vendredi 3 juin 2011

Pensionnat

Voilà
depuis longtemps la nuit est tombée sur ce qui pourrait être un pensionnat de jeunes filles mais où, il existe aussi quelques chambres pour des hôtes masculins. Après avoir traversé le parc, pénétré dans le bâtiment et s'être résolu à gravir malgré l'obscurité le grand escalier de bois aux marches grinçantes, à la rampe incertaine, il réalise soudain qu'il n'a pas la clé de sa chambre, et qu'à cette heure tardive, plus matinale que nocturne, mieux vaudrait sans doute ne pas appeler la réception située à l'étage, car n'irait on pas alors penser qu'il souhaite accéder au dortoir des jeunes filles afin pourquoi pas d'y commettre quelque coït frauduleux. Comme il s'apprête à ressortir songeant que bon il va bien falloir se résigner à passer la fin de la nuit dehors, il croise une grande jeune fille aux cheveux châtains étrangement coiffée d'un chapeau rose pâle et tout juste vêtue d'une chemise de nuit blanche qui s'arrête au dessus des genoux. Vaguement troublé il n'en veut rien laisser paraître. Il s'excuse expliquant qu'il a oublié sa clé et se désole de cette situation qu'il qualifie d'ailleurs d'absurde et ambiguë. Elle semble comprendre son embarras, le rassure précisant que l'intendante est réveillée et qu'elle va la prévenir. Elle l'invite donc à l'accompagner vers un petit comptoir où se tient une dame sans âge au visage lisse et impassible qui l'écoute bredouiller un récit confus sans toutefois faire la moindre réflexion. Elle répond juste "cela ne pose aucun problème". Lui ne voudrait pas que l'on se méprenne sur ses intentions, qu'on imagine qu'il puisse être un rôdeur par exemple. Mais non, la dame l'accompagne jusqu'à la porte de sa chambre située sous les toits. Peut-être a-t-il laissé sa clé dans son ancien pantalon, dit il pour se justifier et en repartant la porte s'est refermée derrière lui, voilà ça doit être ça. Non non répond la dame de l'hôtel, c'est ma faute, c'est moi qui n'ai pas vérifié si votre clé était au crochet, mais nous avons des doubles, tenez dit-elle  avant de s'éclipser d'un pas vif. 
Une fois dans la chambre, il avise ses habits entassés sur le sol trouvant que cela fait tout de même un peu désordre tout ça. Mais trop épuisé il s'assoupit aussitôt, se réveillant de temps à autre pour constater sans plus s'en étonner qu'à chaque fois des gens près de son lit sont occupés à parler de littérature et plus particulièrement de poésie. Il y a là, entre autres, un poète qui s'appelle René Petra Gubbio. D'après ce qu'il comprend par bribes celui-ci vit ordinairement à Pau, mais se réjouit d'une invitation prochaine à un festival de poésie dans une ville étrangère. C'est très intéressant songe le dormeur, mais ce qui le hante toutefois c'est le visage de cette si jolie pensionnaire croisée dans l'escalier. Il se branlerait bien un petit coup, mais au moment de saisir son sexe déjà turgescent il se ravise songeant que cela ne serait peut-être pas du meilleur effet auprès de ces éminents littérateurs.

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