mercredi 9 juillet 2014

La Défaite du Brésil


Voilà,
un événement c'est une rupture dans l'ordre de l'intelligible. J'ai déjà utilisé cette formule dans un contexte autrement plus grave et toujours aussi présent malgré le silence assourdissant des médias. Alors, comme la futilité contribue à nous délivrer de la conscience du Néant auquel nous sommes voués à retourner, je vais évoquer un événement sportif. Bien sûr un événement sportif est forcément de moindre ampleur, qu'un krash boursier ou acte de guerre, comme celle qui recommence entre Israéliens et Palestiniens, mais il est d'une nature singulière, surtout lorsqu'il s'agit de football qui suscite tant de passions, aussi bien partagées par les adultes que par les enfants. Ce petit garçon en larmes qui au bout d'un quart d'heure de jeu, comprend non seulement que son équipe ne gagnera pas, mais pressent déjà qu'un drame collectif est en train de se dérouler a quelque chose de pathétique. Ce chagrin, toute sa vie il s'en souviendra. Ce chagrin là, va irrémédiablement changer son rapport au monde. D'ailleurs lui-même est déjà devenu une icône. Il est le témoin de l'inimaginable. Le spectateur d'un naufrage sportif sans précédent. D'ailleurs pour ma part, j'ai été incapable de regarder ça. Le vieil enfant qui survit en moi a, au bout de trente minutes lâché l'affaire, pris la fuite, s'est réfugié dans le sommeil. Sans doute étais-je, pour d'autres raisons trop épuisé, mais je ne voulais pas être spectateur de ça : tout à coup le Brésil ne savait plus jouer au football. C'est un peu comme si les Supremes s'étaient soudain mises à chanter comme les Shaggs (ce n'est peu dire). Je crains de ne jamais revoir de mon vivant la Séléçao championne du monde. Je me souviens d'un autre Brésil, celui de 1970, (j'avais 14 ans, c'était la dernière coupe du monde où jouait Pelé), de l'enchantement ressenti alors, devant cette équipe métisse (c'était alors la seule) et sa façon si singulière de bouger sur un terrain, de cette fluidité, de ce style qui donnait une dimension presque chorégraphique à ce jeu qui tout de même il faut bien l'avouer est très con. Je me rappelle encore des noms : Gerson, Tostao, Jairzinho, Rivelino, et leur goal Felix... Oui, parfois des choses adviennent qui nous rappellent que tout peut changer comme ça d'un coup, du tout au tout... Et d'autres aussi qui nous interpellent plus brutalement. Il est des régions où les enfants n'ont même pas le droit à l'enfance.

4 commentaires:

  1. manque leur meilleur joueur et on perd l'équilibre ? j'étais persuadée que les brésiliens gagneraient chez eux et même que peut-être ils avaient "acheté" leur victoire !
    ben non, sacrée claque ! mais c'est le seul métier où on joue et si ce n'est qu'un jeu... alors !
    bien payé quand même !
    et comme tu dis Israel/Palestine c'est autrement plus grave
    bonne journée Kwarkito

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  2. Trop d'intérêts en jeu dans cette parade footballistique.
    Moi aussi après les trois goals en enfilade, j'ai tout éteint et j'ai repris mon livre.
    Le pire, c'est la symbolique de la domination, c'est l'arrogance des gagnants, et l'infinie tristesse des perdants qui croyaient que chez eux tout était possible face à l'envahisseur.
    Longtemps, cet enfant pleurera dans nos coeurs, il pleure sur le monde qui ne changera pas cette fois-ci parce que l'esprit sportif est trop englué par le fric et que le talent est secondaire quand tout peut s'acheter même la honte... Tout cet argent pour des stades qui ne serviront qu'à appauvrir ...

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  3. et pour illustrer mon propos, regardez cette vidéo
    http://www.youtube.com/watch?v=ZApBgNQgKPU

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  4. à jouer à l'européenne, ils auront perdu leur âme

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