vendredi 17 avril 2020

Orgue de Barbarie



Voilà, 
on dirait une photo d'un autre temps. Et pourtant elle date du 21ème siècle, comme l'attestent l'ardoise indiquant le prix en euros et les chaussures du musicien.
Mais le vingt-et-unième siècle, depuis, nous a réservé une bien étrange surprise.
Je ne sais pas s'il jouera encore, au marché Edgar Quinet, l'homme à l'orgue de barbarie, cela fait longtemps que je ne l'ai vu, j'ignore même s'il est encore vivant. Et puis je ne sais pas quand il y aura de nouveau un marché Edgar Quinet. Quoiqu'il en soit, avec ses ritournelles d'un autre temps il alimentait la nostalgie d'un Paris qui n'existe plus, d'un monde rêvé.
Mais que faire de nos rêves désormais ?
Personne n'avait imaginé cela. La moitié de l'humanité enfermée, interdite de sortie, de circulation. Ayant pour consigne de ne pas même accompagner les mourants ni d'honorer les morts.
Comme le chanteur Christophe, cette nuit, le saxophoniste Lee Konitz,  l'écrivain Luis Sepulveda, il y a trois jours. Et tant d'autres plus ou moins connus.
Les morts c'est juste qu'ils nous abandonnent.
Et même si nous les avons perdus de vue ou qu'ils n'étaient que de vagues connaissances dont nous avions quelquefois des nouvelles par des tiers, ils nous laissent à la méditation mélancolique à quoi leur absence nous réduit. Quand ils étaient encore de ce monde nous appartenions ensemble a la communauté des vivants. Disparus ils nous renvoient à la fragilité de notre présent à la précarité de notre futur. Ils nous rappellent violemment notre condition de sursitaires.
Aujourd'hui plus que jamais.
Oui notre pas est moins véloce et sans doute est-ce lié à la pesanteur de nos pensées.
Et puis nous avons depuis un mois si peu l'occasion de marcher.
Il nous faut nous signer à nous-mêmes des bons de sortie.
Flâner trop longtemps ou loin de chez constitue désormais un délit.
En ce temps de grand confinement  — c'est ainsi que les responsable du FMI ont décidé de nommer cette période — la sagesse de Kafka — lui-même victime d'une autre grande pandémie qui (bien qu'on sache la prévenir) tue encore annuellement 1,8 millions de personnes dans le monde — nous fait défaut.
"Il faut quitter ta chambre. Reste assis à ta table et écoute. Tu n'as même pas à écouter. Attends simplement. Tu n'as même pas à attendre, apprends juste à rester tranquille, calme et solitaire. Le monde s'offrira alors à toi, et te proposera de le démasquer. Il n'aura pas le choix : il roulera en extase à tes pieds."
Après tout, un peu de poésie ne peut nuire. Mais le monde est il encore capable d'extase ?
linked with the weekend in black and white 
linked with Paris in July

17 commentaires:

  1. "Il nous faut nous signer à nous-mêmes des bons de sortie." je ne sais pas si c'est surréaliste, mais j'ai l'impression que ça a quelque chose d'oulipien.
    Je me rappelle du dépistage de la tuberculose à Paris dans les années 80. Est-ce que ça se fait encore ?
    Au Brésil j'ai été dépisté contre la lèpre, ça m'a fait drôle. La lèpre dont j'ai alors appris que son bacille était cousin du bacille de Koch.

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  2. bad hit and i can understand these thoughts of you. I am happy that I can ride a bike and without a permit. It's sad how many people have to die ...
    Also often I think I haven't seen this person for a long time, is he still alive or what is he doing now, a person I only ever saw for shopping ... now I have seen him again from afar after 2 weeks and I waved to him from far and wide and he smiled alien he is and yet he felt good like me.
    Another time has come ...
    I wish you all the best and stay healthy
    Greetings Elke

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  3. Your photo may look like it is from a long past time, but never fear. This threat of pandemic will pass, perhaps not soon, but it will pass. There will be markets in the future, but social life may will change in ways difficult to predict. Some of those changes may be for the better, some not. Do not give up faith in a better life to come.

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  4. So much joy in this photograph! Good to share in these times

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  5. j'aimais bien l'année vingtvingt mais jamais je n'aurais imaginé ce qui se passe
    aujourd'hui ! tout me semble faux et tellement étrange ! et bientôt on va nous
    obliger tous à sortir masqués ! et ces rues vides... trop déprimant !
    ils n'y a que les oiseaux qui m'enchantent et les fleurs qui poussent sur mon balcon!
    et pourquoi pas une orgue de barbarie s'il y en avait une !

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  6. Life will never be the same as before.
    How can people strengthen their immune system when even walking in the forest is forbidden - I think it's not the right way in all aspects and nobody thinks of violence against children and women just.
    Stay healthy

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  7. I like this photo - a memory of happier times.

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  8. I'm sure there will be an Edgar Quintet market soon Kwarkito, I hope so anyway. At first I though you were at Montmartre 💙 Happy weekend, you still can if you try 😉

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  9. A lovely street capture that does take the viewers back to a time when life was living. Today, death has just become a statistic.

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  10. Rêver, ce territoire, disait Sepulveda, où on est amené sans être consulté. J'aimerais y être conduite plus souvent, loin de cette réalité irréelle, sur la place de ta photo, avec des humains et ce magnifique joueur d'orgue.
    Merci, j'ai rêvé un moment grâce à toi.

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  11. Bellissima foto e interessanti parole, caro amico

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  12. En la ciudad solitaria, sería un momento para
    buscar los mundos de Hopper.
    El abismo que separa a las personas, aisladas
    en mitad de la multitud. Un momento para
    reflexionar sobre la cercanía y la distancia.
    Salud y belleza.

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  13. I found my photo of that very singer at that very market! In this post:
    https://maefood.blogspot.com/2013/07/saturday-market-near-montparnasse.html

    Your photo does carry a much bigger quantity of nostalgia, though! An emotion that may be better avoided for now.

    be well... mae at maefood.blogspot.com

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  14. We can remember, with joy, past times, and hope, with joy, for future times. Now I find the joy I can, in what is around me, in this moment.

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  15. What a time that was -- and what a find, as well. Oh, I trust one day we can return.

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