jeudi 10 avril 2025

J’aime / je n’aime pas (18)

 
 
Voilà,
j’aime la deuxième face de "yellow submarine" des Beatles avec les morceaux de Georges Martin orchestrés par lui et que je trouve délicieusement british. Ils ont le charme désuet de certains salons de thé peuplés de vieilles anglaises aux cheveux bleus sentant des parfums poudrés, ils évoquent des images d’Alice au pays des merveilles. Il me semble que Pepperland était aussi le générique (on disait alors indicatif musical) d’une émission de radio de Françoise Dolto ou de Ménie Grégoire.

Je n’aime pas, et c’est peu de le dire, tous ces "reels" avec leurs commentaires dits par une voix synthétique cheap (souvent la même) qui polluent les réseaux sociaux

J’aime réécouter des vieilles chansons de Robert Charlebois, surtout celles écrites par Réjean Ducharme, le célèbre romancier québecois

Je n’aime pas que les acteurs ou les actrices fassent des clics de langue ou tapent de la main sur la table lors d'une lecture par exemple pour appuyer leurs intentions. Je trouve cela atrocement ringard.

J’aime la photo de ce jeune couple prise à la fin de l'année dernière à la Fondation Vuitton lors de l'exposition consacrée à Tom Wesselman qui m'avait beaucoup plu

Je n’aime pas mais vraiment pas du tout que des artistes s’emparent de chansons populaires sur le mode lyrique comme par exemple les feuilles mortes chantées par Benjamin Bernheim, Robero Alagna. Il n’y a que Jessye Norman chantant des blues qui ne trahissait rien. Peut-être parce qu’en tant qu’afro-americaine elle avait le blues à la fois dans l’âme et chevillé au corps.

J’aime faire parfois la grasse matinée et profiter de journées où je ne m'assigne aucun objectif prédéfini, aucune contrainte. En fait je suis un gros paresseux et j'y trouve du plaisir

Je n’aime pas que les gens dans les expositions surpeuplées se posent devant une toile et continuent à tailler le bout de gras sans se préoccuper des gens autours d'eux et surtout derrière eux.

J’aime l'allegro du "Concerto pour violon et hautbois BWV 1060," de Jean-Sebastien Bach. Il a le pouvoir de me transporter bien des années en arrière, dans l'immense salon de l'appartement parisien de Philippe et Dominique. Il passait souvent le dimanche en fin d'après-midi lorsque nous arrivions pour le repas dominical en famille et avec des amis servi parfois à la grande table du salon avec ses deux bancs, quand il y avait du monde, mais le plus souvent dans la cuisine, parfois en comité restreint avec juste les parents les filles et leurs petits copains respectifs

Je n’aime pas quand les gens vous sollicitent et font des propositions remplies de restrictions qui laissent sous entendre qu'en fait ils n'ont aucune envie de vous associer à leur demande. Cette façon de faire miroiter une possibilité et de l'annuler dans le même temps et une forme de perversité mentale insupportable. J'ai connu un metteur en scène spécialiste de ce genre de pratique. 

J'aime regarder les matches de pré-saison du super rugby pacific qui opposent au cœur de l’été austral des équipes néo-zélandaises dans des petits stades de province devant des spectateurs assis sur des pelouses

Je n’aime pas que les gens descendent de la rame de métro ou bien y montent l’œil rivé sur leur smartphone

J’aime regarder le foot ou le rugby à la télé avec ma fille, confortablement vautré sur le canapé et gentiment persifler ensemble sur les joueurs ou les commentateurs 

Je n’aime pas lorsque les gens vous répondent "c’est une excellente question"  à celle que vous leur posez. C’est une formule prétentieuse, vaguement offensante, qui laisse supposer que toutes les questions précédentes étaient stupides ou médiocres, ou que l'on présume que vous puissiez en poser de mauvaises.

J'aime marcher dans de vieilles bonnes chaussures bien à mon pied que je n'ai pas utilisées depuis longtemps

Je n'aime pas ces gens qui, tant qu'on est d'accord avec eux vous témoignent de l'estime mais vous déconsidèrent dès que l'on l'on émet la moindre objection sur un de leurs propos

J'aime entendre chanter les oiseaux dans une ville juste avant l'aube

je n'aime pas devoir m'occuper de papiers administratifs

J'aime l'odeur de la pinède lorsque le ciel est gris et que l'air est doux

je n'aime pas, lorsque l'on photographie la mer, que la ligne d'horizon soit oblique sur l'image

J’aime savoir qu'en Suisse il y a encore des gens qui cultivent le safran selon des méthodes ancestrales

Je n'aime pas le fait que je doive prendre autant de médicaments chaque jour.

j'aime ce proverbe africain qui dit "c’est quand le fou n’est pas de ta famille que sa danse te fait rire"
 
Je n'aime pas succomber à des crises de boulimie
 

J'aime lorsque l'inspiration me visite et que le résultat me satisfait, comme c'est le cas pour cette image réalisée récemment
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lundi 7 avril 2025

Pourvu que cela soit beau

 Voilà,
Il semblerait que désormais notre monde soit de plus en plus souvent couleur d'acier. 
Je me souviens de paysages anciens
mais
tel un Treplev vieillissant 
je songe à des formes nouvelles
je veux dire des formes nouvelles pour moi. 
 
