mercredi 31 octobre 2018

Quoiqu'il en soit c'est Halloween


Voilà,
il y a quelque chose d'inexplicable et de stupéfiant à la fois, dans le spectacle de la sottise assumée, revendiquée. Est-ce que cela a un rapport avec la haine de soi ? Avec le goût du paradoxe ? Avec une stratégie de la reconnaissance ? Prenons Eric Zemmour par exemple. Je ne sais pas, s'il a beaucoup travaillé pour en arriver là ou si c'est un don de la nature, ni a quel moment il a délibérement décidé de paraître encore plus con qu'il n'est. Est-ce qu'il parie sur la connerie ambiante ? par exemple, pense-t-il "les cons sont majoritaires et majoritairement plus cons que moi, donc, me faisant une place parmi les cons, j'aurais une reconnaissance". Et d'un certain point de vue il est parvenu à ses fins puisque même le New-York Times lui a consacré un article. Ce type balance avec un aplomb sidérant (faisant honneur à cette réplique d'Audiard "les cons ça ose tout, c'est même à cela qu'on les reconnaît") que grâce à Pétain les juifs français ont pu être sauvés. Tous les travaux d'historiens s'accordent pour prouver le contraire, mais lui persiste. Le plus extravagant dans cette affaire c'est que Zemmour, juif algérien né à Montreuil, avec la tronche qu'il a et le nom qu'il porte, s'il s'était retrouvé en France métropolitaine dans les années quarante aurait sans l'ombre d'un doute immédiatement été déporté dans les premiers convois. Et bien ça il ne veut pas y croire. Il est dans le déni total de cette évidence. Il n'est pas possible qu'il ne puisse pas y penser. Il suffit de s'être retrouvé rue Nelaton devant les plaques portant les noms de tous les enfants juifs parqués à l'ancien Vel'd'hiv par la police française pour savoir que cela a existé. Mais non. Et le plus affligeant dans cette histoire c'est que ce type bat des records de vente avec son livre. Est parce que la presse relaie complaisamment ses propos qu'autant de gens se laissent abuser ? Ou bien parce que ce type s'exprime avec violence et vulgarité, et que ça plaît au pékin moyen qui en a fait son divertissement ?
Car aujourd'hui les programmes de télévision exaltent ce qui divise, humilie, avilit, quand autrefois dans les années soixante on leur espérait des vertus pédagogiques dont ils s'acquittaient. C'est sûrement cela qui a fait le succès de Trump. Son émission "The apprentice". La stupidité fait vendre.
En fait, il semblerait que dans l'histoire moderne,  — celle qui a partie liée avec les médias de masse (radio, télévision, et aujourd'hui réseaux sociaux) — les leaders d'opinions et les leaders politiques qui séduisent sont ceux qui sont en disruption, qui font exploser le sur-moi collectif au point d'aveugler les foules. Par exemple je me suis toujours demandé comment Hitler et Goebbels qui n'étaient pas vraiment des exemples d'aryanité avaient pu à ce point susciter l'adhésion des Allemands au discours sur la race pure. Comment les peuples ne pouvaient-ils pas voir ni comprendre ?  Qu'est ce qui fait qu'ils peuvent, encore à ce point se laisser abuser ?
Ainsi aujourd'hui comment un pays aussi métissé que le Brésil peut-il se livrer à la folie d'un type comme Jair Bolsonaro évangéliste raciste blanc, de la pire espèce, homophobe ("je préfère qu'un de mes fils meure dans un accident de voiture plutôt qu'il s'affiche avec une pédale dans la rue" a-t-il dit), sexiste, climatosceptique, tenant de la dictature, de la torture, candidat des grands trusts et des oligarchies de la pire espèce. On ne pourra pas dire que ceux qui se sont ralliés n'auront pas été prévenus. Mais au fond, peut-être n'est ce rien d'autre qu'une forme d'hystérie collective, selon la définition qu'en donne Lacan : "l'hystérique est  un esclave qui cherche un maître à dominer". Bien sûr ça ne marche jamais. Allez, quoiqu'il en soit c'est Halloween et c'est encore la paix en Europe

