dimanche 28 juin 2020

Palais de la Porte dorée



Voilà,
il y a deux semaines j'avais publié la peinture murale de Pointe-à-Pître, commémorant un massacre perpétré par la police française en 1967. Aujourd'hui j'ai choisi de montrer des fragments des monumentales fresques de l'ancien Palais des colonies de la Porte Dorée, conçu et édifié pour l'exposition qui eut lieu en 1931 afin d'exalter "la mission civilisatrice de la France" dans les outremers et dont il reste encore quelques vestiges éparpillés dans le bois de Vincennes. Aujourd'hui reconverti en musée de l'histoire de l'immigration, le bâtiment abrite toujours ces scènes peintes, dans les années 30, par Pierre Ducos de la Haille, sorte de Puvis de Chavannes de la propagande colonialiste. On ne va pas épiloguer la dessus et ressasser les lieux-communs relatifs à cette période historique. Louis-Ferdinand Céline a, dans "Voyage au bout de la nuit" décrit avec suffisamment d'ironie et une implacable clairvoyance la réalité coloniale et la connerie des petits blancs venus tenter l'aventure en Afrique.
Néanmoins, ces fresques m'intéressent. Destinées à vendre de l'illusion, elles étalent les mensonges et les croyances des occidentaux de la première moitié de XXème siècle persuadés de leur supériorité sur le reste du monde et décrivent les outremers comme autant de lieux peuplés de gens n'attendant que la bonne parole de l'homme blanc. Ce vaste ensemble constitue une sorte d'iconographie de cette prétention à l'universalisme qui n'a jamais abouti. Il est possible que ces peintures murales soient un jour saccagées, parce qu'elles témoignent d'un passé désormais considéré par la plupart de nos contemporains comme honteux. Il y a quelques semaines on a bien barbouillé la statue de Voltaire au motif que ce dernier aurait tenu des propos racistes au XVIIIème siècle. 
Oui bien évidemment, esclavagisme et racisme sont indéfendables. Ils demeurent cependant ce qu'il y a de mieux partagé au monde et au cours des temps par tous les peuples et les civilisations de cette terre. Souvent sommaire, l'approche essentialiste, anachronique et moralisante constitue une forme de paresse intellectuelle, palliant bien des ignorances ; elle se refuse à mettre en perspective les événements et les pensées dans le temps long de l'histoire. L'époque a tendance à réfuter la complexité. Pour ma part je me méfie des iconoclastes. On commence à renverser des statues, on finit par brûler les bibliothèques. Quoiqu'il en soit, je n'oublie pas que j'écris ceci sur une machine sûrement assemblée dans une de ces gigantesques usines-casernes où s'échinent des cohortes d'ouvriers chinois soumis à des cadences infernales ni que la plupart des composants de cette machine proviennent de minerais dont les gisements sont creusés dans des conditions effroyables en Afrique et en Asie du Sud-Est. Je n'oublie pas non plus qu'un occidental tourmenté est quelqu'un qui a la possibilité de pouvoir encore s'accommoder de ses contradictions. (linked with monday mural)

8 commentaires:

  1. ...the police are not always the protecters of the people.

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  2. This is a sign of our times. Had you shared this two months ago, it wouldn't have the same impact it has today. This is OUR (white people) shame. I'm so happy that the world is finally starting to wake to the plight of not just the black person, but the Asian and Indian, too. It must have been the right time, possibly due to the lockdown, and possibly because the movement's time has come.

    I'm glad you shared this, because you are right. These could be destroyed if people find them offensive. I say that as I sit here typing on a keyboard made in Taiwan and looking at the images on a monitor made in China.

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  3. Once long ago, I visited the old museum at the site (see https://www.palais-portedoree.fr/en/colonial-exposition-1931). The creation of the Quai Branly museum has been a welcome way that one could see the beautiful art work that was demeaned at the old museum by being shown as the work of primitive savages who received the benefits of Western Civilization through their colonial masters. But who knows what different views will emerge in the future, judging us, the heirs and beneficiaries of past wrongs. It's impossible to straighten out our less-than-perfect way to see "the other." The colonialists and their inheritors (as we are in the USA) can't possibly be getting it right this time, either, can they?

    be well... mae at maefood.blogspot.com

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  4. The murals should be enjoyed as art-- and they should always remind us of the mistakes we make. Still-- I am running out of hope.

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  5. I certainly don't agree with all the destruction of statues and art, and hope these murals don't get destroyed in the near future. Thanks for contributing Kwarkito

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  6. Toutes ces œuvres de l'époque coloniale, statues etc...ont leur place dans des musées historiques, avec plein d'explications pour les jeunes générations je pense.
    Mais seulement là, dans les musées.
    Ces fragments de fresques sont fort beaux, des oeuvres d'art à conserver, protéger..
    Bonne journée Kwarkito.

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  7. Destroying statues and art is not going to change the past, it happened! I feel each new generation should be taught more about the horrific things that happened while still at school. It is astounding that there are still so many who think the holocaust did not happen.. unbelievable!

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  8. juste une petite pensée complémentaire pour nos derniers de cordée locaux, venus souvent de pays plus ou moins lointains, qui s'efforcent à rendre propres les bureaux des entreprises du CAC 40 par exemple.

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