vendredi 31 décembre 2010

Faut pas compliquer



Voilà,
de cette année qui, à bien des égards, ne fut pas très simple, je retiens cependant ces moments joyeux partagés avec Constance, à entonner "yo yo yo la vie est belle faut pas compliquer",  devant la vidéo d'Awilo Logomba sur You Tube. Ce morceau je l'ai entendu pour la première fois, diffusé à plein pots dans un bus de la Guadeloupe où tous les chauffeurs se prennent pour des DJ 's. Je trainais une vague tristesse que le soleil et la végétation luxuriante au cœur de cet hiver rendaient moins amère, cherchant dans le dépaysement un point de vue susceptible de donner une forme à ce qui m'échappait. Je sillonnais l'île en voyeur, c'est à dire comme un voyageur sans âge, cherchant dans le transport dans le déplacement la surprise et l'étonnement que je ne trouvais plus en moi. C'est finalement, immobile,  entre deux lieux, dans un moment de rien, attendant que le bus démarre, que quelque chose est venu vers moi, qui se donnait à entendre plutôt que voir.

lundi 27 décembre 2010

Shakespeare & Co


Voilà,
c'est comme un abri comme un refuge, c'est le lieu du temps suspendu. Là flottent des rêves d'enfance, remplis de désirs de grandeur, de vies parallèles, de voyages intérieurs. Parfois la pensée vagabonde. Entre les pages d'un livre on se fraye un chemin de contrebande vers des contrées oubliées, et l'on se souvient de ces pactes secrets autrefois contractés avec une part disparue de soi-même, quand on s'imaginait devenir plus tard écrivain, aventurier, trafiquant d'illusions.... (Shared with happy tuesday - pictorial tuesday - travel tuesday - my corner of the world - wordless wednesday -)
27/12/2010 15:34

dimanche 26 décembre 2010

Marguerite de Châteaudouble


Voilà,
je n'ai jamais photographié Marguerite qui battait la campagne aux alentours de Châteaudouble. D'ailleurs, je ne l'ai aperçue qu'une seule fois, un matin, très tôt.  Elle marchait sur la route avec ses chiens et ses chèvres. Je n'en menais pas large car on la disait imprévisible. Je me souviens de long cheveux très blancs, sur un visage qui paraissait plutôt jeune pour son âge. Son corps menu, sec, semblait énergique et vigoureux, du moins c'est ce que suggérait sa démarche. Elle devait avoir autour de soixante dix ans.
Marguerite était très sauvage. Elle vivait à l'écart du village dans une ancienne citerne avec ses bêtes, et devait se nourrir frugalement. On la disait très riche, car, lorsque les militaires avaient occupé le grand plan de Canjuers pour en faire un champ de manœuvres, les gens du village avaient placé à la  banque l'argent que la vente de ses terres avait rapporté. Mais à ce que j'ai cru comprendre, elle n'y touchait jamais, tout cela devait lui paraître totalement étranger. Je crois que c'est cette expropriation qui l'avait rendue plus ou moins folle. Elle se promenait dans la campagne à des heures matinales où on ne la voyait guère, la nuit aussi, et elle attachait à certains endroits des sacs plastiques, sur lesquels étaient cousus des cartons recouverts de textes sans ponctuation, mélanges de délire mystique et d'invectives adressées au monde en général, à l'armée, aux chasseurs mais aussi à certaines personnalités du village. Parfois aussi elle découpait des articles de journaux, qu'elle assemblait avec des jouets trouvés, fabriquait des croix de bric et de broc ou disposait aux pieds de certains arbres, de la nourriture (des fruits des fromages)  pour d'hypothétiques pèlerins. Ainsi délimitait-elle son territoire, le peuplant de ses pensées de ses colères de ses visions et de ses prières.
C'est un vague souvenir de crèche provençale qui me fait songer à elle qui aurait bien mérité un santon à son effigie. (linked with the weekend in black and white)

jeudi 23 décembre 2010

Quelqu'un était venu


Voilà
il marchait seul dans la nuit froide, sans but réel, juste pour le plaisir de ressentir ce moment et cet endroit qui ne se représenteraient jamais plus, tels quels. Quelqu'un était venu. Si longtemps qu'ils ne s'étaient vus. Avait il fait les gestes qu'il fallait, ou s'était il tenu trop en retrait ? Avait il d'ailleurs été vraiment là ? Il l'avait regardée avec attendrissement, l'esprit peut-être encore encombré de trop de pourquoi. Il aurait juste aimé la serrer fort dans ses bras, en silence... 

mardi 21 décembre 2010

Je suis

 
 première publication 21/12/2010 à 20:21
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samedi 18 décembre 2010

Dormir pour oublier (3)


Voilà
le raccourci est saisissant. L'homme dans le dénuement, sans doute déjà socialement mort et physiquement délabré, trouve refuge dans le sommeil et  l'enfouissement sous de misérables couvertures. Sur le panneau publicitaire, la femme quasi dénudée offre aux passants l'image d'une beauté souveraine et presque arrogante. Terriblement vivante. Mais c'est encore la misère qui s'affiche. Yves Boudier écrit que "ces hommes et ces femmes que nous laissons mourir à nos pieds sont les vanités d'aujourd'hui. Elles nous somment de conjurer la mort pour consentir à nos vies mercenaires."....