dimanche 28 octobre 2018

Chat et souris


Voilà,
cette peinture murale a été réalisée sur un bâtiment désaffecté de l'ancien Hôpital Saint-Vincent-de-Paul aujourd'hui en cours de réaménagement pour en faire un éco-quartier avec des logements. Je n'en connais pas l'auteur, mais j'aime bien ce gros chat essayant d'attraper la petite souris qui s'envole avec son ballon. Pour le moment une partie de l'hopital est occupée de façon temporaire par des associations sociales et solidaires. C'est aussi un lieu de rencontres et de débats, et d'accueil pour les migrants réfugiés demandeurs d'asile (linked with Monday Mural).

samedi 27 octobre 2018

Echoppe à Montmartre


Voilà,
cette image m'est apparue dans la devanture d'une boutique du village Montmartre, il y a une quinzaine de jours alors que j'y faisais le touriste. Cette boule se trouvait tout à côté d'une toile représentant Notre-Dame et les bords de Seine. Cette juxtaposition et l'illusion suscitée m'ont amusé.(linked with weekend reflections)

jeudi 25 octobre 2018

Natsume Soseki


Voilà,
plus d'un siècle nous sépare de ces mots écrits d'un pays
qui, en vies détruites et en paysages saccagés,
a payé un bien lourd tribut à l'histoire, à la nature, à la technologie

mercredi 24 octobre 2018

Avant


Voilà,
un jour d'octobre 2014 il y a eu ce ciel. C'était au temps d'avant.
Avant la peur, l'emprise de la peur et d'une certaine menace 
toujours plus ou moins tapie dans ces parages, désormais.
Et dans la distance où tu me tiens pour me préserver de ton effroi
Je ne peux m'empêcher de songer à toi
(linked with skywatch friday)

lundi 22 octobre 2018

Ancien monde et Nouveaux Urbains


Voilà,
parfois au cours d'une promenade surgit une vision de l'ancien monde quand autour se multiplient des apparitions qui n'existaient pas il y a six mois à peine. Aujourd'hui les Nouveaux Urbains Connectés se déplacent en trottinette électrique. C'est un peu régressif non ? C'est  comme une épidémie. Je suis sûr qu'à Noël les ventes vont exploser.  Et puis les trottinettes où l'on n'a plus besoin de trottiner (il va falloir trouver un nouveau nom) roulent indifféremment sur les trottoirs et la chaussée. Ça nous promet de bons faits divers et des ouvertures de journaux télévisés dans les mois à venir mâtinées de quelques enquêtes pseudo sociologiques où des trottinologues avisés ne manqueront pas de dispenser leurs lumières. (linked to our world tuesday)

  

