mercredi 3 mai 2023

Ainsi vont les choses

 
Voilà, 
des ombres menaçantes se seraient glissées sous le lit. Soudain saisi d'effroi.
Ce n'est pas vraiment un cri qui surgit du corps, plutôt une sorte de plainte apeurée pareille à un long brame. 
Sortir du sommeil en battant des bras frapper le matelas s'apercevoir qu'il n'y a rien en dessous du lit et que ce n'est pas une autre maison vétuste, mais la sienne, juste la sienne et que la ville n'est pas minée et qu'il n'est d'intrus animés de mauvaises intentions
Il en est toujours ainsi,  
tapi dans un coin de son espace onirique, le rêveur demeure le maître invisible des lieux, prêt, quoi qu'il arrive, à réveiller le dormeur si une image, un peu trop perturbante, prend brusquement toute la place et de la sorte occulte le récit.
Mais tout de même, en sueur, tremblant, le rêveur s'interroge. 
Est-ce là l'issue d'une longue apnée ? 
Une rétroaction du futur comme dans le film "La jetée" ? 
Est-ce la mort installée en tapinois dans les cellules qui soudain s'autorise, à la faveur du sommeil quelques effractions, histoire de disséminer subrepticement des bouts de son funeste message ? 
Se rendormir tant bien que mal. 
Au matin toujours les mêmes voix, faussement enjouées. Étrange comme elles semblent prendre plaisir à énoncer des catastrophes comme si ça devait ne jamais les concerner. Est évoqué un scientifique spécialiste en intelligence artificielle. Pour manifester son désaccord et ses craintes relatives à la mise sur le marché d'un produit dont il estime les perspective d'avenir effrayantes, il a décidé de quitter son entreprise-monde. Se rendormir.  
Vagues songes peuplés de murmures et bruissant de questions. "La vie est un chemin parsemé de pierres et de défis... Est-il vrai que tout est simplement là, à notre portée ?...  Et que faire de tant d'abîme pour si peu de ciel ?". Et puis entre veille et sommeil, se mêlent sensations anciennes et paysages autrefois aperçus. Les draps moites collent à la peau. Les cauchemars et les angoisses se dissipent dans la torpeur du corps abandonné. Il serait si bon et si simple de quitter l'existence de la sorte.


Dehors le monde suit son cours. Il recommence à faire chaud.

 
 
 
Des choses aberrantes y adviennent. Mineures certes, mais aberrantes tout de même, augurant peut-être de bien pires anomalies. On s'en étonne, on s'en amuse, on peut trouver même ça formidable, mais il est possible que l'on déchante à terme. Bref, John Lennon, mort depuis quarante trois ans, chante avec Mac Cartney, une chanson à laquelle il n'a pas contribué, dont il n'a jamais prononcé les mots, et sans qu'une telle possibilité pût même être envisagée par l'auteur de la chanson.
 
 


ou bien encore une de ses compositions réorchestrée dont il n'existait que des versions démo.
et l'on imagine que les quatre sont encore vivants et ont joué ensemble
comme si rien n'était advenu comme si la mort n'avait pas frappé
 


 ainsi vont les choses
 

6 commentaires:

  1. It is past time for us to be sitting outside a good cafe with a bottle or two of a good red-- and tell lies about the past while we ignore the future. You will suddenly sing like Aznavour, and I will pretend I am Belmondo and look sideways at the girls passing by. (This is what happens when I'm listening to Boulez conducting Ravel!)

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  2. I think combining voices in a song that never occurred in real life is a little much for me.

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  3. John's been dead for 43 years? Hard to believe it's been that long.

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