même dans la plus grande détresse ils faisaient encore preuve de cynisme. Le monde les avait abandonnés, ils trouvaient cela injuste. Un temps ils avaient cru que tout était possible, les drogues, les femmes les hommes, l'argent flambé, le jeu, les plaisirs extrêmes, les nuits speedball au Palace, les seringues partagées sur des plateaux d'argent, c'était ça la vie intense avec la sensation vague que l'Empire s'écroulait doucement, et que tout était permis qu'il y avait quand même le temps de jouir d'une vie qui n'exigeait pas de postérité à quoi bon et puis l'effroi avait fait sa soudaine irruption dans leur existence, et certains fortunés dans leur infortune s'étaient dits que quitte à crever mieux valait le faire au soleil, alors ils étaient partis très vite sachant que le temps leur était désormais compté. Tant qu'ils pourraient ils continueraient de baiser - car n'est ce pas la seule activité qui nous délivre de la pensée du néant ? - et ils ne s'en privaient pas contaminant sans scrupule de très jeunes garçons, des filles à peine pubères qu'ils payaient parfois, ce n'était plus leur problème puisque désormais songeaient-ils un grand temps de peste était revenu et qu'ils savaient eux que tout se paye en monnaie de singe... Mais la bête était vorace et pressée avançant sans discernement. Bientôt l'on vit errer sur les plages paradisiaques de Boracay, Bali Goa, et tant d'autres, des corps décharnés, couverts de tâches, que l'on retrouvait parfois inertes et sans vie au pied d'un palmier, ou dans la chaleur moîte d'un bungalow comme ces baleines et ces dauphins qui viennent s'échouer parfois sur le rivage....
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