lundi 15 novembre 2021

De la belle ouvrage

Voilà,
Paris donne à voir des choses étonnantes, parfois. On n'est jamais déçu, à musarder comme je le fais. Comme quoi, mon pessimisme quasi ontologique n'est pas sans issue. Après tout quand on s'attend au pire, rien n'empêche qu'on ait de bonne surprises. Certes, c'est un peu obscène mais dans le genre, l'exposition, en devanture de la boutique d'un célèbre antiquaire, d'une grosse bite en albâtre, reproduisant à l'échelle une sculpture de l'île de Délos aujourd'hui tronquée, vaut mieux que les photos de sans-domicile qui gisent de plus en plus nombreux dans les rues de la capitale. C'est tout de même de la copie de statuaire classique. 
Du style "Grand Tour". 
Ah ! C'est le moment. Un peu de pédagogie s'impose pour atténuer la vigueur de cette image qui contrevient sûrement à la prude morale des réseaux sociaux.  
Apparue à la fin du XVIIème siècle en Allemagne sous le nom de Junkerfahrt (il arrivait même que pour l'occasion on s’enrôlât militairement afin de voyager),  la pratique du Grand Tour a été adaptée par les anglais en un voyage destiné à parachever la formation d'un "compleat gentleman" surtout dans le courant du XIXème siècle. Le Grand Tour constituait pour tout jeune homme de bonne famille souhaitant parfaire son instruction, un passage obligé. Il y achevait ainsi ses humanités ouvrant son esprit à d'autres cultures, surtout celles liées aux origines de la société occidentale. Cet itinéraire en quelque sorte initiatique n'offrait pas qu'une dimension intellectuelle, il attestait également l'accomplissement de l'éducation d'un homme — car bien entendu, ce privilège était exclusivement masculin — sa sortie de l'enfance et l'affirmation de sa virilité. 
En l'occurrence, le message est bien passé.  
Commençant par la France avec le classicisme de Poussin et du Lorrain et parfois par les peintres hollandais, ce circuit se poursuivait en Italie afin d'y contempler les maîtres du Cinquecento, Raphaël, Michel-Ange, Léonard de Vinci et toute la clique, mais surtout l'antiquité romaine avec Pompéi et Herculanum. Enfin, il s'achevait aux racines de la culture occidentale, c'est à dire la Grèce et ses vestiges. Ayant accompli ce périple on pouvait enfin prétendre appartenir à l'élite, comme Lord Byron par exemple.
On ramenait beaucoup de souvenirs de ces excusions : des "Vedute" – vues utilisant la perspective pour représenter des architectures urbaines, essentiellement italiennes, mais aussi des moulages, et parfois même des éléments de statuaire. 
Ça suffit. Voilà bien assez d'informations pour frimer en société ne me remerciez pas.
Revenons à cette photo. 
J'aime aussi beaucoup le reflet de la femme garée devant ce mégalithe finement ouvragé et dressé là comme une promesse. Qui sait si, fumant une clope dans sa voiture, elle n'est pas en train de converser au téléphone avec un homme foutrement bien membré qui pourrait égayer sa soirée.

18 commentaires:

  1. Urban architecture--- Laura and I were just talking about some new buildings that resemble this.

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  2. There's a lot to see in your photo, a whole story...
    Luckily not all times and places were as over-moralized as the 19th century to the present day in a small German town ;)
    Comprehensive education includes everything (just, why often that wasn't for girls?) and a shunga roll or a pillow book is as much culture and enjoyment as viewing a picture gallery.

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  3. Thanks so much for sharing at https://image-in-ing.blogspot.com/2021/11/this-is-all-ill-say-about-that.html

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  4. I like the reflections on the glass. The statue is not my cup of tea. Nice shot though.

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  5. Art is art, and your photograph beautifully intertwines the reflection, almost as an intentional double exposure. This is great work.

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  6. Excellent! A strange thing to find, and the reflections add so much to the story :)

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  7. Great photo with the male member and the reflection. Odd the male unit is so forbidden from public view. Every man has one, so they are perfect normal. This one appears to be completely erect.

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  8. Funny photo. The women in the car doesn't seem impressed. I haven't been to Paris for almost two years. :-(
    Thanks for explaining the proverb.

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  9. That's an impressive shot, did you have to wait outside that window with your camera for a while for the right reflection to come by?

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    1. No, I took what the world was offering me at that very moment. I am not a hunter. I don't like to wait, I prefer to pick.

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  10. Oh, what a great scene. It works so well as a reflection with real life around it

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