lundi 28 avril 2025

Bricolage

Voilà,
45 ans que j'ai réalisé ce collage, réinterprété il y a quelques semaines en estompant les formes et les contours comme j'aime à le faire depuis quelques années. Et pourtant il reste étonnamment présent pour moi. De cela je peux encore dire, comme dans la chanson, "ça c'est vraiment moi". Oui bien sûr, on peut aisément y déceler les influences, les inspirations, et sans doute n'est-il pas si original, mais je m'en fous. L'image me plaît encore. Sa composition, le mélange de courbes et de droites. Je suis content de l'avoir faite. C'était alors mon théâtre intime. Celui que j'avais envie de voir. Qui ne s'encombrait pas de mots. 
 
 
Aujourd'hui, je ne me sens guère différent de celui que j'étais alors. Les formes ont changé. Les outils aussi. La persévérance demeure toujours la même. Et aussi l'étonnement devant ma propre obstination à trouver de formes, à établir des relations entre des volumes. Tant d'années se sont écoulées entre ces deux images. Le monde alentour a tellement changé. C'est pourtant toujours le même bricolage pour tenter de m'en soustraire et me rendre la vie plus supportable. Même si parfois cela ne me semble plus marcher autant qu'autrefois. Je me lasse très vite de ce que je fabrique.
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mercredi 23 avril 2025

Sur le toit de la cité radieuse

Voilà,
sur le toit terrasse de la "Cité radieuse" bâtie par Le Corbusier, immédiatement après guerre, — alors que radieuse, l'époque actuelle ne l'est pas vraiment —,  l’énergie et la candeur joyeuse de ces adolescents serrés les uns contre les autres, contemplant sur ce modeste promontoire un horizon lourd de nuages, m'a terriblement ému. Les heures qui suivirent — sans doute en raison de cette image que je ne parvenais à chasser de mon esprit — une insidieuse et trouble sensation de mélancolie m'a peu à peu submergé. J'ai repensé au film de Nicole Védrès "La vie commence demain", dont une partie se passe dans cet édifice en construction. Ce film, sorti en 1950, est, à ma connaissance, le premier dans l'histoire du cinéma français que l'on peut qualifier de documentaire-fiction (à 47:20 sur le film en lien, commence la séquence avec Le Corbusier). C'est l'histoire d'un jeune provincial (interprété par Jean-Pierre Aumont) incité par un mystérieux journaliste à rencontrer les sommités intellectuelles de l'époque afin de connaître leur vision du monde futur. On y croise outre l'architecte suisse, Sartre, Joliot-Curie, Jean Rostand, Picasso, André Gide. Une des personnes qui a le plus compté dans ma vie, y apparaît, jeune sur quelques plans

lundi 21 avril 2025

Une vieille histoire

 
 
Voilà,
dans le journal "Le Monde" du 7 avril 1978, c'est à dire il y a quarante sept ans, Gilles Deleuze signait une tribune intitulée "Les gêneurs". Je la livre telle quelle.
"Pourquoi les Palestiniens seraient-ils des "interlocuteurs valables" puisqu'ils n'ont pas de pays ? Pourquoi auraient-ils un pays, puisqu'on le leur a ôté ? On ne leur a jamais donné d'autre choix que de se rendre sans conditions. On ne leur propose que la mort. Dans la guerre qui les oppose à Israël, les actions d'Israël sont considérées comme des ripostes légitimes (même si elles paraissent disproportionnées), tandis que celles des Palestiniens sont exclusivement traitées de crimes terroristes. Et un mort arabe n'a pas la même mesure ni le même poids qu'un mort israélien.
 
Israël n'a pas cessé depuis 1969 de bombarder et de mitrailler le Sud-Liban. Il a reconnu explicitement que l'invasion récente de ce pays était non pas une riposte à l'action du commando de Tel-Aviv (trente mille soldats contre onze terroristes), mais le couronnement prémédité de toute une série d'opérations dont il se réservait l'initiative. Pour une "solution finale" du problème palestinien, Israël peut compter sur une complicité presque unanime ces autres États, avec des nuances et des restrictions diverses. Les Palestiniens, gens sans terre ni État, sont des gêneurs pour tout le monde. Ils ont beau recevoir des armes et de l'argent de certains pays, ils savent ce qu'ils disent quand ils déclarent qu'ils sont absolument seuls.
 
Les combattants palestiniens disent aussi qu'ils viennent de remporter une certaine victoire. Ils n'avaient laissé au Sud-Liban que des groupes de résistance, qui semblent avoir fort bien tenu. En revanche, l'invasion israélienne a frappé aveuglément les réfugiés palestiniens, les paysans libanais, tout un peuple de cultivateurs pauvres. Des destructions de villages et de villes, des massacres de civils, sont confirmés; l'emploi de bombes à billes est signalé de plusieurs côtés. Cette population du Sud-Liban n'a pas cessé depuis plusieurs années de partir et de revenir, en perpétuel exode, sous les coups de force israéliens dont on ne voit pas très bien ce qui les distingue d'actes terroristes. L'escalade actuelle a jeté sur les chemins deux cent mille personnes sans abri. L'État d'Israël applique au Sud-Liban la méthode qui a fait ses preuves en Galilée et ailleurs en 1948: il "Palestine" le Sud-Liban.
 
