lundi 8 septembre 2025

Cabane


Voilà,
en passant il y a peu, dans cette rue voisine, j'ai remarqué, à l'abri dans un recoin, au pied d'un arbre, cette improbable cabane que je n'avais jamais aperçue auparavant. Cet astucieux dispositif de planches, de treillages, recouvert d'une bâche bleue, avait sûrement été assemblé au cours de l'été, quand les vacances vident le quartier de la plupart des habitants. 
Un bref instant je n'ai pu m’empêcher d’y voir une sorte d’idéal perdu. Je me suis pris à admirer cette construction. Je me suis rappelé ces après-midi d’enfance, quand je griffonnais des plans de cabanes imaginaires sur le coin de mes cahiers d’écolier — toujours trop ambitieux pour mes misérables compétences en la matière et le peu d’outils dont je disposais —. Le vieux marteau rouillé dont mon géniteur m'avait fait cadeau, les quelques clous qui se tordaient à peine enfoncés. Tout ce que j'étais, avec ce maigre outillage, parvenu à bâtir avait été un assemblage tremblant, un misérable tipi de branchages et de planches disposés contre un vieux mur de pierres disjointes. À peine cela tenait-il.  
Alors devant cette construction de fortune, ingénieuse et presque élégante, la honte m'a saisi. L'ombre d'une enfance jalouse s'est mêlée à la conscience vaguement coupable de l'adulte. J’aurais aimé en avoir une semblable, pour m’y cacher, enfant, loin des tensions du foyer familial et de la stupide discipline militaire à laquelle je devais me plier. C'était tellement mesquin d'envier ce qu'un autre, dans le dénuement, avait été en mesure de réaliser.  J'en étais donc toujours à rêver d'un refuge qui m'aurait offert, enfant, la possibilité de disparaître du monde. Comme si j'avais encore besoin d'un abri contre les grandes personnes. Comme si je n'avais jamais grandi.
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5 commentaires:

  1. The humble cabin stirred in you both the ache of childhood longing and the quiet recognition that we never quite cease seeking refuge

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  2. A very interesting shelter. I was the oldest of 6 kids and finding privacy was always a goal. However, the oldest of us always built what we called, "forts" on our property. Escapes for all of us.

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  3. Do we ever grow up? We are all still that kid that was in one way or another....#WWOT

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  4. Ah yes-- forts. Growing up is for dull people. I don't recommend it.

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