dimanche 6 mars 2011

Un vacillement bref


Voilà
c'est un vacillement bref, puis un accablement furtif, à quoi succède une douce confusion. La pièce semble soudain ne plus correspondre à l'idée qu'il s'en faisait quelques secondes auparavant. Plus rien n'est en perspective. Marcher à tâtons vers la fenêtre, voilà l'objectif, mais les quelques mètres qui l'en séparent, lui semblent incroyablement longs autant qu'incertains. S'en tenir à la stupeur, ne pas céder à l'effroi. Étendre la main vers le dossier de la chaise, s'appuyer sur le rebord de la table, retrouver de l'épaisseur, de la densité malgré le tremblement des jambes qui rend incongrue toute tentative supplémentaire de déplacement. Ne pas laisser se former en soi l'image d'un oursin qui grossit dans la gorge jusqu'à atteindre le volume d'un poing serré, respirer calmement, convoquer une histoire drôle, une anecdote absurde un sketch stupide vu sur you tube ah oui tiens le congrès des phobiques anonymes c'est très bien ça bonne idée, adopter une attitude résolument positive et comme dit le formateur du stage "4322 entretiens difficiles" recommandé par la direction pour le cursus cadre, être assertif, jouer cartes sur table, se libérer d'une croyance dépréciative (pas question de céder à la panique comme la dernière fois) dire gentiment mais fermement "non" sans se sentir coupable, désamorcer le conflit. "Non l'Angoisse  toi qui tentes de m'ét(r)eindre, tu ne m'auras pas, vois-tu, je ne suis pas d'accord". Affirmer clairement sereinement sa position sans agressivité ni soumission ni ironie comme c'est écrit dans le fascicule, s'en tenir aux faits rien qu'aux faits, sortir de son système de référence, ne pas se laisser submerger par l'émotion, oui voilà putain ça passe, ça passe, mais c'est quoi là  ce bourdonnement dans l'oreille ?

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