Les combattants palestiniens sont issus des réfugiés. Israël ne prétend vaincre les combattants qu’en faisant des milliers d’autres réfugiés, d’où naîtront de nouveaux combattants.
Ce ne sont pas seulement nos rapports avec le Liban qui nous font dire: l’État d’Israël assassine un pays fragile et complexe. Il y a aussi un autre aspect. Le problème Israël-Palestine est déterminant dans les problèmes actuels du terrorisme, même en Europe. L’entente mondiale des États, l’organisation d’une police et d’une juridiction mondiales, telles qu’elles se préparent, débouchent nécessairement sur une extension où de plus en plus de gens seront assimilés à des "terroristes" virtuels. On se trouve dans une situation analogue à celle de la guerre d’Espagne, lorsque l’Espagne servit de laboratoire et d’expérimentation pour un avenir plus terrible encore.
 
Aujourd’hui c’est l’État d’Israël qui mène l’expérimentation. Il fixe le modèle de répression qui sera monnayé dans d’autres pays, adapté à d’autres pays. Il y a une grande continuité dans sa politique. Israël a toujours considéré que les résolutions de l’ONU qui le condamnaient verbalement lui donnaient en fait raison. L’invitation à quitter des territoires occupés, il l’a transformé en devoir d’y installer des colonies. Actuellement il considère que l’envoi de la force internationale au Sud-Liban est excellent… à condition que celle-ci se charge à sa place de transformer la région en une zone de police ou en désert contrôlé. C’est un curieux chantage, dont le monde entier ne sortira que s’il y a une pression suffisante pour que les Palestiniens soient enfin reconnus pour ce qu’ils sont, des "interlocuteurs valables", puisque dans un état de guerre dont ils ne sont certes pas responsables."
 
Je réalise aujourd'hui que toute ma vie durant j'ai entendu parler de cette affaire entre les Israéliens et les Palestiniens et de la violence aveugle qui touche les deux camps. J'ai évidemment repensé à tous les actes terroristes parfois fort horribles (en particulier les derniers) perpétrés par les palestiniens, mais je me suis souvenu que l'état d’Israël s'est aussi bâti sur le terrorisme. J'ai fait quelques recherches et suis tombé sur l'article daté du 22 juin 1946 de Maurice Ferro, toujours dans "Le Monde"
 
"Depuis 1945, une transformation profonde s'est produite dans le terrorisme juif. La méthode anarchiste de l'attentat individuel semblait visiblement dépassée. De l'échelon du meurtre, dont le caractère politique n'altère point l'empreinte criminelle, qu'il s'agisse d'un lord Moyne, d'un préfet de police ou d'un quelconque militaire ou agent administratif, les terroristes passèrent au plan de la lutte ouverte et franche, toutes forces déployées. 
 
Ils décidèrent alors de ne plus s'attaquer aux gens mais aux édifices, aux dépôts d'armes et de munitions, aux parcs d'aviation, aux voies de communication. Car ils ne nourrissent de haine ni à l'égard de l'Anglais, soldat faisant son devoir en service commandé, ni, surtout, envers le peuple arabe. L'objet de leur ressentiment n'est même pas l'empire britannique. Les Juifs, pendant toute la durée des hostilités, l'ont aidé sans mesure à combattre le nazisme et le fascisme. C'est à la "politique britannique impérialiste" que les organismes sionistes de combat ont officiellement déclaré la guerre. La réprobation générale, qui au début stigmatisa les agressions personnelles, a progressivement fait place en Palestine à une atmosphère de sympathie pour ceux que les communiqués officiels nomment encore "terroristes". Il n'est pas, croyons-nous, jusqu'aux Arabes, dont le respect de la force est légendaire, qui ne manifestent à leur endroit une certaine admiration... 
 
Cette guerre contre la "politique impérialiste" du cabinet de Londres, trois groupements la mènent : le "groupe Stern" ou "Lohami Cherut Israël" - "les Combattants pour la libération d'Israël" - dont le chef est aujourd'hui Nathan Yellin-Friedman, d'origine polonaise ; l' "Irgoun Zwai Leumi" - ou "Organisation militaire nationale juive" - à tendances "révisionnistes", ayant à sa tête Menachem Beguin, ancien avocat qui fit partie des forces armées polonaises, et la "Haganah" - "Mouvement de la résistance juive" - dont tous les Juifs de Palestine font maintenant plus ou moins partie.
  
Le "groupe Stern" prit naissance en 1941. L'organisation clandestine de la "résistance" sioniste qui, jusque-là, réunissait les "terroristes" les plus éprouvés était l'"Irgoun", commandée par un certain Arazieh qui avait Stem pour lieutenant - internés tous deux en 1940 comme éléments "dangereux".
  
Pro-britannique sincèrement convaincu, Arazieh ne tarda pas être libéré, prit du service dans l'armée anglaise où il gagna la couronne de "major" et trouva la mort en Irak au moment de la révolte de Rachid Ali. Stern, au contraire, résolument anglophobe, fut indigné de la conduite de son chef. Après s'être évadé des locaux où il était détenu, il entra en "dissidence" et fonda l'association extrémiste qui porte son nom. Il devait par la suite être tué à Tel-Aviv au cours d'un engagement avec la police.
 
 Ces trois groupements, à l'heure actuelle, semblent étroitement collaborer. Il ne serait peut-être pas exagéré de prétendre qu'ils obéissent aux directives d'un commun organe coordinateur, analogue à l'état-major-général d'une armée régulière. On ne peut, en analysant la stratégie et la tactique des terroristes, s'empêcher de les considérer comme des émules de ces combattants de l'intérieur qui contribuèrent si puissamment à la libération de l'Europe.
 Dans une première organisation (un premier bureau), tous les effectifs sont soigneusement fichés. La masse, le réservoir, c'est la "Haganah"; les troupes de choc, composées de jeunes gens - et de Jeunes filles, qui manient la mitraillette avec la même aisance que les garçons - sont fournies par la "bande Stem" ou "l'Irgoun".

