mercredi 31 juillet 2024

Un projet incertain

 
 
Voilà,
le metteur en scène italien me parle d’un projet qu’il souhaite produire et auquel crois-je comprendre il voudrait m'associer. Il me montre des bouts de charbon qu’il pose sur la table, et dit que ça serait génial de faire un spectacle à partir de ça, de cette matière, et moi je réponds “oui, génial génial enfin tout de même, n’exagérons rien....”. Il m'explique qu'il voudrait réaliser une "pièce géologique" — c'est bien la première fois que j'entends parler de ça — et s'embarque dans des explications très complexes et alambiquées, où il est question d'orogénèse hercynienne et de chaînes varisque. Pendant qu'il me cause je songe à tout autre chose, à ces menus bonheurs qui font le sel de la vie : un fin rideau qu'une légère brise agite quand dehors il fait beau et qu'on entend les enfants piailler dans une cour de récréation. Se laisser dériver sur un matelas pneumatique au bord d'une plage de la Méditerranée ou dans une piscine. Boire à l'ombre d'un platane un "Pacalo" ou un "Gambetta" sur une terrasse en Provence. Écouter le matin sur France-musique les émissions de Denissa Kerschova avec son délicieux accent tchèque qui me ravit. J'essaie toutefois de donner le change et de paraître intéressé, opinant quelquefois du chef. Derrière lui, des machinistes qui ins­tallent un rideau de scène esquissent, sans qu'il ne s'en rende compte, des pas de danse d'une drôlerie et d'une grâce incroyable. Soudain il me dit "à la fin on entendra par un matin pluvieux au cœur d'un été lourd de menaces la voix de Franck Sinatra chanter "What is this thing called love" de Cole Porter. Je suis un peu décontenancé, et je bredouille hésitant "ah oui cela pourrait être très beau et très émouvant". Mais je ne suis pas certain d'être bien convaincant. Depuis octobre dernier on corps me semble totalement désaccordé, en inadéquation avec la réalité. J'ai l'impression de me tenir mal, de parler faux, d'être en permanence à côté de la plaque.

3 commentaires:

  1. I've suffered through a couple of similar situations--- different subjects of course. Sometimes the point isn't there to miss.

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  2. Tes mots donnent vie à l'illustration que je n'avais pas regardée au début, mais en te lisant c'est l'image mentale que je m'en étais faite.
    Des moments de vide, où on semble planer, oui ça arrive. Souvent après un effort ou un stress prolongés.
    Puis un jour...

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  3. I agree with Bill's comment. Thank you for linking up.

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