jeudi 16 décembre 2010

On the road to Lahore


Voilà
c'est survenu il y a longtemps, et pourtant c'est encore présent. Le passé n'est jamais simple, et le supposer en certaines circonstances plus que parfait est une illusion de grammairien. Pour désigner le temps, l'image photographique échappe aux ambiguïtés de la langue. Une fraction de seconde peut lui suffire pour retenir un geste un regard une attitude un agencement fortuit. Elle sépare de la durée, et s'offre en partage au regard d'inconnus qui sont éloignés du lieu et du moment représentés. Elle se réinscrit dans le cours de l'histoire de ceux qui l'observent. L'image suscite autant de lectures et d'interprétations que d'individus qui la scrutent. Elle est là, juste là, ouverte au chaos des pensées informulées, du désir qui vagabonde, des mondes qui se rencontrent. (Linked with the weekend in black and white - Rain'sTADD )

mercredi 15 décembre 2010

Tard dans la nuit


Tu vois
le mur blanc, le vieux pied de lampe sculpté par Latorre, dont je ne suis pas sûr de savoir bien orthographier le nom, et qui n'a jamais été rendu à sa propriétaire, les quatre bougies qui ne seront pas allumées, le petit fenestron de la vallée de Swat, le buste en plâtre de Marianne, récupéré dans cette école désaffectée où dormaient les figurants avant qu'ils ne rejoignent au petit matin, le val d'Enfer à Neuve-Maison, le vieux téléviseur Sony acheté à la veille de la guerre du Golfe, et toutes ces images tous ces livres ces objets comme les pièces rapportées d'une histoire dont je m'éloigne peu à peu, c'est dingue comme on peut s'accrocher à des conneries me dit-il, ma vie se réduit à cette juxtaposition et il ajoute bon j'ai froid, je veux me coucher, je ne comprends pas cette fatigue la solitude peut-être... je la désire autant qu'elle m'insupporte, je me demande si je suis encore capable de me lier... enfin ... un chinois m'a dit où se dépose la poussière l'univers bascule, c'est pour ça que je ne fais plus le ménage... une esquisse de sourire éclaire un instant son visage, mais il ne croit même plus à ses plaisanteries, qu'est ce que je raconte allez je t'offre un dernier verre de Rhum et je te chasse je n'ai plus les idées claires, c'est de plus en plus difficiles les mots pour moi ... qu'est ce que je voulais dire déjà.... alors cette cachaça tu la trouves comment ? Je le regarde et me demande combien de temps encore il va tenir....
Bon c'est pas tout ça, mais demain est un autre jour qui a déjà commencé je dis. Je vide mon verre et me lève... Je crois que j'ai envie de fuir soudain...

mardi 14 décembre 2010

L'Inquiétude


Voilà,
l'inquiétude ne l'avait pour ainsi dire jamais lâché. Il s'était habitué à vivre avec elle, et si parfois il avait cru la tenir éloignée, jamais cela n'avait duré très longtemps. Certes, il avait connu d'intenses moments de bonheur, mais toujours une petite voix lui rappelait qu'il ne fallait pas penser en être quitte pour autant. C'était comme un voile sur une photo, un ciel lourd de nuages sur une mer paisible, mais au moins cette intranquillité le préservait-elle, de l'effroi imaginé ou remémoré. Des gens, lorsqu'il avait la faiblesse de se confier, lui disaient que cela devait être insupportable à vivre, et certains d'entre eux s'autorisaient d'un jugement, ou d'une recommandation, comme si une cuillère pouvait reprocher au couteau le fil de sa lame. Non ce n'était pas insupportable, juste pénible parfois. Il était capable d'aimer, de voyager, de rire, de tendresse et de complicité, il appréciait l'imprévu mais le redoutait aussi, et ne manquait pas de prudence et de circonspection lorsqu'il pressentait un danger. Et justement, il le flairait souvent le danger. L'estimer, c'était en lui comme une seconde nature, ou peut-être n'avait il pas perdu cette nature première et animale qui fait que toute bête est aux aguets pour ne pas être aux abois. L'enfance lui avait montré comment gémit râle et vomit un corps le ventre ouvert les tripes à l'air, que le sang noircit quand il sèche au soleil, et aussi que la mort a une odeur nauséabonde ou bien encore à l'étrangeté d'un bras séparé de son tronc. Il avait aussi appris que l'on peut regarder l'agonie d'un homme comme un spectacle à la fois pitoyable ridicule et répugnant, pour peu que l'on vous ait convaincu que cet homme ne mérite qu'on y porte intérêt. Et que ce spectacle peut même arracher un rire (de cela, bien des années après, il en avait conçu une grande honte, s'apercevant que la mort de son chat, si tendre et affectueux l'avait bien plus affligé). C'était cela qui lui était donné de vivre : la majeure partie de son temps, il la passait en "mode "guerre. C'était en lui comme une certitude, la guerre était au cœur du monde, non une guerre ou des hommes s'affrontent sauvagement sur un champ de bataille, mais une guerre sournoise, rampante, qui ne se déclare jamais vraiment, et ne se manifeste que par éclairs, de façon sporadique, aveugle, frappant indistinctement, des innocents, pour les tenir dans l'épouvante et la peur.
Voilà, il était né en Occident dans la seconde moitié du vingtième siècle, et avait grandi quelques années sur la terre d'un peuple insurgé, que la rancœur avait rendu cruel.  Il savait le danger toujours présent, l'attentat possible, et sous la paisible apparence, l'horreur en embuscade à tout instant susceptible de surgir. Il y avait toujours quelque chose qui pouvait rompre le cours ordinaire des choses, même dans la splendeur d'un paysage chanté par les grillons. Aussi lui fallait-il, autant que possible, demeurer vigilant, et avancer cependant, l'air indifférent peut-être mais sur ses gardes, toujours. Bien sûr, il traversait parfois hors des passages cloutés, risquait sa vie aux carrefours, avait même une fois roulé sur quelques mètres en moto les yeux fermés, s'était aventuré à nager loin du rivage, avait pris des drogues douteuses, comme tout le monde il avait taquiné la mort en adoptant des comportement stupides communément partagés, mais ce qui l'effrayait, c'était la menace, tapie dans les moments les plus inattendues, et la certitude que c'était encore et toujours pesamment là, sans qu'il ne puisse rien y faire.

