vendredi 30 mars 2018

Crucifixion


Voilà,
je l'avais promis il y a longtemps, et j'aime tenir parole. Il n'est guère probable que je me consacre à l'avenir à beaucoup d'autres sujets religieux — peut-être tenterai-je une Annonciation vers le mois d'Août — car ce n'est pas ce qui m'inspire le plus. Mais comme c'est le Vendredi Saint, l'occasion fait le larron. 

jeudi 29 mars 2018

Mendicité



Voilà
du monde, du mouvement du monde il ne perçoit désormais plus que le martèlement des pas frappant le bitume. Il ne lève plus la tête. Au début oui, il le faisait. Il voulait inspirer la compassion. La plupart du temps il ne suscitait qu'indifférence. Les chiens ne lui font pas honte. C'est pour ça qu'il reste à leur hauteur. Ce sont ses frères, ses semblables. Ils ne se détournent pas. Sinon, il observe les ourlets, les chaussures. Les siennes d'ailleurs s'usent beaucoup moins vite à présent. Tant qui passent et si peu qui donnent. Petit à petit il apprend à n'être plus personne. Plus rien. Qu'un regard. Et encore. La vue se fatigue dès lors qu'elle ne s'accommode plus que des choses au ras du sol. Mais il sent bien désormais qu'il ne relèvera plus guère. De toute façon même à ce stade, la concurrence est rude et sans pitié. Son carré de trottoir il faut le préserver, sa menue monnaie la protéger. (Linked with the weekend in black and white)

mercredi 28 mars 2018

Espiègle (et un post scriptum sur Clément Rosset)


Voila,
un peu de fantaisie en ce sinistre jour de pluie, sans quoi mes quelques lecteurs pourraient se décourager en imaginant que la mélancolie me gagne, ou que de sombres pensées me submergent. Mais je sais qu'il faut, selon les recommandations de Beckett, garder le sens de la proportion, et que pour commencer à creuser il faut vraiment toucher le fond. Alors en plus de cette image récente qui dénote un reste d'espièglerie de ma part, j'ajoute un petit texte de Thomas Bernhard qui fera bien l'affaire. J'avais coutume, lorsque j'animais des formations à la prise de parole dans une grande citadelle du capitalisme, de faire lire à mes stagiaires quelques brèves nouvelles du teigneux autrichien. Ses phrases longues, subtilement ponctuées étaient un excellent moyen pour les inciter à faire des pauses dans leur phrases, à respirer à être soucieux du sens et de l'adresse, à moduler leur énonciation afin de créer du relief et de la nuance dans leur propos (je crois que c'est le genre de boniment que je devais leur débiter). Et puis je me disais que je faisais œuvre de pédagogie en leur donnant à découvrir un auteur majeur de la littérature européenne de la seconde moitié du vingtième siècle. La plupart du temps mes stagiaires, souvent d'une inculture crasse, n'en saisissaient ni l'humour, ni la subtilité. Évidemment de mon côté, il y avait une joie, je l'avoue un peu perverse, à leur proposer ces histoires à l'humour noir toutes plus affreusement drôles les une que les autres. Eux au contraire les trouvaient sinistres et angoissantes. J'avais beau leur répondre que l'endroit où se déroulaient ces séminaires, ou bien encore le fait de travailler à des tâches dont il ignoraient la plupart du temps le sens ou la finalité me semblaient plus angoissants ils demeuraient dubitatifs. J'aimais particulièrement quand l'un d'entre devait lire ce bref récit intitulé "Espoir déçu" "A Atzbach, une femme a été battue à mort par son mari, parce que, dans l'incendie de leur maison, elle avait sauvé, en plus d'elle-même, l'un des deux enfants, mais, à son avis à lui, pas le bon. Elle n'avait pas sauvé le fils de huit ans, pour lequel il avait de grands projets, mais la fille, que l'homme n'aimait pas. Quand, au tribunal cantonal de Wels, on a demandé à l'homme quels projets il faisait pour son fils, qui a été carbonisé dans l'incendie, l'homme a répondu qu'il voulait en faire un anarchiste et un massacreur qui aurait détruit la dictature, et donc l'État." in "L'Imitateur"