Leur "deuxième bureau" est fort bien renseigné. Il doit vraisemblablement connaître l'exacte consistance des troupes britanniques stationnées en Palestine, leurs lieux de cantonnement, leurs mouvements et déplacements, ainsi que leurs dispositifs offensifs et défensifs. On ne comprendrait autrement pas la réussite stupéfiante de certains coups de main terroristes, que la conception générale et la rapidité d'exécution ne sauraient seules expliquer.

Quant au "quatrième bureau", il a fait des miracles. Les armes provenant du pillage de dépôts britanniques paraissent-elles être en quantités insuffisantes pour équiper l'armée secrète ? On s'en procure par contrebande. Les approvisionnements abandonnés dans le "désert occidental" par les Germano-Italiens n'ont pas tous été récupérés par les Britanniques. Les Bédouins nomades en ont "découvert" plusieurs qui ont pris, le plus souvent, le chemin de Jérusalem ou de Tel-Aviv. En ce qui concerne les explosifs, les Juifs fabriquent une gélignite dont la qualité, aux dires des Britanniques eux-mêmes, est bien supérieure  à celle qui sort des usines du Royaume-Uni. Et des camions, ressemblant comme des frères à ceux de l'armée anglaise, assurent les transports et les liaisons de " terroristes " vêtus d'authentiques " battle-dresses ".

Le "troisième bureau" n'est certes pas le moins occupé. Nanti des éléments fournis par les divers services, il monte avec minutie les opérations. Ainsi, quand un débarquement clandestin est tenté, une tête de pont est établie à la plage choisie : deux cordons de troupes isolent une bande de terrain qui forme corridor entre le rivage et la colonie où seront recueillis les "immigrants illégaux", cependant que des unités mobiles patrouillent les alentours et que des groupes " indépendants " se livrent à des attaques de diversion contre des postes de police ou des installations militaires, le plus souvent assez distants du théâtre principal.

Un "cinquième bureau", enfin, groupe les "renseignements généraux" et centralise la propagande. La "Haganah", l'"Irgoun" et "Stern" possèdent un poste de radiodiffusion qui s'intitule - "la voix d'Israël, la voix de la résistance juive" - émettant régulièrement sur 45 mètres de longueur d'ondes. Ce poste, en outre, publie un bulletin quotidien d'informations "ronéotypé", que l'on reçoit à domicile nus enveloppe affranchie...

Aussi bien la Grande-Bretagne multiplie-t-elle les mesures nécessaires au maintien de l'ordre. Le pays est virtuellement en état de siège. Les édifices publics, les bâtiments militaires, les gares, sont protégés par d'épais rouleaux de barbelés. Les principaux carrefours routiers sont gardés militairement. Il est formellement interdit de rouler sur les chemins ruraux passé 18 heures. Et des blindés, chars moyens sur roues ou automitrailleuses, tous équipés de postes de T.S.F. parcourent inlassablement les campagnes et les villes.

Pratiquement "évacuée" l'an dernier à pareille époque, la Palestine est aujourd'hui un camp retranché véritable où s'accumule un matériel de guerre ultra-moderne.

À Gaza, des quartiers, des dépôts et des parcs, qui paraissent devoir être occupés en permanence, sont aménagés avec soin. D'importants crédits, de l'ordre d'un million de livres, ont d'ailleurs été affectés à ces travaux. Et s'il n'est pas tout à fait exact que l'on y emploie des prisonniers allemands, certains spécialistes "panzer" sont soupçonnés d'y mettre la main.

Ainsi, la Palestine — dont il ne faudrait pas, sur le plan militaire, dissocier la Transjordanie — centre névralgique des pétroles du Proche-Orient et du précieux lacis des voies de communication impériales, se trouve graduellement transformée en place d'armes...

À cette patiente riposte du formidable outillage britannique, les "terroristes", sans doute, répliqueront par une cohésion encore plus ferme. Ils ont voulu, m'a-t-on assuré, démontrer que le Juif ne se laissait pas intimider par un simple déploiement de forces et était loin d'être couard comme on l'affirme communément.

Mais ce mouvement, si parfait que puisse être son orchestration, est essentiellement négatif, et ne constitue pas une fin. Les Juifs de Palestine, les "importés" comme les autochtones, tous étroitement solidaires, le considèrent comme un premier pas vers la voie de l'affranchissement. On verra peut-être un jour les animateurs de l'armée de libération proclamer, en marge du pouvoir de tutelle, la constitution d'un État juif véritable, pourvu d'un gouvernement provisoire et de cadres administratifs complets. On dira peut-être, de ce rêve d'Israël, que c'est une utopie. C'est pourtant, me suis-je laissé dire, cette utopie que recouvre le manteau du "terrorisme..."