samedi 20 octobre 2018

Réfugiés dormant la nuit Avenue Denfert Rochereau


Voilà,
"Depuis longtemps, je m’interroge sur l’efficacité des politiques qui depuis vingt ans prétendent gérer et contrôler les migrations, alors qu’on nous présente toujours les pays riches comme des territoires menacés par une invasion imminente. Comme si chaque nouveau dispositif de contrôle mis en place n’avait pour utilité que de révéler les failles et les lacunes des précédents, et pour finalité de justifier les suivants. L’agence européenne des frontières, Frontex, est l’illustration de ce paradoxe. En cinq ans, elle a vu son budget multiplié par quinze. C’est beaucoup, en période de crise ! On ne peut s’empêcher de penser que les murs, les grillages, les radars, et maintenant les drones dont se couvrent les frontières servent moins à empêcher les gens de passer qu’à générer des profits de tous ordres : financiers, mais aussi idéologiques et politiques." déclarait il y a quelques mois Claire Rodier directrice du GISTI (Groupe d'Information et de Soutien des Immigré.e.s). Peu à peu nos paysages urbains changent, et nous ne pouvons faire autrement que de nous habituer à la cruelle obscénité de ce début de siècle. D'ailleurs il est vraisemblable que cela ne fera qu'empirer et que d'ici quelques années nous vivrons des temps de pogroms et de déportation comme ceux qui ont déjà cours en Italie vis-à-vis des réfugiés qui échouent aux portes de l'Europe. Et je crois vraiment que la majorité des gens ne s'en offusquera pas plus que lorsque l'on a déporté des juifs dans les années trente et quarante en Europe. Tous ces gouvernements populistes ne sont pas là par hasard, ils sont élus démocratiquement et ils répondent à une attente sinon à un désir. Comme le suggère, dans son essai "Le Mal qui vient", Pierre-Henri Castel "plus proche sera la fin, et plus passionnément l'humanité trouvera les sources d'excitation nécessaires à vivre dans des actions excessives, atroces, démentes". Et il est tout à fait raisonnable d'envisager, que nous soyons peut-être déjà dans ces temps de fin : Fin de l'Europe politique, dont la crise larvée du Brexit la fascisation de l'Italie, l'anéantissement progressif de la société grecque civile depuis plus de dix ans et la montée des populismes sont des symptômes évidents. Fin de la relative stabilité sociale que la prochaine crise du capitalisme basé sur la croissance ne manquera de mettre à bas. Fin des équilibres écologiques en raison de la prédation croissante de la nature liée aux activités industrielles qui caractérisent l'Anthropocène.
Pourtant, les gens continuent de faire la fête, de manger en terrasse (il fait si doux encore en cette fin d'octobre), parce qu'il faut bien se distraire, n'est-ce-pas ? ne pas trop se prendre la tête, sinon on ne vit plus. On essaie de se protéger de l'idée que le malheur pourrait nous atteindre, et l'on détourne le regard de ceux qui ont déjà l'expérience d'un monde qui s'effondre ; mais si l'on regarde ou que l'on veut montrer on se donne aussitôt l'impression d'être un voyeur malsain. Cette photo a été prise près de l'ancienne maternité Saint Vincent de Paul, actuellement en démolition. Le site maVocation.org nous rappelle que "Saint Vincent de Paul a profondément marqué de son empreinte la France du XVIIe siècle et que sa vie fut toute donnée au service de la charité et du salut des âmes des pauvres".

vendredi 19 octobre 2018

Rockers orphelins de leur idole

 

Voilà,
en prenant ces photos, l'année dernière je m'étais souvenu d'une conversation avec Jean-Paul Wenzel qui un jour, m'avait confié — et j'en avais alors été très surpris — qu'il aimait beaucoup Johnny Hallyday. Peut-être était-il lui aussi là dans la foule avec son perfecto pour lui rendre un dernier hommage. Je me demande s'il a acheté son album posthume qui vient de sortir aujourd'hui. (linked with the weekend in black and white)

jeudi 18 octobre 2018

Bleu thriller


voilà,
juste un hommage au peintre Jacques Monory disparu hier

mardi 16 octobre 2018

Le sommeil de la raison engendre des monstres


Voilà,
"La harpiste nous impressionnait beaucoup parce que son instrument ressemblait à un meuble." racontait un photographe évoquant des souvenirs d'enfance lors d'une interview. Et Luca Ciliegiolo songeait surtout que désormais il lui faudrait considérer les escaliers avec circonspection. Il devinait en eux de futurs ennemis. Surtout ne pas se laisser impressionner. Dès qu'ils apparaîtraient, prendre le temps de les observer. Puis il y eut cette chanson stupide qu'il avait toujours détestée dont le refrain disait "ça vit d'eau fraîche et d'air pur un oiseau." Et c'est alors qu'il sentit grandir en lui une colère déraisonnable et qu'il brisa son putain de radio-réveil. Demain serait un autre jour.