P.S. 
le jour où précisément je m'efforce d'être plus léger, on annonce la disparition de Clément Rosset qu'il m'est arrivé d'évoquer quelquefois. Lui qui a dit "sois l'ami du présent qui passe" est à présent trépassé. De nombreux articles documents vidéo et réflexions pertinentes le concernant se trouvent sur La Main de Singe. C'est curieux, il y a une semaine une nuit j'ai relu des extraits de "Loin de moi" un de ses ouvrages. Au même titre que Thomas Bernhard, ses livres ne sont jamais très loin de mon lit. 
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lundi 26 mars 2018

Derrière la vitre embuée


Voilà,
derrière la vitre embuée du bus, les silhouettes au dehors ressemblent à des spectres. Tu voudrais penser à autre chose, mais ton réseau social tient de plus en plus souvent de la rubrique nécrologique. Tant de gens qui disparaissent. Bien sûr, tu as beau savoir que c'est dans l'ordre des choses, ça te déprime quand même un peu. 
Sinon, pêle-mêle, le livre acheté samedi dernier, en compagnie de ma fille, chez le bouquiniste de la rue Vavin, une vieille édition de poche publiée par Gallimard dans les années cinquante, regroupant trois romans durs de Simenon que je ne connaissais pas. Sur la page de garde, le nom de Monique Mélinand. Je ne sais pas si c'est celle qui fut la compagne de route de Louis Jouvet. Le premier roman intitulé "Ceux de la soif", écrit à Tahiti en 1935, raconte la vie d'une petite communauté d'européens dans une île des Galapagos. Un roman moite, à l'ambiance malsaine, qui fait par moment penser à la nouvelle "Un avant-poste du progrès" de Conrad. L'écriture est précise, apparemment simple, en tout cas dénuée de fioritures. Récit d'une lente dégradation dans laquelle Simenon excelle bien souvent. Le soir je suis allé voir "Mille Francs de récompense" de Victor Hugo, dans une mise en scène enlevée et efficace. J'y ai retrouvé par hasard quelques vieilles connaissances que je n'avais pas vues depuis longtemps et c'était plutôt sympathique. Dimanche a été une journée assez blanche, mais en regardant les programmes de cinéma, j'ai vu qu'on donnait "The Master" de Paul Thomas Anderson tourné en 70mm avec Joaquin Phœnix et Philippe Seymour Hoffman, tous deux saisissants. Le film qui raconte les rapports ambigus entre le guru d'une secte naissante et un vétéran de la guerre du Pacifique, passablement déjanté et alcoolique n'a pas eu je crois une très bonne presse lorsqu'il est sorti, mais pour ma part, je l'ai beaucoup aimé. Je suis ensuite rentré à pied chez moi, depuis la rue Monge puisque dans cette ville on ne trouve plus de vélo en libre service depuis que la mairie de Paris a changé d'exploitant. Finalement c'était aussi bien de marcher que de pédaler. Sinon, c'est l'heure d'été, mais il fait encore bien frais et le printemps tarde à venir. La semaine recommence et elle n'est pas très emballante la semaine qui vient. Je n'avance pas beaucoup dans mes travaux.  Pas beaucoup d'idées une grosse flemme. J'aimerais bien être ailleurs. Faire le touriste. Je peux toujours rêver. De toute façon je suis dans un tel déni de ma situation réelle. Cela frôle l'inconscience. Ou peut-être ai-je atteint le stade du renoncement.