Cette dernière phrase pourrait exactement s'appliquer aux palestiniens d'aujourd'hui.  
Le 2 janvier 2025, le premier ministre israélien a déclaré que la guerre durerait encore un an. Ainsi le gouvernement d'extrême-droite israélien regroupé autour de colons et de bigots extrémistes qui ne valent pas mieux que les islamistes du Hamas vont probablement de la sorte continuer d'engendrer les monstres qui les ont attaqués début Octobre. Comment pourrait-il en être autrement puisqu'au lendemain du massacre perpétré par le Hamas (et l'on sait que Netanyahou a largement contribué à son édification) le ministre de la défense israélien se proposait de combattre  des "animaux humains" et Nétanyahou a déclaré qu'il allait réduire la population de Gaza à son minimum. Il y a dans cette région — j'avais, il y a plus de dix ans partagé un témoignage à ce sujetune sorte de folie suicidaire et meurtrière qui dure depuis des décennies. Ces derniers temps elle semble s'amplifier jusqu'à un point de non retour. 
Mais ce qui est le plus terrifiant, c'est de réaliser que 80 ans après la libération des camps de concentrations du Reich, les descendants des victimes de l'horreur nazie, deviennent à leur tour bourreaux et commettent des crimes contre l’humanité. 
Au fond en 1967, De Gaulle, qui fut alors taxé d'antisémitisme, s'était révélé, lucide, sinon visionnaire, exposant,  — dans un français qui, soixante ans après, fait rêver —  la situation avec autant de nuances que de clarté.
Hier soir, le ministre d'extrême droite israélien Smotrich (un de ceux qui autrefois a applaudi à l'assassinat d'Itzak Rabin) a déclaré "le temps est venu d'attaquer Gaza, de l'occuper, d'y établir un gouvernement militaire, de prendre le contrôle de Gaza et de mettre en place le plan de Trump de déplacer deux millions de gazaouis de cette terre".
Comme l’a écrit André Markowicz "comment les Israéliens ont-ils pu à ce point oublier qu’ils ont été des juifs ?"
On peut garder un relatif espoir en songeant qu'il a bien fallu cinq ou six cents ans pour que français et anglais cessent de se faire la guerre. 
Bref ainsi vont les choses dans le meilleur des monde possibles
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dimanche 20 avril 2025

Encore la Butte-aux-Cailles

 
Voilà,
il y a quelques semaines, je me suis promené du côté de la Butte aux cailles, un petit quartier du treizième arrondissement de Paris, non loin de la place d'Italie, dont j'ai déjà souvent parlé ici ou bien . C'est un spot pour les muralistes et chaque fois que je m'y rends je ne peux m'empêcher d'y prendre quelques photos. 
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vendredi 18 avril 2025

Le Masque


Voilà,
surgi du passé ce lapin dont je ne sais s'il était alors vraiment de Pâques
je pense avoir pris cette photo en 1976, avec un Ihagee Exakta qui ressemblait à celui-ci
première publication5/4/2015 à 00:05

jeudi 17 avril 2025

It might as well be spring

Voilà, 
comme l'écrivait Basho
Ah, printemps, printemps,
admirable printemps !
et cetera, et cetera
 
 

mardi 15 avril 2025

En pensant à Moholy-Nagy

Voilà, 
parfois l'espace n'est plus que géométrie. 
L'instant impose sa forme.
Des idées germent alors 
qui plus tard deviennent des images
 

lundi 14 avril 2025

Quelque chose d'organique



Voilà
je ne sais pas c'est quelque part dans les tissus dans les chairs dans la moiteur des organes dans le frémissement de la matière c'est un léger remuement une pulsation un battement c'est vivant depuis longtemps vivant se transforme se métamorphose s'éparpille se répand se contracte ça bat ça pulse c'est comme un souffle une effervescence et puis s'opacifie change de densité aussitôt devient fluide et furtif bientôt presque transparent puis de nouveau fibres filaments feuille aussi peut-être à la fois espace et temps où quelque chose de sensible se modèle sans parole mais non sans devenir comme une impalpable mémoire qui ne cesse de se recomposer c'est un univers invisible à travers les choses infra-réel dans lequel respire toute la mémoire du monde c'est le jardin des équations, la forêt des énigmes, la jungle des possibles et des virtualités inaccomplies

dimanche 13 avril 2025

Pêle-mêle avec jardins parisiens

 

Voilà,
un jour de mai 2023, j'avais fait une longue promenade en compagnie de Sophie. notre périple nous avait mené du jardin des Tuileries, à la place Vendôme, et passant devant cet immeuble, — appartenant je crois à Vuitton mais je n'en suis pas certain — il y avait eu cette façade joyeusement décorée.  Plus tard nous avions humé des parfum Diptyque dans leur boutique de la rue St Honoré. Je me souviens que pour moi c'était une époque pleine d'illusions et agrémentée de quelques perspectives qui ne furent hélas pas confirmées
 
*
 

 
Il y a quelque jours, au téléphone, alors que je traînais au jardin du Luxembourg, m'étonnant qu'à plus d'un siècle d'écart les mêmes jeux attirent les enfants autour du grand bassin, un ami me parle d'un nouveau traitement qu’on lui administre. Je crois comprendre que c’est cette thérapie révolutionnaire imaginée par Michel Sadelain dont j’ai entendu parler pour la première fois il y a quelques mois. Mon ami me dit qu’on appelle "carticèles" le produit qu'on lui injecte. Je note ce mot étrange et beau sur un papier. Je ne percute pas immédiatement. En fait il s’agit de CAR-T cells. L'histoire de cette avancé thérapeutique est tout à fait surprenante. Elle a germé dans la tête d'un chercheur dont personne pendant dix ans ne prenait les travaux au sérieux. Lorsqu'il a émis l'idée qu’il serait intéressant d'aider les cellules immunitaires à combattre les tumeurs en leur donnant une instruction génétique, ses pairs oncologues et immunologistes ont jugé ses travaux "saugrenus", "inutiles", "sans avenir", et "stupides". Sadelain nommera « récepteur chimérique à l’antigène » (CAR) le produit de cette instruction génétique, qui donne à certaines de nos cellules immunitaires, les lymphocytes T, la mission de débusquer, cibler et éliminer le cancer qui se propage masqué. Des lymphocytes T prélevés chez le patient, génétiquement éduqués en laboratoire, puis réinjectés à ce même patient, chez qui ils traqueront et détruiront leurs cibles cancéreuses, tout en grossissant leurs rangs. Pendant que des idiots patentés comme l'agent orange et sa clique de crétins décérébrés s'acharnent à tout détruire (la recherche, l'éducation la culture le droit international et l'on n'est pas au bout de nos surprises), – enfin à quoi bon reparler de ça tout le monde en voit les ravages depuis des semaines –, il y a des gens dont le but est d'améliorer le bien-être de l'humanité. Ils sont ce que notre espèce peut produire de mieux. Mais s'ils sont précieux, ils demeurent aussi bien trop rares.

