lundi 31 juillet 2023

Revue de presse


 
Voilà,
le mois de Juillet tire à sa fin. J’ai rassemblé des titres d’articles trouvés sur Google News durant celui-ci. Je mets en outre en lien, pour les francophones que cela intéresse cette autre recension. Il semblerait que ce qui me préoccupe depuis des années, soit enfin en passe de devenir un sujet d'inquiétude désormais partagé. Ces articles sont de plus en plus alarmistes et ont un petit côté « chroniques de l’Apocalypse » tout à fait nouveau. Comment parvenir à rester joyeux dans ce qui semble le prologue d’une inévitable tragédie à venir ? En faisant l’autruche sans doute et en se réfugiant dans les vieux livres, les rêveries, et d'autres choses moins avouables.
Je lis sur le journal "Plus de 50 °C aux États-Unis et en Chine, autour de 45 °C en Italie, en Espagne ou en Grèce, des inondations meurtrières en Corée du Sud, des incendies qui font rage au Canada ou encore une température inédite de l’Atlantique Nord : la planète est soumise à des catastrophes climatiques en série. Le mois de juillet pourrait être le plus chaud jamais enregistré, après celui de juin. Le climatologue Michael E. Mann, directeur du centre pour les sciences et l’environnement de l’université de Pennsylvanie, réfute l’idée d’une accélération du réchauffement, mais prévient que nous pourrions franchir des points de bascule si nous continuons à utiliser des énergies fossiles". Mais le même jour les ministres de l’énergie des pays du G20, réunis en Inde samedi 22 juillet, n’ont pas réussi à s’accorder sur un calendrier permettant de réduire progressivement le recours aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Leur déclaration finale publiée à la fin de la rencontre à Goa, ne mentionne même pas le charbon, pourtant l’un des gros contributeurs au réchauffement climatique. Comment ne pas en être consterné, sinon accablé. L’humour me manque devant tant de bêtise. Cela laisse augurer qu’il n’y aura vraisemblablement pas de transition paisible. Tout cela risque d’être bien chaotique. Plus elles seront tardives et plus les décisions qui seront inévitablement prises dans l’urgence, susciteront panique et incompréhension. L’Histoire est prodigue de bouleversements sociaux précédés par de grandes perturbations écologiques ou des phénomènes climatiques inattendus. Évidemment, durant ce mois de Juillet, à l’endroit où je me trouvais, les gens parlaient moins du climat (bien qu’il y fît très chaud) que des spectacles à voir ou à éviter.
Ainsi vont les choses dans le meilleur des mondes.

dimanche 30 juillet 2023

Wall drawing #538



Voilà,
en visitant la Collection Lambert, comme je le fais chaque fois que je me rends à Avignon, j'ai été très touché — sans doute l'avais déjà vue lors d'une visite précédente, mais je ne m'en souvenais pas — par cette pièce peinte par Sol LeWitt intitulée Wall drawing #538
Cette fresque déployée sur toute la hauteur des murs de la salle a été réalisée pour la première fois au château d’Oiron en 1984. Elle dialoguait alors parfaitement avec les fresques anciennes du lieu et s’inscrivait dans la grande lignée des œuvres in situ dont les peintres romains, puis ceux du Quatroccento avaient le secret pour embellir les villas et palais.
La notice pédagogique de la Collection précise en outre que "la méthode développée par Sol LeWitt dès le début des années 1960 trouve sa source dans de nombreuses influences. La plus évidente reste celle des artistes de la pré-Renaissance et de la Renaissance italienne, tels Giotto ou Piero della Francesca dont Il retient la manière de penser l’espace et la couleur. Après avoir recomposé le dessin original à partir des volumes proposés, Sol LeWitt et ses assistants ont tracé sur les murs les découpes qui créent ces impressions de perspective amplifiant l’espace. Ensuite vient le temps long et minutieux où les jus de couleurs sont passés au chiffon par tamponnage, comme une patine. Ce sont les différents passages des couleurs sur la surface qui donnent cette profondeur et cette transparence si particulières.
Sur le diagramme de l’œuvre, Sol LeWitt indique le tracé général mais aussi l’ordre des couleurs à appliquer."
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mardi 25 juillet 2023

La cloche est pleine de vent


 
Voilà
La cloche est pleine de vent, 
bien qu'elle ne sonne.
L'oiseau est plein de vol, 
bien qu'il ne bouge. 
Le ciel est plein de nuages, 
bien qu'il soit seul. 
La parole est pleine de voix, 
bien que nul ne la dise. 
Toute chose est pleine de fuites, 
bien qu'il n'y ait pas de chemins. 
 
