jeudi 9 août 2012

Musique et misère


Voilà
d'après leurs instruments je peux supposer qu'ils viennent des Balkans et imaginer que c'est pour fuir la guerre en ex-Yougoslavie qu'ils ont fini par échouer là, au pied du centre Georges Pompidou, juste en face de la fontaine de Niki de Saint Phalle. Peut-être leur village a-t-il été détruit, leur famille décimée. Ou bien ont-ils commis des choses horribles, dénoncé des voisins par exemple, de sorte qu'il leur est impossible désormais de retourner au pays. Je ne sais pas. Ils sont là, ils sont vieux, ils grattent leur crincrin et ce qu'on entend est aussi moche et triste que ce que l'on voit. Je ne peux rien pour eux, que leur filer un billet en échange de cette photo parce qu'au fond bien sûr, j'ai un peu mauvaise conscience de figer ainsi leur détresse. J'ai essayé de leur parler mais on ne se comprenait pas, c'était impossible. Ce que je lis dans leur yeux c'est qu'ils savent qu'ils ne seront pas enterrés dans la terre qui les a vu naître et que leur place n'est plus nulle part. Ce que je crois deviner, c'est à la fois, la résignation et l'incompréhension. La musique en plus, et le chien pour la compagnie. Derrière eux il y a un musée qui ressemble à un bâtiment industriel dont certaines œuvres peuvent apaiser questionner ou stimuler ceux qui s'y rendent. Une fontaine animée de figures grotesques et colorées leur fait face. Il est possible qu'elle leur apporte un peu de joie. Mais de ce qu'ils ont vu eux, de ce qu'ils ont ressenti, rien ne subsistera. 

1 commentaire:

  1. Leur village, peut-être leur visage n'a pas été détruit. Sûrement vos pièces nous restent.

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