lundi 15 octobre 2018

Une très triste nouvelle



Voilà,
Par le blog de son ami Sean Q6, j'ai appris que Carnivale Selah a été victime d'un accident de scooter et qu'il se trouve semble-t-il à l'hôpital dans un état préoccupant. CS, s'appelle en fait William Schmidt et j'avais découvert son travail par l'intermédiaire d'un site consacré à la photographie. J'en étais venu à consulter son blog qui s'appelait alors Café Selavy sans doute en référence à Duchamp. Je ne sais plus, je crois que cela fait bien cinq ans au moins que je le suis régulièrement. C'est un excellent conteur d'histoires, avec une humeur un peu sombre, un pessimisme aigu et aussi j'en suis convaincu un artiste génial qui doute trop souvent de son propre talent. Au cours des années il est devenu, sans que je le connaisse, ou que nous échangions, une sorte de compagnon familier. On sent le type ombrageux, exigeant, assez caustique, parfois désabusé, mais toujours avec un humour acide. Il m'est arrivé quelquefois mais rarement de commenter ses posts, et s'il me répondait parfois, ce n'était jamais en intervenant sur une de mes publications.
Son blog constitue une sorte de journal extime, si bien que je connais somme toute beaucoup de sa vie, professionnelle, amoureuse, je sais les films et les émissions qu'il regarde, les voyages qu'il a faits, je suis au courant de ce qu'il pense de sa mère, j'ai appris à connaître les photographes qu'il aime, ceux avec lesquels il a étudié, les bars qu'il fréquente, le disque qu'il aime passer à Noël ("All that I want" des Weepies), les aménagements qu'il a réalisés dans sa maison, son train de vie, sa passion pour les appareils photos qu'il semble posséder en très grand nombre, ses douleurs physiques, et ses questions, ses doutes ses angoisses, ses manies, ses choix esthétiques. J'ai aussi constaté que c'était un homme cultivé, connaissant plutôt bien la littérature européenne, ce qui est de moins en moins fréquent par les temps qui courent. Cet inconnu peu à peu a suscité ma curiosité et mon intérêt. Ses billets quasi-quotidiens, avec leurs lots d'anecdotes et de réflexions ont fini par faire partie intégrante de ma vie. Il y a peu, il avait, lui qui vit en Floride, effectué un court séjour en Californie, pour des vacances. Il avait ensuite donné quelques nouvelles de son retour. Puis plus rien. Je craignais, jusqu'à ce soir, que cela ne soit en rapport avec l'ouragan Michaël qui a ravagé une partie de sa région. 
Cette nouvelle abrupte me place dans une situation étrange. Elle m'amène à me préoccuper du sort de quelqu'un dont je n'ai d'autre représentation que ce qu'il raconte de lui et ce qu'il dévoile de son imaginaire et de son environnement. Cet homme je ne sais même pas à quoi il ressemble exactement. Il ne compte pas au nombre de mes amis. Je n'ai aucune histoire commune avec lui, aucun lien de réciprocité. Néanmoins, il me semblait souvent qu'il formulait des pensées qui m'appartenaient à moi aussi, si bien que j'ai fini par me prendre d'une sorte d'affection virtuelle à son égard, et aujourd'hui j'éprouve pour lui de la peine. Peut-être ai-je ressenti une sorte de fraternité obscure pour ce vieil enfant unique et sans postérité (ce que j'aurais pu devenir aussi). L'ayant été les dix-sept premières années de ma vie, j'ai reconnu quelques singularités que partagent celles et ceux qui ont grandi seuls.
Comme il a d'une certaine manière fait de sa vie un genre de roman feuilleton, (car un blog contrairement à un journal intime ne se lit pas à posteriori), l'interruption brutale, l'accident, c'est à dire ce qui s'oppose autant à l'essence qu'à la substance rappelle soudain le caractère imprévisible du Réel,  – "ce à quoi l'on se cogne" disait Lacan –, en l'occurrence pour lui, un camion. Et soudain plus rien de ce qui faisait auparavant la vie n'a de sens. Reste la douleur, la souffrance, l'accablement, le découragement et la nécessité du courage et du combat contre l'adversité pour revenir à la vie qui ne sera jamais plus normale.
Alors on relit autrement les dernières publications. On ne peut s'empêcher de les mettre en relation avec l'événement qui est une rupture dans l'ordre de l'intelligible et qui demeure au-delà de toute compréhension. Tout pessimiste qu'il est, jamais William n'a évoqué cette possibilité parmi toutes les sombres visions qu'il a pu partager. Ses enthousiasmes étaient rares, aussi je me souviens de la joie qu'il a manifesté lorsqu'il a fait l'acquisition de sa Vespa sur laquelle il se promenait avec Ili son amie de l'époque. Les descriptions de ces balades qui rappelaient celles de Nanni Moretti , l'été dans Rome, dans le film "Caro Diario" me faisaient envie (quoique c'est à la suite d'une chute de moto et de la frayeur éprouvée que j'ai renoncé à ce plaisir).
Il consignait aussi tous ces sentiments contradictoires que je connais bien quant à la maintenance de son blog qui pour lui aussi était une sorte d'addiction. Il avait fermé le premier, avec toutes ses belles photos, puis, durant deux mois, interrompu le suivant en mars dernier. Il était mécontent de sa production, trouvait que cela n'avait plus d'intérêt. Je crois qu'il y avait aussi une histoire sentimentale qui tournait mal et la nécessité de s'occuper de sa vieille mère. Puis il s'y était remis. Dommage que ses archives ne remontent qu'à six mois.