dimanche 12 décembre 2010

Cigaloux



Voilà
aujourd'hui à la cinémathèque a été projeté le documentaire de Luc Moullet, "La terre de la folie", à la fois très drôle et parfaitement effrayant. Histoires rapportées de villageois qui deviennent complètement fadas et se transforment en meurtriers. Le tout dans des paysages des Alpes du Sud, splendides, mais âpres et mélancoliques. Châteaudouble, qui n'est pas si loin, m'est revenu en mémoire, et quelques uns de ces personnages croisés, dont on ne savait trop s'ils étaient juste un peu originaux, ou déjà un peu fous. François Cigaloux par exemple. la première fois où je l'ai rencontré, c'était en 1973, il faisait semblant de se jeter du haut de la terrasse du belvédère parce que l'une des vacancières parisiennes à qui il s'adressait ne voulait disait il "pas croire à l'amour qu'il avait pour elle". Cigaloux était un homme étrange, qui jouait souvent au bouffon, toujours dans l'excès, mais qui pouvait se révéler parfois très touchant surtout lorsqu'il parlait de la forêt qui était sa passion. C'était le charbonnier du coin (il faisait du charbon de bois). En fait c'était paraît il un homme très riche, qui possédait beaucoup d'hectares de forêts dans la région. Il avait une maison à la sortie du village, que je n'ai jamais visitée, mais qui ressemblait à la maison des sept nains. Il avait planté tout autour de la pelouse, dont l'irrigation disait il était un secret, et qui était toujours verte même au plus fort de l'été. Il disait qu'il livrait du bois à la famille princière de Monaco, mais peut-être était il aussi mythomane. C'est lui sur la photo, qui fait le clown comme à son habitude.
shared with the  the weekend in black and white

samedi 11 décembre 2010

Matin froid


Voilà,
parce qu'ils ne sont pas mon lot quotidien, je trouve une certaine poésie à ces petits matins froids sur le parvis de la Défense, à ce monde en sursis qui semble pourtant si sûr de lui, auquel il m'arrive parfois de me mêler, de participer, acceptant la rétribution qu'il m'accorde pour de menus services. J'aime ces lumières inutiles, cette coûteuse et froide poésie électrique qui témoigne d'un rêve devenu obsolète et clame avec ostentation une prospérité de façade. Ces places s'accordent à l'esthétique de la modernité à venir qui avait cours dans ma jeunesse, et me procurent la satisfaction fugitive que le futur a bien eu lieu tel que c'était prévu, du moins en partie, puisque, tout de même, on ne se déplace pas sur des scooters à suspension électromagnétique, et que nos vêtements ne diffèrent guère dans leur coupe, de ceux du siècle dernier. Qu'importe si ces frêles architectures ne feront pas de belles ruines. Il est probable que ce monde issu de l'après-guerre, en dépit de ses innombrables découvertes et réalisations, ne laissera, lorsqu'il sombrera dans le chaos, que peu de traces d'une durable beauté. Mais il aura eu l'éclat furtif d'un rêve de possession, pareil en cela, à ces images, fragiles mais abondantes, qui naissent à la réalité. Car il est désormais plausible que, sur cette planète, plus un seul instant ne se passe sans qu'un de nos semblables ne soit en train de photographier ceci, cela, quiconque ou autre chose

dimanche 5 décembre 2010

En songeant à Kertesz

  

