Voilà,
"A deux heures du matin, sous les
étoiles que personne à cette heure ne regarde, les voyageurs d'outre-espace sont
descendus du ciel froid et transparent de janvier. Comme un météore, la plateforme tournant sur elle-même
s'est posée sur les broussailles de Castel Fusano. Sur le disque, assis, couchés, se tiennent les
extra-terrestres, en éveil, les yeux étincelants ; ce sont des chats, gris,
plus gros que les chats humains. Arrivés sur la Terre, ils descendent du disque, pissent et flairent distraitement
les buissons inconnus ; puis ils retournent sur la plate-forme. Les oreilles dressées, soupçonneux,
ils écoutent le bruit d'une automobile qui passe sur le boulevard
Christophe-Colomb, jusqu’à ce que la voiture se soit éloignée avec ses
ridicules petits yeux rouges allumés au derrière.
Les voyageurs d'outre-espace ont
envoyé leurs ambassadeurs à Rome : ils veulent conférer avec les chats de la
capitale. Arrivés au périphérique, les ambassadeurs voient pour la première
fois l'espèce dominante : deux agents de la police de la route. Indifférents, les extra-terrestres
passent à côté des agents sans les honorer d'un regard, et sans être honorés
d'un regard, car les agents ne font pas mine de voir la gent féline. Au Panthéon et place Vittorio les
ambassadeurs sont accueillis par les terrestres avec un enthousiasme mêlé d'effroi. Le bruit se répand, arrivent les chats
des quartiers du centre, puis ceux de la banlieue ; tous, une longue colonne de
queues brillantes, se dirigent par le boulevard Christophe-Colomb vers Castel
Fusano, insoucieux du froid, agiles et nocturnes, mâles et femelles. Les rues sont encore désertes ;
personne ne les voit passer, conduits par les extra-terrestres dont les têtes
grises et orgueilleuses dominent la docile foule émerveillée.
A mesure qu’ils arrivent au
lieu du rendez-vous, échauffés par la promenade insolite, les chats terrestres
s'assoient autour du disque ; les plus éloignés montent dans les arbustes
dépouillés du domaine solitaire. Des milliers d'yeux scintillent dans l'obscurité, fixés sur les
voyageurs d'outre-espace, qui, olympiens, lissent leur fourrure grise sur la
plate-forme de métal poli. Les
plus serviles parmi les terrestres ronronnent bruyamment. Il est six heures du matin, Mars semble
une larme rouge sur la joue de la nuit, dans le silence d'une pureté de cristal
le chef des extra-terrestres communique son message aux terrestres. C'est un message très bref ; aussitôt
après, le disque se remet à tourner sur lui même et s’élève vers le ciel, puis
disparaît. Sur la gelée blanche de l’aube, par petits groupes dispersés, les
chats terrestres, ragaillardis, retournent à leur cité millénaire" J. Rodolfo Wilcock
Wilcock, la maître des récits courts. Celui-ci, que je ne connaissais pas, est particulièrement réussi!
RépondreSupprimerLes gens à chats, souvent des femmes, existent partout, particulièrement parmi les plus pauvres ici. Solidarité des déshérités?
Merci Kwarkito, bonne journée.
J'adore the cat woman Kwarkito, one day I may be one myself :)
RépondreSupprimerEn grèce, on les appelle adespotes, voir le greekcrisis.fr de Panagiotis Gregoriou
RépondreSupprimerMiau
RépondreSupprimerje regrette kwarkito, à deux reprises j'ai essayé de lire et relire ce texte, j'ai déchiffrer deux lignes sur trois je repasserai! la photo du piquenique de chat est très joli et réussi!
RépondreSupprimerje reviendrai probablment afin d'y comprendre de quoi cela retourne mais il me semble avoir de la fièvre depuis hier..
jorge
A story rich with images... ...ridiculous little red eyes in the back! Some cats do seem like aliens. The last cat we had, Rainbow, was black and white. She loved to be picked up and held so long as you didn't sit down. If you sat, she was gone. That has little to do with the alien encounter, of course. Thanks for steering me to this one, mon ami.
RépondreSupprimerNavré de décevoir, mais ce sont les souris qui racheté la Terre, d'après le grand prophète Douglas Adams. ;-)
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