(...)

J'ai beaucoup repensé à lui ce Dimanche (et c'était le cas quand j'ai réalisé cette image). Et aussi à ce que les réseaux sociaux peuvent faire de nous, de certains d'entre nous. A cet irrépressible besoin de s'exprimer parfois en public, sous le coup de l'émotion, de se raconter. A ce sentiment d'urgence à écrire ce qu'on ne peut forcément dire. À ce besoin d'apparaître et de se cacher. Aux diverses stratégies qu'adoptent les blogueurs pour parler d'eux ou de ce qui importe pour eux. Comme si on était sommé de rendre des comptes. Et de l'embarras qu'il y a parfois à le faire. Et aussi de ce besoin d'avoir des réponses, des retours. Repensé à cette envie de liens. William racontait sa vie au jour le jour. Ses insatisfactions, sa sensation d'être empêché qui doit lui paraître bien dérisoire à présent, s'il est en mesure de s'en rendre compte. Son dernier post daté du 6 Octobre est un peu mélancolique. il y est question de solitude. Dans l'avant dernier, de ratage et de certains renoncements. Mais il écrit cependant qu'il a envie de s'amuser le weekend, et d'être doux avec lui-même. Et c'est précisément ce weekend qu'il a du rentrer dans le dur. L'histoire s'interrompt subitement, là où peut-être il pouvait y avoir de la transformation. Et soudain tout ce qu'il a écrit ne peut plus se lire, rétrospectivement, que sous l'angle de la tragédie. C'est pour cela qu'il faudrait — souhait que j'ai souvent formulé, et auquel, il m'est, de rares fois, arrivé d'accéder —, écrire sans affect, ne décrivant que des faits, et les tenant à distance, comme le faisait si bien Perec, dans certains de ses romans, ou Clouzot dans la plupart de ses films ou encore, puisque il est ici question de blog le jlggbblog de Jean-Louis Boissier
linked with weekend reflections