Voilà,
hier en visitant l'exposition de Kertesz , je me suis aperçu qu'en 1985, à New York, j'ai sans le savoir, cadré une photo presque comme lui.  Une chose est sûre, la sienne est beaucoup mieux. Une autre photo a particulièrement retenu mon attention : celle intitulée "le peintre d'ombre" datant de 1926 et qui anticipe étrangement l'ombre inscrite sur le mur d'Hiroshima, tout en se révélant graphiquement son exact opposé (l'homme est en bas de l'échelle il ne peint plus, l'échelle est tournée dans la direction inverse) Fascination de certains photographes pour les ombres (Kertesz), les reflets (Friedlander), les surfaces plus ou moins floues ou opaques (Saul Leiter), les déformations (Kertesz encore)

 

mercredi 1 décembre 2010

Dormir pour oublier 2


Voilà
au milieu de l'après-midi, dans le froid, alors que tombe la première neige de l'hiver, un homme contre un mur de la Faculté de Médecine, dort enveloppé dans une couverture isothermique. Cette fine pellicule dorée évoque un sarcophage égyptien, mais aussi les corps accidentés que l'on recouvre. En même temps je ne peux m'empêcher de me rappeler que cet accessoire (mais qui de nos jours ne l'est pas pour tout le monde)  est apparu au moment de la conquête spatiale pour protéger des rayons cosmiques le matériel sophistiqué utilisé par les astronautes américains sur la lune. En quarante ans, surprenant, comme sa valeur et son usage se sont considérablement transformés.

mardi 30 novembre 2010

Quai


Voilà
une sorte de malaise, d'embarras ne m'a pas quitté de la journée. Je me suis demandé si cette longue conversation téléphonique la veille, n'en était pas la cause - sans pour autant saisir ce qui précisément avait pu à ce point m'atteindre ou me déranger dans cet échange. Et puis la matinée passée dans un studio confortable et bien chauffé de la maison de la Radio à écouter ces témoignages d'islandais  que la crise bancaire à plongés dans la misère n'a sûrement pas arrangé les choses. Par la suite je n'ai pu faire que des photos anodines et quelconques. Comme si pour échapper à cette sensation bizarre, il n'y avait d'autre issue que de s'ancrer au réel dans ce qu'il a de plus ordinaire. Mais qui sait si demain cet ordinaire là n'aura pas la consistance d'un rêve évanoui ?

lundi 22 novembre 2010

Vitrine


Voilà
je n'ai jamais osé rentrer dans cette boutique. Mais elle provoque en moi le même transport que les vieux calendriers de l'avent de mon enfance... J'y retrouve un je-ne-sais-quoi de merveilleux et de chaleureux, l'inaccessible confort bourgeois, peut-être... Parfois, aussi, l'envie d'être une de ces figurines au premier plan, et de céder comme je ne sais plus quel poète, à la croyance que les objets inanimés ont une âme...
linked with weekend reflections

samedi 20 novembre 2010

La photo qui fait parler


Voilà
je ne sais ce qui me lie à cette femme à cet homme et à son ombre. Ces trois figures ne me sont pas étrangères, bien que je ne les connaisse pas. C'est tout de même mon regard qui les a réunies. Ne me serais-je pas attardé, ne resteraient sans que je m'en souvienne que l'homme et son ombre cadrés dans l'image prise par la femme. Mais je crois que c'est cela qui précisément m'a incité à  figer cet instant : une femme photographie un homme et son ombre. Ou peut-être même seulement son ombre. La femme pense-t-elle, que l'ombre est le négatif du corps ? Met elle en relation la silhouette et ce qui s'en projette sur cette espèce de porte ? Comme si l'homme interrogeait son ombre par exemple et constatait qu'il n'était somme toute que cela, ou même qu'il consentait ou se résignait à n'être que cela dans le regard de cette femme. En tout cas, qu'une femme s'intéresse à la fois à un homme et à son ombre, voilà qui m'a intrigué. J'ai passé un certain temps à les épier à une distance raisonnable, mais encore trop lointaine pour obtenir des  informations tangibles. Peut-être l'homme était-il comédien et posait-il pour ajouter des photos à son book ? Ou bien était-ce là femme photographe qui avait proposé  une séance de pose à l'homme qui, ainsi répondait à son désir ? Oui c'est ça sans doute qui me plaisait : l'homme acceptait d'être tout entier dans le regard de cette femme. Et sans doute à ce moment là, ai-je eu envie d'être l'homme dans le regard de cette femme, l'homme dans le désir d'une telle femme. Mais il y a l'ombre. Ce que suggère aussi la photo, c'est que l'homme accepte de s'exposer face à son ombre qui est à la fois une forme d'inscription du corps et d'effacement de l'identité, car une ombre, la photographie d'une ombre ce n'est pas rien, depuis un certain jour d'Aout 1945 où l'une d'entre elles est restée comme une empreinte sur un mur d'Hiroshima. Et si la femme s'intéressait plus à la trace que laisse l'homme qu'à l'homme lui même ? Et si dans ce trio, à cet instant l'homme n'était qu'un pourvoyeur d'ombre ? Peut-être est ce la femme qui pour son projet demande à l'homme de se tourner vers l'ombre : que signifie alors la photo qu'elle cadre ? Qu'est ce qui l'intéresse dans cette relation entre l'homme et son ombre ? Et si l'homme, comme me l'a suggéré une amie, est en train de téléphoner, s'adresse-t-il à la part obscure et indistincte de lui-même ? Mais quoiqu'il en soit, il le fait pour une femme, qui par le truchement de son appareil l'installe dans son regard et donne une forme à son propre fantasme, qui en grec signifie tout à la fois fantôme, spectre, apparition, vision, une forme particulière d'ailleurs, puisque le regard de l'homme en est absent (il lui tourne le dos) et que c'est l'ombre qui fait face à la femme.
Peut-être tout cela suscite-t-il ma curiosité parce qu'au fond ce qui est au principe de cette image est juste l'acte de photographier et la signification de cet acte. D'ailleurs, par essence la photographie qui rend l'absent présent et l'éphémère durable n'a-t-elle pas à voir avec les spectres et les ombres et aussi avec le deuil et la mélancolie ?
Et si en somme, je n'avais pris cette photo simplement parce que je voulais y voir tout autre chose ? (linked with the weekend in black and white