dimanche 25 mars 2018

Reconnaître


Voilà,
je me demande souvent pourquoi je parviens à identifier – péniblement – certaines personnes et pas d'autres. Comment se fait-il que je sois dans cet état de distraction permanent vis-à-vis des visages ? Distraction qui confine à l'angoisse lorsque l'un d'entre eux m'évoque vaguement quelque chose sans que je ne puisse pour autant le situer, et qui redouble si je réalise que ce visage, lui par contre, me reconnaît. Oui, bien sûr je peux mettre cette confusion sur le compte de ma vue déficiente, et que longtemps hypermétrope, j'ai plutôt eu tendance à me focaliser sur le lointain. À moins que cela soit lié à ma méfiance viscérale des autres, ou au sentiment de solitude éprouvé dès l'enfance, quand je me sentais étranger à ces géniteurs qui très tôt m'ont fait honte, bien avant que je sois en mesure d'en formuler les raisons, et dans lesquels je ne voulais précisément pas me reconnaître, sentiment de solitude qui a fait de moi un être souvent reclus, dès l'enfance et même par la suite lorsque je faisais un métier public. De là peut-être, mon goût pour les reflets, les images indécises, transformées déformées, déréalisées...

vendredi 23 mars 2018

Campagne au matin


Voilà,
je me souviens avoir réalisé le matin où j'ai pris cette photo, qu'on n'entendait pas beaucoup d'oiseaux dans cette campagne, où je ne viens plus que très rarement. Il se dégageait de ce paysage, un sentiment de tristesse infinie très mortifère. Bien des semaines après, en tombant sur une vidéo de Claude Bourguignon, j'en ai compris la raison. Elle est due à l'agriculture intensive pratiquée par un fermier, Jean-Pierre Pujos qui possède toutes les terres du coin. L'utilisation massive de pesticides et d'engrais chimiques depuis tant d'années a tellement appauvri le sol, que vraisemblablement il ne s'y trouve plus de vers ni d'insectes en quantité suffisante pour que les oiseaux puissent s'y nourrir, ce que confirme d'ailleurs ce récent et terrifiant article du journal "Le Monde". Il est possible que le phénomène s'amplifie de façon alarmante, et qu'une fois encore on en prenne conscience que très tardivement. Toutes ces entreprises comme Bayer et Monsanto, mènent des politiques écologiques dévastatrices. Il serait temps que les crimes contre la nature soient considérés comme des crimes contre l'Humanité, et que les responsables en soient punis avec sévérité. (Linked with The weekend in black and white)

mercredi 21 mars 2018

Benoît Vergne


Voilà,
Je me souviens de Benoît, dont j’avais fait, en 1990, la connaissance à Gray en Haute-Saône, lorsque nous répétions une pièce de Dürrenmatt, “Romulus le Grand” que nous irions plus tard jouer à Paris, puis à Alès. Dans le spectacle, nous formions tous les deux une paire de domestiques, et bien que l’ambiance de le la troupe ne fut pas très bonne, le tour grotesque que prenaient parfois les choses nous faisait souvent rire. Il arrivait cependant qu’il maugréât quelquefois contre l’incompétence du metteur en scène et de sa femme qui faisait office d’assistante. Il se mettait alors dans des états que je comprenais mais qui selon moi ne méritaient pas une telle dépense d’énergie. Il était jeune et sortait du conservatoire. Je lui disais que s’il ne prenait pas un peu plus de distance il se ferait beaucoup de mal dans ce métier. Je me moquais de lui parfois, parce qu’il passait beaucoup de temps à téléphoner, et je lui disais en le taquinant que cela faisait vraiment "très acteur." Pendant ce temps-là, dès que j'avais un peu de temps libre je faisais des photos et des dessins, des empreintes à la mine dans les combles du théâtre où travaillait la délicieuse Anne Deschaintres, notre costumière et scénographe. Je me rappelle aussi ces soirées passées au bar du théâtre à repasser dans le vieux jukebox “J’ai des doutes” de Sara Mandiano. Nous reprenions alors en chœur le refrain qui reflétait notre point de vue sur le processus en cours. Finalement, comme cela arrive souvent tout se passa plutôt moins mal que nous l’imaginions. Le spectacle sans être fameux fut présentable et eut même un petit succès d’estime. A la dernière au festival d’Alès, Benoît avait, en loge et à mon insu, préparé du champagne que nous bûmes sur scène pendant la représentation dans des coupes en étain.