dimanche 14 octobre 2018

Une Glycine


Voilà,
non loin de la gare de Lyon se trouve la rue Crémieux tracée en 1857. A l'époque le loyer annuel était de sept cent francs et chacun des 35 pavillons ne dépassait pas les deux étages. Cette rue est une des seules de Paris où les façades sont peintes de couleurs différentes, comme dans certaines villes du Nord de l'Europe ou comme à Portobello Road à Londres à laquelle, dans les guides touristiques, elle est souvent comparée. Au 21, cette glycine en trompe-l'œil touche par sa simplicité. Aujourd'hui j'ai sans doute besoin d'une image douce pour des raisons sur lesquelles je reviendrai probablement dans les jours qui viennent. 
(Linked with Monday mural)

vendredi 12 octobre 2018

A travers la vitrine


Voilà,
je ne sais pas pourquoi, mais je suis fasciné par les salons de coiffure. Pourtant c'est quelque chose que je n'ose pas photographier. Ou très rarement. En même temps je n'aimerais pas qu'on me photographie chez le coiffeur. On y est très vulnérable et on y a toujours l'air un peu con puisqu'on est en chantier. En 2010 j'avais volé un portrait de Monsieur Daniel au Havre, dans son incroyable salon de coiffure tenant aussi lieu de musée. Celui-là situé rue Boulanger derrière le théâtre de la Renaissance, m'a paru particulièrement exotique en ce soir pluvieux d'automne. L'air était très doux. Et soudain il y avait ce bout d'Afrique. J'ai imaginé que c'était le dernier client de la journée.

jeudi 11 octobre 2018

Nympheaselfie


Voilà, 
en fait auparavant rien n'interdisait de réaliser un autoportrait dans un musée, je veux dire même au temps de l'argentique. Certes il était peut-être plus malaisé de tenir l'appareil et d'appuyer sur le déclencheur, mais c'était possible, même avec les appareils jetables. Pourtant on ne le faisait pas, ou que très rarement, sans doute parce que la pellicule était couteuse et limitée. Se photographier aurait en quelque sorte gâché du film. Maintenant avec le numérique, il n'y a plus de limite. Donc cet homme par exemple aura photographié les nymphéas, puis ensuite se sera fait un selfie devant les nymphéas, pour confirmer en quelque sorte qu'il y était. Considère-t-il que son portrait est une valeur ajoutée au tableau en arrière plan, ou pense-t-il au contraire qu'il peut bien se permettre une photo de lui en plus, puisque ça ne coûte rien ? Quoiqu'il en soit pour ma part, je trouve toujours assez pathétiques les voyageurs solitaires qui s'autoportraiturent et affichent leur solitude aux yeux de tous. Celui-ci, de l'espèce "Homo touristicus" représente une variété nord-américaine à chapeau et chemise, moins répandue que celle à casquette et T-Shirt.

mardi 9 octobre 2018

Lectrices au Palais de Tokyo


voilà,
"Je vous en supplie faites quelque chose, apprenez un pas, une danse, quelque chose qui vous justifie, qui vous donne le droit d'être habillés de votre peau, apprenez à marcher et à rire, parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie", (Charlotte Delbo)

lundi 8 octobre 2018

Akihi


Voilà,
Il existe à Hawaï un mot  – Akihi – pour signifier le fait de "marcher sans savoir où l'on va." Profitant du beau soleil qui réchauffait Paris, c'est ce que j'ai fait aujourd'hui. Est arrivé un moment où je me suis retrouvé square Jean XXIII entre la Seine et Notre-Dame. Des quelques photos que j'ai prises au cours de ma pérégrination c'est celle-ci qui à présent me charme le plus. Ce qu'on y voit me semble encore plus bizarre et incongru qu'à l'instant où ça m'est apparu. Linked with Our world Tuesday

dimanche 7 octobre 2018

Accolade et Mère séculaire


Voilà,
Boulevard Vincent Auriol, non loin de la station de métro Chevaleret, deux immenses fresques, l'une intitulée "Accolade" réalisée en 2017 par Conor Harrington, la seconde réalisée en 2016, par Inti Castro intitulée Madre secular (Linked with Monday mural)