mercredi 10 novembre 2010

Tentative d'explication


Voilà
à la Fondation Cartier-Bresson, où est présentée une exposition de Harry Callahan, passant d'un étage à l'autre je fais des photos avec mon Iphone pour expliquer à ma fille de neuf ans ce qu'il aurait pu faire s'il avait visité cet endroit. C'est une tentative d'explication de l'attrait des motifs géométriques dissimulés dans la réalité qui caractérise le travail de cet artiste. C'est juste pour lui montrer qu'il suffit de regarder un peu attentivement pour en trouver. Elle me répond simplement que oui peut-être, il aurait pu le faire en effet, mais qu'on ne peut vraiment pas en être sûr et que c'est juste moi qui imagine qu'il aurait pu le faire et qu'en vérité il aurait pu tout aussi bien photographier autre chose. Je lui réponds que c'est son point de vue, elle me répond que non c'est sa pensée et que c'est moi le point de vue puisque je prends la photo. Parfois je me demande à quoi ça sert de vouloir expliquer les choses.

mardi 9 novembre 2010

Ce lien


Voilà
c'est ça qui me tient en vie
ce lien

lundi 8 novembre 2010

Trompeuse Image

Voilà
il y a ce début de film étrange... des paysans quelque part dans un pays d'Asie du sud-est mangent ou font la sieste dans une clairière. Non loin un zébu est attaché par une corde à un arbre. Si je me souviens bien, il ne se passe rien. On entend les bruits de la nature. Mais voyant cela je pense immédiatement à un autre film où des gens pique-niquent sous des arbres quelque part dans une campagne turque.  Les enfants s'ennuient pendant que les parents tiennent des propos acrimonieux sur quelqu'un d'autre. Seul le grand père semble sympathique... Eux aussi bientôt vont piquer un petit roupillon. Puis sans qu'on ne comprenne comment le zébu parvient à se libérer du lien qui l'entrave et s'échappe. Les enfants du film turc rôdent dans des cimetières pour se distraire. Les souvenirs lointains remontent. L'enfance, la vie au bord de mer, les dimanches après midi chips poulet bien rôti (mmh ce qui est bon c'est quant la peau est noire) les tupperware (c'est tout nouveau) la nappe en plastique posée sur les aiguilles de pins et la couverture militaire qui gratte et sur laquelle on s'allonge après le repas, car bien sûr il est hors de question d'aller se baigner tout se suite, il faut digérer avant d'aller à l'Océan, et puis de tout façon, il faut attendre que la marée soit complètement basse, car c'est quand la mer se retire qu'elle est la plus dangereuse.




Oui là maintenant alors que dehors l'automne devient froid et pluvieux, moi je rajeunis et retourne vers les étés de mon enfance, vers cette parenthèse enchantée de Biscarrosse. J'avais alors l'âge que vient d'avoir ma fille aujourd'hui, et déjà tant de souvenirs, de paysages et de frayeurs en moi. Et là c'était la paix, la joie solaire et l'éternité retrouvée, celle de la mer alliée au soleil. Pourtant regardant cette image, je sais aussi ce qu'elle a de trompeur. Mon père déteste sa mère, il la trouve pénible et égoïste. Il lui reproche secrètement de l'avoir abandonné quand il était enfant. Il déteste les pique-nique le dimanche, il préfèrerait faire ses maquettes dans son coin à la maison, et sa sieste aussi. La photo semble témoigner d'un moment idyllique, mais cette image c'est disons 1/125 ème de seconde. Elle ne peut raconter cette image, ce que le père dit quand il regarde les actualités à la télévision, et qui commence à susciter en moi bien des questions et des doutes, ces choses effrayantes et morbides, ni que cette femme, ma grand-mère donc était drôle et fantasque, et que c'était sa façon à elle d'enfouir un souvenir atroce. Pourtant c'est elle qui semble un peu boudeuse sur le cliché.  

samedi 6 novembre 2010

見性 (kensho)


Voilà
par une paisible et douce fin d'après-midi d'automne, marcher silencieux sur des tapis de feuilles jaunies. S'abandonner, dans un périmètre peuplé d'absences, au tendre éclat de la lumière. Un instant, pour que cette fugitive sensation de ne faire qu'un avec le monde, ne disparaisse tout à fait, lui faire confiance. 
  