*
 

 
Sinon, au Jardin des plantes les cerisiers et le prunus shirotae sont en fleurs. Dimanche dernier cela a attiré une foule considérable. J'ai réussi à isoler cette jeune femme avec sa jolie robe printanière qui tentait de fixer son portable sur une branche pour un selfie. J'ai repensé à ce poème de Kobayashi Issa
Puisqu’il le faut
Entraînons-nous à mourir
À l’ombre des fleurs.

*


À part ça je continue mes explorations abstraites quand j'ai le courage de travailler. La plupart du temps, j'ai envie de dormir et tout me prend un temps considérable, en particulier les tâches ménagères, mais aussi ce blog. Je crois que ces dernières semaines j'ai pris un coup de vieux.  

vendredi 11 avril 2025

Autos tamponneuses

Voilà,
cette photo prise à Saint-Gengoux-le-National, Bourgogne en mai 2022 n'est certes pas d'une actualité brûlante, mais les manèges déserts dans les fêtes foraines de province dégagent une mélancolie teintée d’ennui. Cela me fait penser à cette réflexion de Pessoa : "L’ennui… C’est peut-être, au fond, l’insatisfaction de notre âme intime, à laquelle nous n’avons pas donné de croyance, l’affliction de l’enfant triste que nous sommes, intimement, et auquel nous n’avons pas acheté son jouet divin. […] Oui, l’ennui c’est cela : la perte, pour l’âme, de sa capacité à se mentir, le manque, pour la pensée, de cet escalier inexistant par où elle accède, fermement, à la vérité." 

jeudi 10 avril 2025

J’aime / je n’aime pas (18)

 
 
Voilà,
j’aime la deuxième face de "yellow submarine" des Beatles avec les morceaux de Georges Martin orchestrés par lui et que je trouve délicieusement british. Ils ont le charme désuet de certains salons de thé peuplés de vieilles anglaises aux cheveux bleus sentant des parfums poudrés, ils évoquent des images d’Alice au pays des merveilles. Il me semble que Pepperland était aussi le générique (on disait alors indicatif musical) d’une émission de radio de Françoise Dolto ou de Ménie Grégoire.

Je n’aime pas, et c’est peu de le dire, tous ces "reels" avec leurs commentaires dits par une voix synthétique cheap (souvent la même) qui polluent les réseaux sociaux

J’aime réécouter des vieilles chansons de Robert Charlebois, surtout celles écrites par Réjean Ducharme, le célèbre romancier québecois

Je n’aime pas que les acteurs ou les actrices fassent des clics de langue ou tapent de la main sur la table lors d'une lecture par exemple pour appuyer leurs intentions. Je trouve cela atrocement ringard.

J’aime la photo de ce jeune couple prise à la fin de l'année dernière à la Fondation Vuitton lors de l'exposition consacrée à Tom Wesselman qui m'avait beaucoup plu

Je n’aime pas mais vraiment pas du tout que des artistes s’emparent de chansons populaires sur le mode lyrique comme par exemple les feuilles mortes chantées par Benjamin Bernheim, Robero Alagna. Il n’y a que Jessye Norman chantant des blues qui ne trahissait rien. Peut-être parce qu’en tant qu’afro-americaine elle avait le blues à la fois dans l’âme et chevillé au corps.

J’aime faire parfois la grasse matinée et profiter de journées où je ne m'assigne aucun objectif prédéfini, aucune contrainte. En fait je suis un gros paresseux et j'y trouve du plaisir

Je n’aime pas que les gens dans les expositions surpeuplées se posent devant une toile et continuent à tailler le bout de gras sans se préoccuper des gens autours d'eux et surtout derrière eux.

J’aime l'allegro du "Concerto pour violon et hautbois BWV 1060," de Jean-Sebastien Bach. Il a le pouvoir de me transporter bien des années en arrière, dans l'immense salon de l'appartement parisien de Philippe et Dominique. Il passait souvent le dimanche en fin d'après-midi lorsque nous arrivions pour le repas dominical en famille et avec des amis servi parfois à la grande table du salon avec ses deux bancs, quand il y avait du monde, mais le plus souvent dans la cuisine, parfois en comité restreint avec juste les parents les filles et leurs petits copains respectifs

Je n’aime pas quand les gens vous sollicitent et font des propositions remplies de restrictions qui laissent sous entendre qu'en fait ils n'ont aucune envie de vous associer à leur demande. Cette façon de faire miroiter une possibilité et de l'annuler dans le même temps et une forme de perversité mentale insupportable. J'ai connu un metteur en scène spécialiste de ce genre de pratique. 

J'aime regarder les matches de pré-saison du super rugby pacific qui opposent au cœur de l’été austral des équipes néo-zélandaises dans des petits stades de province devant des spectateurs assis sur des pelouses

Je n’aime pas que les gens descendent de la rame de métro ou bien y montent l’œil rivé sur leur smartphone

J’aime regarder le foot ou le rugby à la télé avec ma fille, confortablement vautré sur le canapé et gentiment persifler ensemble sur les joueurs ou les commentateurs 

Je n’aime pas lorsque les gens vous répondent "c’est une excellente question"  à celle que vous leur posez. C’est une formule prétentieuse, vaguement offensante, qui laisse supposer que toutes les questions précédentes étaient stupides ou médiocres, ou que l'on présume que vous puissiez en poser de mauvaises.

