Voilà,
Comme toujours pendant la semaine qui suit le premier week-end du mois d'Août, il y a peu de circulation dans Paris déserté et on en a profité pour faire une longue promenade en vélo avec ma fille. On a d'abord roulé jusqu'au bois de Boulogne où on a passé un bon moment sur des routes et des allées sans croiser grand monde. Puis on a fait le tour des lacs. C'est là que j'ai photographié ces gens faisant des étirements au bord de l'eau.
Sur le chemin du retour on s'est arrêté chez Yamazaki, le salon de thé japonais situé chaussée de la Muette, près de la station de métro. J'y avais déjà fait une halte il y a trois ans, à la même période après une visite au musée Marmottan. J'avais envie de savourer de nouveau cet excellent granité au thé vert et l'anko (cette pâte de haricot rouge si prisée au Japon) que j'avais alors goûté. Ma fille a pour sa part opté pour celui parfumé à la banane verte. Comme c'était copieusement servi, nous sommes restés attablé assez longtemps. A la table d'à côté était assise une jeune bourgeoise du quartier, un diamant autour du cou, des bagues du même acabit et un jean savamment déchiré qu'elle avait dû acheter ainsi, et dont les trous valaient sans doute plus cher que tout ce que je portais sur moi. L'accompagnaient deux enfants insupportables, les siens sans doute, qu'elle gavait de macarons pour les calmer. A un moment j'ai aussi vu passer une vieille femme avec un sweat du même rouge que son pantalon et sur lequel il y avait le tracé du circuit du grand prix de formule 1 de Monaco auquel je rêvais enfant de pouvoir un jour assister. Je n'ai pas pensé à shooter. Ensuite j'ai tenu à montrer à Constance la rue Berton en contrebas de la Rue Raynouard où se trouve un immeuble que l'on voit sur la première photo construit par Perret, l'architecte du Havre, et de l'église du Raincy (entre autres) la première bâtie en béton. Il y a surtout la maison de Balzac, qui s'enfuyait par la rue Berton quand ses débiteurs venaient le harceler par l'entrée de la rue Raynouard . Cette ruelle pavée n'a vraisemblablement pas beaucoup changé depuis l'époque où il y vivait. La pierre que l'on voit à gauche sur la deuxième photo marquait autrefois la limite entre les communes d'Auteuil et de Passy, et nous n'avons pu nous empêcher de reprendre de concert le refrain du vieux pastiche de rap des Inconnus "Auteuil Neuilly Passy c'est pas du gâteau / Auteuil Neuilly Passy tel est notre ghetto".
Passant un peu plus tard par le pont de Grenelle, inévitable détour sur
l'île aux cygnes et son étroite allée ombragée que j'aime particulièrement, afin que Constance la découvre. Et là, surprise, j'ai aperçu l'homme que j'avais photographié il y a quelques temps,
celui qui se promène avec sa procession de camions, et à propos duquel j'avais imaginé une petite fable. Il avait le même T-Shirt que Charlie, celui qu'il faut trouver au milieu d'une foule. Tout en reproduisant avec sa bouche le bruit d'un moteur il traînait ainsi son attelage en tête duquel roulait un tracteur "piloté" par un ours en peluche. Nous avons échangé quelques mots. Il affirme posséder 88 000 camions chez lui. Comme je lui faisais alors fait remarquer qu'il devait disposer d'une vaste maison, il m'a répondu qu'en effet elle était très grande et qu'il l'avait lui-même bâtie en Haute-Savoie avec des copains. Il prétend être chauffeur routier et profiter de ses livraisons pour amener ses camions-jouets à Paris. Il aurait aussi participé quatre fois au rallye Paris/Dakar dans la catégorie camion. Bien sûr je n'ai aucune raison de ne pas le croire, tant de choses bizarres peuvent advenir. Mais quand même...
Il semblerait toutefois que l'homme ne raconte pas tout à fait les mêmes choses aux uns et aux autres. Je viens de retrouver l'article
"le routier et les petits camions" le concernant. Je l'avais lu il y a quelques mois par hasard sur le photoblog de Passante Pensante. Je constate qu'apparemment sa collection s'est beaucoup enrichie en quelques mois...