Toutes les choses fuient 
vers leur présence

Roberto Juarroz

dimanche 23 juillet 2023

Déjà la tête ailleurs

 
Voilà,
j’ai déjà la tête ailleurs. Bientôt ce Pierrot géant inspiré de Watteau, que j’aurai, tout au long de ce mois, si souvent aperçu ne sera plus qu’un souvenir. Somme toute, comme ce fut le cas en 2019, certaines journées m’auront paru longues et pourtant les semaines se seront vite écoulées. Il reste trois représentations dont j’espère qu’elles se dérouleront sans problème. Car c’est dans cette ville que je suis devenu un homme à la mobilité vraiment entravée. Un problème de genou a soudainement fait de moi un invalide. Cela me gêne pour jouer, mais je peux tout à fait l’intégrer – je n’ai de toute façon pas d’autre choix – à la fatigue du personnage. À cause de cela je n’aurais pas vu autant de spectacles que je l’aurais souhaité. Il fallait se reposer.
On n’est qu’en juillet, mais je peux d’ores et déjà constater que 2023 aura été l’année du coup de vieux. Et aussi celle d’amères, bien que prévisibles déceptions. Je me demande si ce qu’il me reste de vie peut encore me réserver des rencontres intenses et d’heureuses surprises. Quoi qu’il en soit (j’adore cette locution) je suis content de quitter la faune théâtreuse. Dans quatre jours, si tout se passe bien, je serai à Paris, loin des moustiques et de la chaleur accablante. Je garderai simplement de ce séjour la nostalgie de ces moments à la terrasse du théâtre des Carmes où, en attendant de rentrer en loge, j’écoutais chanter les cigales dans les grands platanes et regardais passer les gens et les comédiens distribuant des prospectus de leurs spectacles
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vendredi 14 juillet 2023

Acrobaties patriotiques

Voilà,
cette photo a exactement quarante ans. Je n'ai jamais poursuivi ce projet, un moment envisagé, de photographier tous les défilés du quatorze juillet de l'ère Mitterrand. C'était un concept un peu con, qui de plus aurait nécessité que je fus à Paris, tous les ans à cette date. Il y a quand même d'autres choses à foutre en été. Jouer au festival d'Avignon par exemple, si tu aimes la chaleur caniculaire les moustiques-tigres et si ne t’effraie pas la perspective de croiser tous les crétins du métier que tu es parvenu à éviter durant l'année à Paris. 
À part ça – je l’avais écrit l’année dernière, mais il y a des vérités bonnes à rappeler – ce quatorze juillet, comme tous les ans, le Président de la République et son état-major vont célébrer en grande pompe, l'attaque à main armée d'une prison d'état par un groupe de casseurs radicalisés qui contestaient des lois et un système injustes ne servant que les intérêts d'une classe dominante au détriment de toutes les autres. Il se gardera pourtant bien d’honorer les émeutiers de la fin du mois Juin de cette année, qui avaient eux aussi de bonnes raisons de manifester leur colère. En outre, cette année l’invité d’honneur  – dont on espère sans doute qu’il nous achètera des armes – de cette soldatesque exhibition est le président de l’Inde, qui a aussi un penchant très prononcé pour le massacre de musulmans, ce qui ne manquera pas d’intéresser la police française encore petite joueuse de ce point de vue.

jeudi 13 juillet 2023

Solastalgie (2)


Voilà,
Comment se fait-il que ce paysage me paraisse à la fois si lointain dans le temps et comme inaccessible désormais ?  Mer nuages montagne tout à la fois ; rudesse et douceur mêlées. Je me souviens de la puissante émotion éprouvée alors. Y songeant à présent, je suis pris de solastalgie, cette détresse existentielle liée aux ravages environnementaux que les activités humaines de l’ère industrielle n’ont cessé de provoquer et d’amplifier..
Je me demande aussi parfois si le cerveau humain dont l’observation et le discernement constituaient des fonctions essentielles, n’est pas en train de devenir un organe inadapté, et dépérissant, ne nous permettant plus de penser les condition de notre survie. Certes on conçoit des télescopes qui nous offrent presque la possibilité d’observer l’origine de l’univers, mais dans le même mouvement l’on empoisonne nos eaux, notre air nos organismes sans y accorder l’attention et l’énergie qu’une telle situation exige.