J'aime marcher dans de vieilles bonnes chaussures bien à mon pied que je n'ai pas utilisées depuis longtemps

Je n'aime pas ces gens qui, tant qu'on est d'accord avec eux vous témoignent de l'estime mais vous déconsidèrent dès que l'on l'on émet la moindre objection sur un de leurs propos

J'aime entendre chanter les oiseaux dans une ville juste avant l'aube

je n'aime pas devoir m'occuper de papiers administratifs

J'aime l'odeur de la pinède lorsque le ciel est gris et que l'air est doux

je n'aime pas, lorsque l'on photographie la mer, que la ligne d'horizon soit oblique sur l'image

J’aime savoir qu'en Suisse il y a encore des gens qui cultivent le safran selon des méthodes ancestrales

Je n'aime pas le fait que je doive prendre autant de médicaments chaque jour.

j'aime ce proverbe africain qui dit "c’est quand le fou n’est pas de ta famille que sa danse te fait rire"
 
Je n'aime pas succomber à des crises de boulimie
 

J'aime lorsque l'inspiration me visite et que le résultat me satisfait, comme c'est le cas pour cette image réalisée récemment
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lundi 7 avril 2025

Pourvu que cela soit beau

 Voilà,
Il semblerait que désormais notre monde soit de plus en plus souvent couleur d'acier. 
Je me souviens de paysages anciens
mais
tel un Treplev vieillissant 
je songe à des formes nouvelles
je veux dire des formes nouvelles pour moi. 
 
 
Pendant que je les cherche et travaille à les faire émerger
je ne songe à rien d'autre 
le chaos du monde sort de mon esprit.
Ne m'occupent que des questions techniques
des histoires d'équilibre de masses
de grain et de lissage
Les angoisses pour un temps se dissipent 
oui se dissipent comme le cirrus s'effaçant dans le bleu du ciel
elles reviendront bien sûr 
mais pour le moment 
— et c'est tant mieux —
rien d'autre ne compte
que le mystère de cette image 
et ce mystère me comble me soulage
Bien sûr je sais que secrètement par là je conjure
 ce que l'on n'ose en général guère énoncer pour soi
ce mot qui trop a été prononcé à travers les âges
qui dit toute notre terreur d'être au monde
mais qu'importe pourvu que 
cela soit beau comme la mer et la lumière

vendredi 4 avril 2025

Midi pointe Est


Voilà,
rien de moins désirable que l'île de la Désirade en Guadeloupe, ainsi nommée paraît-il parce que, lors de la deuxième expédition de Christophe Colomb en 1493, ce fut, après 21 jours de navigation, la première terre aperçue par les marins qui s'exclamèrent "O île tant désirée". Pauvre en eau, peu propice à l'agriculture elle fut à son extrémité ouest un lieu de relégation pour délinquants de Grande-Terre et pour quelques nobles métropolitains. A la pointe est, à Baie-Mahaut, au début du 18ème siècle, une léproserie fut installée qui ne ferma ses portes qu'en 1952. S'y trouve aussi une station météo, aujourd'hui désaffectée. C'est là que j'ai pris cette photo. J'aime le contraste entre la rigueur géométrique de cet édicule et la rondeur vaporeuse du nuage. Et puis c'est aussi un petit hommage à Kertesz. première publication 9/9/2013 à 00:04

mercredi 2 avril 2025

Une époque intéressante


 
Voilà,
les Anglais dit-on utilisent parfois de façon ironique l'expression "Puissiez-vous vivre une époque intéressante" pour souhaiter le pire à celui ou celle à qui on s’adresse. Les Anglais sont un peuple bizarre, ne serait-ce parce qu'ils ont inventé le rugby, le cricket, le marmite, qu'ils n'ont pas de volets aux fenêtres et qu'ils mangent du fromage avec des crackers. Mais ils ont de bonnes maximes. Cependant, eux aussi, — ce qui n'est en rien une consolation — sont dans la même galère que nous tous, que le reste du monde. Nous vivons en effet des temps de merde, où les pires tarés semblent s'être donnés rendez-vous pour mener à bien les projets les plus délirants et les plus destructeurs. L'espèce humaine est-elle à ce point dégénérée qu'elle en est venue à confier son sort à de telles crapules ?  Ce qui est fascinant, c'est que les États-Unis en soient arrivés si vite à cette pitoyable gouvernance, et surtout à en avoir redemandé après avoir subi quatre ans cette caricature stupide, cettte insulte à l’intelligence qui est en fait la version blanche (disposant hélas d'un pouvoir de nuisance autrement plus considérable) de l'ancien dictateur ougandais Idi Amin Dada, dont le film que Barbet Schröder lui avait consacré nous fit tant rire dans les années 70 . 
L'Amérique est en train de s'effondrer. Les routes sont foutues, les ponts s'écroulent, l'eau est toxique, la rougeole tue dans certains états, de tous les pays développés c'est là que l'espérance de vie est la plus courte et on y compte un des taux de mortalité infantile les plus élevés de tous les pays développés. Le pays manque de médecins pour prendre soin de ses citoyens, et on y refuse désormais les compétences étrangères qui ont fondé la prospérité de cette nation. On y efface des bases de données scientifiques archivées au prétexte qu'on les considère comme des croyances, des opinions, et non des faits. On y manipule des statistiques économiques, on y interrompt des projets de recherches, on y ordonne la fin d'échanges scientifiques internationaux. Une génération se dégrade à cause de la nourriture toxique, des opioïdes. Y être scolarisé ou y enseigner vous expose à être une des possibles victimes d’un de ces massacres de masse, – parfois même perpétrés par des mineurs –, devenus une spécialité locale au même titre que les jeans, les hamburgers et la musique country. je pourrais multiplier à l'envi les exemples d'autodestruction de cette nation. Cette frénésie suicidaire, laisse pour le moment la population tétanisée,  et pendant ce temps les leaders de ce pays s'autorisent néanmoins, avec une arrogance stupéfiante à donner des leçons au reste du monde, à menacer de vassaliser des nations alliées et à vouloir disposer de leurs richesses. Dans son grand délire paranoïaque Trump a décidé d'être l'ennemi de tout le monde sauf de Poutine auquel le lie sûrement une dette dont personne ne connaît avec précision la nature. 
C'est ainsi que vont les choses dans le meilleurs des mondes possibles.
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dimanche 30 mars 2025

