à voir ça et que peut-être le film n'est-il pas en cause. J'ai aussi sans doute envie de légèreté. Je lis en ce moment un essai assez déprimant, et les actualités ne valent guère mieux. Donc dans une salle adjacente on donnait "Lady Paname", unique film réalisé par Henri Jeanson, le dialoguiste de "Hôtel du Nord". Bien sûr il n'y avait que des vieux cinéphiles un peu décatis, contrairement à la salle précédente. Le film est léger, brillant, bien joué, en particulier par Suzie Delair, canaille à souhait, Raymond Souplex (que j'ai souvent vu dans mon enfance à la télévision — il y incarna de 1958 à 1972 l'inspecteur Bourrel dans la série "Les cinq dernières minutes — et Louis Jouvet qui semble beaucoup s'amuser d'un personnage comique et haut en couleurs. Monique Mélinand, y interprète aussi un rôle secondaire avec une modernité incroyable. D'ailleurs je l'ai aussi vue il y a peu dans un film de Gilles Grangier, "Le sang à la tête" adaptation d'un roman de Siménon "Le fils Cardinaud" dont l'action se passe à La Rochelle. Ce qui est amusant, c'est que dans le courant de l'année, chez un bouquiniste, j'ai acheté un livre d'occasion composé de trois récits de Simenon, où se trouve un ex-libris écrit à la main "Monique Mélinand, Avril 56 La Rochelle" acheté sûrement à l'époque de ce tournage.
Je regarde beaucoup en streaming des films français des années cinquante, grâce à Bertrand Tavernier qui a attisé ma curiosité avec sa série "Voyage dans le cinéma français" rediffusée sur la cinquième chaîne.  Ainsi ai-je aussi regardé "Le désordre et la nuit", toujours du même Grangier, avec Gabin, qui même s'il n'est pas un acteur qui me charme est bien tout comme dans le Simenon où il est parfait. J'ai découvert aussi ce film de Pierre Chenal intitulé "Rafles sur la ville". Un polar bien noir, avec une image superbe et une musique composée par Michel Legrand, dans lequel le jeune Michel Piccoli se révèle déjà très talentueux, et où Charles Vanel interprète un caïd absolument ignoble. La réalisation nerveuse, noue plusieurs intrigues pour aboutir à une fin puissante. Et puis on y retrouve le charme photogénique du Paris des années cinquante. Godard, qui avait la dent plutôt dure avec ses aînés considère ce film comme un chef d'œuvre. Je crois même que c'est de là que lui est venue l'envie de travailler avec Piccoli, plus tard dans "Le Mépris".

jeudi 1 novembre 2018

Quand vient l'hiver


Voilà,
tous les ans quand vient l'hiver (il faisait très froid aujourd'hui) j'ai envie de faire des photos de ce genre. Oui, retenir les silhouettes à travers la bâche en plastique de la terrasse couverte d'un café. J'aime bien ces anomalies, ces transparences froissées, ces visions incertaines qui d'un coup poétisent même la réalité la plus triviale. Cette fois-ci, c'était la flamme du chauffage à gaz qui m'a plu. Je l'ai aperçue à Montmartre, cet après midi pluvieux ou je suis allé visiter le cimetière du Calvaire tout en haut de la butte. Avec ses quatre-vingt cinq tombes, c''est le plus petit cimetière de Paris, le plus haut aussi, et le seul, avec le cimetière de Charonne jouxtant une église paroissiale. Aujourd'hui c'était la Toussaint et je me suis souvenu, que lorsque j'étais enfant, on repassait à la télévision "Les trois lanciers du Bengale" chaque année ce jour là. (Linked with weekend reflections)