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dimanche 9 juillet 2023

Interprétation et illusions

Voilà, 
les remarques et les interprétations de Mae sont toujours très pertinentes et stimulantes, tout comme son blog. Elles m’amènent souvent à reconsidérer ma pensée, la façon dont je m’exprime et peux être perçu. Ou bien encore à préciser un point de vue. À propos de l’image précédente elle écrit « They don't look down-and-out or desperate in any way, so one imagines other stories about them. And that's what makes it such a good photo: it demands that one imagine a story ». C’est plutôt flatteur. Et c’est vrai que chacun peut interpréter une photo. Mais c’est précisément cela qui m’embarrasse, et la raison même pour laquelle je tiens souvent à contextualiser une image, même si pour cela je dois préciser mon Einstellung comme dirait Wenders. En l’occurence expliquer les raisons de mon cadre. C’est vrai que je suis méfiant. Je ne fais pas trop confiance aux images, je les sais trompeuses, et leur nature illusoire. Leur fugacité  – à peine quelques centièmes de seconde – les rend par essence suspectes. 
Quoi qu’il en soit, concernant les deux clampins du Champ-de-Mars, j’imagine qu’ils pourraient figurer une version contemporaine de Bouvard et Pécuchet, Mercier et Camier, ou Vladimir et Estragon. Rien que pour les voir dormir comme cela, j’aurais envie de rajouter un banc près de leur arbre, à ces deux là. Mais les ayant-droit de Beckett si scrupuleux et orthodoxes quant à son œuvre me l’interdiraient certainement.
Autre image, mais cette fois-ci délibérément mystificatrices, ces fausses fenêtres en trompe-l’œil avec des personnages de théâtre que l’on aperçoit ici ou là dans les rues d’Avignon.
 

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vendredi 7 juillet 2023

Petit matin au champ de mars


Voilà
mi-juin, l'année dernière. Au cœur de la première semaine de canicule. Ce jour-là je me suis levé tôt le matin pour aller me promener avant les premières chaleurs. J'ai pris un vélo en location, sur une borne destinée à cet usage. On en trouve facilement à cette heure. J'ai musardé dans les rues désertes. Champ de Mars. Je pose ma bécane. Je me tiens devant ces deux, en toute impunité. Comme le soleil est derrière moi je dois juste me décentrer légèrement pour éviter que mon ombre trop longue ne se projette en premier plan. Outre la symétrie offerte par ces deux corps inconfortablement posés sur ce banc, ce qui m'intrigue c'est "comment en sont-ils arrivés à former cette figure insolite ? Ont-ils beaucoup bu cette nuit ? Pris des drogues ?"

jeudi 6 juillet 2023

Ciel d’Avignon


Voilà,
je m’obstine à publier des photos sans personne aux alentours de ces remparts qui me fascinaient tant lorsque je les ai découverts il y a bien des années (cela fait un nombre rond de décennies qui m’effraie à présent). Des photos qui auraient pu être prises telles quelles à ce moment-là. Mais, à la réflexion, je crois me souvenir que ces lieux étaient alors des parkings encombrés de voitures. 
Qu’importe, ce qui m’obsède en ce moment, dans une ville peuplée, à l’occasion du festival, d’une majorité de jeunes gens épris de théâtre, en quête de succès et de reconnaissance, c’est le vertige de ces années qui ont passé si vite. J’ai été comme eux autrefois. Me voici avec un corps dont j’ai du mal à admettre qu’il est devenu « cette chose », parfois fort douloureuse.
Sinon cette nuit, soixante tonnes de papiers (ce qui n’est pas très écologique) ont été collées sur les murs, pour promouvoir des spectacles plus divers les uns que les autres et pas toujours d’un grand intérêt, qui se donneront en alternance de dix heures à minuit dans des centaines de lieux climatisés (ce qui augmente de 2 degrés la température intra-muros). J’ai déjà évoqué tout ce cirque il y a quatre ans la dernière fois ou je suis venu. De nouveau j’en fais partie. 


J’espère que je n’aurais pas à le regretter et qu’il ne se passera rien de moche ou de pénible durant ce séjour. Si mon envie de jouer est intacte, elle est cependant bien pondérée par le fait de devoir le faire ici, dans un département qui vote massivement à l’extrême-droite et qui a bien changé depuis la création il y a soixante-dix ans de ce festival. Et puis j’aime de moins en moins la chaleur et le bruit. 

dimanche 2 juillet 2023

Tant que c’est encore possible

Voilà,
pour le moment les rues d’Avignon sont encore vides. Dans la semaine qui vient, elles commenceront à se peupler avec l’arrivée des artistes et des festivaliers et dès le 6 ce sera partout la foule et la cohue. Il ne sera plus question que de théâtre et la ville succombera durant un mois à une frénésie de spectacles en tout genres. D’ici là, j’en profite pour me promener paisiblement, tant que c’est encore possible.