 Puis comme cela arrive fréquemment, nous nous vîmes souvent les mois qui suivirent le spectacle, et puis par la suite de moins en moins, nous téléphonant seulement de temps à autre pour prendre des nouvelles. Une fois, à ma grande surprise, car nous nous étions perdus de vue, alors qu’il répétait à Béthune un spectacle qui devait être présenté au festival d’Avignon, il m’appela, pour évoquer avec nostalgie le bon temps de nos répétitions et le plaisir qu’il avait eu à travailler en ma compagnie. Je ne m’étonnais qu’à moitié de tels épanchements que je mettais plus sur le compte de son tempérament de diva qu’il aimait à cultiver que sur un réel élan d’affection. Il me demanda si je pensais descendre à Avignon pour le voir, je lui répondis que je ne savais pas, que de toute façon je le verrais à la fin de la saison prochaine, puisque je savais son spectacle programmé dans un théâtre national. Ce fut en fait la dernière conversation que j’eus avec lui. Séropositif depuis des années sans que personne de son entourage ne le sût, sa maladie se déclara précisément durant le festival. Il mourut sept mois plus tard. Un ami commun m’apprit sa disparition début janvier 1995, quelques jours après que j'eus envoyé  à Benoît mes vœux de nouvel an.
Je crois qu'il repose à Tulle, la ville où il est né.

vendredi 23 Mars Sidaction

lundi 19 mars 2018

Les vieux Fantômes (des histoires de prénoms)


Voilà,
Elle dit que leur père leur a donné, à elle et son frère, le prénom de chacun des grands-parents qui sont ceux du malheur, ceux du crime passionnel.
Il se souvient alors que sa mère lui avait demandé de choisir lui-même le nom de ses frères. Le cadet avait hérité du prénom anglicisé d'une vedette de variétés qu'il avait aimée dans son enfance. Au benjamin il avait attribué  celui d'un camarade d'école. Mais la mère en avait été effrayée car c'était un enfant turbulent et elle avait craint que cela ne contaminât son petit dernier. Elle avait en conséquence décidé d'y adjoindre le nom du père en un prénom composé. Il se rappelait aussi que la mère avait souvent évoqué le prénom (lui aussi composé) de son premier fiancé avec qui elle avait rompu, parce qu'il voulait la déflorer avant le mariage quand même il pouvait bien attendre non. Le fameux Pierre-Dominique ("Ah si j'avais épousé Pierre-Dominique je n'en serais pas là"). Mais revenons au benjamin qui a le nom du père. C'est précisément celui-là qui, des trois enfants, lui ressemble le plus. À la mort du père, qui coïncidait avec le moment où sa copine l'a quitté, le benjamin a racheté la maison familiale où il vit désormais avec la mère. Celle-ci, l'appelle désormais de plus en plus souvent par le seul nom du père. Celui que l'ainé lui avait attribué disparaît peu à peu, tout comme l'aîné d'ailleurs, qui est parti loin et donne de moins en moins de nouvelles.
Il y a aussi l'histoire de Jean-Caryl qui m'a été rapportée. Les parents de Jean-Caryl avaient une sensibilité de gauche. Pour témoigner de leur solidarité avec ce prisonnier américain, Caryl Chessman condamné à la peine de mort, en dépit de l'incertitude relative à sa culpabilité, et qui, avant d'être exécuté dut attendre 12 années au cours desquelles il écrivit plusieurs livres, il lui donnèrent ce deuxième prénom d'origine américaine. Il existe d'ailleurs une chanson française de Jean Arnulf concernant ce cas. Il est vraisemblable que Jean-Caryl a du avoir un peu de mal à porter le nom d'un repris de justice condamné à mort. Est-ce pour cela que plus tard il s'est engagé dans la police ?
Tout ça bien sûr me fait penser à l'histoire du petit Peau-Rouge qui demande à son père comment on choisit les prénoms des enfants. Mais vous devez sûrement la connaître. La première fois où je l'ai entendue, c'est racontée par Jane Fonda dans le film "le syndrome chinois". 