 
Pendant que je les cherche et travaille à les faire émerger
je ne songe à rien d'autre 
le chaos du monde sort de mon esprit.
Ne m'occupent que des questions techniques
des histoires d'équilibre de masses
de grain et de lissage
Les angoisses pour un temps se dissipent 
oui se dissipent comme le cirrus s'effaçant dans le bleu du ciel
elles reviendront bien sûr 
mais pour le moment 
— et c'est tant mieux —
rien d'autre ne compte
que le mystère de cette image 
et ce mystère me comble me soulage
Bien sûr je sais que secrètement par là je conjure
 ce que l'on n'ose en général guère énoncer pour soi
ce mot qui trop a été prononcé à travers les âges
qui dit toute notre terreur d'être au monde
mais qu'importe pourvu que 
cela soit beau comme la mer et la lumière

vendredi 4 avril 2025

Midi pointe Est


Voilà,
rien de moins désirable que l'île de la Désirade en Guadeloupe, ainsi nommée paraît-il parce que, lors de la deuxième expédition de Christophe Colomb en 1493, ce fut, après 21 jours de navigation, la première terre aperçue par les marins qui s'exclamèrent "O île tant désirée". Pauvre en eau, peu propice à l'agriculture elle fut à son extrémité ouest un lieu de relégation pour délinquants de Grande-Terre et pour quelques nobles métropolitains. A la pointe est, à Baie-Mahaut, au début du 18ème siècle, une léproserie fut installée qui ne ferma ses portes qu'en 1952. S'y trouve aussi une station météo, aujourd'hui désaffectée. C'est là que j'ai pris cette photo. J'aime le contraste entre la rigueur géométrique de cet édicule et la rondeur vaporeuse du nuage. Et puis c'est aussi un petit hommage à Kertesz. première publication 9/9/2013 à 00:04

mercredi 2 avril 2025

Une époque intéressante


 
Voilà,
les Anglais dit-on utilisent parfois de façon ironique l'expression "Puissiez-vous vivre une époque intéressante" pour souhaiter le pire à celui ou celle à qui on s’adresse. Les Anglais sont un peuple bizarre, ne serait-ce parce qu'ils ont inventé le rugby, le cricket, le marmite, qu'ils n'ont pas de volets aux fenêtres et qu'ils mangent du fromage avec des crackers. Mais ils ont de bonnes maximes. Cependant, eux aussi, — ce qui n'est en rien une consolation — sont dans la même galère que nous tous, que le reste du monde. Nous vivons en effet des temps de merde, où les pires tarés semblent s'être donnés rendez-vous pour mener à bien les projets les plus délirants et les plus destructeurs. L'espèce humaine est-elle à ce point dégénérée qu'elle en est venue à confier son sort à de telles crapules ?  Ce qui est fascinant, c'est que les États-Unis en soient arrivés si vite à cette pitoyable gouvernance, et surtout à en avoir redemandé après avoir subi quatre ans cette caricature stupide, cettte insulte à l’intelligence qui est en fait la version blanche (disposant hélas d'un pouvoir de nuisance autrement plus considérable) de l'ancien dictateur ougandais Idi Amin Dada, dont le film que Barbet Schröder lui avait consacré nous fit tant rire dans les années 70 . 
L'Amérique est en train de s'effondrer. Les routes sont foutues, les ponts s'écroulent, l'eau est toxique, la rougeole tue dans certains états, de tous les pays développés c'est là que l'espérance de vie est la plus courte et on y compte un des taux de mortalité infantile les plus élevés de tous les pays développés. Le pays manque de médecins pour prendre soin de ses citoyens, et on y refuse désormais les compétences étrangères qui ont fondé la prospérité de cette nation. On y efface des bases de données scientifiques archivées au prétexte qu'on les considère comme des croyances, des opinions, et non des faits. On y manipule des statistiques économiques, on y interrompt des projets de recherches, on y ordonne la fin d'échanges scientifiques internationaux. Une génération se dégrade à cause de la nourriture toxique, des opioïdes. Y être scolarisé ou y enseigner vous expose à être une des possibles victimes d’un de ces massacres de masse, – parfois même perpétrés par des mineurs –, devenus une spécialité locale au même titre que les jeans, les hamburgers et la musique country. je pourrais multiplier à l'envi les exemples d'autodestruction de cette nation. Cette frénésie suicidaire, laisse pour le moment la population tétanisée,  et pendant ce temps les leaders de ce pays s'autorisent néanmoins, avec une arrogance stupéfiante à donner des leçons au reste du monde, à menacer de vassaliser des nations alliées et à vouloir disposer de leurs richesses. Dans son grand délire paranoïaque Trump a décidé d'être l'ennemi de tout le monde sauf de Poutine auquel le lie sûrement une dette dont personne ne connaît avec précision la nature. 
C'est ainsi que vont les choses dans le meilleurs des mondes possibles.
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