samedi 13 octobre 2012

Mort d'un Yéyé

Châlons sur Marne printemps 1964
Voilà,
il y a deux jours Frank Alamo est mort. Les yéyés à l'époque se fabriquaient des pseudos ridicules à consonance américaine. Quand j'avais six ou sept ans une de mes chansons préférées était celle-ci. J'ai vraiment honte maintenant. Je l'associe à ces deux années passées à Châlons sur Marne rebaptisée depuis Châlons-en-Champagne c'est plus chic, et à l'apparition de la télévision chez mes parents. Ils avaient fait l'acquisition d'un téléviseur - c'est ainsi qu'on disait à l'époque - Grammont, et comme ils n'étaient pas sûrs d'aimer vraiment ce nouvel objet, ils l'avaient dans un premier temps loué (il fallait mettre des pièces dedans pour qu'il fonctionne). Très vite, ils sont devenus addicts. Les années qui ont suivi, la boîte-à-rendre-encore-plus-con est restée de plus en plus souvent allumée chez eux. Dans ces années là, il n'y avait qu'une chaîne d'État. Le jeudi à midi, c'était "la séquence du jeune spectateur", "les aventures d'Ivanhoé", un feuilleton que j'adorais "Aventures dans les îles". Les émissions d'Albert Raisner "Age tendre et tête de bois", et aussi, le mercredi soir, "La piste aux étoiles" de Gilles Margaritis, et aussi Janique Aimée le feuilleton qui passait le soir juste avant le journal télévisé. C'est à cette époque que j'ai eu le droit de regarder un film en entier le dimanche soir, parce que j'avais la rougeole. C'était "Johnny Guitar" de Nicholas Ray. Je trouvais que l'actrice principale Joan Crawford  ressemblait à ma mère. Je n'étais déjà pas très physionomiste à l'époque. Sur la photo, devant cette tente militaire qui faisait partie du paquetage de mon père pendant la guerre d'Algérie, je suis en compagnie de Marie-Claire Trichaut (en vêtements clairs) dont j'étais secrètement amoureux comme on peut l'être à cet âge. Je ne sais plus si elle aussi aimait "biche oh ma biche".

2 commentaires:

  1. Délicieux ces souvenirs!
    Honte? Il nous fait tous la ressentir alors je crois. Avec mes deux sœurs nous avions longuement discuté, on comprenait souvent tout à l'envers à cet âge, de si la conclusion était que, pour plaire aux garçons, il fallait (ou non) dérober subrepticement le crayon noir-yeux de notre mère.
    La TV n'est jamais entrée dans la maison, mais nos chambres étaient couvertes de posters de chanteurs, mon chouchou était Hervé Vilard!
    Beau week-end Kwarkito

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  2. a wonderful exploration of the past. i marvel at the differences between lives and am happy for them. i leave this post wanting to know more, but yes, frustrated by translation. how i wish language were a softer mesh.

    xo
    erin

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