samedi 6 octobre 2018

Les faits ne pénètrent pas dans le monde de nos croyances



Voilà,
devant cette vitrine d'un commerce du quartier du marais, m'était revenu en mémoire ce que Marcel Proust écrit dans  "Du côté de chez Swann" Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n’ont pas fait naître celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs ou de maladies dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin."  C'est ce que Léon Festinger a, en 1957 défini sous le terme de "dissonance cognitive". Pour résumer on ne peut pas croire ce que l'on sait. Oui c'est précisément à cela que j'avais songé, sans doute parce que depuis cet été les grands médias s'alarment — ce qui est assez nouveau —  de plus en plus du réchauffement climatique et des désastres écologiques qui ravagent lentement notre planète. Ou plus exactement on en parle, mais on ne change rien. Les rues sont encombrées de voitures dont on ne cesse de faire la publicité à la télévision, on continue de nous vendre des produits sous emballage plastique, de nous promettre la croissance dans un monde aux ressources finies comme un remède à la crise. Et l'on avance dans la réalité avec la conscience qu'elle va inévitablement changer en s'obstinant à ne pas y croire. Un peu comme le fumeur qui achète un paquet de cigarettes sur lequel il est écrit en gros caractères gras que "Fumer tue". Oui mais pas moi pense-t-il. Et dans le reflet des boules transparentes me revint le souvenir d'un dessin d'Escher. J'avais alors seize ans et sans doute éprouvais-je comme l'écrit Conrad dans "Jeunesse" "ce sentiment qui ne reviendra plus, – le sentiment que je pouvais durer éternellement, survivre à la mer, au ciel, à tous les hommes : ce sentiment dont l’attrait décevant nous porte vers des joies, vers des dangers, vers l’amour, vers l’effort illusoire, – vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au cœur, qui chaque année s’affaiblit, se refroidit, décroît et s’éteint, – et s’éteint trop tôt, trop tôt, – avant la vie elle-même." Plus tard je songeais encore que ce qu'on nous vend dans ce monde c'est de l'illusion. On achète la boule quand on croit acquérir le reflet et tout ce qu'il contient de rêves.
(linked with weekend reflections)

