samedi 25 février 2023

Dans le vacillement


Voilà
peu de gens lisent ces chroniques. Encore moins parmi eux les comprennent vraiment, du fait qu'ils sont étrangers. Je continue pourtant. Même si persévérer me paraît souvent absurde. Évidemment je pourrais garder tout ça pour moi. Mais sans doute, sans la conscience de m'exposer, sans le souci de l'autre, y accorderais-je moins de soin. Oui, cela prend du temps, mais cette hygiène m'est nécessaire. J'ai vraisemblablement besoin de cet exercice, de cette concentration. Cela me permet en outre de mettre à distance certaines pensées, certaines peurs, certaines angoisses, d'exorciser en quelque sorte. De partager aussi des points de vue, bien que je réalise qu'ils sont assez minoritaires dans le monde tel qu'il se transforme. Cependant il arrive parfois qu'ils suscitent quelque écho. Je me sens moins seul alors. A défaut de m'apaiser cela contribue à me réconforter, un peu. Un tant soit peu.
Je n'ai pas grand chose de positif à proposer, c'est sûr. Je n'ai pas beaucoup de message d'espoir. A moins de considérer que la tentative de donner forme à ce qui de temps à autre me traverse, que résister à la paresse, au laisser-aller, et en témoigner constitue en soi une forme de résistance, de résilience comme on dit aujourd'hui, qui mérite d'être affirmée, et pourquoi pas encouragée. 
J'essaie aussi, avec mes photos, de partager le regard que je porte sur le monde immédiat. Si je ne dis pas tout, je ne montre pas tout, non plus. Parfois, j'ai l'impression de me dé-civiliser malgré moi. Car je ne peux répondre à toutes les aumônes. Car il m'arrive de détourner le regard de la misère. Car je m'habitue à tout ces corps gisant sur l'asphalte. Ils font partie du paysage désormais. Ils sont de plus en plus nombreux à Paris. Autrefois je photographiais la misère. Désormais j'y parviens de moins en moins. Alors je me réfugie dans les paysages anciens, le jeu ds reflets dans les vitrines, les miroirs..
 
 
Tout change si vite. J'ai l'impression que depuis le premier confinement de 2020, tout ne cesse de se dégrader. Mon corps d'abord qui a deux fois attrapé une maladie qui n'existait pas il y a quatre ans. Et puis aussi le fonctionnement général de nos sociétés qui subissent le contrecoup de ce moment qui nous a laissés comme anesthésiés. C'est une sorte de lent vacillement généralisé. Les équilibres mondiaux se transforment. L'époque se fait turbulente. Ici en France, le système de répartition sociale mis en place à la Libération est petit à petit détruit par le Gouvernement en place. C'est la conséquence de l'incompétence d'une gauche qui a depuis longtemps failli à sa mission, et qui ne nous laisse plus le choix qu'entre une droite ultra libérale et l'extrême-droite. 
Même les petites joies en sont ternies. Je ne jubile plus autant à regarder les extraits de matches du Super Rugby Pacific Championship qui reprend aujourd'hui.
Des nouvelles toutefois émerveillent ce qu'il reste d'enfance en moi qui, vers onze douze ans, rêvais d'être astronome. Le télescope spatial James Webb a repéré six énormes galaxies "qui ne pouvaient pas exister". Cette découverte si inattendue pourrait bouleverser les théories actuelles sur l’origine de l’univers. La lumière captée de ces galaxies révèle qu'elles pourraient être âgées de 13 milliards d’années, ce qui signifie qu'elles existaient déjà 500 à 700 millions d’années après le Big Bang. On s’attendait à ne trouver que des petites et jeunes constellations, au lieu d'objets aussi lourds et adultes que notre Voie lactée. Elles abritent des étoiles jusqu’à 100 fois plus lourdes que ce à quoi on s’attendait. Cela contredit presque tous les modèles actuels au sujet de l’univers primitif. Pour expliquer leur existence, les scientifiques devront peut-être revoir certaines règles de base de la cosmologie. 
Étrange animal que l'homme. Il questionne l'origine de l'univers en même temps qu'il saccage son habitat. "L'homme, toujours lui, l'homme à la tête de chiffres et de supputations, sentant la voûte de sa vie d'adulte sans issue , et qui veut se donner un peu d'air, qui veut donner un peu de jeu à ses mouvements étroits, et voulant se dégager, davantage se coince" (Henri Michaux)

8 commentaires:

  1. The image has a subtle message that a child is weeping. These pictures were probably memories

    RépondreSupprimer
  2. Naa.... It's a reflective selfie. The man holds his phone for the perfect view of what's inside. Your pictures are doors to the inside of your brain. By the way, philosophically speaking I deny any limits to the "universe" or infinity. I mean, if the universe has a limit, a wall, what's on the other side. Some of the things visible originated on their journey of light long before there was a human culture on Earth. But that's enough... A glass of wine, some Debussy...

    RépondreSupprimer
  3. Peut-on jamais dissocier le monde extérieur du nôtre, intérieur? Ces déséquilibres, c'est surtout la mainmise d'une poignée de surpuissants sur le monde qui m'inquiète, nous laissent tous à leur merci, même les gouvernements...
    Alors oui, tout vacille, un nouvel équilibre s'installera peu à peu, on ne le verra pas toi et moi et c'est peut-être mieux ainsi.
    Il m'arrive de me réjouir, égoïstement, de ne pas être grand-mère...
    Bonne journée Karkito, il neige sur mon village ce matin.

    RépondreSupprimer
  4. Il m'arrive de te lire et de te comprendre, tout n'est pas perdu.
    Et j'aime l'idée que certains rêves enfantins demeurent à l'état de rêves, ainsi restera un bon nombre de galaxies et d'étoiles à imaginer faute de les découvrir.

    RépondreSupprimer
  5. Initially, I thought the image was a double exposure, but after another look I believe it is a reflection. Either way, I like it.

    RépondreSupprimer
  6. The writing of a journal is first and foremost a selfish act that benefits the author - a reflection of one's state of mind, a reckoning of incoming stimuli, a rationalisation of emotions (if that can ever be achieved!), but most of all a catharsis, achieving a tabula rasa out of a congested mess of the notes we make within us written with the ink of everyday occurrences. It takes courage to share these notes of ours in a public forum, but therein lies the second benefit, for sharing with others builds bridges and creates bonds - an how much more difficult it is to construct rather than the mindlessness of destruction...
    13 years ago, I wrote this: https://nicholasjv.blogspot.com/2010/10/new-galaxies.html
    And your cogitations immediately brought to my mind this song, to which I added images, many many years ago:
    https://youtu.be/8JbKPybcsOI
    As always, thanks for taking part in the "My Sunday Best" meme.

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires a été activée. Les commentaires ne seront publiés qu'après approbation de l'auteur de ce blog.