samedi 17 mars 2018

La Tranche


Voilà,
c'est la viande, la tranche de viande, je ne parviens pas à détourner mon regard, elle est là en train de cuire, dans la poêle la tranche, une belle entrecôte bien rouge et moi penché au-dessus, me demandant comment je peux l'assaisonner, j'ai ce mélange oui subtil mélange d'ailleurs, Sechouan Estragon Baies roses Niora Sumac Herbes de Provence Piment doux Moutarde jaune Boutons de rose Saté, mais non impossible de m'extraire de la vision de cette tranche, des visages des paysages émergent de la viande, de sa matière exsudant son jus sanglant je vois palais crânes os cavernes dents spectres succubes vers blancs, elle me suggère la tranche dans son grésillement, l'enfer de ma viande de ma propre viande, sa lente et irrémédiable décomposition mais aussi les chairs putréfiées des felouzes exposés au bord des routes dont on avait coupé les oreilles, souvenir remontant des abîmes, dents cassées tripes à l'air œil crevé, des bougnoules qu'il disait c'est eux ou nous sinon il te font le sourire kabyle ces raclures, ils habitent mon corps tous ces morts, mes yeux mes boyaux mon cerveau, c'est sûr je vais me mettre aux légumes rien qu'aux légumes aux graines et au céréales riz boulgour quinoa, dehors j'ai vu tout à l'heure le forsythia en fleurs (
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mercredi 14 mars 2018

Exposition Fautrier


Voilà,
j'aimerais bien photographier les gardiens de musée un peu plus souvent parmi les œuvres qu'ils sont supposés garder, mais bon je n'ose pas trop. Cette jeune femme je trouvais qu'elle faisait un excellent contrepoint à la statue. D'ailleurs ce genre de photo ne peut-être que contrapunctique. Un jour, il y a longtemps, lors d'une exposition consacrée à Tinguely, je ne sais plus trop où, Beaubourg peut-être, dans une salle, se trouvait une de ses fameuses sculptures machiniques animée, qui produisait une sorte de mouvement bancal et bruyant. A un moment, le gardien qui, assis, surveillait le flot des visiteurs, s'était levé, et déplacé avec une claudication très prononcée. Jamais, je ne passe dans un musée sans songer à cette vision absurde et cruelle à la fois. Je m'étais alors demandé, si le spectacle quotidien de ce dispositif lui rappelait sa propre infirmité, ou si c'était simplement moi qui établissait une relation entre le mouvement et celui des éléments de la machine exposée. Sur cette photo, la posture de la gardienne et celle de la statue, me semblent toutes deux, présenter un léger décentrement. (Linked with the weekend in black and white)

mardi 13 mars 2018

Près du champ de Courses



Voilà,
elle est revenue comme ça, la chanson. Bien sûr il n'y avait personne et je pouvais chanter tout seul à voix haute. Mais pourquoi précisément cette chanson. Était-ce à cause de la pluie froide et cinglante qui ressemblait à celle de New-York un lointain mois de février d'une certaine année du siècle dernier où je l'avais souvent fredonnée en errant très chagrin par un semblable temps de chien ?

