Voilà,
quand elle était petite lui avait-elle raconté, elle parlait aux cailloux sur le bord des chemins, car elle s'imaginait être la reine des cailloux. Un soir à lui aussi elle avait parlé. Elle avait bien vu qu'il n'était pas un caillou, car entre temps bien sûr, elle avait appris à faire la part des choses, mais elle lui avait tout de même parlé, à lui. Elle avait un grand front, de hautes pommettes et le dessin de ses lèvres, régulier et harmonieux, l'avait tout de suite ému. Oui, la première fois où il l'avait aperçue, il l'avait regardée comme une princesse. Il n'avait jamais lu de contes autrefois, mais il avait tout de même entendu parler de ce genre d'apparition. Aussitôt il l'avait aimée, et elle le lui avait bien rendu. Ce fut leur façon à eux de s'inventer une histoire. Un jour bien des années plus tard, elle confectionna pour lui une petite cage avec des allumettes. Dedans elle y avait enfermé une fleur de pissenlit, sans doute parce que les fleurs de pissenlit volent dans l'air comme les anges. Elle le lui avait envoyé dans un paquet avec une carte postale qu'elle avait elle-même fabriquée, et des mots d'amour très doux, écrits derrière, avec beaucoup de fautes d'orthographe (car les lettres ne trouvaient jamais leur place, sautaient parmi les mots comme des petites puces espiègles). Ils étaient si différents et se sentaient pourtant si proches. Longtemps ils vécurent ensemble, comme des amants, comme frère et sœur aussi. Et puis, il avait bien fallu devenir adultes. Ils s'étaient attardés des années durant. Ils devaient maintenant faire leur route, chacun de son côté, parce que le bonheur parfois, on piétine dedans, et les fourmis qu'on avait dans les jambes, un jour, les voilà qui s'en vont, elles migrent vers d'autres rêves et nous les suivons dans leurs détours. La petite cage avec l'ange, longtemps il l'a gardée, longtemps après qu'ils se furent éloignés l'un de l'autre. Un jour, il a fini par l'ouvrir et l'ange est reparti. Un ange, ça ne peut pas vraiment rester en captivité. Ce cadeau, le plus émouvant peut-être qui lui eût été jamais donné, ce présent, il fallait le rendre à la nature, loin des choses passées. Oui, étrange, c'est à cela qu'il repensait — c'était si loin désormais — devant la cabane du pêcheur... Peut-être parce qu'elle ressemblait à sa vie, bâtie elle aussi de bric et de broc sur la barque des rêves évanouis...
(Première publication 16 Novembre 2012)
Trois ans, muy bien, ce serait si bien que tu poursuives.
Excellent weekend.
je viens te lire régulièrement, j'aime beaucoup tes petites touches et ton regard sensible. je ne dis rien... j'ai peut-être tort. mais je n'ai pas beaucoup d'inspiration, hélas !! Je me souviens d'un de tes commentaires chez moi qui m'encourageait à être ce que je suis et à développer mes talents. il m'avait beaucoup touché... Je pourrais te renvoyer la balle :) et te dire que la peur est mauvaise conseillère...mais d'une certaine façon, je crois que tu as un peu raison : le blog est peut-être une source de satisfaction à bon compte, qui empêcherait d'approfondir et de développer son potentiel. une forme d'addiction aussi... oui. je le crois. pour moi, ça a été le cas, moins maintenant.
En tout cas, je trouve que tes doutes sont exagérés : tu sais très bien rendre une ambiance et créer une symbiose entre l'image et le texte. c'est mon avis.
bon week end !!
one must, i think, make art because one must make art and for no other reason. all else is freedom. you owe no one anything but yourself and what you owe yourself is your authentic voice.
i see you in your new photograph as though you grow wings. you are beautiful here.
xo
erin