Pour désigner cet état les japonais ont le mot kenshō (見性 littéralement « voir la nature » en japonais). C'est un concept important du bouddhisme Zen et Chán. ... On peut le traduire par éveil, illumination ou conscience de soi.
(from the archives) 

dimanche 31 octobre 2010

Le Passeport


Voilà
c'est à cause de ce montage-là de Jindrich Styrsky dans une anthologie du surréalisme que je me suis dit que peut-être je pourrais essayer un jour moi aussi après tout oui que je pourrais peut-être oser... Et puis aussi parce qu'une fois, au début où nous nous connaissions, rendant visite à Agnès qui avait gardé la chambre parce qu'elle était un peu malade, j'avais vu des collages qu'elle avait réalisés et qui m'avaient plu bien que cela me parût curieux de réaliser de telles choses qui, dans le milieu où j'avais grandi, semblaient tout à fait saugrenues inutiles et dont la possibilité ne m'avait jamais été offerte. Voilà sans doute pourquoi, quatre ou cinq ans se sont écoulés avant que je ne m'autorise enfin à le faire...

samedi 30 octobre 2010

Attock, un souvenir



Voilà
le temps d'une halte nous nous sommes attardés. Une pluie fine et persistante embuait le paysage, mais il m'a semblé que le lieu et le moment voulaient échapper au cours indifférent des choses et demeurer non pas ensevelis en moi sous d'autres souvenirs, mais survivre au regard que je portais sur eux. Un pont enjambait le fleuve, un camion solitaire le traversait. Les mots fuyaient encore, le ciel avait la couleur de l'eau. Je me tenais donc là (cela n'arriverait plus jamais) sur les bords de l'Indus, paisible et majestueux. Sénèque a dit autrefois  – je l'ignorais alors – que ses eaux tièdes charrient des diamants à travers les déserts.... J'aurais voulu me dissoudre dans la couleur uniforme de ce moment.

vendredi 29 octobre 2010

Comme un Soulages


Voilà,
c'est pas grand chose, mais quand même : une attitude suspicieuse et même vaguement menaçante. La vendeuse, me voyant photographier la pellicule plastique enveloppant une livraison posée devant sa vitrine, sort avec précipitation de son magasin de luminaires et me demande abruptement "c'est pourquoi ?". Tout en continuant de prendre des clichés, je lui demande si elle connaît le peintre Soulages qui a beaucoup travaillé sur le rapport de la lumière et de la couleur noire. Ma question semble la destabiliser, non elle ne connaît pas. Je lui explique que je fais la même chose, et qu'il ne faut pas s'inquiéter. Elle me regarde un instant perplexe, dit "Ah bon" et retourne à son travail, après avoir tout de même esquissé un léger sourire. Ouf, la commerçante a repris le dessus - in extremis.

jeudi 28 octobre 2010

Le Totem



Voilà
certains dimanches, Philippe et Dominique décidaient d'aller rue Berryer en famille visiter le Fonds National d'Art Contemporain, préfiguration du centre Pompidou en construction, situé dans l'hôtel particulier Salomon de Rothschild. Comme ils m'avaient en quelque sorte adopté, j'étais moi aussi de l'expédition. J'avais dix-sept ans et l'art moderne m'était alors à peine moins exotique que les iles Tuvalu et aussi énigmatique que l'aurait été un film tchèque sous titré en hongrois. Je me souviens cependant du choc suscité par les armoires monumentales et inutiles de Louise Nevelson, de ma perplexité et de ma sidération devant ce fascinant bricolage totémique, ces agencements inattendus, qui, en dépit de leur statut d'objet, semblaient me regarder autant que je les observais. Ils m'apparaissaient comme chargés d'une multitude d'histoires secrètes que dissimulait le noir uniforme qui les liait. Je ne pouvais m'empêcher de songer au coffre à jouets de mon enfance qui était en fait une caisse de munitions, à tous ces bois de récupération avec lesquels mon père avait fabriqué des meubles de fortune lorsqu'il ne nous restait plus rien du retour d'Algérie. Il était donc possible de faire quelque chose d'artistique avec peu, avec des rebuts. On pouvait donc donner du sens et de la grandeur à ce qui était pauvre, méprisé, rejeté...
Il m'arrive parfois de retourner au centre Pompidou et de m'attarder devant cette sculpture. Exposée en pleine lumière, elle n'a plus cette aura de mystère que lui conférait son exposition d'autrefois dans la pénombre. Mais chaque fois que je la retrouve son énigme demeure, et je sais que quelque chose de mon histoire y est à jamais associé. Elle me renvoie à toutes ces personnes aimées qui m'ont éveillé, ouvert les yeux, fait grandir, m'ont éloigné de mes démons et donné le goût de la beauté et de la vie. Elle les rend présentes, intensément vivantes et proches. Oui proches surtout. Elle est là, comme une sentinelle qui veille et préserve pour moi ce temps où mon regard sur les choses a commencé de changer.

