jeudi 12 janvier 2017

Une Histoire de Nuage


Voilà, 
Aujourd'hui encore, j'avais besoin de musée. Celui d'Orsay est un de ceux que je préfère. Je trouve magnifiquement réussie la transformation de cette ancienne gare. Et puis on peut y voir de nombreux tableaux impressionnistes, en particulier des Pissarro (dont une grande rétrospective est prévue pour la fin de l'année) et des Sisley qui m'émeuvent toujours autant. J'ai déjà raconté en d'autres circonstances, l'intérêt que j'éprouvais dans mon jeune âge pour ces peintres et ce mouvement. Après avoir visité l'exposition Frédéric Bazille, un peintre pré-impressionniste qui a côtoyé de près Renoir, Monet Berthe Morisot et les autres impressionnistes, mais qui a vingt-huit ans a stupidement décidé de s'engager comme soldat pour combatte les Prussiens et qui a trouvé la mort dès son premier assaut, laissant à la postérité les prémices d'une œuvre prometteuse qui commençait tout juste à s'affirmer, je suis allé voir les collections du musée. C'était l'occasion de revoir des œuvres découvertes dans ma jeunesse mais d'autres aussi, prêtées par des institutions étrangères pour le trentième anniversaire d'Orsay. Il y avait en particulier un magnifique Monet peint à Venise, prêté par le Musée des Beaux-Arts de San Francisco, et un Braque de 1932 dans les tons bruns, très cubiste. Puis je me suis promené sur les passerelles où j'ai pris quelques images pour obtenir cette vision déformée de l'intérieur du bâtiment.

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En rentrant, j'ai repensé à cette histoire qui m'est revenue en mémoire il y a quelques jours concernant le dernier tableau peint par Braque à Varengeville, intitulé "La Barque échouée", et qui m'avait beaucoup ému lors de la grande exposition qui lui avait été consacrée il y a quatre ans déjà. Il paraît que Braque, quoique affaibli, est revenu pendant un mois vers son tableau le regardant insatisfait, bien qu'il semblât fini. Et puis à un moment il a rajouté, voyageant dans le ciel, un nuage un petit nuage aussi sombre que la barque sur la grève, Puis il est mort quelques heures après. Cette histoire me bouleverse tout comme l'hommage que prononça pour lui Malraux au nom de la France dans la cour carrée du Louvre. Et bien évidemment je ne peux m'empêcher d'établir un lien entre ce nuage noir porté par le vent et cette barque sur ce dernier rivage que Braque a si souvent peint aux derniers temps de sa vie. Peut-être même le nuage est il lui aussi une barque déformée renversée presque semblable à la barque échouée, au point qu'il est possible de penser qu'il s'agit de Braque lui-même dont le nom est l'anagramme de ce qui constitué le titre et le premier plan du tableau. Le peintre a-t-il pressenti sa propre mort et souhaité se représenter dans le tableau ? Lui qui a peint tant d'oiseaux, finit son œuvre en un nuage, un nuage noir dans un ciel orangé que le vent va porter hors du cadre de l'image.

1 commentaire:

  1. J'y reviens. Parce que j'y suis venu hier. Ou est-ce avant-hier ? J'y reviens parce que je suis plus là qu'hier ou avant-hier. A cause de Braque. Ça m'a fait trop, cette histoire de nuage et de mort, je ne prétends pas être un cow-boy donc je tire trop tard sans doute.

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