Voilà,
au milieu du dépotoir, la chose gisait là dans la boue, inerte, suintante, exhalant une odeur putride. Relents d'ammoniaque d'essence et de pourriture. Surtout il y avait ce silence pesant laissant craindre l'imminence d'un imprévisible et soudain danger. Nul oiseau ne passait plus dans les parages. Tout semblait s'être figé dans une attente trouble et oppressante.
Depuis des jours, les soldats se relayaient pour monter la garde sans que rien ne se produise. Ils se tenaient à distance, masquant leur malaise. Pas un ne voulait approcher "la bite", comme ils appelaient entre eux cette gigantesque vermine, avec des airs bravaches pour se donner une contenance. Ils l'avaient trouvée là, mystérieuse, incongrue, sinistre. Parfois des mouches bourdonnaient en essaim autour de sa masse gluante. Elles paraissaient dessiner une forme, halo ou couronne mouvante. Elles ne restaient jamais bien longtemps, puis s'éloignaient avant de revenir quelques heures ou quelques jours plus tard. Rien ne semblait régler ces agaçantes apparitions. C'était comme un rite ou une connivence tacite entre les insectes et la bestiole que rien n'expliquait. Les nerfs étaient mis à rude épreuve. Qui sait s'il ne se tramait pas quelque chose sous terre. Des hommes avaient tenté de s’approcher, au début, la première nuit. Mais à chaque pas vers la chose un vertige sournois les étourdissait. Leur poitrine suffoquait sous un poids étrange, une main invisible les prenait à la gorge.
On redoutait que le moindre geste, le bruit le plus infime pût réveiller la chose.
Alors on restait là vigilant, aux aguets.
Les heures passaient, et la chose demeurait, inerte, comme un secret échappé des tréfonds de la terre.
Soudain, un frémissement traversa la surface de la créature. Un imperceptible frisson en même temps qu'un bruit, subtil, perça le silence, comme un râle profond. La chose gonfla pour se ramollir aussitôt.
De nouveau ce fut le silence
Les hommes s'étaient reculés d’un même mouvement, suspendus, le souffle coupé. Était-ce un battement de vie ou simplement l’illusion provoquée par l’air tremblant sous un pesant soleil ?
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You are a poet and an artist
RépondreSupprimerIt's really beautifully done even if it doesn't honor your soldiers. A great picture.
RépondreSupprimerMais non ce n’était pas Antoine Volodine, et pourtant, une proximité d’univers.
RépondreSupprimerThe putrid thing just got his 270 Electoral College votes.... Sorry. I'm feeling very sad.
RépondreSupprimera powerful creation. xo
RépondreSupprimerWow, super interesting creation and text. Who knows what soldiers will find in foreign lands?
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