lundi 12 mars 2018

Dans le jardin du sommeil d'Amour

 
Voilà,
finalement cela ne me semblait pas si terrible / quitter ses possessions / avancer vers l'inconnu / des choses avaient été accomplies / tout de même / à présent j'étais sur le point de savoir / l'énigme en passe d'être résolue / il y avait un peu d'appréhension / moins que je ne l'avais cependant supposé / je m'étais entraîné / bien des années auparavant  /  je reconnaissais des paysages / je devenais une autre forme / tout n'était plus que parfums musique champs d'ondes et cristaux tout à la fois / je commençais à me propager / me dissiper / en tous lieux en toutes choses / doucement / paisiblement / désormais j'habiterais la feuille le murmure la rosée le nuage la pierre la fumée le vent le chant des oiseaux / je voyagerais dans la mémoire des uns des autres / dans les rires de mes amis de mes amours / je vaquerais dans leurs songes / leurs rêveries / je hanterais des lieux / sans plus être moi / je devenais de plus en plus léger / je me désintégrai doucement / c'était au fond tout ce que j'avais toujours voulu / intensément désiré / la paix enfin / le réveil radio me sortit de ma torpeur / pas immédiatement / il y avait quelques chose de tellement doux / cosmique / la réalité me semblait sans contour / je sentais cependant mon corps / je voulais être cette musique / ne pas en sortir / je n'avais pas de raison d'en sortir / pas de projet pour la journée / je pouvais me répandre encore un peu / j'étais dans le jardin du sommeil d'amour / mais cela je ne l'appris que plus tard / il y a des coïncidences parfois / surprenantes / étranges même
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dimanche 11 mars 2018

Tigre


Voilà,
autrefois j'ai apprivoisé un petit tigre à la maison
(Elle tenait au masculin)

samedi 10 mars 2018

La petite danseuse


Voilà,
parfois sur un mur l'image de l'innocence
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jeudi 8 mars 2018

Fascisme entrepreneurial

Kiosque à journaux parisien début mars 2018

Voilà,
De nos jours donc, si tu veux t'insérer dans la vie sociale et professionnelle, il faut revendiquer une expertise. Que bien sûr tu dois valoriser sur tes rėseaux en la "pitchant" comme il se doit. Mais aujourd'hui l'entreprise parvient à faire de ses employés oups de ses collaborateurs les experts de leur propre licenciement. C'est la servitude volontaire  au service du fascisme entrepreneurial. En même temps que cette photo de la couverture du magazine "Challenges" décrivant notre président comme un Hyper-PDG, je reproduis donc in extenso cet article de Nolwen Weiler paru dans Basta.

"Les salariés de chez Pimkie, enseigne de prêt-à-porter appartenant à la famille Mulliez (groupe Auchan, 4ème fortune française avec 30 milliards d’euros), ont appris début janvier que 208 postes seront supprimés – soit 10% des effectifs en France – et 37 magasins fermés. Selon la direction, la proposition émane pourtant des salariés eux-mêmes ! Elle est le résultat de « groupes de travail » mis en place en décembre par la direction avec les salariés. Objectif : réfléchir de manière « participative » à l’amélioration de la santé économique de l’entreprise Comment ces salariés en sont-ils arrivés à décider de ces suppressions d’emplois ?

La direction peut se dédouaner, et dire que ce sont les salariés qui sont à l’origine des licenciements », tempête Séverine Salperwyck, déléguée syndicale de Force ouvrière (FO). La méthode « participative » a été initiée à l’automne et orchestrée par le cabinet Prospheres, spécialisé « dans la transformation et le retournement d’entreprises ». Elle s’est ouverte par une grande assemblée générale où une « IRM » de l’entreprise – son état de santé économique et financière – a été présentée aux salariés. « Ils nous ont bien répété que nous n’étions pas rentable, que nous perdions de l’argent tous les jours », se souvient Severine Salperwyck.« Ensuite, ils nous ont dit : "C’est vous, les salariés qui êtes les plus à même de transformer cette entreprise" », ajoute Valérie Pringuez de la CGT. « Ils parlent de "méthode transversale", et prétendent que ce n’est pas le directeur qui décide. » 

Au total, 180 groupes de travail sont créés pour plancher sur des propositions pour une meilleure rentabilité. Chacun réunit dix personnes, autorisées à se retrouver dans une salle de l’entreprise sur leur temps de travail. « Un groupe de travail s’est par exemple intéressé à la question des antivols sur les vêtements, qui sont très longs à mettre pour les filles qui travaillent en magasin. Ils se sont demandés s’il ne fallait pas mieux les enlever... »

