vendredi 22 février 2019

Ushu, Kalam Hôtel


Voilà,
je m'aperçois que je n'ai jamais publié la photo ni raconté l'histoire du Kalam hôtel, alors que c'est l'un de mes plus marquants souvenirs de ce voyage au Pakistan en Aout 1993. Pascal, Catherine, sa future épouse, et moi, arrivons en fin d'après-midi à Ushu tout au fond de la vallée de Swat dont on dit alors, qu'elle est la Suisse du Pakistan (à présent, elle est administrée par les talibans). Nous avons voyagé dans une voiture de l'ambassade de France conduite par un chauffeur d'origine Afghane, ancien professeur de français exilé de son pays suite à l'invasion soviétique. Il fait déjà très sombre car le soleil a disparu derrière les montagnes himalayennes qui enserrent le fond de cette vallée. Ushu se trouve à 2300 mètres d'altitude et les sommets qu'on peut apercevoir alentour culminent dans les 5000 à 6000 mètres. A l'entrée de l'unique hôtel du village une pancarte écrite à la main indique "Safe place" Et en effet, l'endroit semble sécurisé, puisque, accroupi à l'entrée, un Pasthoun enturbanné monte la garde, sa Kalash en bandoulière. Nous prenons possession de nos chambres : celle du chauffeur au rez-de-chaussée avec une petite terrasse donnant sur le torrent que l'on peut apercevoir sur l'image et pour Pascal son épouse et moi la "Suite" une vaste chambre située sous les toits. Il est probable, si l'on en juge par l'architecture que cet hôtel a été autrefois construit par les anglais lorsqu'ils occupaient encore le Pakistan. Une fois nos affaires déposées nous nous retrouvons sur la terrasse de la chambre du chauffeur pour y boire un petit verre de Champagne, car les diplomates voyagent toujours avec leur glacière dans le coffre. Puis quand l'obscurité se fait trop dense et que l'air fraîchit nous nous dirigeons vers la salle à manger emplie de Pashtouns. Il n'y a pas d'électricité, et c'est à la lueur de lampes-tempête de contrefaçon (il y est inscrit made as in germany) que nous commençons notre dahl de lentilles aux épices. Nos verres ressemblent à ceux bien connus des cantines de notre enfance. "Duralec made as in Franc" est gravé sur chacun d'entre eux. Certes le moment est insolite, mais il manque quelque chose. Je remonte dans la suite pour y extraire de la glacière un Chinon rouge de chez Jean-Claude Bougrier que je débouche et ramène discrètement dans un pull. Il est très bon, et la circonstance le rend encore meilleur, puisque nous le buvons avec discrétion, quasi clandestinement. Le moment a quelque chose de magique et de puissant, et même notre chauffeur en goûte aussi. Et c'est là que je comprends que vivre ce moment était la raison de ce voyage. Que c'est là en quelque sorte la destination que j'ignorais. La nuit qui suit est étrange. A cause du vacarme du torrent et en dépit de la fatigue du voyage, j'ai du mal à m'endormir. Il y aura un peu d'agitation dans mon sommeil. Le lendemain, je fais une longue promenade au cours de laquelle je photographie une ravissante mosquée en bois que j'ai déjà évoquée il y a quelques années. Mais de ce repas partagé il ne reste d'autres images que celles qui se sont déposées dans ma mémoire et le souvenir d'une suite d'instants presqu'irréels. (linked with the weekend in black and white

6 commentaires:

  1. j'aime quand tu racontes tes voyages, tes souvenirs !
    bon weekend Arnaud

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  2. A beautiful scene, and a lovely memory to treasure. Memories like these are true riches.

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  3. Je suis passé par la fin des années 60 avec mes hippies de parents, sur la route vers Katmandou...J'étais bien jeune, mais je garde de bons souvenirs du Pakistan, Iran, Afghanistan... C'était relativement sur à l'époque

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