mercredi 27 octobre 2010

Mains




Voilà,
 1. Extrémité du membre supérieur de l'homme, articulée avec l'avant-bras au niveau du poignet et qui finit à l'extrémité distale des doigts. Caractérisée par sa fonction essentielle, la préhension, permise grâce au pouce, opposable à tous les autres doigts, la main est aussi l'organe essentiel du toucher. / Le dessus, la paume, les cinq doigts de la main. Saluer quelqu'un en lui serrant la main. J'ai votre dossier en main : je m'en occupe. Ouvrage fait à la main, uniquement par un travail manuel. Vote à main levée. Dessin à main levée, fait rapidement, sans poser la main. Il a pris la première arme qui lui est tombée sous la main, qu'il a trouvée. [Ce mot entre dans de nombreuses expressions, où il symbolise l'activité, le pouvoir, la possession, l'échange, etc.] Spéc. Faute de main, qui consiste à toucher le ballon de la main (au football). Loc. adj. Main(s)-libre(s). Téléphone mains-libres, dans lequel récepteur et microphone sont incorporés. 2. ZOOL. Extrémité du membre antérieur des Primates. 3. Symbole de l'autorité, du pouvoir d'une personne, ou cette personne elle-même. Un événement marqué par la main de Dieu. Il a trouvé une main charitable pour lui venir en aide. 4. Aux jeux de cartes, l'initiative. Avoir la main ; passer la main. Avoir une belle main : des cartes favorables. Avoir, faire, être à la main : au baccarat, être le banquier. 5. Manière d'un artiste, d'un créateur. C'est là qu'on reconnaît la main du maître. Se faire la main : s'exercer. Perdre la main : perdre son habileté. Tour de main : mouvement manuel habile d'une personne expérimentée. 6. Petite main : ouvrière de mode débutante, qui a environ 30 mois d'apprentissage. Seconde main : ouvrière qui a accompli entre 36 et 45 mois d'apprentissage. Première main : ouvrière ayant suivi une formation professionnelle de 54 à 60 mois et dont la connaissance du métier est complète. Elle est première main tailleur. 7. Vx. Main chaude : jeu de société dans lequel un joueur, les yeux bandés, tend la main et doit deviner quelle personne lui a donné une tape dans la main. 8. Main à main : exercices d'équilibre de deux artistes qui se tiennent par les mains, l'un portant l'autre. 9. DR. CIV. Main commune : clause par laquelle les époux conviennent, dans leur contrat de mariage, d'administrer conjointement la communauté. 

mardi 26 octobre 2010

Le Flâneur


Voilà
finalement j'ai touché à tout sans jamais vraiment rien saisir. Et ce que j'ai cru saisir m'a échappé je n'ai pas su le retenir. Qu'une fraction de seconde puisse changer le cours d'une vie, j'en ai conscience. Je le crains souvent, je l'espère parfois. Et si je collectionne les fractions de seconde, au bout du compte, de tout cela il ne reste pas grand chose. Quelques empreintes que dépose l'errance du flâneur. Ni tout à fait étranger, ni vraiment de ce monde (il n'a pour moi guère plus de clarté que que le sommeil d'une bête), j'arpente le territoire de mes inquiétudes, je vagabonde parmi des paysages peuplés de questions. Incertain je vais où me guident mes pas, où m'attire le regard. Bon an mal an je vais. Tant que je le peux, je vais...  Il faudra bien finir par se rendre. (Linked with Monday murals)

samedi 25 septembre 2010

Du pareil au même

 

Voilà
d'une certaine façon l'abstraction délivre de l'hystérie du sens, de la manie de l'interprétation. Ainsi travaillée l'image se suffit à elle même. Elle ne raconte rien, elle indique  simplement qu'il y a toujours quelque chose de caché sous les apparences, et que ce qui se dissimule n'est ni jamais vraiment semblable, ni tout à fait différent et aussi que le lieu et le moment sont les vrais révélateurs de cet écart qui va du pareil au même.

vendredi 10 septembre 2010

Comment ça va avec la douleur ?


Voilà,
impossible de faire comme si ça n'existait pas. "La douleur retentit comme la voix dans un logis sans meubles ni tentures" (A. Daudet)

jeudi 9 septembre 2010

Le violon d'Ingres



Voilà
hier dans la rue, j'ai aperçu une fille qui s'était fait tatouer les ouïes d'un violoncelle dans le dos. Un temps j'ai suivi ce vivant hommage au "Violon d'Ingres" la célèbre photo de Man Ray, car son tatouage, et surtout sa volonté de l'exhiber me fascinaient. Je me suis demandé quel genre de fille ça pouvait être, ce qu'elle avait en tête, quelle sexualité pouvait être la sienne, enfin des trucs comme ça qui m'ont occupé un moment. Et puis j'ai pensé aussi à cette plaisanterie que m'avait racontée un musicien  à propos du violoncelle : c'est le contraire du loto, c'est pas facile, c'est cher et ça rapporte rien. Pour finir j'ai dépassé la fille. Elle était plus intéressante de dos. Par contre son copain m'a semblé assez joli garçon....