Lors de la restitution, en séance plénière en décembre, à chaque présentation de propositions, les salariés s’entendaient dire « go »« no go » ou « à revoir », selon que la proposition plaisait, ou non, à la direction. Le groupe de travail qui a proposé des fermetures de magasins, vingt au départ, s’est immédiatement entendu gratifié d’un « go »« Pour nous, il est évident que la direction avait déjà décidé de fermer ces magasins, mais elle veut faire porter la responsabilité aux salariés », avance Séverine Salperwyck. « Dans certains groupes de travail ils ont carrément supprimé leurs propres postes, sans s’en rendre compte évidemment, précise Valérie Pringuez. Ils ont proposé de diminuer le nombre de références [le nombre d’article en magasin, ndlr] de 15 %, mais sans penser un instant que cela allait déboucher sur la suppression de 15 % de postes. » 
Une stratégie managériale appliquée à d’autres marques 
 La méthode "transversale" mise en oeuvre par le cabinet Prospheres peut provoquer quelques dommages collatéraux en matière de relations entre salariés... « Tu sais que tu es en train de me supprimer mon boulot, là », interpelle ainsi Séverine Salperwyck face au collègue qui suggère de ne plus placer d’antivols sur les vêtements. « Ils ne se rendent pas compte qu’un autre groupe de travail pourrait leur supprimer leur poste à eux, soupire la syndicaliste. C’est un jeu sans fin, chacun tire sur l’autre, en ayant l’impression d’améliorer les choses pour tout le monde… » Contactée par Basta !, la direction de Pimkie n’a pas souhaité s’exprimer au sujet de ces groupes de travail. 
 Cette technique des groupes de travail mise en place par Prosphères risque de se répéter dans diverses enseignes de la Fashion 3 », s’inquiète Séverine Salperwyck. La Fashion 3, c’est un groupement européen d’intérêt économoque fondé en mai 2017 qui réunit l’ensemble des grandes enseignes d’habillement liées à la famille Mulliez (Jules, Brice, Bizzbee, Pimkie, Orsay, Grain de Malice et Rouge Gorge). Les salariés craignent une mutualisation de divers services, avec une disparition de nombreux magasins et emplois. Chez l’enseigne Jules, des groupes de travail, semblables à ceux qui ont été mis en place chez Pimkie, ont été lancés en janvier pour proposer des solutions aux difficultés de leur entreprise. ;Nous pensons que la définition de la stratégie d’entreprise est du ressort de la direction, termine Valérie Pringuez de la CGT. S’ils veulent vraiment intégrer les salariés aux décisions relatives à l’organisation de l’entreprise et du travail, il n’y a qu’à créer une société coopérative. Ainsi nous profiterons tous des intéressements indexés sur les bénéfices de l’entreprise. Mais quand je leur évoque cela, ils me rient au nez."

mercredi 7 mars 2018

Sans domicile au Théâtre de l'Odéon

Théâtre de l'Odéon Février 2015
Voilà,
«Notre prise sur le cours des choses est infime, pour ne pas dire nulle. La seule possibilité qui s'offre à moi est de faire du mieux que je peux là où je suis pour que rien ne se perde de ces décompositions infâmes qui nous grignotent, que tout soit consigné, pour la suite, pour ceux d'après, ou pour quand ça sera encore pire ou quand il aura fallu qu'on s'affronte». (Mathieu Riboulet)

lundi 5 mars 2018

Eloge de la Banalité


Voilà
il m'arrive parfois d'être touché par la laideur d'un site, la banalité d'une perspective, par ce que la réalité a de plus fade voire de plus trivial, ému par ce qui ordinairement ne retient pas l'attention. Peut-être est ce un état où l'on s'approche de la vraie vie. Où l'on quitte l'insécurité où l'on trouve l'intensité au gré du hasard et au cœur de l'ordinaire. L'image vient, on ne savait pas qu'elle serait là, et il se peut que la journée tout entière tienne dans ce cadre. Dans cette fraction de seconde, je ne suis plus en danger, et je ne suis plus captif des mots qui souvent déforment et trahissent. Je crois me souvenir que c'est rue du Louvre, mais je n'en suis pas vraiment certain, que cette enfilade de murs aveugles m'a intrigué.