Vallon des Auffes

 
Voilà
dimanche dernier, en fin d’après-midi, j'étais au vallon des Auffes à Marseille. C'est un étroit petit port de pêche traditionnel et pittoresque situé sur la corniche Kennedy, dans le quartier d'Endoume. Il se situe à 2 km au sud-ouest du Vieux-Port, entre la plage des Catalans et l'anse de Malmousque. Il abrite de part et d'autre du pont, une cinquantaine de modestes maisons de pêcheurs, quelques restaurants, et environ 80 places de petits bateaux de pêche traditionnelle, dont quelques pointus typiques, qui réservent leurs prises aux restaurants locaux. Son accès est protégé par une jetée de roches d'une centaine de mètres de long. 
 
 
Peu avant d'accéder au port, j'avais remarqué cette grande fresque sur une maison au bord de la corniche. Inspirée d’une photo d’archives de l’association et réalisée par le street-artist Mahn Kloix elle rend hommage aux sauveteurs du navire-ambulance de SOS Méditerranée. Cette femme représentée regarde d’ailleurs vraiment la mer, Elle est à l’image de Marseille ouverte sur la Méditerranée et depuis toujours terre d'accueil.
 
 
SOS Méditerrannée est une association civile européenne de sauvetage en mer. Sa vocation est de porter assistance, sans aucune discrimination et à traiter avec dignité, toute personne en détresse, dans le respect du droit maritime international. 

vendredi 28 mars 2025

Gare St Charles


Voilà
un jour il y a longtemps, à la gare St Charles j’ai rencontré un homme qui m’a dit qu’il s’apprêtait à tuer quelqu’un. Je ne me souviens pas très bien, je crois que le type en voulait à sa petite amie. Je n’ai pas cherché à entrer dans les détails, j'ai juste essayé de donner l'impression que je l'écoutais avec intérêt. J’avais hâte de prendre un train pour les Arcs et de retrouver mon amoureuse qui se trouvait dans la région. (première publication 16/9/2011 à 20:28)

mardi 25 mars 2025

Plage du prophète

 

Voilà,
c'est un peu l'image que je me fais de l'Europe et des démocraties qui y survivent encore en ce moment
l'orage approche et l'on continue à jouer sur la plage.
Quoi qu'il en soit merci la providence, pour cette belle lumière

dimanche 23 mars 2025

Au musée Picasso

 
 
Voilà,
l'artiste argentin Guillermo Kuitka a créé, à l'invitation du musée national Picasso Paris, une  œuvre in situ dans la chapelle de l'hôtel Salé. Depuis son intervention à la biennale de Venise en 2007, Kuitka a mis en place, en lien avec l'architecture, un nouveau langage qu'il nomme "peinture cubistoïde" où se déploie, directement sur le mur, un ensemble de ligne entrecroisées comme autant de pliures sur le plan, formant un nouvel espace pictural à l'esprit baroque. 
 
 Dans ces expérimentations le cubisme est invoqué comme la trace d'un mouvement qui opère telle une diffraction du réel. "La peinture se fait alors mémoire" dixit le petit cartel qui accompagne l'œuvre.
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samedi 22 mars 2025

