mardi 26 septembre 2023

La raison vole au vent

Périgord, Août 2021

Voilà,
C’est une sorte d’état nébuleux. La pensée ressemble à l’automne. Les idées asséchées se détachent, s’éparpillent. La raison vole au vent. On demeure dans une sorte d’hébétude. On se voudrait pierre, caillou. D’ailleurs tout pèse. Ce n’est pas que l’on soit indifférent aux choses. Mais elles semblent si lointaines, inaccessibles. Il n'y a plus d'enchaînement, juste des juxtapositions. De fugitifs épiphénomènes, des apparitions disparaissantes, des fondus enchaînés de séquences affleurant à la conscience. Des bribes de phrases. On voudrait un être à étreindre, une peau où voyager. Sans vraiment le réaliser on se tient à l'écart de soi. On regarde ce corps devenant sournoisement pantin, qui peu à peu se désarticule. Perd sa prestance, son équilibre. Des lieux désormais inaccessibles que l'on n'a fait qu'entrevoir. On y repense. On s'invente des vies imaginaires. On serait venu ici en vacances enfant. Dans la maison de famille. On s'imagine des possessions. Quelque chose qui ressemble à des racines. Mais non. Bientôt, sans que nulle part on ne se soit vraiment tenu, on quittera le monde. On quittera le souffle. Ténèbre ou lumière, il n'y aura plus de différence. L'église champêtre, son paisible cimetière survivront. On n'aura fait que passer.

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