mercredi 8 septembre 2010

Soir de Septembre



Voilà
les jours commencent à raccourcir, l'air fraichit, les averses cessent d'être tièdes. Douce mélancolie des premiers soirs de Septembre. Pourtant quelque chose de l'été demeure ; les arbres sont encore verts dans la ville. Mais le pas des passants se fait plus vif et les mines soucieuses. On revient a l'ordinaire des jours, aux tâches quotidiennes, au temps imparti. Et l'inquiétude d'être un homme ou une femme de ce temps se lit sur les visages fermés.  A quoi songent ils ? Aux impôts, aux traites à payer, aux enfants qui grandissent dans un monde qui ne les accueille pas, aux résolutions prises ? Les journaux parlent de la crise, de la vie chère, des inégalités croissantes, des injustices de plus en plus criantes. Certains peut-être s'étonnent d'être encore capables de supporter ça.  Qui parmi eux a manifesté ?  La vie continue cependant, car il faut bien vivre malgré tout... Les vieux, les malades et les hypocondres espèrent quand même revoir un autre été. Les écoliers étudient leur nouvel emploi du temps.
Ce soir à la cinémathèque on donne un Lubitsch....

mardi 7 septembre 2010

Théorème de Whitney


Voilà
l’image était le lieu la surface où avec une insistance indéfinie semblait devoir s’inscrire et prendre forme la trace du manque. Ainsi converti dans la répétition, la reconduction du même à chaque fois légèrement différencié, le manque se déployait dans des textures paradoxales, des spatialités soudaines, fugitives, faites de trous, de béances, de zones de fracture, de turbulence et de recomposition, qui donnaient l'illusion que l'image pouvait s'ouvrir pour dévoiler une profondeur cachée, un secret enfoui. Ce n'était pourtant que la transcription graphique du théorème de Whitney : "Quitte à modifier arbitrairement une surface sur un plan (ou une autre surface), on peut toujours supposer que l’ensemble de ses points singuliers est une courbe lisse qui ne présente que des plis et des fronces". Néanmoins quelque chose d’obscur paraissait faire signe, s'offrir à l'interprétation. La contemplation de ces effets de surface l'apaisait, pour un temps du moins. Cependant, il lui fallait périodiquement recommencer, comme si à chaque fois il s'était retrouvé renvoyé à une zone aveugle dont il s’efforçait de cerner les contours. 

jeudi 26 août 2010

Au fond d'une vieille boîte

       
 
Voilà
retrouvées, en faisant le ménage, des petites maquettes que j'avais fabriquées, autrefois, avec des figurines, des bouts d'objets, des fils de fer, dans des boîtiers polaroïds, et que j'avais complètement oubliées... la bonne surprise de la journée... 
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mercredi 25 août 2010

D'une époque lointaine


Voilà
... il me semblait alors par l'artifice de la xérographie, qui, gommant les contours et les aspérité du collage, lui conférait presque l'aspect d'une photo, restituer ainsi un cliché de la pensée, d'un état de ma pensée, nomade, flottante, indécise. Et si le sens m'échappait, j'avais néanmoins l'illusion d'en retenir le caractère énigmatique, la trace indéchiffrable, comme d'un rêve figé dans son ambre.  Je faisais cela en amateur, et plutôt que de fabriquer des photos souvenirs comme il est fréquent de le faire pour se remémorer certains endroits où l'on a pu passer, je tentais de photographier l'envers, l'oubli, la part enfouie, enfuie du souvenir... Je cherchais à donner une forme à cette sensation d'abandon qui me hantait depuis toujours, à convoquer les fantômes qui rôdaient en moi. Les morceaux assemblés constituaient ainsi une histoire secrète dont j'étais l'auteur, mais un auteur égaré dans dans les limbes d'un récit auquel les mots ne pouvaient accéder. Je le constate à présent, sans toutefois comprendre  comment a bien pu se former cette sorte de parade, mais à chaque fois, qu'il s'est agi d'atténuer une certaine douleur de dissiper un certain chagrin, c'est dans les images que j'ai cherché la voie de la consolation.
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mardi 27 juillet 2010

Différence



Voilà
 c'est ça la différence : la femme regarde et l'homme moustache



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vendredi 16 juillet 2010

ice tea + abana



Voilà
S'apprêter à manger ice tea et abana sans compagnie au restaurant turc. Soudain une irrépressible sensation de solitude.  Déroutante quoique familière cependant, éprouvée maintes fois déjà depuis tant d'années, en de semblables circonstances : étés solitaires sur les routes d'Europe, vagabondages en terre étrangère à la recherche d'une bonne photo ou bien errances sans but ici simplement à Paris, avec le vague espoir de croiser un regard inconnu et amical... Et toujours ce sentiment d'être sans racine, sans lien, sans appartenance au point que tout devient incompréhensible et dénué de sens (cette phrase cette pensée, comme une antienne trop souvent répétée). Il semblait pourtant raisonnable de supposer qu'avec les années cela  passerait. Eh bien non, ça ne passe pas. Au fur et à mesure que le temps s'écoule, plus pénibles et perturbantes ces irruptions ; ça continue donc, ça insiste, c'est là comme une lettre anonyme, une dette non honorée un vieux chagrin que rien ne tarit.