mercredi 3 octobre 2018

Au Musée du Vatican


Voilà,
au musée du Vatican j'avais soudain été ému par des dessins préparatoires réalisés par Matisse pour la conception des vitraux de la chapelle de Saint-Paul-de-Vence. Ils m'avaient brutalement renvoyé à cette journée de début août 1973 qui demeure une des plus marquantes de ma vie : Dominique avait prévu que nous partions tôt de Châteaudouble pour profiter de la journée avant de retrouver à l'aéroport de Nice, en début de soirée Agnès qui revenait de Manchester où elle avait passé trois semaines chez son correspondant anglais. Le matin nous avions confectionné des Pan bagnat, préparé des salades, du jambon des fruits et nous étions partis tôt dans la petite 4L verte. Sur le chemin elle avait pris un auto-stoppeur et lorsque vint l'heure du pique-nique au bord du lac de Saint-Cassien elle l'avait tout naturellement invité à le partager avec nous. Après avoir mangé, nous nous étions baignés avant de reprendre la route. Je me rappelle que nous étions passés non loin de l'endroit ou Martin Gray avait habité. Sur le chemin l'auto-stoppeur avait été déposé et après avoir traversé de somptueux paysages nous avions fini par arriver à Saint-Paul de Vence. C'est ce jour là que nous avons visité la fondation Maeght où était présentée l'exposition "André Malraux, de l'Imaginaire à la réalité". Dominique m'expliquait les relations que l'écrivain établissait entre ces œuvres venues de pays différents et réalisées de toutes époques et de toutes cultures. Elle me racontait Malraux, évoquait sa rencontre avec lui lorsqu'il était venu inaugurer la maison de la culture d'Amiens dont Philippe avait été le directeur. D'où je venais, on se moquait de lui, de ses tics de ses bafouillements. Mon géniteur détestait De Gaulle et tout ce qui s'y rapportait, et il aimait à citer cette phrase qu'on a souvent à tort prêtée à Goebbels ou Goering "Quand j'entends le mot culture je sors mon revolver". Pourtant, paradoxalement c'est lui qui m'avait dit et permis d'assister à la conférence donnée par André Malraux à l'École Polytechnique dans le grand Amphi Poincaré en 1970 ou 1971 et qui reprenait sur bien des points le fameux discours qu'il avait tenu lors de l'inauguration de la maison de la Culture d'Amiens. J'évoquerai une prochaine fois le choc émotionnel ressenti lors de cette intervention.
Mais je reviens sur cette journée.
Plus tard nous étions allés visiter la petite chapelle du Rosaire — où je ne suis jamais retourné depuis — entièrement décorée par Matisse. Je me souviens de la blancheur des murs, du carrelage sur lequel se reflétaient les vitraux qui prodiguaient une lumière chaude et apaisante, et d'un mur blanc avec des fresques en noir et blanc peut-être inachevées. Évidemment à l'époque je n'étais pas en mesure de comprendre ce qu'il fallait de travail et de réflexion pour atteindre à l'épure de ce trait. Et si j'étais fasciné par la couleur des vitraux, la fresque me semblait un peu simpliste et naïve.
Pour moi tout cela était nouveau, inattendu et même si j'avais de l'attirance pour l'art, j'étais malgré tout très déconcerté par tout ce qu'il m'était donné de découvrir aussi soudainement. Bien sûr, quelques visites dans les six mois précédents m'avaient un peu appris à porter un regard différent sur l'art moderne. Je commençais tout juste de découvrir la peinture surréaliste, et je ne parvenais pas à mettre en relation tous ces artistes. Et surtout, je n'avais alors aucune idée de ce que nécessite et implique un geste artistique

mardi 2 octobre 2018

La Raison économique


Voilà,
Chacun reconstruit le sens d’une chose ou d’un événement en fonction de son état de conscience dans le sentiment d’être dans le vrai. Tandis que la plupart du temps, le non-sens passe presque inaperçu… Et cependant voilà que mon état de conscience me dit que le sens est perdu, et que le non-sens est partout !! Certains auront peut être envie de répliquer que le sens perdu est tout retrouvé : c’est la raison économique. Ce à quoi je peux répondre que cette dernière est l’abîme collectif dans lequel nous sombrons au pas de charge.  La raison économique a toujours été une totalisation sous le signe d’un seul symbole : l’argent. Or le symbole c’est ce qui donne accès à l’être (et non l’avoir). Et en ayant créé un objet de la logique pour incarner le symbole nous reliant, l’homme se trouve ainsi objectivé, rationalisé… mécanisé. Quand nous voulons faire du calcul le lien qui nous unit, nous créons cela même qui nous décompose et mortifie tout. (Baudoin de Bodinat)

lundi 1 octobre 2018

Changement de saison


Voilà,
avant-hier, c'est précisément à cet endroit en remarquant la fresque de Combas que je me suis aperçu que je n'étais pas assez couvert, qu'en fait j'étais en train de prendre froid, et que j'étais un couillon de ne pas regarder le temps prévu par l'application météo de mon smartphone le matin avant de quitter la maison. Résultat me voilà semi- comateux au fond de mon lit, incapable d'aligner trois phrases intelligibles, de lire plus de deux pages. Duke Ellington passe en boucle sur le lecteur de musique. Je songe à toutes ces choses que j'aurais aimé faire dans ma vie et que je je n'accomplirai pas faute de temps et d'argent. Et voilà maintenant j'ai très mal à la gorge. (Linked with Monday murals)