mardi 2 avril 2019

Un Chat sur l'asphalte


Voilà,
un jour sur le boulevard Saint Michel, juste en face de l'entrée de l'Ecole des Mines, était dessiné sur l'asphalte du trottoir ce chat. Je me souviens que j'étais en compagnie de Sophie et elle aussi je crois, l'a photographié. Il me semble que nous sortions de la projection de ce documentaire intitulé "America" de Claus Drexel, très intéressant en dépit de la malhonnêteté de son titre (sûrement une injonction de distributeur) car tout est filmé à Seligman, un bled paumé d'Arizona au bord de la route 66. C'est comme si on tournait un film à Argenton-sur-Creuse et qu'on l'appelait la France. Mais Seligman est sûrement plus photogénique que Argenton. Les images tournées fin 2016, à la veille de l'élection américaine révèlent les signes d’une prospérité révolue dont ne restent plus que des traces, s'attardent sur les carcasses de voitures diverses, de trucks rouillant sous le soleil, mobile homes délaissés, maisons de bois délabrées mais cependant toujours habitées, terrains vagues ou s'accumulent des détritus variés. Comme dirait Valery Larbaud, "une vie près de ses excréments". L’Amérique des ex-pionniers et des derniers cow-boys, des laissés-pour-compte, celle qui préférerait sûrement voir des profs armés que des élèves désarmés, est là. Fascinante et terrifiante… Il y a ceux qui veulent croire en Trump, à l'illusion d'une puissance américaine enfin retrouvée. Il y a ceux qui voient en l'avènement de Trump, le naufrage des Etats-Unis, et puis il y a ceux qui s'en foutent, et qui pensent que tous les politiciens sont des corrompus et des affairistes. Le tout exhale une impression de vide spirituel, de morne ennui,  d'inculture crasse. C'est la version cheap du rêve américain, l'esprit pionnier qui n'a plus rien à défricher. Certaines séquences sont effarantes, comme cette jeune mère déclarant qu'elle aimerait bien assister à une exécution capitale que cela constituerait pour elle "une expérience"... Ce qui est troublant dans ce film c'est aussi que même les individus qui sont farouchement anti-Trump ont quelque chose d'effrayant. Et puis toujours ce rapport sidérant aux armes, à la bible... J'avais déjà remarqué ça dans le film de Werner Herzog " Into the Abyss" qui porte si bien son nom. Le dernier plan du film "America" montre un train transportant des tanks, surement à destination de l'Irak. C'est un plan fixe très impressionnant car il dure tant que le train passe. Et les trains sont très longs aux États unis d'Amérique.

10 commentaires:

  1. I love the cat, but your post didn't help my embarrassment, disgust, fear, discomfort over what the Orange Clown and his gang are doing. I suggest we go drink instead....

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  2. Je partage tout à fait tes préoccupations et celles de Bill.

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  3. the cat does look a bit grim...

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  4. Love the pussycat Kwarkito, but the movie sounds horribly depressing!

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  5. Je me souviens très bien du film et de cet incroyable dernier plan. En revanche, je me souviens beaucoup moins bien du chat (:

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  6. Je te trouve très injuste avec Argenton-sur-Creuse. Cette toute petite ville mériterait bien qu'on lui consacre un documentaire et qu'on l'intitule "France". Cela pourrait être aussi bien Bessines-sur-Gartempe ou Pierrefontaine-les-Varans. En tout cas, aucun documentaire sur Paris ne mériterait de s'intituler "France". De même, Seligman mérite sans doute plus que NYC de s'intituler "America". Je ne suis donc pas sûr que ce soit la volonté du distributeur. Mais, tu le sais bien, l'identité française ou l'identité américaine sont pures illusions. Quelle est la supposée identité américaine d'AOC (la jeune et magnifique députée) et celle de Donald T., qui insiste pour faire croire que son père est un pur Boche, né là-bas ? Quelle est mon identité française et la tienne ? Nous partageons sans doute nombre de choses, à commencer par la langue, mais cela suffit-il à dire que nous partageons une identité nationale ? En 67 ans, j'ai habité une vingtaine de villes situées sur 4 continents (Europe, Afrique, Asie et Amérique), et je me sens de moins en moins "français". Quel est mon héritage ? J'y songeais vaguement en me réveillant ce matin. Je me souviens de mon arrière-grand-père picard qui mangeait des limaces vivantes et qui est mort à 100 ans en tombant d'un arbre ! Je me souviens de mon arrière-grand-père franc-comtois qui était cocher de fiacre à Besançon, alcoolique, qui jouait du violon et correspondait avec Poincaré à propos de théories mathématiques, et dont on n'a jamais retrouvé le corps de suicidé (à en croire une lettre d'adieu laissée dans son fiacre avec une rose rouge et une rose noire). Je me souviens de Dionisio Rodrigues, marrane portugais, expulsé en 1497, dont je suis le lointain descendant. Je me souviens de maints autres ancêtres, familiaux ou non, qui me constituent. Et, sans doute, pourrais-tu en dire autant de toi, de tes "racines", de ton ADN. Te parlerai-je du train de 4 km de long qui chaque matin amène sa cargaison de minerai de fer à Vitoria, où j'ai habité presque 11 ans, pour y être transbordé sur des cargos pour la grande majorité chinois ? Ce minerai de fer vaut-il mieux que ces tanks défilant à Seligman ?
    Quoi qu'il en soit, ton texte a retenu toute mon attention. Et si je partage quelques unes de tes réflexions, ce n'est pas parce que nous partageons une identité nationale, mais tout simplement parce que nous partageons une identité humaine. Et qui fait que nos miaulements n'ont rien de félin. Quoi que si nous remontons très très loin, hommes et chats partagent un ancêtre commun.
    Le mammifère que je suis te souhaite un bon dimanche.

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    1. oui c'est vrai, je suis injuste avec Argenton, qui tout de même est la venise du berry ! et qui est une jolie petite ville. Après pour le reste il me semble que je ne parle pas de l'identité nationale, mais juste de ces gens que l'on voit dans ce film. Après je crois qu'il y a des données culturelles qui nous influencent et peut-être nous déterminent en partie...

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    2. Pardonne-moi d'avoir laissé ma pensée divaguer et, pire encore, d'avoir envahi ton espace offert aux commentaires.

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    3. je crois comprendre que ma réponse a été mal interprétée. Tout d'abord tes remarques et commentaires ne sont jamais un envahissement, bien au contraire. Mais cette notion d'identité est tellement vaste selon que l'on adopte le point de vue du sociologue, du biologiste, du psychanalyste, du neurologue de l'historien du philosophe qu'il est difficile de s'y retrouver. Et là je ne parle que de ce qui relève de l'individu. les identités nationales sont elles aussi sujettes à caution, mais elles doivent tout de même bien exister puisqu'il y a des nationalismes qui perdurent depuis des siècles. Même si des individus peuvent ne pas s'y reconnaître, ils seront tout de même identifiés comme tels. Au début de la guerre de 39-45, les allemands réfugiés en france et qui avaient fui le nazisme ont immédiatement été catalogués comme boches, pareil pour les américanojaponais qui vivaient aux états unis avant peal harbour, et qu'on a immédiatement dépossédés de leurs biens et parqués dans des camps après l'attaque japonaise. Enfin c'est un vaste débat, et je m'excuse si ma réponse t'a blessé ou heurté, telle n'était pas mon intention.

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  7. Your observations touch on a discussion that's in the American press every week -- and probably at dinner tables throughout the land. Who are the "real" Americans. We don't have an exact equivalent for the French "Français de souche" but that's what we are searching for. Are the "real Americans" people like the ones in Arizona? People from the minority who elected Trump, thanks to our constitutional way of allocating weight to states not by universal vote? Or are the "real Americans" the residents of big cities in California and New York, and so on, whose votes have less effect?

    "America" -- the title of the film you reviewed is probably taking a stand in this argument. I'm not familiar with the film, just basing this on your description.

    Nice cat!

    best... mae at maefood.blogspot.com

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