c’est la nuit tu entends la radio qui diffuse une sicilienne de Bach interprétée par Jacques Loussier. Autour de ta bière ouverte, des gens pleurent dont quelques hypocrites, qui autrefois te firent souffrir, et cela te déplaît. Mais aucun mot ne sort de ta bouche pas même un râle, juste une légère nuée de cendres à peine visible, raison pour laquelle sans doute, nul ne s'en étonne. Tu es celui qui voit et celui qui repose. Tu te sens à l'étroit et intérieurement furieux de ne pouvoir bouger, agacé par ce fourmillement chatouilleur qui reste cependant à la limite du supportable. Mais lorsqu'un homme glabre que tu as toujours connu moustachu, s'attarde longuement, l'air interrogateur, au dessus de ta dépouille, puis s'exclame "mais ce n'est pas lui", le vacarme du camion poubelle et les éclats de voix des éboueurs dans la rue, sans pour autant te délivrer de la poisseuse sensation de l'avoir échappé belle, t'extraient de ta torpeur. Et tu te retrouves au bord du jour, hébété comme un boxeur sauvé par le gong, mais qui ne se sent plus la force de continuer le combat. Espérant toutefois le miracle d'en réchapper, et sans pour autant savoir la forme qu'il pourrait néanmoins prendre, tu redoutes le sort tragiquement banal qui selon les statistiques paraît devoir inévitablement te frapper, comme il accable depuis peu tant d'amis autour de toi. Et tu songes alors à toutes ces choses qui nous survivent.
(Linked with our world tuesday)
(Linked with our world tuesday)
I love the shelf arrangement! Also, having nothing to do with your post, I am listen to Jacques Lousier right now--- Satie.
RépondreSupprimerSuperbe cette étagère.
RépondreSupprimerAlors, et j'ignore si tu y verras le lien possible avec ton texte, celui que j'y ai vu, voici ce poème de Paul Vinicius lu hier:
je n’ai plus de montre
ni cœur
maintenant
plus rien ne me fait mal
le vin rouge
et ce matin de dimanche
renversés sur la table
la dernière cigarette
et peut-être l’idée
qu’un jour enfin
je serai assez léger
pour pouvoir tenir
dans un oiseau
deux beaux textes, le vôtre et celui de Paul Vinicius, oui, ne pas s'engluer "Tu es celui qui voit et celui qui repose" mais s'éveiller, on est là, vivre
RépondreSupprimerI've never heard of Jacques Lousier but your post reminds me that all through the noises, distractions etc life goes on.
RépondreSupprimerI love the things on the shelf! They remind me that some things in this world is simply timeless and beauty never fades :)
RépondreSupprimerStevenson
http://www.stevensonque.com