samedi 3 mars 2018

Collywobles


Voilà,
je ne sais plus trop quelle tournure donner à cette entreprise. Je veux dire ce blog, les mots les images ensemble. Il m'est arrivé quelquefois de me questionner sur ce projet amorcé dans un moment de malaise et de grande solitude quand tout ce que j'avais projeté, échafaudé, entrevu, s'écroulait et que sans vraiment oser me l'avouer, j'avais alors compris qu'une certaine affaire était définitivement pliée. Aujourd'hui, j'ai encore beaucoup d'images à montrer, mais je m'interroge sur ce qu'il faut dire, ce que je peux écrire, sur le comment des choses. Pourquoi le chemin vers les mots est-il si difficile ? J'ai une centaine d'articles qui brouillonnent encore, d'autres que j'ai programmés jusqu'à des dates lointaines, ce qui est à la fois absurde et présomptueux. Tout cela qui tient finalement plus du journal que d'autre chose, et qui n'a pas beaucoup d'unité ni de cohérence — mais sans doute est-ce à mon image —  se révèle parfois fort encombrant. C'est un peu une addiction qui me donne aussi peut-être l'illusion d'appartenir à une communauté. Mais je vois bien que je ne parviens pas à exprimer quelque chose de clair de lumineux, qui va dans le sens de la vie. Toujours les démons sont à l'affût. J'aimerais raconter de jolies histoires pleines de douceur et de poésie, évoquer la dernière gorgée de bière ou me réjouir d'un moment enchanteur. Mais la sérénité m'a depuis longtemps quitté. Et une certaine crainte ne me lâche plus. Collywobbles : l'anglais possède ce mot pour désigner les crampes à l'intestin liées à la peur et à l'angoisse. J'ai du mal à m'endormir, il n'est pas certain que mourir dans son sommeil soit aussi indolore qu'on le prétend. A part ça, j'ai vu cette information sur le net : notre président est toujours démangé par le prurit du théâtre. C'est comme ça quand tu vis avec ton ancienne prof de français et qu'elle t'a fait monter sur les planches. Qui sait ce qui peut arriver par la suite. Ça peut-être : un remake du cid avec Manu et Brigitte. Je ne peux pas m'empêcher de faire du mauvais esprit.

D'après une photo d'Agnès Varda

jeudi 1 mars 2018

Leather and chains


Voilà,
sur les Champs-Elysées, lors de l'enterrement de Johnny Hallyday, il y avait ces bikers avec chaînes et cuir, (enfin je crois que c'était des bikers et non la section Gay SM du fan club de Johnny parce que merde c'est bien connu il y a pas de pédés avoués chez les vrais rockers fans de Johnny). Suivent-ils aujourd'hui avec attention les affaires de succession de leur idole qui défraient la chronique, du moins sur la toile, puisque d'après les gazettes, il semble que ses deux enfants naturels ont été spoliés de leur part d'héritage ? Même Gérard Depardieu, qui n'avait pas bu (il a même dit qu'il arrêtait), y va de sa petite réflexion sur le sujet. Pour ma part, évidemment, je n'en ai rien à battre, et l'hypothèse que les admirateurs de cette idole du temps passé qui, pour a plupart, ne doivent pas rouler sur l'or, puissent s'émouvoir de ces sordides histoires de gros sous, m'amuse plutôt. On peut imaginer par exemple les conversations à propos de l'héritage au sein de cette famille de blaireaux que j'avais photographiée en décembre dernier. 
Quoiqu'il en soit, cela fait plusieurs semaines que cela alimente "google actualités France". Les syriens qui se font massacrer dans leur pays, le mécontentement grandissant des salariés, la souffrance au travail, la fraude généralisée des grandes banques, les gens qui meurent de froid dans nos rues, les employés licenciés à tour de bras par des entreprises subventionnées par l'Etat, la diminution des crédits pour la recherche, l'éducation, l'université, la santé, tout cela semble ne pas exister. mais l'héritage de Johnny, ça c'est apparemment une affaire qui mérite qu'on en parle... linked with the Weekend in black and white)