Dindon de la farce

 
Voilà,
si une hirondelle ne fait pas le printemps, on peut cette année trouver un autre volatile. Il est probable que d'ici quelques mois, nombre de ceux qui ont voté pour Donald Krasnov Trump s'apercevront qu'ils auront été les dindons de la farce et il sera alors bien trop tard pour eux. Pour le moment ils pataugent dans leur propre merde, et bientôt ils n'auront plus que ça à bouffer. Il ne sera plus temps de se lamenter du prix des œufs. Qu'ils aillent se faire d'ores et déjà rissoler le fion en enfer. 
Trump restera dans la courte histoire de ce pays, le premier président à avoir été "retourné" par une puissance étrangère, le premier aussi à avoir des velléités expansionnistes délirantes, à déclarer la guerre  économique à ses alliés. Trump fait de la politique comme un joueur de golf. Poutine comme un joueur d'échecs. Xi-Jinping comme un joueur de go. Donc si les citoyens des États-Unis ne se ressaisissent pas il ne sont pas près d'avoir le cul sorti des ronces. Leur président leur a bien dit qu'ils n'auront plus jamais besoin de voter. S'ils ne se rendent pas compte qu'ils ont affaire à un dingue, à un fasciste qui est en train de s’attribuer les pleins pouvoirs, ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenus par celui là même qui aujourd’hui les bafoue.
"Nous devons attaquer honnêtement et agressivement les universités de ce pays. Ces mots ne viennent pas d’un régime ouvertement déclaré comme totalitaire, mais du vice-président américain J.D. Vance. Aux États-Unis, la science et la recherche sont devenues des cibles. Dès l’instant où un régime considère l’université la science ou la recherche comme des ennemis, il bascule dans l’obscurantisme. Comme ses dirigeants sont des tarés, il n’y aura pas de leur part de retour en arrière.
Quand je pense à tous ces blockbusters de merde où l’on voyait un héros  presque toujours solitaire délivrer les "USA-et-par-conséquent-le-monde-libre » d’affreux qui voulaient du mal au monde libre, en général des extraterrestres, des communistes, une internationale maffieuse, des cartels de drogues, des terroristes musulmans, et que personne n’est capable de virer ce gang de crapules, on ne peut que constater l'inanité d'une société qui tient "l'entertainment "pour une valeur cardinale. 
J'ai lu sur le net cette pertinente réflexion de Olivier Costa à propos de ce qui se passe actuellement aux States et je la partage donc.
Depuis son investiture, les analystes se perdent en conjectures pour comprendre les décisions de Donald Trump. Trois récits dominent.
Certains considèrent que Trump est un populiste un peu confus, qui prend ses décisions au gré de ses humeurs, règle ses comptes avec quiconque lui déplaît, et surestime ses talents de stratège et de négociateur. Il n’y aurait donc aucune rationalité dans ses décisions et déclarations : juste les lubies d’un histrion en roue libre auquel plus personne n’ose tenir tête.
D’autres estiment qu’au-delà de quelques provocations qui font le sel du personnage et détournent l’attention des médias, il y a un plan destiné à libérer les énergies de l’économie américaine, à secouer un État fédéral ankylosé, et à régler les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient. L’action iconoclaste de l’administration Trump fera certes quelques dégâts à court terme, mais le pays en sortira gagnant d’ici quelques mois.
Les derniers considèrent que Trump, ses amis et leurs maîtres à penser sont perdus dans des divagations apocalyptiques libertariennes et asociales, et qu’ils sont décidés à engendrer une zizanie planétaire dans l’attente d’un événement salvateur et mystique dont eux seuls seraient informés.
L’histoire tranchera. Mais les résultats des deux premiers mois de mandat de Donald Trump sont pour le moins étonnants, en remettent en cause tout ce qui faisait des États-Unis la première puissance économique, militaire et culturelle.
En effet, les États-Unis sont en train de se brouiller avec l’ensemble de leurs alliés et passent désormais les plats à leur ennemi de toujours, la Russie. L’Union européenne, le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie sont contraints de réviser leurs alliances commerciales et leurs stratégies de défense. Les pays du sud, privés de l’US Aid et frappés comme ceux du nord de droits de douane arbitraires, sont incités à adhérer au récit du « Sud Global » que la Russie et la Chine promeuvent depuis 20 ans pour contester l’hégémonie de l’Occident, et tout particulièrement celle des Etats-Unis.
"Aux États-Unis, Donald Trump s’en prend à l’État Providence et au système de santé. Ils n’ont jamais été particulièrement généreux et efficaces, mais les restrictions budgétaires vont avoir des effets dévastateurs pour les citoyens les moins aisés et vont rapidement créer de profondes tensions sociales. Les coupes claires opérées par Elon Musk dans les programmes et les administrations fédérales ne feront qu’envenimer les choses.
En faisant la chasse aux immigrés, l’administration Trump va pénaliser des secteurs entiers de l’économie – construction, agriculture, industrie lourde, services… – qui n’offrent pas des salaires acceptables pour des citoyens américains, et bénéficiaient d’un avantage concurrentiel décisif en disposant d’une main d’œuvre docile et bon marché ;
En se ralliant au panache jaune de Donald Trump, les patrons des sociétés américaines les plus innovantes et les plus prospères ont déclenché un mouvement de boycott d’une ampleur inédite. Les 7 milliards de consommateurs non-américains peuvent en effet se passer des produits et services des États-Unis et décider de commercer entre eux. A Washington, la menace a fait sourire, mais les "7 magnifiques", principales entreprises américaines de la Tech, connaissent aujourd'hui un trou d’air boursier, et les commandes de F35 sont remises en question partout dans le monde.
Les Américains, qui sont historiquement les plus gros pollueurs de la planète et ont développé le mode de vie le moins écologique qui soit, ont renoncé à toute ambition en la matière. L’heure est à la dérégulation et à l’exploitation de toutes les énergies fossiles disponibles – aux États-Unis ou ailleurs – sans considération pour l’environnement et le destin du monde.
Les États-Unis sont depuis toujours la patrie des droits individuels et de la liberté de pensée et de parole. Dans ce pays, il était possible de tout dire et de tout écrire – pour le pire, mais aussi pour le meilleur. Cette liberté a en effet nourri la créativité de ses romanciers, philosophes, élus, musiciens, cinéastes, humoristes... Désormais, les leaders américains, champions autoproclamés de la libre expression décomplexée, entendent faire taire tous ceux qui critiquent leurs actions et leurs propos.
Enfin, le gouvernement fédéral s’attaque à ce qui a toujours fait la force des États-Unis : ses universités, qui attirent les cerveaux du monde entier, dominent la recherche internationale et ont nourri le leadership technologique du pays. En faisant de la science un ennemi, en s’en prenant plus largement au savoir et à l’éducation, en faisant de la Bible la mesure de toute chose, Donald Trump sabote ce qui a permis à son pays d’assoir une domination économique insolente.
On peut certes considérer que ce ne sont que quelques coups d’éclat de la part d’un leader qui a soif de revanche sur l’administration Biden et tous ceux qui se sont réjouis de son échec de 2020. Mais les dégâts qu’il provoque pour l’image du pays sont profonds et sans doute durables, car Donald Trump conforte avec méthode les clichés de l’anti-américanisme, qui décrit le pays comme une nation égoïste, vorace, brutale, bigote et irresponsable."
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